Lot Essay
Samy Kinge a confirmé l’authenticité de cette œuvre.
Victor Brauner s’installe pour quelques mois en 1953 dans le sud de la France à Golfe-Juan et rencontre alors Pablo Picasso, installé à Vallauris et qui l’initiera à la céramique.
Peinte le 22 octobre 1953, la présente œuvre est manifeste des explorations de Brauner datant de cette période : « L’artiste roumain découvre alors le peintre espagnol qu’il considère comme « un grand bonhomme » et pour qui il éprouvera beaucoup d’admiration. À l’époque, Brauner n’appartient plus au groupe des surréalistes duquel il s’est séparé en 1948, et rattrapé par la maladie il décide de passer quelques mois de convalescence sous le soleil du midi. Cette irruption des paysages méditerranéens dans la vie du peintre se ressent dans sa production et dans ses carnets de dessins, jusqu’alors très gris, noirs, monochromes et intenses dans les velléités d’expression. Jacques Beauffet écrit « On le verra encore au début des années cinquante passer sans transition […] de la manière déchiquetée, angoissée des « rétractés » aux aquarelles solaires si sereines peintes à Golfe-Juan et à Vallauris, où il était allé s’essayer à la céramique… » (Victor Brauner, cat. exp., Didier Imbert Fine Art, Paris, octobre-décembre 1990, p. 41).
Si Brauner exécutait plus tôt des compositions à l’imaginaire complexe et à l’iconographie très tournée vers le surréalisme, l’artiste met l’accent ici sur l’épure et sur la couleur, appliquée en aplats par des coups de pinceau énergiques, qui ne sont pas sans rappeler les figures dépeintes par Picasso. Les contours d’un noir très denses, les grands yeux en amandes sont d’ailleurs à rapprocher de certains portraits de Jacqueline que Picasso effectuera dix ans plus tard.
La provenance du tableau illustre l’engagement de Victor Brauner dans la diffusion du surréalisme, mais également son succès comme figure marquante du mouvement. En effet, Dominique et Jean de Ménil, couple de philanthropes français installés aux États-Unis dans les années 1940, se lient d’amitié avec certains artistes surréalistes à l’instar de Victor Brauner qu’ils rencontrent au début des années 1960. Le couple va alors participer à l’expansion et à la reconnaissance du mouvement, en enrichissant sa collection, avec notamment de nombreuses œuvres du peintre roumain. Aujourd’hui, l’importance de la collection Menil dans le développement et la propagation de l’art du XXème siècle dont le mouvement surréaliste, n’est plus à prouver, et la Menil Collection installée à Houston représente l’un des plus grands musées privés américains.
Victor Brauner settled for a few months in 1953 in Golfe-Juan in the South of France, where he met Pablo Picasso – living in Vallauris – who introduced him to ceramics.
This work, painted on 22 October 1953, is the fruit of Brauner's explorations from this period: “The Romanian artist then discovered the Spanish painter, whom he considered “a great guy”, and whom he greatly admired. At that time, Brauner no longer belonged to the group of Surrealists from which he had separated in 1948, and – once again laid low by illness– he had decided to spend several months convalescing in the southern sunshine. This irruption of Mediterranean landscapes into the painter’s life can be felt in his work and his sketchbooks, which until then had been very grey, black, monochrome and intense in their expressive aspirations. Jacques Beauffet wrote, “Again, in the early 1950s, he was to make another seamless transition […] from the spiky, anguished style of the “Rétractés” to the sunny, serene watercolours painted at Golfe-Juan and Vallauris, where he had gone to try his hand at ceramics…” (Victor Brauner, exh. cat., Didier Imbert Fine Art, Paris, octobre-décembre 1990, p. 41).
Although Brauner’s earlier compositions had been executed with complex imagination and iconography leaning heavily towards Surrealism, in this case the artist's emphasis is on purity and colour, applied in flat areas with energetic brush strokes somewhat reminiscent of the figures depicted by Picasso. The highly dense black outlines and large almond-shaped eyes are also similar to some portraits of Jacqueline that Picasso would paint ten years later.
The work’s provenance speaks not only of Brauner’s commitment to disseminating Surrealism, but also of his success as a leading figure in the movement. Indeed, Dominique and Jean de Ménil, a philanthropic French couple living in the United States in the 1940s, were to befriend a number of Surrealist artists such as Victor Brauner, whom they met in the early 1960s. The couple would go on to participate in expanding the movement and promoting its recognition, enriching their own collection with a number of the Romanian painter’s works, among others. Today, the seminal role played by the Menil collection in developing and promoting 20th century art – including the Surrealist movement – is beyond dispute, and the Houston-based Menil Collection is one of the great private museums in the United Sates.
Victor Brauner s’installe pour quelques mois en 1953 dans le sud de la France à Golfe-Juan et rencontre alors Pablo Picasso, installé à Vallauris et qui l’initiera à la céramique.
Peinte le 22 octobre 1953, la présente œuvre est manifeste des explorations de Brauner datant de cette période : « L’artiste roumain découvre alors le peintre espagnol qu’il considère comme « un grand bonhomme » et pour qui il éprouvera beaucoup d’admiration. À l’époque, Brauner n’appartient plus au groupe des surréalistes duquel il s’est séparé en 1948, et rattrapé par la maladie il décide de passer quelques mois de convalescence sous le soleil du midi. Cette irruption des paysages méditerranéens dans la vie du peintre se ressent dans sa production et dans ses carnets de dessins, jusqu’alors très gris, noirs, monochromes et intenses dans les velléités d’expression. Jacques Beauffet écrit « On le verra encore au début des années cinquante passer sans transition […] de la manière déchiquetée, angoissée des « rétractés » aux aquarelles solaires si sereines peintes à Golfe-Juan et à Vallauris, où il était allé s’essayer à la céramique… » (Victor Brauner, cat. exp., Didier Imbert Fine Art, Paris, octobre-décembre 1990, p. 41).
Si Brauner exécutait plus tôt des compositions à l’imaginaire complexe et à l’iconographie très tournée vers le surréalisme, l’artiste met l’accent ici sur l’épure et sur la couleur, appliquée en aplats par des coups de pinceau énergiques, qui ne sont pas sans rappeler les figures dépeintes par Picasso. Les contours d’un noir très denses, les grands yeux en amandes sont d’ailleurs à rapprocher de certains portraits de Jacqueline que Picasso effectuera dix ans plus tard.
La provenance du tableau illustre l’engagement de Victor Brauner dans la diffusion du surréalisme, mais également son succès comme figure marquante du mouvement. En effet, Dominique et Jean de Ménil, couple de philanthropes français installés aux États-Unis dans les années 1940, se lient d’amitié avec certains artistes surréalistes à l’instar de Victor Brauner qu’ils rencontrent au début des années 1960. Le couple va alors participer à l’expansion et à la reconnaissance du mouvement, en enrichissant sa collection, avec notamment de nombreuses œuvres du peintre roumain. Aujourd’hui, l’importance de la collection Menil dans le développement et la propagation de l’art du XXème siècle dont le mouvement surréaliste, n’est plus à prouver, et la Menil Collection installée à Houston représente l’un des plus grands musées privés américains.
Victor Brauner settled for a few months in 1953 in Golfe-Juan in the South of France, where he met Pablo Picasso – living in Vallauris – who introduced him to ceramics.
This work, painted on 22 October 1953, is the fruit of Brauner's explorations from this period: “The Romanian artist then discovered the Spanish painter, whom he considered “a great guy”, and whom he greatly admired. At that time, Brauner no longer belonged to the group of Surrealists from which he had separated in 1948, and – once again laid low by illness– he had decided to spend several months convalescing in the southern sunshine. This irruption of Mediterranean landscapes into the painter’s life can be felt in his work and his sketchbooks, which until then had been very grey, black, monochrome and intense in their expressive aspirations. Jacques Beauffet wrote, “Again, in the early 1950s, he was to make another seamless transition […] from the spiky, anguished style of the “Rétractés” to the sunny, serene watercolours painted at Golfe-Juan and Vallauris, where he had gone to try his hand at ceramics…” (Victor Brauner, exh. cat., Didier Imbert Fine Art, Paris, octobre-décembre 1990, p. 41).
Although Brauner’s earlier compositions had been executed with complex imagination and iconography leaning heavily towards Surrealism, in this case the artist's emphasis is on purity and colour, applied in flat areas with energetic brush strokes somewhat reminiscent of the figures depicted by Picasso. The highly dense black outlines and large almond-shaped eyes are also similar to some portraits of Jacqueline that Picasso would paint ten years later.
The work’s provenance speaks not only of Brauner’s commitment to disseminating Surrealism, but also of his success as a leading figure in the movement. Indeed, Dominique and Jean de Ménil, a philanthropic French couple living in the United States in the 1940s, were to befriend a number of Surrealist artists such as Victor Brauner, whom they met in the early 1960s. The couple would go on to participate in expanding the movement and promoting its recognition, enriching their own collection with a number of the Romanian painter’s works, among others. Today, the seminal role played by the Menil collection in developing and promoting 20th century art – including the Surrealist movement – is beyond dispute, and the Houston-based Menil Collection is one of the great private museums in the United Sates.