Lot Essay
PICASSE UN ORFEVRE DE GRAND TALENT
Louis Picasse est d'abord orfèvre aux Gobelins avant d'être accepté en 1745 comme maître à Paris pour une des places vacantes, avec l'appui de Michel-Robert Hallet, ancien surintendant des Bâtiments à la manufacture Royale des Gobelins et orfèvre à Paris depuis 1737. Au XVIIème siècle, le surintendant gérait la fabrication des tapisseries, meubles et objets destinés aux diverses résidences royales ou aux cadeaux diplomatiques. Au XVIIIème siècle avec la politique d'austérité, cette charge devient moins importante au fur et mesure que les commandes diminuent, obligeant les artisans à changer de situation. Cependant le prestige et l'expérience attachés au titre d'orfèvre des Gobelins demeurent. Il donnera à Picasse une reconnaissance auprès d'une clientèle prestigieuse proche du roi et peut-être même internationale, ce qui pourrait expliquer qu'il ait reçu une telle commande.
Peu d'objets de Picasse nous sont parvenus à l'exception de ce sucrier et de boîtes en or dont une datée 1750 (vente Brissoneau, Drouot, 21 mai 2003, lot 215) et d'une autre datée 1769 (vente Sotheby's Londres, 7 juin 2007, lot 80). Mais il faut rappeler qu'en moyenne on connaît moins de 1 de la production d'un orfèvre. Pourtant l'étude du registre de la Ferme Générale (arch. nat.T//*/1490/44) révèle que Louis Picasse était un orfèvre très prolifique puisque par exemple pour le seul mois de janvier 1751, il présente à la charge 3 marcs, 1 once et 33 gros d'or, soit environ 824 gr, étalés sur douze visites et qui serviront à de petites réparations ou encore à la fabrication de menus ouvrages ou de boîtes. Cette quantité prise dans le contexte du nombre d'orfèvres travaillant à Paris fait de lui un orfèvre très actif. Les registres montrent également que Picasse n'achetait que de l'or prouvant bien que c'est un spécialiste du travail de l'or et des objets de vertus. Ajoutons enfin que son nom revient très régulièrement dans les registres pour des quantités d'or très variables avec la même régularité que ceux qui ont laissés une production plus grande, comme par exemple Jean-Charles Ducrollay dont le Victoria et Albert Museum à Londres possède un magnifique coquetier daté 1762. Picasse est donc un bon et grand orfèvre digne de recevoir cette importante commande.
La spécialisation de Picasse comme fabricant de boîtes en or, l'amène à réaliser et concevoir ce sucrier comme une boîte. Tout d'abord dans la construction, toutes les parties sont assemblées avec un minimum de soudures mais surtout avec des goupilles qui permettent de rapporter les ornements sans créer de zones de chauffe ou de vilains raccords, impardonnables avec l'or. Le couvercle et le corps sont appliqués d'une doublure intérieure, traditionnelle sur les boîtes. D'autre part le décor ressemble à celui que l'on trouve communément sur les boîtes en or de cette époque, avec ces guirlandes de fleurs de roses, de pivoines délicatement ciselées et très réalistes, le tout sur un fond uni bien poli. Enfin, le couvercle révèle vraiment son talent, avec un rappel des fleurs dans un entrelacement géométrique feuillagé, qui crée un effet de fluidité et de grâce. Ce décor est typique du style Louis XV et rappelle le sucrier et sa théière datés de 1732 par Jean-Baptiste de Lens aujourd'hui au Victoria et Albert Museum (voir R. W. Lightbown, French Silver, Londres, 1978, pp.79-80).
LES POINCONS: le K et le poinçon d'exportation
Ce sucrier porte quatre poinçons dont deux méritent une explication. La lettre-date K est celle normalement utilisée pour la vaisselle d'argent, c'est à dire des pièces suffisamment grandes pour recevoir de gros poinçons. En effet dans son ouvrage La datation de l'orfèvrerie parisienne sous l'Ancien Régime, Paris, 1995, p.25, Michèle Bimbenet-Privat décrit ce problème du poinçonnage des objets d'or devenus de plus en plus délicats et petits, ce qui a obligé l'introduction, assez tardivement, d'une marque pour les ouvrages d'or. Cette réforme entérinée par une déclaration royale du 23 novembre 1721, était surtout importante, puisqu'elle introduisait désormais une distinction en fonction de la matière et du poids. C'est cette notion de poids qu'il faut retenir pour comprendre que notre sucrier était suffisamment lourd et grand pour supporter une grosse lettre de jurande car dans l'arsenal des poinçons c'est la même lettre grande ou petite pour l'or et l'argent. Notons aussi que cette lettre K fut utilisée sur une période anormalement longue, du 15 juillet 1750 au 22 janvier 1752 soit dix-huit mois alors qu'en moyenne une lettre servait un an.
Le deuxième poinçon est le poinçon d'exportation appelé 'décharge des ouvrages d'or et menus d'argent passant l'étranger' ou plus communément 'la petite vache'. Michèle Bimbenet-Privat note dans le même ouvrage que pendant longtemps "l'exportation des objets d'argent et d'or a été freinée pour éviter la sortie des métaux précieux" (op. cit., p.63) avant qu'un arrêt du conseil du 1er août 1733 ne la simplifie en requérant que désormais les objets à destination de l'étranger soient marqués d'un poinçon de décharge spécifique et soient soumis à une procédure d'exportation. Malheureusement jamais ce poinçon mentionné dans cet arrêt de 1733, qui donnait à l'orfèvre une réduction de deux tiers des droits, n'a été retrouvé dans les archives. Pourtant en pratique, on le trouve depuis avant cette date sur bon nombre de pièces, citons par exemple une boîte à éponge par Henry Allain, datée 1753-1754 (voir F. Dennis, Three Centuries of French Domestic Silver, New York, 1938, T2, fig. 2d) ou encore une cafetière marabout par Guillaume Ledoux datée 1747-1748 (voir op. cit., fig. 220 d) confirmant l'usage de la petite vache avant 1765 et probablement depuis 1733.
SEUL OU DANS UN ENSEMBLE?
Les archives (arch. nat. T//*1490/44 et 45) pour la période 1750-1752 montrent que Louis Picasse passe à la Charge le 19 mars 1751, 2 marcs 4 oz 5 gros 1/2 c qui correspondent environ à 611 gr. Cet enregistrement est le plus vraisemblable pour la fabrication du sucrier qui pèse 450 gr lui laissant un peu de matière supplémentaire pour fabriquer peut-être une pince à sucre ou une tasse.
En effet il est probable que ce sucrier s'intégrait dans un service à boisson et accompagnait une théière ou une cafetière ou peut-être d'autres objets comme le prouvent les divers services en or de ce type qui ont survécus. Par exemple, le nécessaire de François-Thomas Germain pour le Roi du Portugal Joseph I, aujourd'hui incomplet au Musée National d'Art Ancien de Lisbonne, comprenait entre autres un 'sucrier en ananas', un coquetier, un couvert à oeuf, une pince à sucre, une soucoupe et deux 'cages gobelets', l'ensemble pesant plus de 2 kilos (voir C. Perrin, François Thomas Germain, orfèvre des rois, Saint-Rémy-en-l'Eau, 1993, pp. 189-190). Cependant à cause de la provenance prussienne, il est important de parler aussi de cette tradition allemande des nécessaires de toilette, composites auxquels on ajoutait un service à boisson. Lorenz Seelig dans Silver and Gold, Courtly Splendour from Augsburg, Munich, 1995, p. 39, explique d'ailleurs que ces ensembles étaient souvent fabriqués par divers orfèvres parfois de différentes villes ou pays. Ces nécessaires se composaient de deux catégories d'objets : ceux relatifs à la toilette et ceux pour le petit déjeuner et les boissons exotiques servis le matin lorsque madame se préparait, citons ainsi le service pour la Tsarina Anna Ivanovna (actuellement à l'Ermitage, Saint Petersbourg, illustré dans L.Seelig, op. cit., No 44 et 45).
COMMANDITAIRE - PROVENANCE
Quoiqu'il en soit un commanditaire prestigieux ne fait aucun doute, ce sucrier éait un achat cher dans une matière souvent réservée aux rois, empereurs et princes.
En effet la lecture du journal du Garde-Meuble à l'époque de Louis XV révèle de nombreux objets en or qui ont malheureusement disparus. L'or est évidemment la matière noble par excellence, symbole de pouvoir, pour les objets sacrés et royaux. Même s'il existe quelques rivières aurifères en France, c'est surtout d'Amérique Latine, Brésil et Colombie, que venait l'or à cette époque, grâce au commerce excédentaire avec l'Espagne et le Portugal.
Pour essayer de comprendre la provenance de ce sucrier, il faut commencer par la fin en 1926, car les recherches sur la conception n'ont rien donné sur la provenance, les registres sur les pièces exportées n'ayant été localisés.
L'histoire commence avec le marchand Jacques Helft qui raconte l'acquisition de ce sucrier dans son autobiographie Vive la Chine, Monaco, publiée en 1955 et l'attribue au Kaiser Guillaume II.
En effet, en 1926, Henry Nocq qui s'apprétait à publier Le Poinçon de Paris, préparait en même temps l'Exposition d'orfèvrerie Civile Française au musée des Arts Décoratifs et s'étonnait de l'absence 'd'une pièce capitale de l'époque de Louis XV, le fameux sucrier en or de Guillaume II' (voir op. cit., p. 29). Il mandatait informellement Helft qui se rendait à Berlin pour localiser ce sucrier; il rencontrait le Dr Friedländer, directeur du musée qui affirmait ne pas avoir souvenir de cet objet mais qui après enquête le localisait dans les réserves du musée où l'objet avait été rangé comme 'moderne'. Friedländer annoncait qu'il pouvait donc être vendu. Helft tenta de le convaincre que l'objet était bon et lui fit donc une offre juste. Il rapporta l'objet en France pour le revendre ensuite à David David-Weill.
Cette histoire fascinante doit cependant être analysée en détail pour comprendre la provenance possible.
Le Dr Max Jakob Friedländer était à l'époque, directeur du Kaiser Friedrich Museum anciennemment la Gemäldegalerie (renommée Bode Museum depuis 1956), et lui-même spécialiste en peinture flamande. La Gemäldegalerie ouverte depuis 1830 présentait uniquement une collection de peinture européenne formée à partir des collections royales mais aussi des achats faits par le gouvernement prussien depuis 1815. Cependant sous la direction de Wilhem von Bode que Friedländer remplaça en 1924, le musée mélangeait arts mineurs et majeurs. Bode en tant que conservateur en chef des musées de Berlin (soit tous les musées de Berlin, aujourd'hui dix-sept établissements) avait contribué à l'agrandissement des collections grâce à ses contacts avec la famille impériale mais aussi avec tous les grands collectionneurs d'Europe. Il put ainsi recevoir de nombreuses donations mais aussi revendre certaines pièces des musées jugées inadéquates.
Le Kaiser Friedrich Museum fut construit sous le patronage de Guillaume II qui choisit Ernst von Ihne, architecte en chef, pour la construction du bâtiment, qu'il supervisa avec Bode.
Il est donc probable que Helft contacta Friedländer parce qu'il avait récemment remplacé Bode et qu'il attribue la provenance du sucrier à Guillaume II en raison de cette participation du dernier Kaiser dans l'établissement de ce musée où lui-même l'achète en 1926.
Pourtant rien dans la personnalité de Guillaume II, ne suggère qu'il ait lui-même fait l'achat du sucrier. Certes une donation ne peut être ignorée. Guillaume II était en effet réputé pour son soutien aux Arts et Sciences et savait trouver des mécènes à tous ces projets, ce qui lui valut aussi de recevoir de nombreux cadeaux dont peut-être ce sucrier.
Cependant il semble plus logique en effet d'attribuer la commande à un descendant de la famille Hohenzollern soit son ancêtre direct Augustus William (1722-1758) ou le frère aîné de ce dernier Fréderic II (1712-1786), un avide collectionneur de boîtes en or et d'art français.
DE DAVID-WEILL A AUJOURD'HUI
David David-Weill achète le sucrier à Jacques Helft en 1926 et cet objet unique trouve sa place au sein de son incroyable collection commencée en 1900. Grand mécène des musées français qu'il soutient activement par des donations ou des aides financières, il place, pendant la Seconde Guerre Mondiale, sa collection 'en gardiennage' au Louvre, comme les Rothschild, collection qui inclut beaucoup d'orfèvrerie mais aussi des tableaux. Malheureusement le Louvre ne sera pas épargné par les forces allemandes d'occupation et les objets seront emportés et stockés au château de Neuschwanstein en Bavière avant d'être restitués par les Américains en 1945-1946. Il est intéressant pourtant de remarquer que la notice descriptive du sucrier écrite par un officier américain (comme d'ailleurs pour tous les autres objets de la collection) est très complète, mentionnant le nom de l'orfèvre, la date etc., détails qui semblent indiquer que les objets devaient tous être accompagnés de dossiers descriptifs lors de leurs saisies au Louvre.
Aujourd'hui, on ne peut affirmer cette provenance royale prussienne que sur la base du témoignage de Jacques Helft. Mais il faut surtout se réjouir que cet extraordinaire objet, dernier témoin de son genre de la grandeur du style Louis XV et du talent d'un orfèvre aujourd'hui injustement oublié, ait survécu aux affres du temps et de l'histoire, tout en passant entre les mains des plus grands amateurs d'art, des Princes de Hohenzollern à David David-Weill et finalement à la comtesse Viviane de Witt.
Nous remercions le Dr Guido Hinterkeuser pour son aide dans les recherches sur cette notice.
PICASSE, A FORGOTTEN TALENTED GOLDSMITH
There is no record of Louis Picasse's apprenticeship, however he practiced first as a goldsmith at the manufacture Royale des Gobelins, before moving to Paris, a vacancy having come free in the guild in 1745. He was proposed by Michel-Etienne Hallet, who himself had been Superintendant des Bâtiments at the Gobelins before moving to Paris in 1737. In the 17th century, the Superintendant des Bâtiments oversaw the production of tapestries, furniture and objects intended for Royal Residences or as diplomatic gifts, but with the cutbacks under Louis XIV this role was somewhat diminished. Nevertheless the prestige attached to the role of goldsmith at the Gobelins should not be under-estimated and it is likely that it brought Picasse a certain standing as well as prestigious clientele amongst the King's entourage and diplomatic court, which may explain this commission.
Few objects by Picasse survive today. Apart from this sugar vase, surviving pieces include two gold boxes dated 1750 and 1769 (Brissoneau sale, Drouot, 21 May 2003, lot 215 and Sotheby's, London, 7 June 2007, lot 80) . In general, less than 1 of any goldsmith's production exists today. Records in the Ferme Générale Register (the assay office) (national archive Mss. T//*/1490/44) show that Louis Picasse only worked with gold, specialising in objects of vertu. In January 1751, he brought a total of 3 marcs, 1 oz and 33 gros (approx. 824 gr.) of gold for assaying, spread over twelve visits, presumably for repairs, small gold objects and boxes. Considering the average quantity assayed monthly, Picasse ranked amongst the most active goldsmiths in Paris. Furthermore his name consistently appears alongside others more familiar to us and who have left a greater legacy, such as Jean-Charles Ducrollay, whose fine gold egg-cup dated 1762 is exhibited at the Victoria and Albert Museum, London.
As a specialist in gold boxes, Picasse designed and constructed this sugar vase like a gold box. All the parts are assembled with a minimum of soldering and the use of pins to hold ornaments. Both the cover and body have an applied inner lining. Furthermore the decoration is very similar to that of boxes of the period, with the highly burnished background applied with finely cast and chased floral garlands of roses and peonies. The cover especially attests to Picasse's talent with its design of flowers framed by large foliate scrolls, creating a delicate geometrically fluid effect. This style has origins in the first years of the Louis XV Rococo style and shares inspiration with a sugar vase and teapot dated 1732 by Jean-Baptiste de Lens now in the Victoria and Albert Museum (see R.W. Lightbown, French Silver, London, 1978, pp.79-80).
THE HALLMARKS : the letter-date and the export mark
This sugar vase, like all Paris pieces, carries four marks. The date letter K used on this piece is one normally used for larger silver pieces, which could accommodate a hallmark of this size.
Michèle Bimbenet-Privat in La Datation de l'Orfèvrerie Parisienne sous l'Ancien Régime, Paris, 1995, p.25, discusses the problem of hallmarking gold objects often too small and fragile to be marked. This prompted the introduction of marks specifically for gold. The change, authorised by a royal warrant dated 23 October 1721, created first and foremost a distinction according to the material (gold or silver) and the weight. It is only because of the sugar vase's size that the larger date-letter was used. As the letter-date was the only common hallmark for gold and silver, it is probable that this is not the only instance where a larger letter was used.
The second mark to consider is that for objects being exported, commonly known as 'the small cow' mark. Michèle Bimbenet-Privat describes in her book how the export of precious metals was discouraged until a council decision of 1st August 1733 set up an export procedure and introduced a specific décharge for 'objects being sent abroad' which entitled the goldsmith to a discounted tax rate. There is no surviving archival records of the mark prior to 1765, however many pieces made prior to this date bear the 'small cow' mark as a décharge mark such as a sponge box with maker's mark of Henry Allain, dated 1753-1754 (see F. Dennis, Three Centuries of French Domestic Silver, New York, 1938, T 2, fig. 2d) or a coffee pot by Guillaume Ledoux dated 1747-48 (see op. cit., fig. 220 d), proving that the 'small cow' mark was probably in use from 1733.
ALONE OR AS PART OF A NECESSAIRE?
According to the archives (T//*/1490/44 and 45) for the period 1750 to 1752, Louis Picasse brought 2 marcs 4 oz 5 gros 1/2, which equates to 611 gr., to be assayed on the 19th March 1751. This is undoubtedly the gold used for the sugar vase which weighs 450 gr. The surplus of gold was probably used to make another item as the vase may have been part of a nécessaire which could have comprised a teapot, sugar tongs and/or cup. Indeed historically nécessaires included, according to Lorenz Seelig in Silver and Gold, Courtly Splendour from Augsburg, Munich, 1995, p. 39, not only items for the toilette but also for early morning drinks, when a lady was preparing herself. Such an example is the gold nécessaire made by François-Thomas Germain for Joseph I of Portugal (now sadly incomplete at the Museu de Arte Antiga in Lisbon, illustrated in C. Perrin, François-Thomas Germain, orfèvre des rois, Saint-Rémy-en-l'Eau, 1993, pp. 189-190), which included a 'pineapple' sugar vase, an egg-cup, cutlery, sugar tongs, a saucer and two 'cages for goblets'. Furthermore these nécessaires often comprised pieces made by different goldsmiths, sometimes from different towns or even countries such as that of the Tsarina Anna Ivanovna (now at the Hermitage in St. Petersburg, see L. Seelig, op. cit., pl. 44 and 45).
HISTORICAL PROVENANCE
The first owner of this sugar vase was undoubtedly a person of high status, as gold was an expensive medium, often the exclusive privilege of emperors, kings and princes. The French royal household journal of Louis XV reveals that many gold objects were commissioned but have now sadly disappeared. Gold has always been seen as a divine material, a symbol of power often reserved for sacred and royal objects. Although some gold had been found in French rivers, most of the gold used in the making of these objects came from South America, Brazil and Colombia, through trade with Spain and Portugal.
Traditionally this vase has been thought to have come from the Prussian Royal Collection. Jacques Helft recounts in his autobiography, Vive la Chine, Monte Carlo, 1955, p. 29 the circumstances of his acquisition of the vase. In 1926, Henry Nocq, who was about to publish the first volume of Le Poinçon de Paris, was working on an exhibition of secular French silver at the musée des Arts Décoratifs and wondered why they were not exhibiting Kaiser Wilhelm II's famous gold sugar vase. Helft set off for Berlin where he met the museum director, Dr. Friedländer, who declared he had no knowledge of this gold sugar vase. However, after some enquiries, they found it in the warehouse where it had been labelled as modern and ready to be disposed of through sale. Helft tried to convince Friedländer of the authenticity of the vase and made him a fair offer. After the purchase, he brought the object back to France and sold it the same year to the art collector David David-Weill.
Max Jakob Friedländer was the head curator of the Kaiser Friedrich Museum (now Bode Museum) and a respected specialist in Flemish painting. The Kaiser Friedrich Museum was the brainchild of Wilhelm von Bode, whom Friedländer succeeded in 1924, and mixed fine and decorative arts chronologically. It had absorbed the Gemäldegalerie, which had opened in 1830 and showed only 13th to 18th century European paintings from the Imperial collection and purchases made by the Prussian government after 1815. The Kaiser Friedrich museum opened in 1904 under the patronage of Kaiser Wilhelm II who had chosen the architect Ernst von Ihne for the project. Bode, became the general curator for all the Berlin Museums (which today comprises some 17 establishments). He used his many contacts with the Imperial family and European art collectors to expand the museum collections through donations. Therefore over the years he had adapted the collections, buying new pieces as well as selling on some that he deemed unsuitable.
Helft presumably contacted Friedländer because he was Bode's successor and had been his deputy for many years and probably deduced the Wilhelm II provenance from the Kaiser's involvement in the museum.
In practice it is unlikely that Wilhelm II purchased the sugar vase himself as his own collection indicates he preferred buying more modern pieces. It is however possible that he could have received it as a gift. Perhaps a more likely explanation is that he inherited it from the previous Hohenzollern princes. The vase could have been commissioned from Picasse by either Augustus Wilhelm (1722-1758) or the latter's brother, Frederick the Great (1712-1786), a celebrated collector of gold boxes and French art.
FROM DAVID-WEILL TO DE WITT
David David-Weill bought the vase from Jacques Helft in 1926 and this object found its natural place in the collection he had started in 1900. A patron of the arts, he contributed a great deal to French museums through gifts, financial support and advice. This close relationship prompted him at the start of World War II, like many other families including the Rothschilds, to place the sugar vase at the Louvre for safekeeping. Sadly the Louvre was not spared by the invading forces and the collection was taken to Neuschwanstein Castle in Bavaria where it was later discovered, catalogued and returned by the American Army to its rightful owner in 1945-46. Interestingly the American catalogue is so detailed that it appears as if each object had been confiscated together with its own file detailing the description, provenance etc., in this instance written by Helft himself or perhaps the Louvre's curator.
The Royal Prussian provenance can only be presumed today based on Helft's testimony. It is extraordinary that this magnificent object, witness to the grandeur of the court taste of Louis XV and the skill of its maker, survived the throes of history and passed through the hands of some of Europe's greatest art collectors, from the Princes of Hohenzollern to David-Weill and the comtesse de Witt.
Christie's is grateful to Dr. Guido Hinterkeuser for his help with the research for this catalogue note.
Louis Picasse est d'abord orfèvre aux Gobelins avant d'être accepté en 1745 comme maître à Paris pour une des places vacantes, avec l'appui de Michel-Robert Hallet, ancien surintendant des Bâtiments à la manufacture Royale des Gobelins et orfèvre à Paris depuis 1737. Au XVIIème siècle, le surintendant gérait la fabrication des tapisseries, meubles et objets destinés aux diverses résidences royales ou aux cadeaux diplomatiques. Au XVIIIème siècle avec la politique d'austérité, cette charge devient moins importante au fur et mesure que les commandes diminuent, obligeant les artisans à changer de situation. Cependant le prestige et l'expérience attachés au titre d'orfèvre des Gobelins demeurent. Il donnera à Picasse une reconnaissance auprès d'une clientèle prestigieuse proche du roi et peut-être même internationale, ce qui pourrait expliquer qu'il ait reçu une telle commande.
Peu d'objets de Picasse nous sont parvenus à l'exception de ce sucrier et de boîtes en or dont une datée 1750 (vente Brissoneau, Drouot, 21 mai 2003, lot 215) et d'une autre datée 1769 (vente Sotheby's Londres, 7 juin 2007, lot 80). Mais il faut rappeler qu'en moyenne on connaît moins de 1 de la production d'un orfèvre. Pourtant l'étude du registre de la Ferme Générale (arch. nat.T//*/1490/44) révèle que Louis Picasse était un orfèvre très prolifique puisque par exemple pour le seul mois de janvier 1751, il présente à la charge 3 marcs, 1 once et 33 gros d'or, soit environ 824 gr, étalés sur douze visites et qui serviront à de petites réparations ou encore à la fabrication de menus ouvrages ou de boîtes. Cette quantité prise dans le contexte du nombre d'orfèvres travaillant à Paris fait de lui un orfèvre très actif. Les registres montrent également que Picasse n'achetait que de l'or prouvant bien que c'est un spécialiste du travail de l'or et des objets de vertus. Ajoutons enfin que son nom revient très régulièrement dans les registres pour des quantités d'or très variables avec la même régularité que ceux qui ont laissés une production plus grande, comme par exemple Jean-Charles Ducrollay dont le Victoria et Albert Museum à Londres possède un magnifique coquetier daté 1762. Picasse est donc un bon et grand orfèvre digne de recevoir cette importante commande.
La spécialisation de Picasse comme fabricant de boîtes en or, l'amène à réaliser et concevoir ce sucrier comme une boîte. Tout d'abord dans la construction, toutes les parties sont assemblées avec un minimum de soudures mais surtout avec des goupilles qui permettent de rapporter les ornements sans créer de zones de chauffe ou de vilains raccords, impardonnables avec l'or. Le couvercle et le corps sont appliqués d'une doublure intérieure, traditionnelle sur les boîtes. D'autre part le décor ressemble à celui que l'on trouve communément sur les boîtes en or de cette époque, avec ces guirlandes de fleurs de roses, de pivoines délicatement ciselées et très réalistes, le tout sur un fond uni bien poli. Enfin, le couvercle révèle vraiment son talent, avec un rappel des fleurs dans un entrelacement géométrique feuillagé, qui crée un effet de fluidité et de grâce. Ce décor est typique du style Louis XV et rappelle le sucrier et sa théière datés de 1732 par Jean-Baptiste de Lens aujourd'hui au Victoria et Albert Museum (voir R. W. Lightbown, French Silver, Londres, 1978, pp.79-80).
LES POINCONS: le K et le poinçon d'exportation
Ce sucrier porte quatre poinçons dont deux méritent une explication. La lettre-date K est celle normalement utilisée pour la vaisselle d'argent, c'est à dire des pièces suffisamment grandes pour recevoir de gros poinçons. En effet dans son ouvrage La datation de l'orfèvrerie parisienne sous l'Ancien Régime, Paris, 1995, p.25, Michèle Bimbenet-Privat décrit ce problème du poinçonnage des objets d'or devenus de plus en plus délicats et petits, ce qui a obligé l'introduction, assez tardivement, d'une marque pour les ouvrages d'or. Cette réforme entérinée par une déclaration royale du 23 novembre 1721, était surtout importante, puisqu'elle introduisait désormais une distinction en fonction de la matière et du poids. C'est cette notion de poids qu'il faut retenir pour comprendre que notre sucrier était suffisamment lourd et grand pour supporter une grosse lettre de jurande car dans l'arsenal des poinçons c'est la même lettre grande ou petite pour l'or et l'argent. Notons aussi que cette lettre K fut utilisée sur une période anormalement longue, du 15 juillet 1750 au 22 janvier 1752 soit dix-huit mois alors qu'en moyenne une lettre servait un an.
Le deuxième poinçon est le poinçon d'exportation appelé 'décharge des ouvrages d'or et menus d'argent passant l'étranger' ou plus communément 'la petite vache'. Michèle Bimbenet-Privat note dans le même ouvrage que pendant longtemps "l'exportation des objets d'argent et d'or a été freinée pour éviter la sortie des métaux précieux" (op. cit., p.63) avant qu'un arrêt du conseil du 1er août 1733 ne la simplifie en requérant que désormais les objets à destination de l'étranger soient marqués d'un poinçon de décharge spécifique et soient soumis à une procédure d'exportation. Malheureusement jamais ce poinçon mentionné dans cet arrêt de 1733, qui donnait à l'orfèvre une réduction de deux tiers des droits, n'a été retrouvé dans les archives. Pourtant en pratique, on le trouve depuis avant cette date sur bon nombre de pièces, citons par exemple une boîte à éponge par Henry Allain, datée 1753-1754 (voir F. Dennis, Three Centuries of French Domestic Silver, New York, 1938, T2, fig. 2d) ou encore une cafetière marabout par Guillaume Ledoux datée 1747-1748 (voir op. cit., fig. 220 d) confirmant l'usage de la petite vache avant 1765 et probablement depuis 1733.
SEUL OU DANS UN ENSEMBLE?
Les archives (arch. nat. T//*1490/44 et 45) pour la période 1750-1752 montrent que Louis Picasse passe à la Charge le 19 mars 1751, 2 marcs 4 oz 5 gros 1/2 c qui correspondent environ à 611 gr. Cet enregistrement est le plus vraisemblable pour la fabrication du sucrier qui pèse 450 gr lui laissant un peu de matière supplémentaire pour fabriquer peut-être une pince à sucre ou une tasse.
En effet il est probable que ce sucrier s'intégrait dans un service à boisson et accompagnait une théière ou une cafetière ou peut-être d'autres objets comme le prouvent les divers services en or de ce type qui ont survécus. Par exemple, le nécessaire de François-Thomas Germain pour le Roi du Portugal Joseph I, aujourd'hui incomplet au Musée National d'Art Ancien de Lisbonne, comprenait entre autres un 'sucrier en ananas', un coquetier, un couvert à oeuf, une pince à sucre, une soucoupe et deux 'cages gobelets', l'ensemble pesant plus de 2 kilos (voir C. Perrin, François Thomas Germain, orfèvre des rois, Saint-Rémy-en-l'Eau, 1993, pp. 189-190). Cependant à cause de la provenance prussienne, il est important de parler aussi de cette tradition allemande des nécessaires de toilette, composites auxquels on ajoutait un service à boisson. Lorenz Seelig dans Silver and Gold, Courtly Splendour from Augsburg, Munich, 1995, p. 39, explique d'ailleurs que ces ensembles étaient souvent fabriqués par divers orfèvres parfois de différentes villes ou pays. Ces nécessaires se composaient de deux catégories d'objets : ceux relatifs à la toilette et ceux pour le petit déjeuner et les boissons exotiques servis le matin lorsque madame se préparait, citons ainsi le service pour la Tsarina Anna Ivanovna (actuellement à l'Ermitage, Saint Petersbourg, illustré dans L.Seelig, op. cit., No 44 et 45).
COMMANDITAIRE - PROVENANCE
Quoiqu'il en soit un commanditaire prestigieux ne fait aucun doute, ce sucrier éait un achat cher dans une matière souvent réservée aux rois, empereurs et princes.
En effet la lecture du journal du Garde-Meuble à l'époque de Louis XV révèle de nombreux objets en or qui ont malheureusement disparus. L'or est évidemment la matière noble par excellence, symbole de pouvoir, pour les objets sacrés et royaux. Même s'il existe quelques rivières aurifères en France, c'est surtout d'Amérique Latine, Brésil et Colombie, que venait l'or à cette époque, grâce au commerce excédentaire avec l'Espagne et le Portugal.
Pour essayer de comprendre la provenance de ce sucrier, il faut commencer par la fin en 1926, car les recherches sur la conception n'ont rien donné sur la provenance, les registres sur les pièces exportées n'ayant été localisés.
L'histoire commence avec le marchand Jacques Helft qui raconte l'acquisition de ce sucrier dans son autobiographie Vive la Chine, Monaco, publiée en 1955 et l'attribue au Kaiser Guillaume II.
En effet, en 1926, Henry Nocq qui s'apprétait à publier Le Poinçon de Paris, préparait en même temps l'Exposition d'orfèvrerie Civile Française au musée des Arts Décoratifs et s'étonnait de l'absence 'd'une pièce capitale de l'époque de Louis XV, le fameux sucrier en or de Guillaume II' (voir op. cit., p. 29). Il mandatait informellement Helft qui se rendait à Berlin pour localiser ce sucrier; il rencontrait le Dr Friedländer, directeur du musée qui affirmait ne pas avoir souvenir de cet objet mais qui après enquête le localisait dans les réserves du musée où l'objet avait été rangé comme 'moderne'. Friedländer annoncait qu'il pouvait donc être vendu. Helft tenta de le convaincre que l'objet était bon et lui fit donc une offre juste. Il rapporta l'objet en France pour le revendre ensuite à David David-Weill.
Cette histoire fascinante doit cependant être analysée en détail pour comprendre la provenance possible.
Le Dr Max Jakob Friedländer était à l'époque, directeur du Kaiser Friedrich Museum anciennemment la Gemäldegalerie (renommée Bode Museum depuis 1956), et lui-même spécialiste en peinture flamande. La Gemäldegalerie ouverte depuis 1830 présentait uniquement une collection de peinture européenne formée à partir des collections royales mais aussi des achats faits par le gouvernement prussien depuis 1815. Cependant sous la direction de Wilhem von Bode que Friedländer remplaça en 1924, le musée mélangeait arts mineurs et majeurs. Bode en tant que conservateur en chef des musées de Berlin (soit tous les musées de Berlin, aujourd'hui dix-sept établissements) avait contribué à l'agrandissement des collections grâce à ses contacts avec la famille impériale mais aussi avec tous les grands collectionneurs d'Europe. Il put ainsi recevoir de nombreuses donations mais aussi revendre certaines pièces des musées jugées inadéquates.
Le Kaiser Friedrich Museum fut construit sous le patronage de Guillaume II qui choisit Ernst von Ihne, architecte en chef, pour la construction du bâtiment, qu'il supervisa avec Bode.
Il est donc probable que Helft contacta Friedländer parce qu'il avait récemment remplacé Bode et qu'il attribue la provenance du sucrier à Guillaume II en raison de cette participation du dernier Kaiser dans l'établissement de ce musée où lui-même l'achète en 1926.
Pourtant rien dans la personnalité de Guillaume II, ne suggère qu'il ait lui-même fait l'achat du sucrier. Certes une donation ne peut être ignorée. Guillaume II était en effet réputé pour son soutien aux Arts et Sciences et savait trouver des mécènes à tous ces projets, ce qui lui valut aussi de recevoir de nombreux cadeaux dont peut-être ce sucrier.
Cependant il semble plus logique en effet d'attribuer la commande à un descendant de la famille Hohenzollern soit son ancêtre direct Augustus William (1722-1758) ou le frère aîné de ce dernier Fréderic II (1712-1786), un avide collectionneur de boîtes en or et d'art français.
DE DAVID-WEILL A AUJOURD'HUI
David David-Weill achète le sucrier à Jacques Helft en 1926 et cet objet unique trouve sa place au sein de son incroyable collection commencée en 1900. Grand mécène des musées français qu'il soutient activement par des donations ou des aides financières, il place, pendant la Seconde Guerre Mondiale, sa collection 'en gardiennage' au Louvre, comme les Rothschild, collection qui inclut beaucoup d'orfèvrerie mais aussi des tableaux. Malheureusement le Louvre ne sera pas épargné par les forces allemandes d'occupation et les objets seront emportés et stockés au château de Neuschwanstein en Bavière avant d'être restitués par les Américains en 1945-1946. Il est intéressant pourtant de remarquer que la notice descriptive du sucrier écrite par un officier américain (comme d'ailleurs pour tous les autres objets de la collection) est très complète, mentionnant le nom de l'orfèvre, la date etc., détails qui semblent indiquer que les objets devaient tous être accompagnés de dossiers descriptifs lors de leurs saisies au Louvre.
Aujourd'hui, on ne peut affirmer cette provenance royale prussienne que sur la base du témoignage de Jacques Helft. Mais il faut surtout se réjouir que cet extraordinaire objet, dernier témoin de son genre de la grandeur du style Louis XV et du talent d'un orfèvre aujourd'hui injustement oublié, ait survécu aux affres du temps et de l'histoire, tout en passant entre les mains des plus grands amateurs d'art, des Princes de Hohenzollern à David David-Weill et finalement à la comtesse Viviane de Witt.
Nous remercions le Dr Guido Hinterkeuser pour son aide dans les recherches sur cette notice.
PICASSE, A FORGOTTEN TALENTED GOLDSMITH
There is no record of Louis Picasse's apprenticeship, however he practiced first as a goldsmith at the manufacture Royale des Gobelins, before moving to Paris, a vacancy having come free in the guild in 1745. He was proposed by Michel-Etienne Hallet, who himself had been Superintendant des Bâtiments at the Gobelins before moving to Paris in 1737. In the 17th century, the Superintendant des Bâtiments oversaw the production of tapestries, furniture and objects intended for Royal Residences or as diplomatic gifts, but with the cutbacks under Louis XIV this role was somewhat diminished. Nevertheless the prestige attached to the role of goldsmith at the Gobelins should not be under-estimated and it is likely that it brought Picasse a certain standing as well as prestigious clientele amongst the King's entourage and diplomatic court, which may explain this commission.
Few objects by Picasse survive today. Apart from this sugar vase, surviving pieces include two gold boxes dated 1750 and 1769 (Brissoneau sale, Drouot, 21 May 2003, lot 215 and Sotheby's, London, 7 June 2007, lot 80) . In general, less than 1 of any goldsmith's production exists today. Records in the Ferme Générale Register (the assay office) (national archive Mss. T//*/1490/44) show that Louis Picasse only worked with gold, specialising in objects of vertu. In January 1751, he brought a total of 3 marcs, 1 oz and 33 gros (approx. 824 gr.) of gold for assaying, spread over twelve visits, presumably for repairs, small gold objects and boxes. Considering the average quantity assayed monthly, Picasse ranked amongst the most active goldsmiths in Paris. Furthermore his name consistently appears alongside others more familiar to us and who have left a greater legacy, such as Jean-Charles Ducrollay, whose fine gold egg-cup dated 1762 is exhibited at the Victoria and Albert Museum, London.
As a specialist in gold boxes, Picasse designed and constructed this sugar vase like a gold box. All the parts are assembled with a minimum of soldering and the use of pins to hold ornaments. Both the cover and body have an applied inner lining. Furthermore the decoration is very similar to that of boxes of the period, with the highly burnished background applied with finely cast and chased floral garlands of roses and peonies. The cover especially attests to Picasse's talent with its design of flowers framed by large foliate scrolls, creating a delicate geometrically fluid effect. This style has origins in the first years of the Louis XV Rococo style and shares inspiration with a sugar vase and teapot dated 1732 by Jean-Baptiste de Lens now in the Victoria and Albert Museum (see R.W. Lightbown, French Silver, London, 1978, pp.79-80).
THE HALLMARKS : the letter-date and the export mark
This sugar vase, like all Paris pieces, carries four marks. The date letter K used on this piece is one normally used for larger silver pieces, which could accommodate a hallmark of this size.
Michèle Bimbenet-Privat in La Datation de l'Orfèvrerie Parisienne sous l'Ancien Régime, Paris, 1995, p.25, discusses the problem of hallmarking gold objects often too small and fragile to be marked. This prompted the introduction of marks specifically for gold. The change, authorised by a royal warrant dated 23 October 1721, created first and foremost a distinction according to the material (gold or silver) and the weight. It is only because of the sugar vase's size that the larger date-letter was used. As the letter-date was the only common hallmark for gold and silver, it is probable that this is not the only instance where a larger letter was used.
The second mark to consider is that for objects being exported, commonly known as 'the small cow' mark. Michèle Bimbenet-Privat describes in her book how the export of precious metals was discouraged until a council decision of 1st August 1733 set up an export procedure and introduced a specific décharge for 'objects being sent abroad' which entitled the goldsmith to a discounted tax rate. There is no surviving archival records of the mark prior to 1765, however many pieces made prior to this date bear the 'small cow' mark as a décharge mark such as a sponge box with maker's mark of Henry Allain, dated 1753-1754 (see F. Dennis, Three Centuries of French Domestic Silver, New York, 1938, T 2, fig. 2d) or a coffee pot by Guillaume Ledoux dated 1747-48 (see op. cit., fig. 220 d), proving that the 'small cow' mark was probably in use from 1733.
ALONE OR AS PART OF A NECESSAIRE?
According to the archives (T//*/1490/44 and 45) for the period 1750 to 1752, Louis Picasse brought 2 marcs 4 oz 5 gros 1/2, which equates to 611 gr., to be assayed on the 19th March 1751. This is undoubtedly the gold used for the sugar vase which weighs 450 gr. The surplus of gold was probably used to make another item as the vase may have been part of a nécessaire which could have comprised a teapot, sugar tongs and/or cup. Indeed historically nécessaires included, according to Lorenz Seelig in Silver and Gold, Courtly Splendour from Augsburg, Munich, 1995, p. 39, not only items for the toilette but also for early morning drinks, when a lady was preparing herself. Such an example is the gold nécessaire made by François-Thomas Germain for Joseph I of Portugal (now sadly incomplete at the Museu de Arte Antiga in Lisbon, illustrated in C. Perrin, François-Thomas Germain, orfèvre des rois, Saint-Rémy-en-l'Eau, 1993, pp. 189-190), which included a 'pineapple' sugar vase, an egg-cup, cutlery, sugar tongs, a saucer and two 'cages for goblets'. Furthermore these nécessaires often comprised pieces made by different goldsmiths, sometimes from different towns or even countries such as that of the Tsarina Anna Ivanovna (now at the Hermitage in St. Petersburg, see L. Seelig, op. cit., pl. 44 and 45).
HISTORICAL PROVENANCE
The first owner of this sugar vase was undoubtedly a person of high status, as gold was an expensive medium, often the exclusive privilege of emperors, kings and princes. The French royal household journal of Louis XV reveals that many gold objects were commissioned but have now sadly disappeared. Gold has always been seen as a divine material, a symbol of power often reserved for sacred and royal objects. Although some gold had been found in French rivers, most of the gold used in the making of these objects came from South America, Brazil and Colombia, through trade with Spain and Portugal.
Traditionally this vase has been thought to have come from the Prussian Royal Collection. Jacques Helft recounts in his autobiography, Vive la Chine, Monte Carlo, 1955, p. 29 the circumstances of his acquisition of the vase. In 1926, Henry Nocq, who was about to publish the first volume of Le Poinçon de Paris, was working on an exhibition of secular French silver at the musée des Arts Décoratifs and wondered why they were not exhibiting Kaiser Wilhelm II's famous gold sugar vase. Helft set off for Berlin where he met the museum director, Dr. Friedländer, who declared he had no knowledge of this gold sugar vase. However, after some enquiries, they found it in the warehouse where it had been labelled as modern and ready to be disposed of through sale. Helft tried to convince Friedländer of the authenticity of the vase and made him a fair offer. After the purchase, he brought the object back to France and sold it the same year to the art collector David David-Weill.
Max Jakob Friedländer was the head curator of the Kaiser Friedrich Museum (now Bode Museum) and a respected specialist in Flemish painting. The Kaiser Friedrich Museum was the brainchild of Wilhelm von Bode, whom Friedländer succeeded in 1924, and mixed fine and decorative arts chronologically. It had absorbed the Gemäldegalerie, which had opened in 1830 and showed only 13th to 18th century European paintings from the Imperial collection and purchases made by the Prussian government after 1815. The Kaiser Friedrich museum opened in 1904 under the patronage of Kaiser Wilhelm II who had chosen the architect Ernst von Ihne for the project. Bode, became the general curator for all the Berlin Museums (which today comprises some 17 establishments). He used his many contacts with the Imperial family and European art collectors to expand the museum collections through donations. Therefore over the years he had adapted the collections, buying new pieces as well as selling on some that he deemed unsuitable.
Helft presumably contacted Friedländer because he was Bode's successor and had been his deputy for many years and probably deduced the Wilhelm II provenance from the Kaiser's involvement in the museum.
In practice it is unlikely that Wilhelm II purchased the sugar vase himself as his own collection indicates he preferred buying more modern pieces. It is however possible that he could have received it as a gift. Perhaps a more likely explanation is that he inherited it from the previous Hohenzollern princes. The vase could have been commissioned from Picasse by either Augustus Wilhelm (1722-1758) or the latter's brother, Frederick the Great (1712-1786), a celebrated collector of gold boxes and French art.
FROM DAVID-WEILL TO DE WITT
David David-Weill bought the vase from Jacques Helft in 1926 and this object found its natural place in the collection he had started in 1900. A patron of the arts, he contributed a great deal to French museums through gifts, financial support and advice. This close relationship prompted him at the start of World War II, like many other families including the Rothschilds, to place the sugar vase at the Louvre for safekeeping. Sadly the Louvre was not spared by the invading forces and the collection was taken to Neuschwanstein Castle in Bavaria where it was later discovered, catalogued and returned by the American Army to its rightful owner in 1945-46. Interestingly the American catalogue is so detailed that it appears as if each object had been confiscated together with its own file detailing the description, provenance etc., in this instance written by Helft himself or perhaps the Louvre's curator.
The Royal Prussian provenance can only be presumed today based on Helft's testimony. It is extraordinary that this magnificent object, witness to the grandeur of the court taste of Louis XV and the skill of its maker, survived the throes of history and passed through the hands of some of Europe's greatest art collectors, from the Princes of Hohenzollern to David-Weill and the comtesse de Witt.
Christie's is grateful to Dr. Guido Hinterkeuser for his help with the research for this catalogue note.