PAIRE DE VASES D'EPOQUE LOUIS XVI
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PAIRE DE VASES D'EPOQUE LOUIS XVI

ATTRIBUES A PIERRE-PHILIPPE THOMIRE, VERS 1785, TRES CERTAINEMENT LIVRES PAR DOMINIQUE DAGUERRE

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PAIRE DE VASES D'EPOQUE LOUIS XVI
ATTRIBUES A PIERRE-PHILIPPE THOMIRE, VERS 1785, TRES CERTAINEMENT LIVRES PAR DOMINIQUE DAGUERRE
En porcelaine "beau bleu", Sèvres, la monture de bronze ciselé et doré, le vase ovoïde, orné de feuilles de laurier à sa base et soutenu par un piètement tripode centré d'un serpent enroulé autour du montant central, surmonté de masques de bélier, terminé par des sabots feuillagés et réunis par une bague à motif de palmettes, la base triangulaire concave reposant sur des patins en boule aplatie, le contre-socle en marbre rouge griotte probablement associé ; anciennement montés avec des bras de lumière
Hauteur: 66 cm. (26½ in.) ; Diamètre: 26,5 cm. (10½ in.)
Provenance
Très certainement Thomas Sutton Esq.
Arnold Seligman (1870-1932)
Henri Walters (1848-1931) en 1922, pour son appartement de New York ;
"The art collection of the Late Mrs. Henry Walters", vente Parke-Bernet Galleries Inc., New York, 30 novembre - 3 décembre 1943, lot 1078
Galerie Kugel, Paris, vers 1960-1970.
Special notice
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
Further details
A PAIR OF LOUIS XVI ORMOLU-MOUNTED SEVRES 'BEAU BLEU' PORCELAIN VASES, THE MOUNTS ATTRIBUTED TO PIERRE-PHILIPPE THOMIRE, CIRCA 1785, ALMOST CERTAINLY SUPPLIED BY DOMINIQUE DAGUERRE

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Mélanie Lebret
Mélanie Lebret

Lot Essay

Le modèle de Sèvres

Le corps en forme d’urne de cette extraordinaire paire de vases en porcelaine provient d’un groupe de trois dessins de vases à monter, datant du début des années 1780 et conservés aux archives de Sèvres. Le premier est une commande de 1782 pour le marchand mercier Dominique Daguerre (mort en 1796) d’un vase en forme d’urne qui pourrait être monté avec la mention suivante « Vase pour Monsieur D’aguerre commandé ce 29 juillet 1782. Beau bleu en plein. » Le deuxième vase a une épaule étagée et le bord du col modifié où il y est indiqué « Vase pour M. Daguerre donné a faire pareil a un model en bois qui avait Sy devant donné avec deux bandeaux a dessous mais le dit model en bois a été egarré et je les fait faire d’après une porcelaine cuitte mais l’on m a dit de supprimé les bandeaux ce 15 Avril 1785 ». Le troisième dessin est légendé ainsi « Vase de M. Daguerre demandé En apparence Dun tierre plus grand que son Pre.model ce 3 aoust 1785». Les archives de Sèvres témoignent que sept vases « a monter Daguerre » ont brûlé en juin ou juillet 1783 (R. Savill, The Wallace Collection Catalogue of Sevres Porcelain, Vol. I, Londres, 1988, p. 468). Par conséquent, on peut attribuer à Daguerre la conception et l’évolution du modèle entre 1782 et 1785.

La monture en bronze

La manufacture de Sèvres vend cette forme de vase, avec ou sans monture. Jean-Claude-Thomas Chambellan Duplessis (Duplessis fils), orfèvre, fondeur et créateur, travaillant dans le style rocaille, est le fournisseur principal et régulier de la manufacture. A sa mort en 1783, les commandes exceptionnelles de la manufacture sont confiées à Pierre-Philippe Thomire (mort en 1843), qui est alors le principal fournisseur de Sèvres. Cependant, les marchands merciers acquièrent les vases en porcelaine sans monture auprès de la manufacture. Ainsi Daguerre achète de janvier 1783 à juin 1784 des vases non montés entre 54 et 120 livres pièces (R. Savill, op. cit., p. 470). Les vases de forme indéterminée, mais montés, sont considérablement plus chers. De 1782 à 1786, ils varient de 480 à 12.000 livres chacun ; les derniers étant des vases à bas-reliefs sur fond bleu fournis à Louis XVI pour le comte et la comtesse du Nord (R. Savill, op. cit., pp. 475-476, f/n13). Après la Révolution, Daguerre continue à monter et à vendre avec toujours la même facilité les vases en porcelaine. Le numéro XV de son inventaire après décès énumère « deux vases d’ornement en porcelaine de Sèvres gros bleu forme ovale allongée avec pieds, culots, anses et gorges à jour de cuivre doré or moulu prisé trois cents francs », alors que plus loin, on peut également relever « trois moyens et petits vases de porcelaine de Sèvres gros bleu non montés prisé vingt-quatre francs ».

Pierre-Philippe Thomire (1751-1843)

Pierre-Philippe Thomire, issu d’une famille de ciseleurs, est l’un des plus remarquables et plus doués des bronziers-ciseleurs travaillant dans le goût Louis XVI. Il apprend auprès des plus grands, en commençant sa carrière avec les célèbres Pierre Gouthière (1732-1813) et Jean-Louis Prieur (mort vers 1785-1790), « ciseleur-doreur du Roi », pour rapidement prendre en charge le montage en bronze doré des vases de la manufacture de Sèvres à la mort de Duplessis en 1783. Il collabore alors fréquemment avec Dominique Daguerre.

Les cornes des béliers enroulées en une spectaculaire spirale sont spécifiques à l’œuvre de Thomire. On les retrouve notamment sur les anses des cassolettes en porcelaine de Sèvre créées en série, comme l’atteste la légende d’un dessin de ce modèle conservé aux archives de Sèvres « pour Etre monté par M. Tomier ». Soulignons qu’une paire de vases de cette forme a été livrée pour l’Impératrice Maria Feodorovna en 1799, puis vendue, Christie’s, New York, 31 octobre 1996, lot 437.
Rapprochons de la présente paire de vases, un premier vase orné de masques de satyre arborant ces remarquables cornes en enroulement et conservé au J. Paul Getty Museum (H. Ottomeyer, P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, vol. I, Munich, 1989, p. 268, fig. 4.9.11) et un autre identique vendu dans « From Boulle to Jansen : An Important Private European Collection (vente Christie’s, Londres, 11-12 juin 2003, lot 10).

Une autre paire de vases (vers 1785-1786) attribués à Thomire, conservés à la Wallace Collection (P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture. Vol. III, Londres, 1996, pp. 1404-1407) bien que différents, sont à rapprocher de par leur piètement en athénienne incluant le serpent et de par les cornes des satyres en enroulement.

Monsieur et Madame Henry Walters

Cette impressionnante paire de vases a probablement figuré dans la collection de Madame Walters, vendue par Parke-Bernet, New York, 30 novembre - 3 décembre 1943, lot 1078, dont l’un est illustré sur la photographie in situ sur le frontispice du catalogue de vente (W.R. Johnston, William and Henry Walters : The Reticent Collectors, Baltimore, 1999, p. 201, fig. 59).

Henry Walters (1848-1931) grand philanthrope et collectionneur ouvre son propre musée (aujourd’hui The Walters Art Museum) à Baltimore en 1909. Depuis 1903, Walters appartient également au comité du Metropolitan Museum of Art dont il est le Vice-Président, tout en s’occupant en parallèle de la gestion des affaires familiales en tant que président de l’Atlantic Coast Line Railroad. En plus du Maryland , Walters a une résidence à Manhattan avec ses amis Pembroke et Sadie Jones qui partagent également sa passion pour l’art. A la mort de Pembroke Jones en 1922, Walters épousa sa veuve Sadie tout en continuant à vivre à la même adresse où le couple réussi à réunir une remarquable collection, dispersée après leurs morts sur trois ventes, Perke-Bernet Galleries, New York en 1934, 1941 et 1943.

Le catalogue de vente de 1943 indique que les présents vases ont été achetés auprès du célèbre antiquaire Arnold Seligmann qui compte parmi sa clientèle prestigieuse, Henry Walters, le baron Edmond de Rotschild, la famille Stroganoff, Philip Sassoon, Benjamin Altman, William Randolph Hears et JP. Morgan.

Un album photographique de 1922 rassemblé par Arnold Seligmann pour Walters (aujourd’hui conservé aux archives du Walters Art Museum) confirme la provenance et illustre les vases (montrant les bras de lumière) sous la légende « Une paire de grands candélabres formés chacun par un vase en porcelaine de Sèvres bleu foncé avec ornementation de bronze élaboré, ciselé et doré. Ils sont montés sur un piètement tripode avec des têtes et des pieds de bélier, sur une tige centrale avec un serpent ondoyant sur lui-même. Le bouquet de lumière à six lumières. Des œuvres d’art françaises Louis XVI, de l’atelier de Gouthière. Acheté à Londres par M. Thomas Sutton. »

Thomas Sutton est un antiquaire anglais d’Esthall dans les années 1890-1920 sur lequel trop peu d’informations nous sont parvenues. Il nous est aujourd’hui impossible de savoir si Seligmann a acheté les candélabres directement à Sutton ou lors de sa vente en 1917 organisée par l’American Art Galleries de New York.

Nous remercions Diane Bockrath, archiviste et bibliothécaire du Walters Art Museum, Baltimore, ainsi que sa collègue Annie Nehra pour leur aide dans les recherches des provenances de ce lot.

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