Les Salampasu vivent à l’est de la rivière Kasai, à la frontière entre la République Démocratique du Congo et l’Angola. Ils sont réputés pour leur bravoure au combat et leur résistance face aux Lunda, aux Luba et enfin contre l’empire colonial. Ils étaient gouvernés par une hiérarchie de chefs et de dirigeants, dont le pouvoir était contrebalancé par le système des sociétés secrètes, comme celle du Mugungo. Les masques faisaient partie intégrante de cette société secrète guerrière qui avait pour rôle principal de protéger leur modeste enclave contre les envahisseurs et les ennemis. Les jeunes hommes étaient initiés à cette société guerrière dans un camp de circoncision puis leurs rangs évoluaient en accédant à la hiérarchie des masques. Gagner le droit de porter un masque impliquait l’exécution d’actes spécifiques ainsi que d’importantes contributions financières pour l'élevage, les breuvages ou encore toutes sortes d'autres biens matériels. Ainsi, les masques reflètent à la fois la position sociale du porteur et sa situation économique.
Ce masque dispose de toutes les caractéristiques typiques du style Salampasu : un grand front bombé, des yeux enfoncés, un nez imposant ainsi qu’une bouche rectangulaire garnie de dents limées. Sa surface peinte avec de multiples couches de pigment blanc rend cet objet exceptionnel. Avec le travail du temps, la couche supérieure a obtenu une couleur rougeâtre en raison d'un processus chimique inconnu. Julien Volper a récemment inclus ce masque dans son livre consacré aux arts Salampasu. Son étude approfondie n'a toutefois pas pu révéler la fonction exacte des masques blancs énigmatiques du Salampasu (Cf. Arts primitifs Dans les ateliers d'artistes, Paris, Musée de l'Homme, 1967, n. 52, pour un masque très similaire de la collection d'Eugène Dodeigne).