Paysage avec des pêcheurs ; et Paysage avec une bergère

S’il fut – et est toujours – surnommé « Vélasquez », Eugenio Lucas y Padilla fut bien plus marqué, dans son art, par son plus proche aîné Francisco de Goya, à la fois dans le choix de ses sujets que dans le traitement pictural de ses œuvres, fait d’empâtements, de coups de brosse rapides. La proximité avec Goya fut parfois telle que nombre de ses tableaux passèrent – et passent encore parfois – comme de la main de ce dernier…
Les deux magnifiques paysages sont à rapprocher de deux autres huiles sur panneaux de Lucas, elles aussi composées en tondi et peintes dans une gamme chromatique vive et acidulée, conservées au Museo de la Fundacion Lazaro Galdiano de Madrid (inv. 12096 et 12097). Si la différence de dimensions entre la présente paire et celle du musée empêche d’y voir une série cohérente, leur format circulaire pourrait laisser penser – mais sans absolue certitude – que ces œuvres étaient conçues primitivement comme des éléments de décor.
A rebours de la conception du paysage peint qui s’imposait dans les années 1850, plus sage et plus tourné vers l’observation « réaliste » de la nature, Lucas y Padilla, par la liberté de sa touche, la rapidité d’exécution, le coloris strident et éclatant de ses deux tondi propose une vision qui détonne avec celle de ses contemporains.