Lot Essay
Chroniqueur de la vie quotidienne du Paris du milieu du XVIIIe siècle, Gabriel de Saint-Aubin l’est tout autant, sinon plus, du monde artistique de son temps. S’il est resté célèbre par ses grandes vues du Salon du Louvre à l’aquarelle, qui permettent aujourd’hui de mesurer l’importance de l’événement pour l’art contemporain de l’époque, il l’est resté plus encore pour ces fameux croquis en marge des livrets des mêmes Salons et des catalogues des nombreuses ventes aux enchères qui faisaient alors de Paris la place la plus importante du marché de l’art.
C’est ce monde de l’art que Saint-Aubin, une nouvelle fois, prend pour sujet ici.
La réapparition d’un tableau aussi rare et important que l’Académie de dessin constitue un jalon important dans la redécouverte de l’œuvre peint de Gabriel de Saint-Aubin. Adepte en général du petit format, l’artiste y fait preuve d’une ambition rarement développée à cette échelle (mis à part dans les tableaux de la National Gallery de Londres et de Perpignan). L’on y retrouve pourtant toute la fraîcheur et la spontanéité qui le caractérisent, sa rapidité d’exécution, sa peinture faite d’accents justes et d’empâtements onctueux dont la maîtrise est indéniable.
Toute l’originalité, la modernité même, de la vision de Saint-Aubin s’y déploie : si les représentations d’écoles de dessins ne sont pas rares au XVIIIe siècle, on en connaît peu d’une composition aussi innovante : le modèle nu, vu da sotto in su, est comme nimbé d’une immense auréole qui n’est autre en réalité qu’une grande toile circulaire et encore vierge posée sur un chevalet derrière lui. Saint-Aubin n’oublie pas non plus le détail pittoresque du filin qui soutient le bras gauche du modèle et lui permet de garder la pose. Autour de lui, esquissés avec virtuosité et justesse, les dessinateurs s’affairent, concentrés sur leur tâche. Le parfait naturel de la scène rappelle les nombreuses scènes exécutées au dessin sur le vif par l’artiste.
On ne peut que céder à la tentation de comparer l’œuvre présente à cette autre Académie – celle-ci dite « particulière », que Saint-Aubin peignit vers 1755 (New York, collection particulière ; une autre version est conservée au musée de Strasbourg). L’un des dessinateurs, vêtu de cette même redingote rouge, n’est pas sans rappeler celui qui se situe à la droite de la présente composition.
Deux croquis de l’artiste en marge d’une plus feuille du Rijksmuseum d’Amsterdam (inv. 1959-06-10 ; ill. 1 et 2) peuvent également en être rapprochées. Ils représentent tous deux des dessinateurs d’après le modèle (féminin cette fois) et ont pu servir de première idée pour la présente composition.
Plus qu’une simple représentation de la vie artistique du milieu du XVIIIe siècle, cette Académie de dessin de Saint-Aubin, par sa rareté, par sa qualité picturale, par son originalité, replace celui-ci au rang des grands peintres de son temps, et non plus seulement des grands dessinateurs.
C’est ce monde de l’art que Saint-Aubin, une nouvelle fois, prend pour sujet ici.
La réapparition d’un tableau aussi rare et important que l’Académie de dessin constitue un jalon important dans la redécouverte de l’œuvre peint de Gabriel de Saint-Aubin. Adepte en général du petit format, l’artiste y fait preuve d’une ambition rarement développée à cette échelle (mis à part dans les tableaux de la National Gallery de Londres et de Perpignan). L’on y retrouve pourtant toute la fraîcheur et la spontanéité qui le caractérisent, sa rapidité d’exécution, sa peinture faite d’accents justes et d’empâtements onctueux dont la maîtrise est indéniable.
Toute l’originalité, la modernité même, de la vision de Saint-Aubin s’y déploie : si les représentations d’écoles de dessins ne sont pas rares au XVIIIe siècle, on en connaît peu d’une composition aussi innovante : le modèle nu, vu da sotto in su, est comme nimbé d’une immense auréole qui n’est autre en réalité qu’une grande toile circulaire et encore vierge posée sur un chevalet derrière lui. Saint-Aubin n’oublie pas non plus le détail pittoresque du filin qui soutient le bras gauche du modèle et lui permet de garder la pose. Autour de lui, esquissés avec virtuosité et justesse, les dessinateurs s’affairent, concentrés sur leur tâche. Le parfait naturel de la scène rappelle les nombreuses scènes exécutées au dessin sur le vif par l’artiste.
On ne peut que céder à la tentation de comparer l’œuvre présente à cette autre Académie – celle-ci dite « particulière », que Saint-Aubin peignit vers 1755 (New York, collection particulière ; une autre version est conservée au musée de Strasbourg). L’un des dessinateurs, vêtu de cette même redingote rouge, n’est pas sans rappeler celui qui se situe à la droite de la présente composition.
Deux croquis de l’artiste en marge d’une plus feuille du Rijksmuseum d’Amsterdam (inv. 1959-06-10 ; ill. 1 et 2) peuvent également en être rapprochées. Ils représentent tous deux des dessinateurs d’après le modèle (féminin cette fois) et ont pu servir de première idée pour la présente composition.
Plus qu’une simple représentation de la vie artistique du milieu du XVIIIe siècle, cette Académie de dessin de Saint-Aubin, par sa rareté, par sa qualité picturale, par son originalité, replace celui-ci au rang des grands peintres de son temps, et non plus seulement des grands dessinateurs.