Lot Essay
Fils de Carle Vernet (1758-1836), petit-fils de Joseph Vernet (1714-1789), Horace est le dernier grand peintre de la dynastie. Né en 1789, il se forme auprès de son père puis complète son éducation artistique auprès de François-André Vincent (1746-1816). Peintre-né, dessinateur prolifique, exécutant flamboyant et d’une grande facilité de pinceau, Vernet poursuivra une brillante carrière ponctuée de commandes officielles majeures, facilitées parfois par sa proximité avec Louis-Philippe, dont il fut proche avant même son accession au pouvoir.
Sa véritable vocation fut la peinture d’histoire militaire, dont il sera le plus grand représentant en France au XIXe siècle. Narrateur fidèle obsédé par le détail, il représentera aussi bien les grandes batailles révolutionnaires (La Bataille de Jemmapes, Londres, National Gallery) que les campagnes napoléoniennes (La Bataille d’Iéna, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) ou, dans un cas qui nous intéresse ici, la campagne d’Algérie.
La création de cette œuvre, peinte par Vernet en 1839, prend en effet naissance dans un contexte bien particulier. La volonté d’annexer l’Algérie à la France découle dans un premier temps d’une question de politique intérieure : il s’agit pour Charles X de redorer son blason en s’illustrant par une conquête aux forts accents patriotiques. À la suite de l’envoi d’un corps expéditionnaire puis de la prise d’Alger, en 1830, Louis-Philippe poursuit la conquête qui abouti à l’annexion de l’Algérie à la Couronne de France en 1834.
Cette expansion de la France en Afrique du Nord est également, pour les artistes, l’occasion de découvrir ces régions alors fermées, ouvrant la voie à un orientalisme désormais mieux ancré dans la réalité. Delacroix se rendra au Maroc en 1832, Vernet en Algérie en 1833. Envoyé à la demande de Louis-Philippe et arrivé en peintre officiel, il est reçu avec des marques considérables d’attention : deux bataillons lui sont affectés pour ses déplacements… Il reviendra durablement marqué par la découverte du pays, dessinant avidement, amassant les objets qu’il réutilisera à loisir dans ses grandes compositions historiques, mais également dans des œuvres de moindre ambition.
S’il est fasciné par l’armée française – qu’il nomme lui même désormais 'l’armée d’Afrique' – Horace Vernet l’est tout autant par leurs adversaires valeureux et aux costumes pittoresques. Ce Cavalier arabe, appelé également La Retraite, est l’expression de cette fascination de l’artiste pour ces combattants. Monté sur un pur-sang qui s’extrait d’une rivière, vêtu de son burnous et ayant à ses côtés deux pistolets, le cavalier se retourne vers ses poursuivants, des zouaves de l’armée française, pour leur tirer dessus.
Ce tableau est une redécouverte. Dans un état de conservation parfait, il correspond au tableau dont le paiement est enregistré par l’artiste dans son livre de compte, à la date du 1er avril 1840 : 'Reçu de M. Hottinguer pour un petit tableau représentant un arabe à cheval – 2500 F'. Presque un an auparavant, le 8 juin 1839, il avait également noté la mention suivante : 'Reçu de M. Jazet pour la permission de graver un petit tableau (un cheval et un Arabe), 500 f'. L’aquatinte exécutée par Jazet (ill. 1) correspond à la présente œuvre, à ceci près que le graveur a modifié certaines des couleurs (le ciel, moins bleu, le gilet rouge vif du cavalier), sans doute pour lui donner plus d’éclat dans un médium au coloris moins vif. Dans les deux cas la précision apportée sur la dimension de l’œuvre, un 'petit' tableau, confirme que celui commandé par le baron Hottinguer s’identifie bien avec la présente composition, d’autant plus que l’aquatinte qu’en a tiré Jazet a elle aussi les mêmes dimensions.
Une photographie de l’œuvre, reproduite dans un des Album Braun (sous le numéro 17310) achève enfin de prouver l’authenticité de l’œuvre.
De format certes réduit, le tableau n’en reste pas moins une œuvre empreinte de monumentalité : la figure héroïque du fier cavalier se retournant occupe majestueusement l’espace, son profil ennoblit par son burnous flottant autour de lui. L’on y retrouve l’excellence de Vernet dans la représentation des détails pittoresques, auxquels il apporte un soin minutieux aussi bien dans l’exactitude de leur usage que dans celui de leur représentation. La robe luisante du pur-sang, l’éclat des damasquinures et des cuirs travaillés, le très bel état de conservation de la couche picturale, qui a conservé ses empâtements, le caractère inspiré et dynamique de la composition font de cette œuvre un véritable petit joyau.
Sa véritable vocation fut la peinture d’histoire militaire, dont il sera le plus grand représentant en France au XIXe siècle. Narrateur fidèle obsédé par le détail, il représentera aussi bien les grandes batailles révolutionnaires (La Bataille de Jemmapes, Londres, National Gallery) que les campagnes napoléoniennes (La Bataille d’Iéna, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) ou, dans un cas qui nous intéresse ici, la campagne d’Algérie.
La création de cette œuvre, peinte par Vernet en 1839, prend en effet naissance dans un contexte bien particulier. La volonté d’annexer l’Algérie à la France découle dans un premier temps d’une question de politique intérieure : il s’agit pour Charles X de redorer son blason en s’illustrant par une conquête aux forts accents patriotiques. À la suite de l’envoi d’un corps expéditionnaire puis de la prise d’Alger, en 1830, Louis-Philippe poursuit la conquête qui abouti à l’annexion de l’Algérie à la Couronne de France en 1834.
Cette expansion de la France en Afrique du Nord est également, pour les artistes, l’occasion de découvrir ces régions alors fermées, ouvrant la voie à un orientalisme désormais mieux ancré dans la réalité. Delacroix se rendra au Maroc en 1832, Vernet en Algérie en 1833. Envoyé à la demande de Louis-Philippe et arrivé en peintre officiel, il est reçu avec des marques considérables d’attention : deux bataillons lui sont affectés pour ses déplacements… Il reviendra durablement marqué par la découverte du pays, dessinant avidement, amassant les objets qu’il réutilisera à loisir dans ses grandes compositions historiques, mais également dans des œuvres de moindre ambition.
S’il est fasciné par l’armée française – qu’il nomme lui même désormais 'l’armée d’Afrique' – Horace Vernet l’est tout autant par leurs adversaires valeureux et aux costumes pittoresques. Ce Cavalier arabe, appelé également La Retraite, est l’expression de cette fascination de l’artiste pour ces combattants. Monté sur un pur-sang qui s’extrait d’une rivière, vêtu de son burnous et ayant à ses côtés deux pistolets, le cavalier se retourne vers ses poursuivants, des zouaves de l’armée française, pour leur tirer dessus.
Ce tableau est une redécouverte. Dans un état de conservation parfait, il correspond au tableau dont le paiement est enregistré par l’artiste dans son livre de compte, à la date du 1er avril 1840 : 'Reçu de M. Hottinguer pour un petit tableau représentant un arabe à cheval – 2500 F'. Presque un an auparavant, le 8 juin 1839, il avait également noté la mention suivante : 'Reçu de M. Jazet pour la permission de graver un petit tableau (un cheval et un Arabe), 500 f'. L’aquatinte exécutée par Jazet (ill. 1) correspond à la présente œuvre, à ceci près que le graveur a modifié certaines des couleurs (le ciel, moins bleu, le gilet rouge vif du cavalier), sans doute pour lui donner plus d’éclat dans un médium au coloris moins vif. Dans les deux cas la précision apportée sur la dimension de l’œuvre, un 'petit' tableau, confirme que celui commandé par le baron Hottinguer s’identifie bien avec la présente composition, d’autant plus que l’aquatinte qu’en a tiré Jazet a elle aussi les mêmes dimensions.
Une photographie de l’œuvre, reproduite dans un des Album Braun (sous le numéro 17310) achève enfin de prouver l’authenticité de l’œuvre.
De format certes réduit, le tableau n’en reste pas moins une œuvre empreinte de monumentalité : la figure héroïque du fier cavalier se retournant occupe majestueusement l’espace, son profil ennoblit par son burnous flottant autour de lui. L’on y retrouve l’excellence de Vernet dans la représentation des détails pittoresques, auxquels il apporte un soin minutieux aussi bien dans l’exactitude de leur usage que dans celui de leur représentation. La robe luisante du pur-sang, l’éclat des damasquinures et des cuirs travaillés, le très bel état de conservation de la couche picturale, qui a conservé ses empâtements, le caractère inspiré et dynamique de la composition font de cette œuvre un véritable petit joyau.