Alberto Giacometti (1901-1966)
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Alberto Giacometti (1901-1966)

Projet pour un monument à la mémoire de Gabriel Péri (piédestal par Paul Nelson)

Details
Alberto Giacometti (1901-1966)
Projet pour un monument à la mémoire de Gabriel Péri (piédestal par Paul Nelson)
signé, numéroté et avec la marque du fondeur ‘Alberto Giacometti 1/6 Susse Fondr Paris’ (sur la base du piédestal)
bronze à patine brun foncé
45.5 x 16.2 x 26.1 cm.
Conçu en 1946; cette épreuve fondue en 1961 dans une édition de 6 exemplaires numérotés de 1/6 à 6/6 plus une autre épreuve non numérotée

signed, numbered and with the foundry mark ‘Alberto Giacometti 1/6 Susse Fondr Paris’ (on the base)
bronze with dark brown patina
17 7/8 x 6 3/8 x 10 ¼ in.
Conceived in 1946; this bronze cast in 1961 in an edition of 6 numbered 1/6 to 6/6 plus 1
Provenance
Pierre Matisse, New York (en 1961).
Maurice Lefebvre-Foinet, Paris (don de celui-ci en 1961).
Collection particulière, Paris.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
Alberto Giacometti, A Retrospective Exhibition, cat. exp., New York, 1974, p. 106, no. 82 (une autre épreuve illustrée ; titré 'Projet pour un monument d'un homme célèbre').
Alberto Giacometti: The Milton D. Ratner Family Collection, cat. exp., Chicago, 1974, p. 58, no. 45 (une autre épreuve illustrée, p. 40 ; titré 'Project for a Monument to a Famous man').
Base de données de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, no. AGD 4070.
Special notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further details
Les toutes premières années d’après-guerre sont largement considérées comme une époque charnière pour Giacometti. « Les années décisives », selon Yves Bonnefoy. « Le temps de la réalisation », d’après Herbert Matter. Durant cette brève période, Giacometti négocie un virage parfaitement révolutionnaire dans son expression artistique, délaissant ses petits personnages des années de guerre pour s’attaquer aux grandes figures filiformes qui feront sa renommée. C’est alors que Giacometti commence à jouir de la reconnaissance du grand public. Qui aurait cru, à son retour à Paris en 1946, qu’en 1948 son statut serait tel que la galerie Pierre Matisse, à New York, consacrerait une exposition à ses œuvres récentes.
L’un des thèmes centraux du travail de Giacometti durant cette période est l’Homme qui marche. Entre 1946 et 1950, il produit de nombreuses sculptures de figures avançant d’un grand pas, parfois seules, parfois accompagnées. Plusieurs moules originaux des figures solitaires ayant été perdus ou détruits, il est difficile d’en déterminer la chronologie avec certitude. Toutefois, la présente composition, conçue en 1946, constitue bien l’une des premières manifestations de ce thème majeur.
Au lendemain de la guerre, Giacometti crée la présente œuvre en hommage à Gabriel Péri, le politicien, le journaliste, le résistant. Arrêté par les Allemands en 1941, il fut exécuté avec d’autres otages le 15 décembre de la même année. Devenu héros national, la mémoire de Péri a notamment été immortalisée par le poème de Louis Aragon « La Légende de Gabriel Péri ». Une version monumentale de la sculpture de Giacometti devait même être installée sur le parvis de la Gare Saint-Lazare (la Place Gabriel Péri d’aujourd’hui), mais le projet fut abandonné après que le Parti Communiste fut évincé du gouvernement provisoire, en 1947.
Si cette sculpture constitue un hommage important au héros de la Résistance, elle occupe également une place primordiale dans la trajectoire artistique de Giacometti, dans la mesure où elle constitue l’une de ses premières incursions dans le thème de l’homme qui marche. Figée dans sa course, la figure est ici dominée par une structure aux allures de stèle, tandis qu’elle semble arriver sur la tombe d’un ami déchu. Les traits du visage sont volontairement indéfinis; cet homme dépourvu d’individualité pourrait incarner chacun d’entre nous. Comme la plupart des personnages de cette période artistique de Giacometti, celui-ci est formé de lignes fines, presque évanescentes, emblématiques des proportions décharnées qui sont devenues la signature de Giacometti. Dans un entretien avec David Sylvester en 1964, l’artiste confia à propos de ses créatures effilées: « J’ai vraiment tenté d’y résister; j’ai essayé de les élargir au fur et à mesure qu’elles s’amenuisaient » (cité in Giacometti: Sculptures, Paintings, Drawings, 1913-1965, cat. exp., Londres, 1981, p. 6). Les marcheurs émaciés de Giacometti ont parfois été perçus comme autant de manières de donner corps à la fragilité de la condition humaine des temps modernes. L’un des partisans de cette lecture existentialiste, Peter Selz, écrivit en 1959, à propos non seulement de l’art de Giacometti, mais aussi de Jean Dubuffet, Willem de Kooning ou Jackson Pollock, que « les nouvelles données et les complexités de la vie au milieu du XXe siècle ont fait naître un profond sentiment de solitude et d’anxiété. L’imagerie de l’homme qui en découle est marquée par une nouvelle dignité, un désespoir aussi parfois, mais surtout par le caractère exceptionnel de l’homme qui affronte sa destinée. Comme Kierkegaard, Heidegger, Camus, ces artistes ont conscience de l’angoisse et de l’effroi, de cette existence où l’homme - précaire et vulnérable - se confronte au précipice, conscient aussi bien de la mort que de la vie » (P. Selz, New Images of Man, cat. exp., New York, 1959, p. 11).
L’anatomie squelettique de la présente figure renvoie par ailleurs aux hommes représentés dans des œuvres comme La Place II (fig. 1), 1948 et Trois hommes qui marchent II, 1948-1949 (fig. 3). Ces deux œuvres s’inscrivent indéniablement dans des environnements urbains : leur socle effleure l’idée de la grand-place urbaine, tandis que leurs marcheurs avançant en chassé-croisé évoquent la manière dont les citadins passent sans s’arrêter, sans se parler, sans même se voir. Valerie Fletcher suggère que les marcheurs isolés, comme celui de la présente sculpture, témoignent aussi d’un intérêt pour la solitude intrinsèque à la vie urbaine du XXe siècle. Cette lecture est corroborée par le fait que certaines de ces figures solitaires, comme Homme qui marche sous la pluie, 1948 (fig. 2) ou la présente œuvre, sont posées sur des socles très semblables aux socles des sculptures présentant plusieurs personnages.
Projet pour un monument à la mémoire de Gabriel Péri fut un don de Pierre Matisse à Maurice Lefebvre-Foinet. Détail touchant, l’archive Matisse conserve une lettre du galeriste adressée à Giacometti. Pierre Matisse y rappelle gentiment à l’artiste de transmettre le bronze directement à Lefebvre-Foinet, souhaitait soit lui en faire cadeau, soit le lui donner en guise de rémunération pour un service rendu.

The years immediately following the close of World War II have been widely recognized as a pivotal phase for Giacometti, the "years of decision" according to Yves Bonnefoy, the "period of realization" according to Herbert Matter. During this brief span of time, Giacometti affected what can only be termed a revolution in his characteristic mode of artistic expression, trading the tiny figures of the war years for the tall, extremely slender figures for which he is best known. It was also at this time that Giacometti first attained wide-scale public recognition; little known upon his return to Paris in 1946, by 1948 his status was such that he was granted a one-man exhibition of his recent work at the gallery of New York dealer Pierre Matisse. One of the central themes of Giacometti's work during this period is the walking man. Between 1946 and 1950, Giacometti made numerous sculptures of striding figures, sometimes alone and sometimes in a group. Because several of the original plasters for the single-figure compositions have been lost or destroyed, it is difficult to determine their exact sequence with certainty. Nonetheless, the present composition, conceived in 1946, represents one of the earliest known manifestations of the of this important theme.
Conceived in 1946, the present work was created as a tribute to Gabriel Péri, a French Communist journalist and politician who was a member of the French Resistance. Arrested by the Germans in May 1941, he was killed with other hostages on 15 December 1941. Péri became a legend and a celebrated hero, memorialized by Louis Aragons poem La gende de Gabriel Péri”. The full- scale monument, intended to be placed in the front of the Gare Saint Lazare (now called Place Gabriel Péri), was unfortunately never realized due to the end of the provisional Communist party rule in 1947.
While this sculpture is an important tribute to ri, it is also recognized in the context of Giacomettis œuvre as one of the artists first explorations on the theme of the walking man. The single figure is caught mid-stride, a tombstone- like structure towering over him as he walks towards the gravestone of a fallen friend. The figures facial characteristics are intentionally undefined, such that he relates to every man in society, rather than one individual. Like most of the figures from this period of Giacometti's career, the figure in the present work is composed of thin, almost insubstantial lines, epitomizing the gaunt proportions which have become Giacometti's signature. Asked about the lean silhouette of his post-war figures during a 1964 interview with David Sylvester, Giacometti replied simply, "I did try to fight against it; I tried to make them broader, the narrower they go" (quoted in Giacometti: Sculptures, Paintings, Drawings, 1913-1965, exh. cat., London, 1981, p. 6). The emaciated appearance of Giacometti's figures has been seen by some as an effort to render visually the precarious nature of the human condition in the modern age; one proponent of this Existentialist reading is Peter Selz, who wrote in 1959 of the art of Giacometti along that of with Jean Dubuffet, Willem de Kooning, Jackson Pollock and others:
The revelations and complexities of mid-twentieth century life have called forth a profound feeling of solitude and anxiety. The imagery of man which has evolved from this reveals a new dignity, sometimes despair, but always the uniqueness of man as he confronts his fate. Like Kierkegaard, Heidegger, Camus, these artists are aware of anguish and dread, of life in which man -- precarious and vulnerable, confronts the precipice, is aware of dying as well as living. “ (P. Selz, New Images of Man, exh. cat., New York, 1959, p. 11) The skeletal anatomy of our figure also relates to the walking men found in works like La place II (fig. 1), 1948 and Trois hommes qui marchent II, 1948-1949 (fig. 3). Both of these works were conceived in undeniably urban contexts, their platforms derived from the notion of the city square and their juxtaposition of striding figures suggesting the way that city-dwellers pass without stopping, speaking, even seeing each other. Valerie Fletcher has proposed that individual walking men such as the present sculpture also bear witness to this interest in the fundamental solitude of twentieth-century urban life; this reading is bolstered by the fact that certain of the single- figure compositions like Homme qui marche sous la pluie, 1948 (fig. 2) are set upon pedestals very similar to those of the multi-figure works, and even the present work.
Projet pour un monument à la mémoire de Gabriel Péri was a gift from Pierre Matisse to Maurice Lefebvre- Foinet. It is touching to note in the Matisse archives there remains a letter from the dealer to the artist gently reminding him to give Lefebvre-Foinet directly the bronze that he had intended as a gift or that perhaps had been offered in lieu of payment for services rendered.

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