拍品专文
Cette œuvre sera incluse au nouveau catalogue critique de l'œuvre complet de Paul Gauguin actuellement en préparation par l'Institut Wildenstein.
Paul Gauguin entreprend son premier voyage en Polynésie comme une sorte d’exil volontaire. Miné par l’incompréhension de ses
contemporains face à son art, par la violence des critiques et par une situation fnancière catastrophique, il voit en Tahiti une échappatoire à la civilisation occidentale. Pour payer son voyage, il organise la vente de trente de ses oeuvres à Drouot le 23 février 1891. Elle connaît un certain succès, en partie grâce à l’introduction élogieuse d’Octave Mirbeau: «J'apprends que M. Paul Gauguin va partir pour Tahiti. Son intention est de vivre là, plusieurs années, seul, d'y construire sa hutte, d'y retravailler à neuf à des choses qui le hantent. Le cas d'un homme fuyant la civilisation, recherchant volontairement l'oubli et le silence, pour mieux se sentir, pour mieux écouter les voix intérieures qui s'étoufent au bruit de nos passions et de nos disputes, m'a paru curieux et touchant. M. Paul Gauguin est un artiste très exceptionnel, très troublant… » (Combats Esthétiques, préface du catalogue de la vente).
L’artiste quitte Marseille le 1er avril 1891, et accoste à Papeete le 9 juin, après un périple de soixante-neuf jours. La déception qui le frappe à la découverte de l’île est immense – le ville est en efet entièrement européanisée, et les traditions maories qu’il espère y trouver ont pratiquement disparu. La faute incombe selon lui essentiellement aux missionnaires protestants, présents depuis bien plus longtemps que les catholiques. Paradoxalement, c’est l’avocat Auguste Goupil, éminent missionnaire protestant, bibliophile et collectionneur avéré avec lequel il noue une relation étroite, qui lui en apprend fnalement le plus sur les coutumes maories. C’est également Goupil qui remet à Gauguin une version française de Voyage aux ”les du Grand océan d’Antoine Moerenhout.
En août 1891, le peintre s’installe à Mataïea, à environ quarante kilomètres de la capitale. Peu après, il s’attèle à son propre ouvrage sur les maoris, Ancien culte mahorie. Ce récit de la cosmogonie locale évoque notamment le rôle des dieux et déesses dans la création du monde. A la page 46 figure un couple s’étreignant sur une feuille de lotus, que l’on retrouve dans L’ibis bleu.
A son retour en France en 1893, Gauguin est impatient d’exposer sa production récente. Craignant un nouveau rejet du public, il entreprend de rédiger un carnet de voyage, Noa Noa («Parfum» en tahitien), pour accompagner l’exposition prévue à la galerie Durand-Ruel. Il espère qu’en mettant ainsi les oeuvres en contexte, elles seront plus accessibles et mieux comprises. Malheureusement, cet ouvrage connaît une histoire aussi tumultueuse que celle de son auteur, et sa rédaction n’est pas achevée à temps pour l’exposition. Il ne sera finalement publié qu’en 1924.
A la page 75 de Noa Noa, Gauguin retrouve le thème du couple et de la feuille de lotus. La référence à cette plante aquatique qui ne feurit qu’en été et s’ouvre chaque jour au contact de la lumière du soleil, symbole de pureté et de renaissance dans les religions bouddhiste et hindouiste, renvoie à la métamorphose que connaît Gauguin au cours de son voyage. Un lien peut également être établi entre l’ibis, oiseau sacré, et Noa Noa. Symbole du dieu égyptien Thot, inventeur de l’écriture et du langage, incarnation de la parole divine et maître de tous les arts, il joue, par le verbe, un rôle dans la création du monde relatée en détail par Gauguin: «Roua (grande est son origine) dormait avec sa femme, la terre ténébreuse; elle donna naissance à son roi le sol, puis au crépuscule, puis aux ténèbres; mais, alors, Roua répudia cette femme. Roua (grande est son origine) dormait avec la femme dite grande réunion. Elle donna naissance aux reines des cieux, les étoiles, puis à l’étoile Faïti, étoile du soir. Le roi des cieux dorés, le seul roi, dormait avec sa femme Fanoui. D’elle est né l’astre Fauroua, Vénus (étoile du matin)» (Noa Noa, 1894, p. 39).
L’étonnante inscription phonétique «Soumin», pour sous-main, apparaissant ici a longtemps questionné les historiens d’art. Toutefois, les circonstances de son arrivée en France relatées par le marchand d’art Etienne Bignou apportent à ce sujet un éclairage précieux: «Je me souviens parfaitement avoir vu cet objet chez feu Ambroise Vollard, lequel m’a dit tenir cet objet directement de Gauguin, ce dernier le lui ayant envoyé à l’époque sous forme d’un sous-main plié en quatre. Cet objet fut déplié et rentoilé par Ambroise Vollard, ce qui explique les traces premières dans lesquelles ledit sous-main avait été replié par l’artiste lui-même» (cité in G. Wildenstein, Paul Gauguin, Paris, vol. I, 1964, p. 200). Ambroise Vollard devient en efet, à partir de la mort de Georges Chaudet en 1900, le marchand exclusif de Gauguin.
Nombre des travaux les plus importants de l’artiste sont exécutés au cours du premier voyage à Tahiti, qui dure précisément deux ans. L’atmosphère de mystère et de poésie qui baigne L’ibis bleu témoigne de l’enlèvement spirituel et mystique trouvé par Gauguin aux confins du monde.
Gauguin’s frst journey to Tahiti can be interpreted as self-imposed exile. In light of his contemporaries’ incomprehension of his art, his hostile critics and the fnancial disaster he was facing, Tahiti was an escape from Western civilization. To fnance his trip to Tahiti, Gauguin organized a sale of thirty of his art works at the Hôtel Drouot in Paris, on Monday, 23 February 1891. The sale was relatively successful, and thanks in part to a prestigious introduction written by Octave Mirbeau: «I understand that M. Paul Gauguin is going to Tahiti. He intends to live there alone for several years, to build his hut, and there work anew on subjects that have been haunting him. The case of a man who fees civilizations and voluntarily seeks oblivion and silence the better to feel himself and the better to hear the inner voices which are stifed by the din of our passions and arguments – appears to me unusual and touching. Paul Gauguin is a very exceptional and disturbing artist…” (O. Mirbeau, Combats Esthétiques, preface to 1891 sale catalogue Hôtel Drouot, Paris, February 1891). Gauguin left Marseille on 1 April 1891, and arrived in Papeete on June 9 – a sixty nine day voyage. The artist’s deception with the island is well-known by now – the town had been completely Europeanized, and the Maori traditions he so hoped to fnd had all but disappeared. He considered the Protestant missionaries to be largely at fault, who had been there much longer than even the Catholic missionaries. Strangely enough, it was through the meeting of one of the most prominent local Protestant missionaries, a lawyer named Ma”tre Auguste Goupil, that Gauguin would learn the most about ancient Maori traditions. Maître Goupil was a well-known bibliophile and collector, and he and Gauguin became inextricably linked during Gauguin’s frst voyage to Tahiti. It was Goupil who lent Gauguin his French translation of Antoine Moerenhout’s book entitled Voyage aux ”les du Grand océan, and which became his main source of information on the ancient Maori tribe.
In August 1891, Gauguin relocated to Mataïea, about forty kilometers from the capital city. It was shortly thereafter that Gauguin set to work on his own illustrated book on the history of the Maoris, Ancien culte mahorie. The book recounts Maori legends, the creation of the world according to their religion, and the procreation of gods and goddesses and their role in the creation of the universe. On page 46 of that manuscript, one fnds the same drawing of the couple embracing on a lotus leaf that fgures in the present work.
When he returned to France in 1893, Gauguin was anxious to exhibit the works he had produced during his two year sojourn in Tahiti. Fearful that the Parisian art world might not understand his new work, he began writing his autobiographical travelogue, Noa Noa (“Fragrance” in Tahitian), to accompany an exhibition at the Durand-Ruel Gallery in Paris. He hoped that the journal would provide the public with the context necessary to comprehend the new themes in the works in the exhibit. The book was not completed in time for the exhibit. Its publication history is as tumultuous as the artist’s life, and the book was not published until 1924.
On page 75 of Noa Noa, Gauguin again returns to this theme of the embracing couple atop a lotus leaf. Gauguin’s reference to the lotus – an aquatic fower that blooms during the summer and only in daylight, viewed in Buddhist and Hindu tradition to be the symbol of purity and rebirth, also refects the transformative nature of the artist’s adventure. The presence of the sacred bird, the ibis, further points to the reading of the Noa Noa text, where Gauguin recounts in great detail the procreation of deities in the creation of the universe. In Ancient Egyptian the ibis on a perch was the hieroglyphic for the god Thoth. Thoth is often referred to as ‘Lord of the Divine Words’ and recognized as the god of writing, scribes and wisdom: “Roïa – great in his beginning – slept with his wife, the Gloomy Earth. She gave birth to her king, the sun, then to the dusk, and then to the night. Then Roïa cast of this woman. Roïa – great in his beginning – slept with the woman called “Grande Réunion”. She gave birth to the queens of the heaven, the stars, and then to the star Tahiti, the evening-star. The king of the golden skies, the only king, slept with his wife Fanoüi. Of her is born the star Taüroüa (Venus), the morning-star…” (P. Gauguin, Noa Noa, quoted in Noa Noa, A Journal of the South Seas by Paul Gauguin, New York, 1957, pp. 95-96.).
The curious phonetic inscription “Soumin” (or sous-main in French, blotting pad in English), visible in the center of the present work, has puzzled art historians. However the precise circumstances of the arrival of the work in France is well documented by the great art dealer Etienne Bignou, who recounted: « I remember perfectly well having seen this work at Ambroise Vollard’s, who told me he had received it directly from Gauguin, who has sent it to him in the form of a sous-main folded in four. The work was unfolded and laid down on canvas by Ambroise Vollard, which explains the frst traces visible on this sous-main were done by the artist himself.” (quoted in G. Wildenstein, Paul Gauguin, Paris, vol. I, 1964, p. 200). Ambroise Vollard had become Gauguin’s exclusive dealer in 1900, following the death of Georges Chaudet, who had represented Gauguin since his Pont-Aven days. Gauguin’s frst Tahitian voyage, which lasted 2 years, from 9 June 1891 to 4 June 1893, was an incredibly productive period for the artist. Many of his
most important works were painted during this period, it was indeed a halcyon moment in his work. Eternal mystery and poetic suggestion abound in Ibis bleu, which embodies the spirituality and the mysticism that Gauguin sought in his far-fung voyages.
Paul Gauguin entreprend son premier voyage en Polynésie comme une sorte d’exil volontaire. Miné par l’incompréhension de ses
contemporains face à son art, par la violence des critiques et par une situation fnancière catastrophique, il voit en Tahiti une échappatoire à la civilisation occidentale. Pour payer son voyage, il organise la vente de trente de ses oeuvres à Drouot le 23 février 1891. Elle connaît un certain succès, en partie grâce à l’introduction élogieuse d’Octave Mirbeau: «J'apprends que M. Paul Gauguin va partir pour Tahiti. Son intention est de vivre là, plusieurs années, seul, d'y construire sa hutte, d'y retravailler à neuf à des choses qui le hantent. Le cas d'un homme fuyant la civilisation, recherchant volontairement l'oubli et le silence, pour mieux se sentir, pour mieux écouter les voix intérieures qui s'étoufent au bruit de nos passions et de nos disputes, m'a paru curieux et touchant. M. Paul Gauguin est un artiste très exceptionnel, très troublant… » (Combats Esthétiques, préface du catalogue de la vente).
L’artiste quitte Marseille le 1er avril 1891, et accoste à Papeete le 9 juin, après un périple de soixante-neuf jours. La déception qui le frappe à la découverte de l’île est immense – le ville est en efet entièrement européanisée, et les traditions maories qu’il espère y trouver ont pratiquement disparu. La faute incombe selon lui essentiellement aux missionnaires protestants, présents depuis bien plus longtemps que les catholiques. Paradoxalement, c’est l’avocat Auguste Goupil, éminent missionnaire protestant, bibliophile et collectionneur avéré avec lequel il noue une relation étroite, qui lui en apprend fnalement le plus sur les coutumes maories. C’est également Goupil qui remet à Gauguin une version française de Voyage aux ”les du Grand océan d’Antoine Moerenhout.
En août 1891, le peintre s’installe à Mataïea, à environ quarante kilomètres de la capitale. Peu après, il s’attèle à son propre ouvrage sur les maoris, Ancien culte mahorie. Ce récit de la cosmogonie locale évoque notamment le rôle des dieux et déesses dans la création du monde. A la page 46 figure un couple s’étreignant sur une feuille de lotus, que l’on retrouve dans L’ibis bleu.
A son retour en France en 1893, Gauguin est impatient d’exposer sa production récente. Craignant un nouveau rejet du public, il entreprend de rédiger un carnet de voyage, Noa Noa («Parfum» en tahitien), pour accompagner l’exposition prévue à la galerie Durand-Ruel. Il espère qu’en mettant ainsi les oeuvres en contexte, elles seront plus accessibles et mieux comprises. Malheureusement, cet ouvrage connaît une histoire aussi tumultueuse que celle de son auteur, et sa rédaction n’est pas achevée à temps pour l’exposition. Il ne sera finalement publié qu’en 1924.
A la page 75 de Noa Noa, Gauguin retrouve le thème du couple et de la feuille de lotus. La référence à cette plante aquatique qui ne feurit qu’en été et s’ouvre chaque jour au contact de la lumière du soleil, symbole de pureté et de renaissance dans les religions bouddhiste et hindouiste, renvoie à la métamorphose que connaît Gauguin au cours de son voyage. Un lien peut également être établi entre l’ibis, oiseau sacré, et Noa Noa. Symbole du dieu égyptien Thot, inventeur de l’écriture et du langage, incarnation de la parole divine et maître de tous les arts, il joue, par le verbe, un rôle dans la création du monde relatée en détail par Gauguin: «Roua (grande est son origine) dormait avec sa femme, la terre ténébreuse; elle donna naissance à son roi le sol, puis au crépuscule, puis aux ténèbres; mais, alors, Roua répudia cette femme. Roua (grande est son origine) dormait avec la femme dite grande réunion. Elle donna naissance aux reines des cieux, les étoiles, puis à l’étoile Faïti, étoile du soir. Le roi des cieux dorés, le seul roi, dormait avec sa femme Fanoui. D’elle est né l’astre Fauroua, Vénus (étoile du matin)» (Noa Noa, 1894, p. 39).
L’étonnante inscription phonétique «Soumin», pour sous-main, apparaissant ici a longtemps questionné les historiens d’art. Toutefois, les circonstances de son arrivée en France relatées par le marchand d’art Etienne Bignou apportent à ce sujet un éclairage précieux: «Je me souviens parfaitement avoir vu cet objet chez feu Ambroise Vollard, lequel m’a dit tenir cet objet directement de Gauguin, ce dernier le lui ayant envoyé à l’époque sous forme d’un sous-main plié en quatre. Cet objet fut déplié et rentoilé par Ambroise Vollard, ce qui explique les traces premières dans lesquelles ledit sous-main avait été replié par l’artiste lui-même» (cité in G. Wildenstein, Paul Gauguin, Paris, vol. I, 1964, p. 200). Ambroise Vollard devient en efet, à partir de la mort de Georges Chaudet en 1900, le marchand exclusif de Gauguin.
Nombre des travaux les plus importants de l’artiste sont exécutés au cours du premier voyage à Tahiti, qui dure précisément deux ans. L’atmosphère de mystère et de poésie qui baigne L’ibis bleu témoigne de l’enlèvement spirituel et mystique trouvé par Gauguin aux confins du monde.
Gauguin’s frst journey to Tahiti can be interpreted as self-imposed exile. In light of his contemporaries’ incomprehension of his art, his hostile critics and the fnancial disaster he was facing, Tahiti was an escape from Western civilization. To fnance his trip to Tahiti, Gauguin organized a sale of thirty of his art works at the Hôtel Drouot in Paris, on Monday, 23 February 1891. The sale was relatively successful, and thanks in part to a prestigious introduction written by Octave Mirbeau: «I understand that M. Paul Gauguin is going to Tahiti. He intends to live there alone for several years, to build his hut, and there work anew on subjects that have been haunting him. The case of a man who fees civilizations and voluntarily seeks oblivion and silence the better to feel himself and the better to hear the inner voices which are stifed by the din of our passions and arguments – appears to me unusual and touching. Paul Gauguin is a very exceptional and disturbing artist…” (O. Mirbeau, Combats Esthétiques, preface to 1891 sale catalogue Hôtel Drouot, Paris, February 1891). Gauguin left Marseille on 1 April 1891, and arrived in Papeete on June 9 – a sixty nine day voyage. The artist’s deception with the island is well-known by now – the town had been completely Europeanized, and the Maori traditions he so hoped to fnd had all but disappeared. He considered the Protestant missionaries to be largely at fault, who had been there much longer than even the Catholic missionaries. Strangely enough, it was through the meeting of one of the most prominent local Protestant missionaries, a lawyer named Ma”tre Auguste Goupil, that Gauguin would learn the most about ancient Maori traditions. Maître Goupil was a well-known bibliophile and collector, and he and Gauguin became inextricably linked during Gauguin’s frst voyage to Tahiti. It was Goupil who lent Gauguin his French translation of Antoine Moerenhout’s book entitled Voyage aux ”les du Grand océan, and which became his main source of information on the ancient Maori tribe.
In August 1891, Gauguin relocated to Mataïea, about forty kilometers from the capital city. It was shortly thereafter that Gauguin set to work on his own illustrated book on the history of the Maoris, Ancien culte mahorie. The book recounts Maori legends, the creation of the world according to their religion, and the procreation of gods and goddesses and their role in the creation of the universe. On page 46 of that manuscript, one fnds the same drawing of the couple embracing on a lotus leaf that fgures in the present work.
When he returned to France in 1893, Gauguin was anxious to exhibit the works he had produced during his two year sojourn in Tahiti. Fearful that the Parisian art world might not understand his new work, he began writing his autobiographical travelogue, Noa Noa (“Fragrance” in Tahitian), to accompany an exhibition at the Durand-Ruel Gallery in Paris. He hoped that the journal would provide the public with the context necessary to comprehend the new themes in the works in the exhibit. The book was not completed in time for the exhibit. Its publication history is as tumultuous as the artist’s life, and the book was not published until 1924.
On page 75 of Noa Noa, Gauguin again returns to this theme of the embracing couple atop a lotus leaf. Gauguin’s reference to the lotus – an aquatic fower that blooms during the summer and only in daylight, viewed in Buddhist and Hindu tradition to be the symbol of purity and rebirth, also refects the transformative nature of the artist’s adventure. The presence of the sacred bird, the ibis, further points to the reading of the Noa Noa text, where Gauguin recounts in great detail the procreation of deities in the creation of the universe. In Ancient Egyptian the ibis on a perch was the hieroglyphic for the god Thoth. Thoth is often referred to as ‘Lord of the Divine Words’ and recognized as the god of writing, scribes and wisdom: “Roïa – great in his beginning – slept with his wife, the Gloomy Earth. She gave birth to her king, the sun, then to the dusk, and then to the night. Then Roïa cast of this woman. Roïa – great in his beginning – slept with the woman called “Grande Réunion”. She gave birth to the queens of the heaven, the stars, and then to the star Tahiti, the evening-star. The king of the golden skies, the only king, slept with his wife Fanoüi. Of her is born the star Taüroüa (Venus), the morning-star…” (P. Gauguin, Noa Noa, quoted in Noa Noa, A Journal of the South Seas by Paul Gauguin, New York, 1957, pp. 95-96.).
The curious phonetic inscription “Soumin” (or sous-main in French, blotting pad in English), visible in the center of the present work, has puzzled art historians. However the precise circumstances of the arrival of the work in France is well documented by the great art dealer Etienne Bignou, who recounted: « I remember perfectly well having seen this work at Ambroise Vollard’s, who told me he had received it directly from Gauguin, who has sent it to him in the form of a sous-main folded in four. The work was unfolded and laid down on canvas by Ambroise Vollard, which explains the frst traces visible on this sous-main were done by the artist himself.” (quoted in G. Wildenstein, Paul Gauguin, Paris, vol. I, 1964, p. 200). Ambroise Vollard had become Gauguin’s exclusive dealer in 1900, following the death of Georges Chaudet, who had represented Gauguin since his Pont-Aven days. Gauguin’s frst Tahitian voyage, which lasted 2 years, from 9 June 1891 to 4 June 1893, was an incredibly productive period for the artist. Many of his
most important works were painted during this period, it was indeed a halcyon moment in his work. Eternal mystery and poetic suggestion abound in Ibis bleu, which embodies the spirituality and the mysticism that Gauguin sought in his far-fung voyages.