拍品专文
UN OBJET OSTENTATOIRE
Les hanaps en forme de chouette s’inscrivent dans la tradition des objets ostentatoires qui figuraient dans les Kunstkammers des princes, riches nobles ou corporations. Surtout fabriquées dans les Flandres et en Allemagne en argent ou vermeil, elles pouvaient aussi dans certains cas au gré des modes, intégrer une noix de coco qui formait le corps de la coupe.
Les exemplaires allemands étaient principalement fabriquées pour être offertes en cadeau dans la tradition des ‘coupes de bienvenue’ (Willkommen Pokale) prenant alors une forme héraldique ou corporative, symbolique pour leur propriétaire. Elle pouvaient aussi servir de trophées aux vainqueurs des concours d’arbalétriers.
UN OBJET SYMBOLIQUE
La chouette affectueusement appelée ‘coucou’ est annonciatrice du printemps (sa ponctualité en fait un objet emblématique de l’horlogerie) puisque traditionnellement on pensait que la chouette se cachait dans un arbre creux dès la fin de l’été pour ne réapparaitre qu’au printemps.
Mais on lui attribue ainsi qu’au hibou sans distinction, plusieurs significations symboliques et allégoriques.
Dans la mythologie grecque, elle est associée à Atropos, l'aînée des Trois Moires, connue comme l'Inflexible, qui coupe le fil du destin mais aussi à Athéna, déesse de la sagesse et de la raison, protectrice des cités et de la vie civique, la guerre, l'artisanat et les techniques.
Emblème de la foudre, la chouette figure aussi assez fréquemment sur l'étendard des rois.
Dans sa présente représentation, fixée à une branche agrémentée de clochettes, elle peut faire référence à la chasse durant laquelle la chouette tenue attachée par une corde ou une chaine, était utilisée comme appât. Elle était aussi utilisée parfois comme oiseau de proie quoique moins efficace que le faucon.
Mais la chouette est aussi le symbole des excès et donc de l’ivrognerie. Le sifflet semble alors être une allusion au dicton allemand qui dit que personne ne peut boire et jouer de la flutes en même temps ! Elle s’apparente alors au jeu de boisson, ou ‘trinkspiel’.
UNE SPÉCIALITÉ À MALINES
On connait six autres coupes de ce modèle au poinçon de Malines sans pouvoir expliquer avec certitude la raison historique ou symbolique de la coupe. Toutes partagent les mêmes caractéristiques, avec quelques manques, à savoir, la branche terminée à chaque extrémités par un sifflet imitant le cri de la chouette et les grelots.
Un modèle avec le même poinçon de maître, datée 1561-1562 est illustrée dans V. Laloux et Ph. Cruysmans, L’œil du hibou, le bestiaire des orfèvres, Paris-Genève, 1994, p. 125 et dans Chefs-d’œuvre d’orfèvrerie de collections privées, Gent- Bijlokemuseum- 19 avril-30 juin 1985, p. 303, No 303 et dans P. Baudouin, P. Colman et D. Goethals, orfevrerie en Belgique XVIe XVIIe XVIIIe Siècles, 1988, p. 57, No 39 ;
Une autre datée 1554-1555 est au musée Hessisches Landesmuseum de Kassel, (inv. K BII 34). Voir R.-A. Schütte, The Silver Chamber of the Landgraves of Hesse-Kassel. Inventory catalogue of goldsmiths' work from the 16th to the 18th century in the State Museums Kassel. Kassel / Wolfratshausen 2003, pp. 82-83, illustration p. 83, cat. no. 9;
Une datée 1561-1562 est au château-musée de Huis Doorn,, ancien inv. berlinois 329⁄11 (voir Kaiserliches Gold und Silber. Schätze der Hohenzollern aus dem Schloss Huis Doorn: Katalog zur Ausstellung im Deutschen Goldschmiedehaus Hanau (24. November 1985-23. Februar 1986, n° 42) ;
Une datée 1565-1566 est à Londres au Victoria and Albert Museum, Acc. No.. 1181:1, 2-1864;
Une datée 1572-1573 est à Moscou, Kremlin, Palais patriarchal (B. Brodski, The Art Treasures from Moscow Museums, Moscou 1980, 66. fig. 60).
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A KUNSTKAMMER OBJECT
Owl-shaped hanaps are part of the tradition of ostentatious objects displayed in the Kunstkammers of princes, wealthy nobles or guilds not only as a sign of their wealth but also a tribute to their status. They appear to have been made mainly in Flanders and Germany in silver or gilt, although in some cases, following fashion, the body could be made of a carved coconut.
German examples were mainly made to be presented as gifts in the tradition of ‘welcome cups’ (Willkommen Pokale), in which case they could take an heraldic or corporative form, symbolic of their owner. In some instances, they could also be used as trophies for the winners of crossbow or archery competitions.
THE SYMBOLISM BEHIND THE OWL
The owl, affectionately known as a ‘cuckoo’, heralds the arrival of spring (its punctuality makes it an emblematic object in watchmaking). Indeed, traditionally, the owl was thought to hide in a hollow tree at the end of summer, only to reappear in spring.
But the owl has several symbolic and allegorical meanings.
In Greek mythology, it is associated with Atropos, the eldest of the Three Moirai, known as the inevitable, who cuts the thread of destiny, but also with Athena, goddess of wisdom and reason, protector of cities and civic life, war, crafts and techniques.
An emblem of lightning, the owl also frequently appears on the standard of kings.
In its present form, attached to a branch decorated with bells, it may refer to hunting, during which the owl, held by a rope or chain, was used as bait. It was also sometimes used as a bird of prey, although less effectively than the falcon.
But the owl is also a symbol of excess and therefore of drunkenness. The whistle seems to be an allusion to the German saying that no one can drink and play the flute at the same time! It is therefore akin to the drinking game, known in German as ‘trinkspiel’.
Les hanaps en forme de chouette s’inscrivent dans la tradition des objets ostentatoires qui figuraient dans les Kunstkammers des princes, riches nobles ou corporations. Surtout fabriquées dans les Flandres et en Allemagne en argent ou vermeil, elles pouvaient aussi dans certains cas au gré des modes, intégrer une noix de coco qui formait le corps de la coupe.
Les exemplaires allemands étaient principalement fabriquées pour être offertes en cadeau dans la tradition des ‘coupes de bienvenue’ (Willkommen Pokale) prenant alors une forme héraldique ou corporative, symbolique pour leur propriétaire. Elle pouvaient aussi servir de trophées aux vainqueurs des concours d’arbalétriers.
UN OBJET SYMBOLIQUE
La chouette affectueusement appelée ‘coucou’ est annonciatrice du printemps (sa ponctualité en fait un objet emblématique de l’horlogerie) puisque traditionnellement on pensait que la chouette se cachait dans un arbre creux dès la fin de l’été pour ne réapparaitre qu’au printemps.
Mais on lui attribue ainsi qu’au hibou sans distinction, plusieurs significations symboliques et allégoriques.
Dans la mythologie grecque, elle est associée à Atropos, l'aînée des Trois Moires, connue comme l'Inflexible, qui coupe le fil du destin mais aussi à Athéna, déesse de la sagesse et de la raison, protectrice des cités et de la vie civique, la guerre, l'artisanat et les techniques.
Emblème de la foudre, la chouette figure aussi assez fréquemment sur l'étendard des rois.
Dans sa présente représentation, fixée à une branche agrémentée de clochettes, elle peut faire référence à la chasse durant laquelle la chouette tenue attachée par une corde ou une chaine, était utilisée comme appât. Elle était aussi utilisée parfois comme oiseau de proie quoique moins efficace que le faucon.
Mais la chouette est aussi le symbole des excès et donc de l’ivrognerie. Le sifflet semble alors être une allusion au dicton allemand qui dit que personne ne peut boire et jouer de la flutes en même temps ! Elle s’apparente alors au jeu de boisson, ou ‘trinkspiel’.
UNE SPÉCIALITÉ À MALINES
On connait six autres coupes de ce modèle au poinçon de Malines sans pouvoir expliquer avec certitude la raison historique ou symbolique de la coupe. Toutes partagent les mêmes caractéristiques, avec quelques manques, à savoir, la branche terminée à chaque extrémités par un sifflet imitant le cri de la chouette et les grelots.
Un modèle avec le même poinçon de maître, datée 1561-1562 est illustrée dans V. Laloux et Ph. Cruysmans, L’œil du hibou, le bestiaire des orfèvres, Paris-Genève, 1994, p. 125 et dans Chefs-d’œuvre d’orfèvrerie de collections privées, Gent- Bijlokemuseum- 19 avril-30 juin 1985, p. 303, No 303 et dans P. Baudouin, P. Colman et D. Goethals, orfevrerie en Belgique XVIe XVIIe XVIIIe Siècles, 1988, p. 57, No 39 ;
Une autre datée 1554-1555 est au musée Hessisches Landesmuseum de Kassel, (inv. K BII 34). Voir R.-A. Schütte, The Silver Chamber of the Landgraves of Hesse-Kassel. Inventory catalogue of goldsmiths' work from the 16th to the 18th century in the State Museums Kassel. Kassel / Wolfratshausen 2003, pp. 82-83, illustration p. 83, cat. no. 9;
Une datée 1561-1562 est au château-musée de Huis Doorn,, ancien inv. berlinois 329⁄11 (voir Kaiserliches Gold und Silber. Schätze der Hohenzollern aus dem Schloss Huis Doorn: Katalog zur Ausstellung im Deutschen Goldschmiedehaus Hanau (24. November 1985-23. Februar 1986, n° 42) ;
Une datée 1565-1566 est à Londres au Victoria and Albert Museum, Acc. No.. 1181:1, 2-1864;
Une datée 1572-1573 est à Moscou, Kremlin, Palais patriarchal (B. Brodski, The Art Treasures from Moscow Museums, Moscou 1980, 66. fig. 60).
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A KUNSTKAMMER OBJECT
Owl-shaped hanaps are part of the tradition of ostentatious objects displayed in the Kunstkammers of princes, wealthy nobles or guilds not only as a sign of their wealth but also a tribute to their status. They appear to have been made mainly in Flanders and Germany in silver or gilt, although in some cases, following fashion, the body could be made of a carved coconut.
German examples were mainly made to be presented as gifts in the tradition of ‘welcome cups’ (Willkommen Pokale), in which case they could take an heraldic or corporative form, symbolic of their owner. In some instances, they could also be used as trophies for the winners of crossbow or archery competitions.
THE SYMBOLISM BEHIND THE OWL
The owl, affectionately known as a ‘cuckoo’, heralds the arrival of spring (its punctuality makes it an emblematic object in watchmaking). Indeed, traditionally, the owl was thought to hide in a hollow tree at the end of summer, only to reappear in spring.
But the owl has several symbolic and allegorical meanings.
In Greek mythology, it is associated with Atropos, the eldest of the Three Moirai, known as the inevitable, who cuts the thread of destiny, but also with Athena, goddess of wisdom and reason, protector of cities and civic life, war, crafts and techniques.
An emblem of lightning, the owl also frequently appears on the standard of kings.
In its present form, attached to a branch decorated with bells, it may refer to hunting, during which the owl, held by a rope or chain, was used as bait. It was also sometimes used as a bird of prey, although less effectively than the falcon.
But the owl is also a symbol of excess and therefore of drunkenness. The whistle seems to be an allusion to the German saying that no one can drink and play the flute at the same time! It is therefore akin to the drinking game, known in German as ‘trinkspiel’.