拍品专文
Cette paire de piédestaux attribuée à André Charles Boulle se distingue par sa forme audacieuse et peu commune, révélant l’inventivité et le génie de l’ébéniste à travers un modèle rare qui allie maîtrise technique et élégance.
Un rare corpus
Cette paire s’inscrit dans un corpus restreint d’une forme novatrice, alors initiée par les premières commandes du Grand Dauphin pour Versailles. Fils de Louis XIV, le Grand Dauphin (1661-1711) fut un amateur éclairé d’art et de mobilier raffiné, et c’est tout naturellement qu’il se tourna vers le célèbre ébéniste André Charles Boulle (1642-1732) pour enrichir son intérieur et pour lui confectionner des meubles inédits.
Il passa commande en 1686 d’une paire de piédestaux qui seront décrits dans l’inventaire de ses collections comme deux gros escabellons à huit pans dont quatre sont creux et les autres unis à fond d’écaille avec des feuilles de cuivre, enrichis de moulures ciselées de cuivre doré, au-dessus desquels est un tapis à quatre pentes qui dorment des chutes dont le fond est la couleur de Lapis […]’, le modèle était né.
Passés par plusieurs collections de marchands et de particuliers tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, ils sont aujourd’hui conservés à Chaalis dans les collections de Nélie Jacquemart-André et furent présentés lors de la dernière exposition rétrospective de l’œuvre de Boulle au château de Chantilly à l’automne 2024 (cat. expo, André Charles Boulle, sous la dir. de M. Deldicque, château de Chantilly, 8 juin-6 octobre 2024, n. 17, pp 144-153. ; Inv. MJAC – M 945 – 1⁄2)
Ancêtres d’une série limitée les gaines de Chaalis constituent un jalon important dans l’histoire du mobilier Boulle et nous permettent de comprendre et de situer dans l’œuvre de celui-ci la paire que nous présentons ici. Toutes ces gaines forment un ensemble rare car bien que leur modèle ait connu un certain succès, la complexité de leur réalisation limitait le nombre d’exemplaires fabriqués. Chaque gaine exigeait un travail minutieux de marqueterie d’écaille, de laiton rehaussé de bronzes dorés finement ciselés dans lesquels Boulle excellait. Ce corpus conserve des variations subtiles de décor, mais reste fidèle à la forme initiée avec la commande du Grand Dauphin.
Nous pouvons citer une paire conservées à la Frick Collection de New York (Inv. 16.5.6 – 16.5.7). Ici la marqueterie des faces concaves est dépourvue de tabliers de lapis, en revanche le dessin rappel cette forme caractéristique oblongue sur la partie supérieure. L’originalité ici étant qu'elles présentent une première partie et une contrepartie sur le même panneau du pan coupé.
Une autre paire de même modèle est conservée au Getty Museum de Los Angelese (Inv 88.DA.75.1-2.). Elles proviennent du cabinet d’Alexandre Dubois (sa vente,18 décembre 1788 sous le n°168) où elle furent vendues à un certain ‘Berotaire’, puis passèrent dans les collections des barons Rothschild tout au long du XIXe siècle avant d’être vendues le 4 décembre 1987 chez Couturier Nicolay sous le lot 112 au musée. Cette paire en contrepartie pourrait être en suite avec une paire de première partie passée en vente chez Sotheby’s le 31 octobre 1987 à New York. Celle-ci proviendrait probablement des collections du Chevalier Féréol Bonnemaison puis serait passée par les collections du Duc d’Hamilton (sa vente Christie’s, 8 juillet 1882, lot 1280), acquise par une certain F. Davis pour 1,680£ puis enfin mentionnée dans les collections du Lord Hillingdon.
La provenance XIXème
La provenance de notre présent lot peut être retracée jusqu’au XIXe siècle. Nous retrouvons nos piédestaux en 1893 lors de la dispersion de la collection de George Capell-Coningsby, 5e comte d’Essex chez Christie’s, Londres le 12 mai sous le lot 101 ou 102. En effet nous notons qu'ils faisaient parties alors d’une suite de quatre. Il est par ailleurs intéressant de noter que d’après l’illustration de ce catalogue, nos gaines présentaient une serrure sur un des pans coupés nous laissant imaginer qu’elles pouvaient originellement s’ouvrir comme cela était le cas pour les autres modèles déjà cités.
Il est plus difficile de confirmer ensuite l’histoire de nos gaines puisque les deux paires présentées lors de la vente du comte d’Essex semblent parfaitement identiques. De fait, notre lot, ou bien sa paire, se retrouvera dans les collections de Mrs Gaby Salomon de Buenos Aires et sera vendu sous le lot 77 de la vente Christie’s, Londres du 2 décembre 1971. Puis nous les retrouverons quelques années plus tard sous le lot 163 d’une vente chez Sotheby’s à Londres le 25 juin 1982 où elles étaient d’ailleurs présentées comme d’époque Louis XVI.
André Charles Boulle, le maître incontesté de la marqueterie
André-Charles naît le 10 novembre 1642 ; son appétence pour le dessin, la gravure, la ciselure et la peinture est vite reconnue. Il est reçu maître ébéniste avant 1666. Annoncer les ouvrages de Boulle, c'est citer les meubles des plus belles formes et de la plus grande richesse... rien jusqu'à présent n'a remplacé ce genre de meubles... L'on connaît le caractère de magnificence qu'il donne aux cabinets de curiosité, où il occupe toujours les premières places.
Plus de deux cents ans plus tard, les mots employés par l’incontournable marchand d’art Jean-Baptiste Lebrun (1748-1813) à propos d’André-Charles Boulle ont une portée intacte. Retracer le parcours de Boulle c’est rappeler que grâce au privilège royal d’Ebéniste et marqueteur ordinaire du roi qu’il se voit octroyer par la reine le 20 mai 1672 conjointement à son logement aux galeries du Louvre, il se voit le droit de réaliser dans son atelier, aussi bien l’ébénisterie que les bronzes en dépit des règles corporatives et ce jusqu’à la fin de sa vie. L’atelier de Boulle est conséquent et malgré le logement au Louvre accordé en mai 1672, il est établi dans sa plus grande partie sur la rive gauche, pour se voir étendu à deux autres maisons entre 1673 et 1676 rue de Reims. Ce n’est que l’année suivante que Boulle installe définitivement son atelier au Louvre sur trois étages du corps principal - correspondant aujourd’hui à l’escalier de la Victoire de Samothrace - en plus de son logement de la Grande Galerie encore augmenté de deux étages en 1679. Ce double privilège lui permet ainsi de mettre en avant ses nombreux talents que ce soit en techniques qu’en création de nouvelles formes comme en témoigne notre présent lot.
Sa clientèle est prestigieuse et compte parmi elle les Bâtiments du roi, la reine, le Grand Dauphin comme déjà mentionné mais également la duchesse de Bourgogne. La clientèle d’André-Charles Boulle n’est cependant pas que royale puisqu’elle comprend pour une large part des financiers, ministres et hauts fonctionnaires ; parmi eux citons : Antoine Crozat (1655-1738), Pierre Thomé (1649-1710), Moulle (mort en 1702), le ministre Louvois (mort en 1693), Moyse-Augustin de Fontanieu (mort en 1725) intendant du Garde-Meuble royal après 1711, ou encore le cardinal de Rohan (1674-1749).
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This pair of pedestals attributed to André-Charles Boulle is characterised by a bold and uncommon shape, showcasing the creativity and brilliance of the cabinetmaker through a rare model that combines technical mastery with elegance.
A rare corpus
This pair belongs to a select corpus of innovative works, initiated by the initial commissions of the Grand Dauphin for Versailles. The Grand Dauphin (1661–1711), son of Louis XIV, had a natural inclination toward the fine arts and exquisite furniture. It was only fitting that he should turn to acclaimed cabinetmaker André-Charles Boulle (1642–1732) to furnish his interiors with original designs and exclusive pieces.
In 1686 he commissioned a pair of pedestals, later described in the inventory of his collections as two large eight-sided pedestals, four hollow and four plain veneered with tortoiseshell and copper leaves, embellished with gilt copper chased mouldings, topped with a four-sided carpet with chutes and a lapis-coloured background […], and the model was born.
Passed through several collections belonging to dealers and private individuals during the 18th and 19th centuries, these pedestals are now preserved in Chaalis as part of the former collections of Nélie Jacquemart-André and were on display at the latest retrospective exhibition of Boulle’s work held at the Château de Chantilly in the autumn of 2024 (cat. Exhib, André-Charles Boulle, under the direction of M. Deldicque, château of Chantilly, 8 June-6 October 2024, n. 17, pp 144–153. ; Inv. MJAC – M 945 – 1⁄2).
The Chaalis pedestals, ancestors of a limited series, represent a significant milestone in the history of Boulle furniture, allowing us to understand and place the pair presented here within the context of Boulle’s oeuvre. All of these pedestals constitute a rare ensemble; despite their design being rather successful, the complexity of their construction limited the number of pieces produced. Each pedestal involved meticulous marquetry combining tortoiseshell, brass and delicately chased gilt bronzes, in which Boulle excelled. This corpus preserves subtle decorative variations, while remaining true to the shape initiated with the commission for the Grand Dauphin.
Let us mention that a pair is preserved in the Frick collection (Inv. 16.5.6 – 16.5.7). Here the marquetry on the concave sides is devoid of lapis aprons; however, the design echoes the characteristic oblong shape of the upper section. The originality here is that the cut sections feature a first part and a corresponding counterpart on the same panel. Another pair of the same model is housed in the Getty Museum (Inv 88.DA.75.1-2.). Originating from the private office of Alexandre Dubois (sale on 18 December 1788 under no. 168), where it was sold to one ‘Berotaire’, it subsequently entered the Barons’ Rothschild collections throughout the 19th century before finally being sold to the museum at Couturier Nicolay on 4 December 1987 under lot 112. This counterpart pair is possibly a sister pair to a first part pair sold at Sotheby’s on 31 October 1987 in New York. These likely came from the collection of Chevalier Féréol Bonnemaison, before belonging to the collections of the Duke of Hamilton (Christie’s sale, 8 July 1882, lot 1280), and being acquired by one F. Davis for £1,680 and finally finding their way into the collections of Lord Hillingdon.
19th century provenance
Our present lot can be traced back to the 19th century. They appeared in 1893 at the sale of the collection of George Capell-Coningsby, 5th Earl of Essex, at Christie’s in London on 12 May, listed under lots 101 or 102. They were in fact part of a set of four. It is also noteworthy that, according to the illustration in this catalogue, our pedestals included a lock on one of the cut sides, suggesting that they could originally have been opened, similarly to the other models already mentioned.
The history of our pedestals is subsequently more difficult to verify, as both pairs presented at the Earl of Essex’s sale appear to be perfectly identical. Consequently, either our lot or its pair would eventually find its way into the collection of Mrs Gaby Salomon of Buenos Aires and be sold as Lot 77 at Christie’s London sale on 2 December 1971. A few years later, they reappeared as lot 163 at a Sotheby’s sale in London on 25 June 1982, where they were described as belonging to the Louis XVI period.
André-Charles Boulle, the undisputed master of marquetry
André-Charles was born on 10 November 1642; his talent for drawing, engraving, chiselling and painting was quickly recognised. He received the title of master cabinetmaker before 1666. To announce the works of Boulle is to cite furniture of the most exquisite shapes and unparalleled richness… nothing to date has surpassed this type of craftsmanship… We know the splendour he brings to curiosity cabinets, and for which he invariably ranks among the best.
Over two centuries on, these words by the renowned art dealer Jean-Baptiste Lebrun (1748–1813) about André-Charles Boulle are still as relevant as ever. Retracing Boulle’s career involves recalling that, under the royal privilege of being the King’s ordinary cabinetmaker and marker, granted to him by the Queen on 20 May 1672 together with his lodging in the galleries of the Louvre, he was entitled to produce both cabinetry and bronzes in his workshop for the remainder of his life, despite corporate rules. Boulle’s workshop was extensive, and despite being granted lodgings in the Louvre in May 1672, most of it remained on the Left Bank, only to be extended to two further houses on rue de Reims from 1673 to 1676. It would not be until the following year that Boulle would permanently establish his workshop on three floors of the main building in the Louvre – now the Victory of Samothrace staircase – alongside his accommodation in the Grande Galerie, which was further extended by two floors in 1679. This twofold privilege allowed him to showcase his many talents, whether in terms of techniques or in creating new shapes, as evidenced by our current lot.
His customers were prestigious, and included the Bâtiments du roi (King’s Buildings), the Queen, the Grand Dauphin, as already mentioned, and also the Duchess of Burgundy. André-Charles Boulle’s clientele was not exclusively royal, however, encompassing numerous financiers, ministers and senior civil servants; among them were: Antoine Crozat (1655–1738), Pierre Thomé (1649–1710), Moulle (died 1702), the minister Louvois (died 1693), Moyse-Augustin de Fontanieu (died 1725) intendant of the Garde-Meuble Royal after 1711, and the Cardinal of Rohan (1674–1749).
Un rare corpus
Cette paire s’inscrit dans un corpus restreint d’une forme novatrice, alors initiée par les premières commandes du Grand Dauphin pour Versailles. Fils de Louis XIV, le Grand Dauphin (1661-1711) fut un amateur éclairé d’art et de mobilier raffiné, et c’est tout naturellement qu’il se tourna vers le célèbre ébéniste André Charles Boulle (1642-1732) pour enrichir son intérieur et pour lui confectionner des meubles inédits.
Il passa commande en 1686 d’une paire de piédestaux qui seront décrits dans l’inventaire de ses collections comme deux gros escabellons à huit pans dont quatre sont creux et les autres unis à fond d’écaille avec des feuilles de cuivre, enrichis de moulures ciselées de cuivre doré, au-dessus desquels est un tapis à quatre pentes qui dorment des chutes dont le fond est la couleur de Lapis […]’, le modèle était né.
Passés par plusieurs collections de marchands et de particuliers tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, ils sont aujourd’hui conservés à Chaalis dans les collections de Nélie Jacquemart-André et furent présentés lors de la dernière exposition rétrospective de l’œuvre de Boulle au château de Chantilly à l’automne 2024 (cat. expo, André Charles Boulle, sous la dir. de M. Deldicque, château de Chantilly, 8 juin-6 octobre 2024, n. 17, pp 144-153. ; Inv. MJAC – M 945 – 1⁄2)
Ancêtres d’une série limitée les gaines de Chaalis constituent un jalon important dans l’histoire du mobilier Boulle et nous permettent de comprendre et de situer dans l’œuvre de celui-ci la paire que nous présentons ici. Toutes ces gaines forment un ensemble rare car bien que leur modèle ait connu un certain succès, la complexité de leur réalisation limitait le nombre d’exemplaires fabriqués. Chaque gaine exigeait un travail minutieux de marqueterie d’écaille, de laiton rehaussé de bronzes dorés finement ciselés dans lesquels Boulle excellait. Ce corpus conserve des variations subtiles de décor, mais reste fidèle à la forme initiée avec la commande du Grand Dauphin.
Nous pouvons citer une paire conservées à la Frick Collection de New York (Inv. 16.5.6 – 16.5.7). Ici la marqueterie des faces concaves est dépourvue de tabliers de lapis, en revanche le dessin rappel cette forme caractéristique oblongue sur la partie supérieure. L’originalité ici étant qu'elles présentent une première partie et une contrepartie sur le même panneau du pan coupé.
Une autre paire de même modèle est conservée au Getty Museum de Los Angelese (Inv 88.DA.75.1-2.). Elles proviennent du cabinet d’Alexandre Dubois (sa vente,18 décembre 1788 sous le n°168) où elle furent vendues à un certain ‘Berotaire’, puis passèrent dans les collections des barons Rothschild tout au long du XIXe siècle avant d’être vendues le 4 décembre 1987 chez Couturier Nicolay sous le lot 112 au musée. Cette paire en contrepartie pourrait être en suite avec une paire de première partie passée en vente chez Sotheby’s le 31 octobre 1987 à New York. Celle-ci proviendrait probablement des collections du Chevalier Féréol Bonnemaison puis serait passée par les collections du Duc d’Hamilton (sa vente Christie’s, 8 juillet 1882, lot 1280), acquise par une certain F. Davis pour 1,680£ puis enfin mentionnée dans les collections du Lord Hillingdon.
La provenance XIXème
La provenance de notre présent lot peut être retracée jusqu’au XIXe siècle. Nous retrouvons nos piédestaux en 1893 lors de la dispersion de la collection de George Capell-Coningsby, 5e comte d’Essex chez Christie’s, Londres le 12 mai sous le lot 101 ou 102. En effet nous notons qu'ils faisaient parties alors d’une suite de quatre. Il est par ailleurs intéressant de noter que d’après l’illustration de ce catalogue, nos gaines présentaient une serrure sur un des pans coupés nous laissant imaginer qu’elles pouvaient originellement s’ouvrir comme cela était le cas pour les autres modèles déjà cités.
Il est plus difficile de confirmer ensuite l’histoire de nos gaines puisque les deux paires présentées lors de la vente du comte d’Essex semblent parfaitement identiques. De fait, notre lot, ou bien sa paire, se retrouvera dans les collections de Mrs Gaby Salomon de Buenos Aires et sera vendu sous le lot 77 de la vente Christie’s, Londres du 2 décembre 1971. Puis nous les retrouverons quelques années plus tard sous le lot 163 d’une vente chez Sotheby’s à Londres le 25 juin 1982 où elles étaient d’ailleurs présentées comme d’époque Louis XVI.
André Charles Boulle, le maître incontesté de la marqueterie
André-Charles naît le 10 novembre 1642 ; son appétence pour le dessin, la gravure, la ciselure et la peinture est vite reconnue. Il est reçu maître ébéniste avant 1666. Annoncer les ouvrages de Boulle, c'est citer les meubles des plus belles formes et de la plus grande richesse... rien jusqu'à présent n'a remplacé ce genre de meubles... L'on connaît le caractère de magnificence qu'il donne aux cabinets de curiosité, où il occupe toujours les premières places.
Plus de deux cents ans plus tard, les mots employés par l’incontournable marchand d’art Jean-Baptiste Lebrun (1748-1813) à propos d’André-Charles Boulle ont une portée intacte. Retracer le parcours de Boulle c’est rappeler que grâce au privilège royal d’Ebéniste et marqueteur ordinaire du roi qu’il se voit octroyer par la reine le 20 mai 1672 conjointement à son logement aux galeries du Louvre, il se voit le droit de réaliser dans son atelier, aussi bien l’ébénisterie que les bronzes en dépit des règles corporatives et ce jusqu’à la fin de sa vie. L’atelier de Boulle est conséquent et malgré le logement au Louvre accordé en mai 1672, il est établi dans sa plus grande partie sur la rive gauche, pour se voir étendu à deux autres maisons entre 1673 et 1676 rue de Reims. Ce n’est que l’année suivante que Boulle installe définitivement son atelier au Louvre sur trois étages du corps principal - correspondant aujourd’hui à l’escalier de la Victoire de Samothrace - en plus de son logement de la Grande Galerie encore augmenté de deux étages en 1679. Ce double privilège lui permet ainsi de mettre en avant ses nombreux talents que ce soit en techniques qu’en création de nouvelles formes comme en témoigne notre présent lot.
Sa clientèle est prestigieuse et compte parmi elle les Bâtiments du roi, la reine, le Grand Dauphin comme déjà mentionné mais également la duchesse de Bourgogne. La clientèle d’André-Charles Boulle n’est cependant pas que royale puisqu’elle comprend pour une large part des financiers, ministres et hauts fonctionnaires ; parmi eux citons : Antoine Crozat (1655-1738), Pierre Thomé (1649-1710), Moulle (mort en 1702), le ministre Louvois (mort en 1693), Moyse-Augustin de Fontanieu (mort en 1725) intendant du Garde-Meuble royal après 1711, ou encore le cardinal de Rohan (1674-1749).
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This pair of pedestals attributed to André-Charles Boulle is characterised by a bold and uncommon shape, showcasing the creativity and brilliance of the cabinetmaker through a rare model that combines technical mastery with elegance.
A rare corpus
This pair belongs to a select corpus of innovative works, initiated by the initial commissions of the Grand Dauphin for Versailles. The Grand Dauphin (1661–1711), son of Louis XIV, had a natural inclination toward the fine arts and exquisite furniture. It was only fitting that he should turn to acclaimed cabinetmaker André-Charles Boulle (1642–1732) to furnish his interiors with original designs and exclusive pieces.
In 1686 he commissioned a pair of pedestals, later described in the inventory of his collections as two large eight-sided pedestals, four hollow and four plain veneered with tortoiseshell and copper leaves, embellished with gilt copper chased mouldings, topped with a four-sided carpet with chutes and a lapis-coloured background […], and the model was born.
Passed through several collections belonging to dealers and private individuals during the 18th and 19th centuries, these pedestals are now preserved in Chaalis as part of the former collections of Nélie Jacquemart-André and were on display at the latest retrospective exhibition of Boulle’s work held at the Château de Chantilly in the autumn of 2024 (cat. Exhib, André-Charles Boulle, under the direction of M. Deldicque, château of Chantilly, 8 June-6 October 2024, n. 17, pp 144–153. ; Inv. MJAC – M 945 – 1⁄2).
The Chaalis pedestals, ancestors of a limited series, represent a significant milestone in the history of Boulle furniture, allowing us to understand and place the pair presented here within the context of Boulle’s oeuvre. All of these pedestals constitute a rare ensemble; despite their design being rather successful, the complexity of their construction limited the number of pieces produced. Each pedestal involved meticulous marquetry combining tortoiseshell, brass and delicately chased gilt bronzes, in which Boulle excelled. This corpus preserves subtle decorative variations, while remaining true to the shape initiated with the commission for the Grand Dauphin.
Let us mention that a pair is preserved in the Frick collection (Inv. 16.5.6 – 16.5.7). Here the marquetry on the concave sides is devoid of lapis aprons; however, the design echoes the characteristic oblong shape of the upper section. The originality here is that the cut sections feature a first part and a corresponding counterpart on the same panel. Another pair of the same model is housed in the Getty Museum (Inv 88.DA.75.1-2.). Originating from the private office of Alexandre Dubois (sale on 18 December 1788 under no. 168), where it was sold to one ‘Berotaire’, it subsequently entered the Barons’ Rothschild collections throughout the 19th century before finally being sold to the museum at Couturier Nicolay on 4 December 1987 under lot 112. This counterpart pair is possibly a sister pair to a first part pair sold at Sotheby’s on 31 October 1987 in New York. These likely came from the collection of Chevalier Féréol Bonnemaison, before belonging to the collections of the Duke of Hamilton (Christie’s sale, 8 July 1882, lot 1280), and being acquired by one F. Davis for £1,680 and finally finding their way into the collections of Lord Hillingdon.
19th century provenance
Our present lot can be traced back to the 19th century. They appeared in 1893 at the sale of the collection of George Capell-Coningsby, 5th Earl of Essex, at Christie’s in London on 12 May, listed under lots 101 or 102. They were in fact part of a set of four. It is also noteworthy that, according to the illustration in this catalogue, our pedestals included a lock on one of the cut sides, suggesting that they could originally have been opened, similarly to the other models already mentioned.
The history of our pedestals is subsequently more difficult to verify, as both pairs presented at the Earl of Essex’s sale appear to be perfectly identical. Consequently, either our lot or its pair would eventually find its way into the collection of Mrs Gaby Salomon of Buenos Aires and be sold as Lot 77 at Christie’s London sale on 2 December 1971. A few years later, they reappeared as lot 163 at a Sotheby’s sale in London on 25 June 1982, where they were described as belonging to the Louis XVI period.
André-Charles Boulle, the undisputed master of marquetry
André-Charles was born on 10 November 1642; his talent for drawing, engraving, chiselling and painting was quickly recognised. He received the title of master cabinetmaker before 1666. To announce the works of Boulle is to cite furniture of the most exquisite shapes and unparalleled richness… nothing to date has surpassed this type of craftsmanship… We know the splendour he brings to curiosity cabinets, and for which he invariably ranks among the best.
Over two centuries on, these words by the renowned art dealer Jean-Baptiste Lebrun (1748–1813) about André-Charles Boulle are still as relevant as ever. Retracing Boulle’s career involves recalling that, under the royal privilege of being the King’s ordinary cabinetmaker and marker, granted to him by the Queen on 20 May 1672 together with his lodging in the galleries of the Louvre, he was entitled to produce both cabinetry and bronzes in his workshop for the remainder of his life, despite corporate rules. Boulle’s workshop was extensive, and despite being granted lodgings in the Louvre in May 1672, most of it remained on the Left Bank, only to be extended to two further houses on rue de Reims from 1673 to 1676. It would not be until the following year that Boulle would permanently establish his workshop on three floors of the main building in the Louvre – now the Victory of Samothrace staircase – alongside his accommodation in the Grande Galerie, which was further extended by two floors in 1679. This twofold privilege allowed him to showcase his many talents, whether in terms of techniques or in creating new shapes, as evidenced by our current lot.
His customers were prestigious, and included the Bâtiments du roi (King’s Buildings), the Queen, the Grand Dauphin, as already mentioned, and also the Duchess of Burgundy. André-Charles Boulle’s clientele was not exclusively royal, however, encompassing numerous financiers, ministers and senior civil servants; among them were: Antoine Crozat (1655–1738), Pierre Thomé (1649–1710), Moulle (died 1702), the minister Louvois (died 1693), Moyse-Augustin de Fontanieu (died 1725) intendant of the Garde-Meuble Royal after 1711, and the Cardinal of Rohan (1674–1749).