ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgoroukaya [N° 31], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg]. Samedi 3/15 février 1868 à 10 1/2 h. du matin". 6 pages in-8 (204 x 126 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)
This lot is offered without reserve. No VAT will … 顯示更多 Correspondance amoureuse entre Alexandre II et Katia, lots 199 à 223 vendus sans prix de réserve. Importante correspondance entre le tsar Alexandre II (1818-1881) et sa maîtresse la princesse Ekaterina Dolgoroukaya (1849-1922), surnommée Katia, descendante du célèbre prince Dolgorouki, fondateur de Moscou. Respectivement âgés de 48 et 17 ans lorsqu'ils devinrent amants, en 1866, le tsar et Katia s'écrivirent tous les jours plusieurs fois. Leur liaison ininterrompue de quinze ans fit scandale à la cour de Russie, notamment lorsque le tsar installa l'appartement de sa maîtresse au-dessus de celui de la tsarine, ou lors des naissances de ses quatre enfants adultérins (dont trois survécurent). Le tsar fit de Katia son épouse en juillet 1880, dès que furent écoulés les quarante jours de deuil réglementaire après la mort de la tsarine. Alexandre II, qui avait plusieurs fois échappé à des attentats, mourut cependant quelques mois plus tard, en mars 1881, assassiné dans un attentat fomenté par un groupe d'anarchistes. Désespérée, Katia s'exila à Nice, emportant avec elle cette précieuse correspondance que le nouveau tsar Alexandre III chercha, en vain, à récupérer. Ces lettres, témoins d'une passion ardente et réciproque, présentent leur liaison sous un jour enjoué et sensuel, prenant souvent un tour érotique parfaitement assumé. Principalement rédigées en français, elles foisonnent de mots, voire de phrases entières, rédigés en russe et parfois phonétiquement retranscrits ici en alphabet latin. Katia et Alexandre II s'étaient fabriqué un langage personnel. Ainsi le terme bingerle signifie "faire l'amour", lui désigne le sexe du tsar et là le sexe de Katia. Enfin, par prudence, ils ne signent pas de leur nom mais de la formule consacrée: "Mbou na bcerda" ("à toi pour toujours"). Toutes les lettres sont datées à la fois selon le calendrier grégorien et le calendrier julien, encore utilisé en Russie à cette époque. L'heure est notée de façon très précise, au quart d'heure près, avec des indications scrupuleuses de chaque interruption, comme une incessante conversation. Les deux ensembles présentés ici révèlent chacun une facette différente de cette relation de quinze ans. Les 11 lettres d'Alexandre II, écrites du 3 au 13 février 1868, sont rédigées alors que les amants se voient presque quotidiennement. Katia n'est pas encore installée dans le palais impérial et ils se retrouvent dans un cabinet qu'ils ont baptisé leur "nid". Ces lettres mêlent les souvenirs de chaque moment passé ensemble, et en particulier de chacun de leurs bingerle, aux récits de journées de longue attente et d'ennui pendant lesquelles le tsar guette l'espoir d'apercevoir Katia. Les 11 lettres de Katia, écrites près de quatre ans plus tard, du 2 au 13 octobre 1871, sont rédigées alors que les amants sont séparés par des vacances forcées. Le tsar est dans le Caucase, et Katia sur le chemin du retour, partant de Biarritz pour Saint-Pétersbourg en passant par Paris, Namur, Cologne et Berlin. Enceinte de leur premier enfant, la jeune femme n'a pu accompagner son amant et s'en attriste, se plaignant de leur séparation, des conditions de voyage et de sa grossesse. Les trois petits télégrammes envoyés par Alexandre II à Katia pendant l'été 1869 reflètent par ailleurs la même douleur ressentie par les amants lorsqu'ils sont séparés. Dans ces contextes très différents, à quatre ans d'écart, il est frappant de constater la similitude des formules amoureuses employées indifféremment par l'un et l'autre, et la préoccupation principale qui ne cesse de les hanter: pouvoir vivre ensemble "devant Dieu et les hommes".
ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgoroukaya [N° 31], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg]. Samedi 3/15 février 1868 à 10 1/2 h. du matin". 6 pages in-8 (204 x 126 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)

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ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgoroukaya [N° 31], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg]. Samedi 3/15 février 1868 à 10 1/2 h. du matin". 6 pages in-8 (204 x 126 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)

"JE NE PUIS PAS OUBLIER LES SONS QUE TU POUSSAIS ET TOUS LES MOUVEMENTS QUE TU FESAIS PENDANT NOS BINGERLES".

"M'étant couché hier plustôt et ayant très bien dormi je me sens tout-à-fait reposé aujourd'hui, mais par prudence je n'ai pas fait ma promenade matinale, car il y avait 20 ° [...]. Oui-je me sens aimé avec passion et râge et te le rends en plein [...]. Je vois aussi que nos rencontres d'hier ont produit sur nous le même effet et que ns ns sentons plus fous que jamais l'un de l'autre. Il ne me reste qu'à remercier Dieu pour tout le bonheur qu'Il ne cesse de me donner en toi, mon tout, et aussi de ne t'avoir pas rendu malade après ton imprudence impardonable, dont tu te sens coupable envers l'être dont tu es le bien. Oui-tu as raison de dire, que si je ne te connaissais pas à fond, ta conduite aurait pu me faire douter de toi, mais je crois t'avoir déjà prouvé, que malgré toute la peine que cela m'avait fait, je ne savais pas te garder de rancune [...]. Tu as raison de dire que Dieu a denouveau été bon pour nous dans cette occasion, de ne pas t'avoir rendu malade et Lui, qui voit notre adoration mutuelle, nous pardonnera, je l'espère, le péché que nous ne pouvons nous empêcher de comettre et sanctifiera un jour nos rapports co[m]me nous le désirons. Il sait que c'est l'unique but de notre vie [...].
"A 4h. après-midi. [...] Je sais que nous avons gardé la même impression de nos rencontres à la promenade et que ns ns sentions plus fous que jamais l'un de l'autre et avions la râge de faire bingerle; aussi j'espère que nous pourrons l'assouvir ce soir dans notre cher nid, où se concentre maintenant notre véritable vie. N'est-ce pas que tout le rèste palit, quant on le compare à la jouissance que nous savons nous donner mutuellement [...]. C'est moi seul qui ai le droit de te voir dans mon costume favorit. Hélas! pourquoi ne puis-je pas en jouir tous les soirs com[m]e nous l'aurions voulu, pour faire bingerle et nous endormir ensemble [...].
C'est que je t'aime avec passion et râge et suis heureux, heureux, heureux, de t'aimer et d'être aimé par l'Ange que Dieu m'a donné pour le bonheur de ma vie.

"A minuit. Je suis rentré de l'Opéra à 11 1/4 h. et ayant du lire des paperasses, ce n'est que maintenant que je puis reprendre mon occupation favorite. Laisse moi te remercier avant tout pour tout le bonheur et la jouissance inouie, que tu m'as fait éprouvé, pendant notre soirée. J'en suis encore tout imprégné et heureux que tu l'aies partagée avec l'être qui t'appartient corps et âme. Je ne puis pas oublier les sons que tu poussais et tous les mouvements que tu fesais pendant nos bingerles [...]. Oh! que j'aurais été heureux de pouvoir recommencer nos bingerles dans ce moment, malgré que je me sens fatigué de toi. Mais j'adore cette fatigue et les traces que j'en conserve le lendemain c'est grâce à nos bingerles que tu t'es rechauffée et même transpirée [...]. Nos bingerles sont pour nous le meilleur remède et nous donnent la santé, - c'est vraiment un fait incontestable [...]. Je ne suis arrivé à l'Opéra que pour le dernier acte et je m'y suis embêté à mort. Ma belle fille y était et je me suis établi derrière elle, où personne ne pouvait me voir et d'où je ne voyais aussi personne, ce que m'était bien indifférent, car je ne me soucie de personne si demain il n'y a pas plus de 15° j'espère que nous aurons le bonheur de nous rencontrer à l'endroit ordinaire à 2 1/4 h. et Lundi matin aussi peut-être et dans tous les cas le soir à 8 h. dans notre cher nid. Mbou na bcerda."
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