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拍品專文
LE GOÛT GREC
À la suite de la publication en 1754 dans Mercure de France de la Supplication des orfèvres par Charles-Nicolas Cochin, qui fustige l'art rocaille au profit d'un retour à l'antique, et de la réalisation en 1758 du célèbre bureau et son cartonnier d'Ange-Laurent La Live de Jully par Joseph Baumhauer, le goût grec commence à s'imposer. Notre secrétaire, réalisé avant la mort de l'ébéniste en 1763, illustre parfaitement ce goût grec caractérisé par un retour des formes architecturées agrémentées de motifs empruntés au vocabulaire décoratif greco-romain tels que les cannelures, les triglyphes et les gouttes, les entrelacs et les grecques. Ces décors sont employés pour tous les types de meubles de marqueterie, tant pour les bronzes dorés que dans les dessins de marqueterie. Jean-François Oeben s'imposa comme l'un des ambassadeurs de ce goût nouveau dont les ouvrages sont destinés à une clientèle avant-gardiste et toujours avide d'innovations.
JEAN-FRANÇOIS OEBEN (1721-1763)
Originaire d'un village au nord d'Aix-la-Chapelle, Jean-François Oeben épouse en 1749 à Paris la soeur de Roger Vandercruse. Après un temps installé au Faubourg Saint Antoine, il signe un contrat d'apprentissage chez Charles-Joseph Boulle, le dernier des fils du célèbre ébéniste et s'installe aux Galeries du Louvre. Il commence à cette époque à livrer des meubles à Madame de Pompadour par l'intermédiaire de Lazare Duvaux. Après la mort de son maître en 1754, il devient ébéniste du roi et s'installe aux Gobelins avant de déménager à l'Arsenal royal nouvellement construit. Sa notoriété ne cesse de se consolider recevant de nombreuses commandes royales, dont en 1761, la livraison particulière à Versailles d'un fauteuil mécanique réalisé spécifiquement pour le duc de Bourgogne, déjà très malade. Il reçoit cette année-là l'autorisation de créer une forge à l'Arsenal et se spécialise dans les meubles dit mécaniques, dont l'incomparable chef d'oeuvre sortira de ses ateliers, le bureau particulier du roi Louis XV. Mort prématurément à l'âge de 41 ans en janvier 1763, Riesener termine et livre le bureau à cylindre en 1769.
LES EXEMPLAIRES DU MODÈLE CONNUS
Le secrétaire, nouveau type de meuble, apparaît dans les intérieurs parisiens au milieu des années 1750. Il devient l'un des meubles incontournables de l’époque néoclassique. Les secrétaires à abattant de Jean-François Oeben connurent un réel succès. À côté des secrétaires de style Transition, violonées ou "à la Bourgogne", le secrétaire dit "en armoire" et dont nous connaissons une variante en chiffonnier, fut l'un de ses modèles les plus prisés. Rectiligne, la partie basse à rideaux, les côtés légèrement concaves, les pieds légèrement évasés encadrant un petit tablier, ce modèle classique est marqueté de motifs géométriques avec une préférence pour le motif de cubes sans fond et bordures aux angles en forme de grecques.
Quelques exemplaires de ce modèle comprenant des petites variantes sont connus et seulement deux chiffonniers : le plus proche du nôtre n’est autre que le secrétaire et son chiffonnier du musée du Louvre provenant de la collection du marquis de Vaupalière (inv. OA 5166 - OA 5167). Nous pouvons citer également un secrétaire passé en vente chez Sotheby’s à Paris le 29 mars 2007, lot 63. Du même modèle, mais cette fois-ci orné d’une frise de grecques en partie haute plutôt que d’une frise d’entrelacs comme les précédents, nous pouvons lister l’exemplaire vendu chez Christie’s à Paris le 16 décembre 2002, lot 269. Toujours en marqueterie de cubes sans fond ceinte de bordures de frises de grecques, citons l’exemplaire présenté en vente chez Sotheby’s à Paris le 16 juin 2020, lot 15.
Enfin, la dernière variante de ce modèle, le secrétaire en paire avec un chiffonier du duc de Choiseul, est recouvert d’un motif de chevrons en bois de rose et aux angles à pans coupés. Il est représenté sur plusieurs aquarelles de Louis-Nicolas Van Blarenberghe montées sur des tabatières (conservées au musée du Louvre). Le célèbre exemplaire en paire fut présenté en vente chez Sotheby's à Paris, collection Luigi Laura, le 27 juin 2001, lot 126.
À la suite de la publication en 1754 dans Mercure de France de la Supplication des orfèvres par Charles-Nicolas Cochin, qui fustige l'art rocaille au profit d'un retour à l'antique, et de la réalisation en 1758 du célèbre bureau et son cartonnier d'Ange-Laurent La Live de Jully par Joseph Baumhauer, le goût grec commence à s'imposer. Notre secrétaire, réalisé avant la mort de l'ébéniste en 1763, illustre parfaitement ce goût grec caractérisé par un retour des formes architecturées agrémentées de motifs empruntés au vocabulaire décoratif greco-romain tels que les cannelures, les triglyphes et les gouttes, les entrelacs et les grecques. Ces décors sont employés pour tous les types de meubles de marqueterie, tant pour les bronzes dorés que dans les dessins de marqueterie. Jean-François Oeben s'imposa comme l'un des ambassadeurs de ce goût nouveau dont les ouvrages sont destinés à une clientèle avant-gardiste et toujours avide d'innovations.
JEAN-FRANÇOIS OEBEN (1721-1763)
Originaire d'un village au nord d'Aix-la-Chapelle, Jean-François Oeben épouse en 1749 à Paris la soeur de Roger Vandercruse. Après un temps installé au Faubourg Saint Antoine, il signe un contrat d'apprentissage chez Charles-Joseph Boulle, le dernier des fils du célèbre ébéniste et s'installe aux Galeries du Louvre. Il commence à cette époque à livrer des meubles à Madame de Pompadour par l'intermédiaire de Lazare Duvaux. Après la mort de son maître en 1754, il devient ébéniste du roi et s'installe aux Gobelins avant de déménager à l'Arsenal royal nouvellement construit. Sa notoriété ne cesse de se consolider recevant de nombreuses commandes royales, dont en 1761, la livraison particulière à Versailles d'un fauteuil mécanique réalisé spécifiquement pour le duc de Bourgogne, déjà très malade. Il reçoit cette année-là l'autorisation de créer une forge à l'Arsenal et se spécialise dans les meubles dit mécaniques, dont l'incomparable chef d'oeuvre sortira de ses ateliers, le bureau particulier du roi Louis XV. Mort prématurément à l'âge de 41 ans en janvier 1763, Riesener termine et livre le bureau à cylindre en 1769.
LES EXEMPLAIRES DU MODÈLE CONNUS
Le secrétaire, nouveau type de meuble, apparaît dans les intérieurs parisiens au milieu des années 1750. Il devient l'un des meubles incontournables de l’époque néoclassique. Les secrétaires à abattant de Jean-François Oeben connurent un réel succès. À côté des secrétaires de style Transition, violonées ou "à la Bourgogne", le secrétaire dit "en armoire" et dont nous connaissons une variante en chiffonnier, fut l'un de ses modèles les plus prisés. Rectiligne, la partie basse à rideaux, les côtés légèrement concaves, les pieds légèrement évasés encadrant un petit tablier, ce modèle classique est marqueté de motifs géométriques avec une préférence pour le motif de cubes sans fond et bordures aux angles en forme de grecques.
Quelques exemplaires de ce modèle comprenant des petites variantes sont connus et seulement deux chiffonniers : le plus proche du nôtre n’est autre que le secrétaire et son chiffonnier du musée du Louvre provenant de la collection du marquis de Vaupalière (inv. OA 5166 - OA 5167). Nous pouvons citer également un secrétaire passé en vente chez Sotheby’s à Paris le 29 mars 2007, lot 63. Du même modèle, mais cette fois-ci orné d’une frise de grecques en partie haute plutôt que d’une frise d’entrelacs comme les précédents, nous pouvons lister l’exemplaire vendu chez Christie’s à Paris le 16 décembre 2002, lot 269. Toujours en marqueterie de cubes sans fond ceinte de bordures de frises de grecques, citons l’exemplaire présenté en vente chez Sotheby’s à Paris le 16 juin 2020, lot 15.
Enfin, la dernière variante de ce modèle, le secrétaire en paire avec un chiffonier du duc de Choiseul, est recouvert d’un motif de chevrons en bois de rose et aux angles à pans coupés. Il est représenté sur plusieurs aquarelles de Louis-Nicolas Van Blarenberghe montées sur des tabatières (conservées au musée du Louvre). Le célèbre exemplaire en paire fut présenté en vente chez Sotheby's à Paris, collection Luigi Laura, le 27 juin 2001, lot 126.