Lot Essay
Les Hemba vivent au Sud-Est de la République Démocratique du Congo, sur une terre située entre le fleuve Congo (à l’Ouest) et le lac Tanganyka (à l’Est). Les Hemba ont essentiellement célébré l'ancêtre masculin de haut rang qui, dans cette société, attestait et légitimait le pouvoir et la possession de la terre. Ces statues étaient conservées dans les maisons funéraires ou dans les maisons des chefs. Voir LaGamma (Heroic Ancestors, 2012, pp.225-270) pour une importante étude récente sur la grande statuaire Hemba. En 1977, François Neyt a réalisé une étude exhaustive sur l’art Hemba dans La grande statuaire Hemba du Zaïre. Neyt a établi différents groupes au sein même de cette production artistique. Selon ses caractéristiques stylistiques, notre statue d'ancêtre se rattacherait au groupe 6 correspondant au style de la région des Niembo, un groupe Hemba du nord qui habite les rives de la rivière Luika.
La tête sphérique, de forme pleine et arrondie, présente un front large qui s'étend jusqu’à la couronne. Les yeux en forme d’amande sont à peine ouverts sous les paupières supérieures lourdes. Les orbites creuses sont taillées dans des arcs, les sourcils délimités en relief au-dessus, s'étendent jusqu’à ce qu’ils rencontrent le nez. Les lèvres naturalistes sont délicatement ourlées. Le visage est harmonieusement équilibre entre l'élégante barbe, composée de rangées de petits rectangles, et le diadème légèrement relevé. Le creux des oreilles se présente sous la forme d’arcs semi-circulaires. La coiffure est composée de quatre lobes ; quatre fins boudins horizontaux passent au-dessus de quatre fins boudins verticaux, formant le motif cruciforme des tresses, emblématique de la statuaire Hemba. Le cou cylindrique est allongé, la pomme d’Adam saillante. Le plan des épaules est horizontal. Le torse est plus étroit sous les bras, évasé à la partie supérieure de la poitrine, gonflé vers le ventre. Les bras symétriques sont légèrement fléchis et sépares du corps ; les mains posées latéralement sur le bas-ventre, attirant l’attention sur le centre symbolique de la figure, l’ombilic, signifiant la vie et la persistance de la lignée.
L’ombilic en forme losangée est caractéristique du style des singiti des Niembo de la Luika. Le dos a des omoplates saillantes, le fessier est plutôt rebondi. Les membres inferieurs massifs s’achevant par des pieds en forme de raquette. Le socle circulaire est légèrement bombe. La belle patine sombre et brillante indique un long usage rituel. Bien que les caractéristiques faciales soient différentes, reflétant l’individualisation de chaque figure d'ancêtre, un singiti vendu par Sotheby’s a New York en 2013 (16 mai, lot 152) est vraisemblablement l'œuvre du même sculpteur ou du même atelier que la statue de la collection Vérité. La forme spécifique de la coiffure en forme de croix est très semblable, tout comme les omoplates, la forme de l’ombilic, les mains et les jambes. La statue Hemba de la collection Vérité peut également être comparée avec plusieurs autres œuvres du style de Niembo de la Luika : citons par exemple une statue dans la collection de l’Art Institute of Chicago (#1972.453, publiée dans Neyt, 1977, pp. 200-201, fig. V-7), un autre exemplaire conservé à l’Institut des Musées Nationaux du Congo (# 72.746.70, Neyt, 1977, pp. 198-199, fig. V-6), et un singiti portant des armes, conservé dans une collection privée belge (Neyt, 1977, pp.188-191, fig. V-2) avec la même coiffure distincte aux quatre lobes. Ces trois statues, probablement des membres de la même lignée dynastique, ont certainement été conservées ensemble dans leur sanctuaire. Le singiti de la collection Vérité, jusque-la inconnu se rajoute au corpus restreint de cet important atelier Niembo actif durant la seconde moitié du XIXe siècle.
La tête sphérique, de forme pleine et arrondie, présente un front large qui s'étend jusqu’à la couronne. Les yeux en forme d’amande sont à peine ouverts sous les paupières supérieures lourdes. Les orbites creuses sont taillées dans des arcs, les sourcils délimités en relief au-dessus, s'étendent jusqu’à ce qu’ils rencontrent le nez. Les lèvres naturalistes sont délicatement ourlées. Le visage est harmonieusement équilibre entre l'élégante barbe, composée de rangées de petits rectangles, et le diadème légèrement relevé. Le creux des oreilles se présente sous la forme d’arcs semi-circulaires. La coiffure est composée de quatre lobes ; quatre fins boudins horizontaux passent au-dessus de quatre fins boudins verticaux, formant le motif cruciforme des tresses, emblématique de la statuaire Hemba. Le cou cylindrique est allongé, la pomme d’Adam saillante. Le plan des épaules est horizontal. Le torse est plus étroit sous les bras, évasé à la partie supérieure de la poitrine, gonflé vers le ventre. Les bras symétriques sont légèrement fléchis et sépares du corps ; les mains posées latéralement sur le bas-ventre, attirant l’attention sur le centre symbolique de la figure, l’ombilic, signifiant la vie et la persistance de la lignée.
L’ombilic en forme losangée est caractéristique du style des singiti des Niembo de la Luika. Le dos a des omoplates saillantes, le fessier est plutôt rebondi. Les membres inferieurs massifs s’achevant par des pieds en forme de raquette. Le socle circulaire est légèrement bombe. La belle patine sombre et brillante indique un long usage rituel. Bien que les caractéristiques faciales soient différentes, reflétant l’individualisation de chaque figure d'ancêtre, un singiti vendu par Sotheby’s a New York en 2013 (16 mai, lot 152) est vraisemblablement l'œuvre du même sculpteur ou du même atelier que la statue de la collection Vérité. La forme spécifique de la coiffure en forme de croix est très semblable, tout comme les omoplates, la forme de l’ombilic, les mains et les jambes. La statue Hemba de la collection Vérité peut également être comparée avec plusieurs autres œuvres du style de Niembo de la Luika : citons par exemple une statue dans la collection de l’Art Institute of Chicago (#1972.453, publiée dans Neyt, 1977, pp. 200-201, fig. V-7), un autre exemplaire conservé à l’Institut des Musées Nationaux du Congo (# 72.746.70, Neyt, 1977, pp. 198-199, fig. V-6), et un singiti portant des armes, conservé dans une collection privée belge (Neyt, 1977, pp.188-191, fig. V-2) avec la même coiffure distincte aux quatre lobes. Ces trois statues, probablement des membres de la même lignée dynastique, ont certainement été conservées ensemble dans leur sanctuaire. Le singiti de la collection Vérité, jusque-la inconnu se rajoute au corpus restreint de cet important atelier Niembo actif durant la seconde moitié du XIXe siècle.