Lot Essay
La réapparition de cette pièce maîtresse de la sculpture fang, dont la trace avait été perdue depuis les années 1930, est un véritable évènement. Grâce à un certain nombre d'indices, notamment des photographies anciennes, le pedigree de cette oeuvre s'est précisé. Elle apparaît pour la première fois en 1935, alors en possession de Charles Ratton, lors de l'incontournable exposition African Negro Art (18 mars-19 mai 1935) au Museum of Modern Art de New York. Listée sous le numéro 376 du catalogue, elle figure sur la fameuse photographie de Soichi Sunami montrant l'accumulation des oeuvres avant leur installation au musée (à l'arrière-plan au centre: devant le pied gauche de la statuette sénoufo). Cette exposition marqua un tournant dans l'appréciation de l'art africain, non plus perçu comme de l'ethnographie mais bien comme un art à part entière. Charles Ratton joua un rôle important puisqu'il fut responsable de la sélection des oeuvres provenant d'Europe. Avec le soutien d'Alfred Barr, directeur du musée, il travailla en étroite collaboration avec les spécialistes américains James Johnson Sweeney et Robert Goldwater. Si beaucoup d'objets furent prêtés par des institutions, une grande partie provenait des collections personnelles d'amis ou de confrères de Charles Ratton, tels que Félix Fénéon, Frank Burty Haviland, Louis Carré, Tristan Tzara ou Helena Rubinstein. Tout le gotha de l'art nègre souhaitait participer à l'évènement. Charles Ratton prêta lui-même plusieurs objets importants dont la tête fang de la collection Bartos. Une exposition au musée du Quai Branly (Charles Ratton, l'invention des Arts "Primitifs", 25 juin-22 septembre 2013) mettra bientôt en valeur le regard de Charles Ratton qui fut l'un des premiers à comprendre l'art 'primitif', à l'apprécier pour son aspect artistique et non ethnographique et enfin à en faire la promotion tant auprès des collectionneurs que des musées.
La tête fang figure également sur une photographie datée de la même année et prise lors de l'exposition African Art from the Ratton Collection (30 mars-20 avril 1935) à l'avant-gardiste Pierre Matisse Gallery, véritable carrefour où se rencontraient des toiles modernistes et des objets d'art 'primitif'. Matisse, qui à l'époque défendait des artistes tels que De Chirico, Derain, Picasso, Miro et Giacometti, n'en était cependant pas à sa première exposition d'art non-occidental puisque l'année précédente, il présentait en collaboration avec le même marchand parisien, Charles Ratton, une exposition d'art océanien Oceanic Art (voir Rubin, 1987, p.115 pour une photographie de l'exposition) et deux ans plus tard une exposition plus généraliste America, Oceania, Africa (op.cit., p.114).
Il peut paraître surprenant que la tête fang Bartos ait figuré dans deux expositions simultanées. La réponse de cette énigme pourrait résider dans le registre d'entrée de l'oeuvre au MoMA (n.35.493) qui porte la mention "(to Matisse, March 28/pour Matisse, 28 mars)" (nous tenons à remercier Jean-Louis Paudrat pour les informations concernant African Negro Art). L'exposition de Pierre Matisse ne débutant pas avant le 30 mars, il est probable que la tête fang n'ait été présente que 10 jours au MoMA (du 18 au 28 mars) avant d'être remise à Matisse pour son exposition. Cette théorie permet également d'expliquer pourquoi l'objet n'a pas été photographié par la suite par Walker Evans.
La tête fang de la collection Bartos apparaît dans les archives du Docteur Gaston Durville. Celui-ci était très connu dans les années 1930/50 pour ses théories naturistes. Il était co-directeur de l'Institut de Médecine Naturelle, auteur de plusieurs traités sur le sujet. Par ailleurs, il était un collectionneur passionné d'art africain et tout particulièrement d'objets fang du Gabon et du Cameroun, il avait projeté d'écrire un livre sur l'art fang mais ce projet ne vit pas le jour, seules en subsistent ses archives destinées à cette fin. Elles sont composées de photos d'objets de sa collection et d'autres collections de l'époque dont les plus fameuses comme celles de Charles Ratton, Maurice Ratton, Paul Guillaume, Pierre et Claude Vérité, La Reine Margot (Monsieur Shanté), Olivier Lecorneur et Jean Roudillon. Quand Durville n'avait pas de photos, il faisait des dessins copiés sur des livres ou des catalogues de ventes. La photographie de la tête Bartos a probablement été confiée par Ratton à Durville pour les conférences données par ce dernier sur l'Art Pahouin, à la Galerie Richer, les 1er, 8, 15, 22 juillet 1933. Aucun élément ne permet cependant d'appuyer cette hypothèse.
NOTICE RELATIVE A LA TETE DE RELIQUAIRE FANG, PROVENANT DES COLLECTIONS RATTON-BARTOS
Par Louis Perrois
La tête de reliquaire fang de la succession Armand P. Bartos (24 cm), restée dans cette collection familiale américaine pendant un demi-siècle, est un des chefs-d'oeuvre de l'art sculptural de ce style majeur de l'Afrique: une oeuvre exceptionnelle et rare, à la fois intimiste et expressive, archétype des têtes à coiffe tressée ou "casquée" du nord du Gabon avec son petit visage à la face creuse, sa bouche prognathe et sa chevelure à nattes délicatement gravées, nappée d'une épaisse patine noire, suintante par endroits comme il se doit.
De volume arrondi, cette tête d'ancêtre, eyema-byeri ou angokh-nlô-byeri, présente un front ample d'une belle courbure en quart de sphère qui se fond dans le creux de la face et, sous le nez (érodé), dans le retour de la bouche lippue, aux grosses lèvres. Celle-ci est stylisée et présente la moue très caractéristique de la manière des Fang du Gabon. On remarque dans cette zone du visage des traces de prélèvements rituels de copeaux de bois, ceux-ci entrant dans la composition de "médicaments" magiques (byan), mais aussi des entailles plus profondes faites à la machette - peut-être au moment de la collecte, afin de désacraliser l'objet ? - voire des marques d'attaques de rongeurs. Au fond des orbites, les larges yeux en amande, traités en creux, sont marqués de pupilles de laiton. De part et d'autre des joues et situées très en arrière des zones maxillaires, de petites oreilles en chevron mettent en valeur les tempes en partie rasées de l'effigie.
La coiffure est particulièrement bien traitée. Elle comporte deux larges tresses nattées aplaties, finement gravées en chevrons, de part et d'autre de la bande axiale, décorée de motifs en frises de losange en léger relief, qui partent du sommet du front, en arrière d'un bandeau (frontal et temporal), et retombent en catogan sur la nuque. Ce type de coiffe, dans la réalité de la vie quotidienne des Fang du XIXème siècle, pouvait être réalisé soit avec les cheveux, finement nattés, soit avec un dispositif postiche fait de lamelles de bambou et de fibres, décoré de boutons de nacre, surajouté et fixé sur la tête (nlo-ô-ngo). Ces coiffes étaient portées indifféremment par les hommes et les femmes. Au sommet du front, on remarque une amorce de scarification axiale et un petit trou qui a dû servir à la fixation des plumes rouges de perroquet (asè ko), la marque du sacré, qui ornaient toujours les figures du byeri quand elles étaient en fonction.
Le cou cylindrique et de volume massif, est exceptionnellement décoré au revers d'un double motif longitudinal gravé. Ayant été raccourci postérieurement à la collecte, il est prolongé par un tenon inférieur plus mince (haut de 4 cm, rapporté ?) qui sert à maintenir la sculpture. Initialement, un tel pédoncule monoxyle servait au maintien de la sculpture, enfoncé dans le coffre-reliquaire en écorce, nsekh-byeri. Ce détail, habituellement caché par le socle, est attesté sur la plupart des autres têtes fang connues. Le socle est possiblement de Charles Bauer.
Datant au moins du XIXème siècle, cette tête a été pendant des décennies imprégnée d'un onguent à base d'huile de palme, de charbon de bois et de résine de copal, au cours des rites propitiatoires que ses propriétaires lignagers lui ont très régulièrement assurés, de génération en génération. Evocation symbolique d'un ou une ancêtre, ce type de représentation coexistait avec des statuettes en pied, tout au moins au début du XXème siècle comme l'ethnologue allemand G. Tessmann a pu le constater au Rio Muni en 1907 (cf. "Die Pangwe", 1913, vol.2, p.118, ill.43) et le pasteur Grébert dans les années 20 dans la région de l'Ogooué (cf. Grébert, 2003, folios 143 et 197). Certains spécialistes cependant ont émis l'hypothèse que chez les Fang, les têtes seules avaient historiquement précédé l'utilisation des statues entières (servant aussi de marionnettes dans les rites du melan), la sculpture évoquant plus directement les crânes qui étaient, en fait, les éléments sacrés du culte.
Parmi les têtes fang connues et de référence, directement comparables, on peut citer quelques oeuvres étudiées dans mon ouvrage La Statuaire fan, Gabon, 1972 et classées comme des têtes à coiffe nlo-o-ngo ou "casquées" des Fang Betsi du Nord Gabon: n.52, p.95 (Drouot Paris, 7 mai 1931, 19 cm.), n.149, p. 347 (collection Schwob, Bruxelles, 27 cm. - oeuvre exposée à Marseille en 1992, Byeri fang, Sculptures d'ancêtres en Afrique, Musée de la Vieille Charité, pp.162-163 - nez et bouche très érodés par des prélèvements rituels). Autres oeuvres de pedigree historique: la tête "Ratton-Carré", 37,5 cm (anciennes collections Charles Ratton et Louis Carré, 1932) vendue à Paris en 2002 puis 2008 (Artcurial- Briest-Poulain-Le Fur, Paris, 11 décembre 2002, Art Tribal: Succession Olga Carré, née Burel, Ancienne collection Louis Carré, lot 114; Sotheby's Paris, 4 décembre 2008, lot 132); enfin une tête de reliquaire de provenance Paul Guillaume puis R.G. Lois New York, 34 cm. (in Eternal Ancestors, The Art of the Central African Reliquary, ed. par A. LaGamma, 2007, n.46, p.202-203; Sotheby's, Paris, 30 novembre 2010, lot 27).
Cette tête de reliquaire, redécouverte, se révèle aujourd'hui au regard, avec son visage un peu torturé par les nécessités des rites du byeri qu'elle présidait, en imposant sa haute qualité sculpturale et le raffinement subtil du décor de sa coiffe. Voilà bien un chef-d'oeuvre de l'art statuaire des Fang de l'Afrique équatoriale.
Pour les repères bibliographiques, on peut se reporter à:
Dapper musée, 1991, Fang, textes de Ph. Laburthe-Tolra, Ch. Falgayrette-Leveau, extraits traduits de G.Tessmann, Die Pangwe, 1913.
Grébert F., 2003, Le Gabon de Fernand Grébert, 1913-1932, éd. D & Musée d'Ethnographie de Genève, Genève (textes de Cl. Savary & L. Perrois).
Perrois L., 1972, La statuaire fang, Gabon, d. Orstom, Paris (thèse)
1979, Arts du Gabon, Arnouville.
1992, Byeri fang, Sculptures d'ancêtres en Afrique, éd. RMN, musée de Marseille.
2006, Fang, série "Visions d'Afrique", éd. 5 Continents, Milan
Tessmann, G., 1913, Die Pangwe, Berlin.
La tête fang figure également sur une photographie datée de la même année et prise lors de l'exposition African Art from the Ratton Collection (30 mars-20 avril 1935) à l'avant-gardiste Pierre Matisse Gallery, véritable carrefour où se rencontraient des toiles modernistes et des objets d'art 'primitif'. Matisse, qui à l'époque défendait des artistes tels que De Chirico, Derain, Picasso, Miro et Giacometti, n'en était cependant pas à sa première exposition d'art non-occidental puisque l'année précédente, il présentait en collaboration avec le même marchand parisien, Charles Ratton, une exposition d'art océanien Oceanic Art (voir Rubin, 1987, p.115 pour une photographie de l'exposition) et deux ans plus tard une exposition plus généraliste America, Oceania, Africa (op.cit., p.114).
Il peut paraître surprenant que la tête fang Bartos ait figuré dans deux expositions simultanées. La réponse de cette énigme pourrait résider dans le registre d'entrée de l'oeuvre au MoMA (n.35.493) qui porte la mention "(to Matisse, March 28/pour Matisse, 28 mars)" (nous tenons à remercier Jean-Louis Paudrat pour les informations concernant African Negro Art). L'exposition de Pierre Matisse ne débutant pas avant le 30 mars, il est probable que la tête fang n'ait été présente que 10 jours au MoMA (du 18 au 28 mars) avant d'être remise à Matisse pour son exposition. Cette théorie permet également d'expliquer pourquoi l'objet n'a pas été photographié par la suite par Walker Evans.
La tête fang de la collection Bartos apparaît dans les archives du Docteur Gaston Durville. Celui-ci était très connu dans les années 1930/50 pour ses théories naturistes. Il était co-directeur de l'Institut de Médecine Naturelle, auteur de plusieurs traités sur le sujet. Par ailleurs, il était un collectionneur passionné d'art africain et tout particulièrement d'objets fang du Gabon et du Cameroun, il avait projeté d'écrire un livre sur l'art fang mais ce projet ne vit pas le jour, seules en subsistent ses archives destinées à cette fin. Elles sont composées de photos d'objets de sa collection et d'autres collections de l'époque dont les plus fameuses comme celles de Charles Ratton, Maurice Ratton, Paul Guillaume, Pierre et Claude Vérité, La Reine Margot (Monsieur Shanté), Olivier Lecorneur et Jean Roudillon. Quand Durville n'avait pas de photos, il faisait des dessins copiés sur des livres ou des catalogues de ventes. La photographie de la tête Bartos a probablement été confiée par Ratton à Durville pour les conférences données par ce dernier sur l'Art Pahouin, à la Galerie Richer, les 1er, 8, 15, 22 juillet 1933. Aucun élément ne permet cependant d'appuyer cette hypothèse.
NOTICE RELATIVE A LA TETE DE RELIQUAIRE FANG, PROVENANT DES COLLECTIONS RATTON-BARTOS
Par Louis Perrois
La tête de reliquaire fang de la succession Armand P. Bartos (24 cm), restée dans cette collection familiale américaine pendant un demi-siècle, est un des chefs-d'oeuvre de l'art sculptural de ce style majeur de l'Afrique: une oeuvre exceptionnelle et rare, à la fois intimiste et expressive, archétype des têtes à coiffe tressée ou "casquée" du nord du Gabon avec son petit visage à la face creuse, sa bouche prognathe et sa chevelure à nattes délicatement gravées, nappée d'une épaisse patine noire, suintante par endroits comme il se doit.
De volume arrondi, cette tête d'ancêtre, eyema-byeri ou angokh-nlô-byeri, présente un front ample d'une belle courbure en quart de sphère qui se fond dans le creux de la face et, sous le nez (érodé), dans le retour de la bouche lippue, aux grosses lèvres. Celle-ci est stylisée et présente la moue très caractéristique de la manière des Fang du Gabon. On remarque dans cette zone du visage des traces de prélèvements rituels de copeaux de bois, ceux-ci entrant dans la composition de "médicaments" magiques (byan), mais aussi des entailles plus profondes faites à la machette - peut-être au moment de la collecte, afin de désacraliser l'objet ? - voire des marques d'attaques de rongeurs. Au fond des orbites, les larges yeux en amande, traités en creux, sont marqués de pupilles de laiton. De part et d'autre des joues et situées très en arrière des zones maxillaires, de petites oreilles en chevron mettent en valeur les tempes en partie rasées de l'effigie.
La coiffure est particulièrement bien traitée. Elle comporte deux larges tresses nattées aplaties, finement gravées en chevrons, de part et d'autre de la bande axiale, décorée de motifs en frises de losange en léger relief, qui partent du sommet du front, en arrière d'un bandeau (frontal et temporal), et retombent en catogan sur la nuque. Ce type de coiffe, dans la réalité de la vie quotidienne des Fang du XIXème siècle, pouvait être réalisé soit avec les cheveux, finement nattés, soit avec un dispositif postiche fait de lamelles de bambou et de fibres, décoré de boutons de nacre, surajouté et fixé sur la tête (nlo-ô-ngo). Ces coiffes étaient portées indifféremment par les hommes et les femmes. Au sommet du front, on remarque une amorce de scarification axiale et un petit trou qui a dû servir à la fixation des plumes rouges de perroquet (asè ko), la marque du sacré, qui ornaient toujours les figures du byeri quand elles étaient en fonction.
Le cou cylindrique et de volume massif, est exceptionnellement décoré au revers d'un double motif longitudinal gravé. Ayant été raccourci postérieurement à la collecte, il est prolongé par un tenon inférieur plus mince (haut de 4 cm, rapporté ?) qui sert à maintenir la sculpture. Initialement, un tel pédoncule monoxyle servait au maintien de la sculpture, enfoncé dans le coffre-reliquaire en écorce, nsekh-byeri. Ce détail, habituellement caché par le socle, est attesté sur la plupart des autres têtes fang connues. Le socle est possiblement de Charles Bauer.
Datant au moins du XIXème siècle, cette tête a été pendant des décennies imprégnée d'un onguent à base d'huile de palme, de charbon de bois et de résine de copal, au cours des rites propitiatoires que ses propriétaires lignagers lui ont très régulièrement assurés, de génération en génération. Evocation symbolique d'un ou une ancêtre, ce type de représentation coexistait avec des statuettes en pied, tout au moins au début du XXème siècle comme l'ethnologue allemand G. Tessmann a pu le constater au Rio Muni en 1907 (cf. "Die Pangwe", 1913, vol.2, p.118, ill.43) et le pasteur Grébert dans les années 20 dans la région de l'Ogooué (cf. Grébert, 2003, folios 143 et 197). Certains spécialistes cependant ont émis l'hypothèse que chez les Fang, les têtes seules avaient historiquement précédé l'utilisation des statues entières (servant aussi de marionnettes dans les rites du melan), la sculpture évoquant plus directement les crânes qui étaient, en fait, les éléments sacrés du culte.
Parmi les têtes fang connues et de référence, directement comparables, on peut citer quelques oeuvres étudiées dans mon ouvrage La Statuaire fan, Gabon, 1972 et classées comme des têtes à coiffe nlo-o-ngo ou "casquées" des Fang Betsi du Nord Gabon: n.52, p.95 (Drouot Paris, 7 mai 1931, 19 cm.), n.149, p. 347 (collection Schwob, Bruxelles, 27 cm. - oeuvre exposée à Marseille en 1992, Byeri fang, Sculptures d'ancêtres en Afrique, Musée de la Vieille Charité, pp.162-163 - nez et bouche très érodés par des prélèvements rituels). Autres oeuvres de pedigree historique: la tête "Ratton-Carré", 37,5 cm (anciennes collections Charles Ratton et Louis Carré, 1932) vendue à Paris en 2002 puis 2008 (Artcurial- Briest-Poulain-Le Fur, Paris, 11 décembre 2002, Art Tribal: Succession Olga Carré, née Burel, Ancienne collection Louis Carré, lot 114; Sotheby's Paris, 4 décembre 2008, lot 132); enfin une tête de reliquaire de provenance Paul Guillaume puis R.G. Lois New York, 34 cm. (in Eternal Ancestors, The Art of the Central African Reliquary, ed. par A. LaGamma, 2007, n.46, p.202-203; Sotheby's, Paris, 30 novembre 2010, lot 27).
Cette tête de reliquaire, redécouverte, se révèle aujourd'hui au regard, avec son visage un peu torturé par les nécessités des rites du byeri qu'elle présidait, en imposant sa haute qualité sculpturale et le raffinement subtil du décor de sa coiffe. Voilà bien un chef-d'oeuvre de l'art statuaire des Fang de l'Afrique équatoriale.
Pour les repères bibliographiques, on peut se reporter à:
Dapper musée, 1991, Fang, textes de Ph. Laburthe-Tolra, Ch. Falgayrette-Leveau, extraits traduits de G.Tessmann, Die Pangwe, 1913.
Grébert F., 2003, Le Gabon de Fernand Grébert, 1913-1932, éd. D & Musée d'Ethnographie de Genève, Genève (textes de Cl. Savary & L. Perrois).
Perrois L., 1972, La statuaire fang, Gabon, d. Orstom, Paris (thèse)
1979, Arts du Gabon, Arnouville.
1992, Byeri fang, Sculptures d'ancêtres en Afrique, éd. RMN, musée de Marseille.
2006, Fang, série "Visions d'Afrique", éd. 5 Continents, Milan
Tessmann, G., 1913, Die Pangwe, Berlin.