![[BARBATRE, Pierre, prêtre, fin XVe]. Récit manuscrit de son pèlerinage à Jérusalem. S.l.n.d [après 1480]. 116 pp. in-4 (205 x 145 mm). (Légère mouillure en marge, le dernier cahier avec une mouillure plus importante, le dernier feuillet déchiré avec manque de texte.) Reliure utilisant une feuille de parchemin, sans doute du XIe siècle, et contenant un fragment de la vie de St Ethbin, (petits trous de vers et déchirures, parchemin bruni).](https://www.christies.com/img/LotImages/2003/PAR/2003_PAR_05050_0402_000(060002).jpg?w=1)
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[BARBATRE, Pierre, prêtre, fin XVe]. Récit manuscrit de son pèlerinage à Jérusalem. S.l.n.d [après 1480]. 116 pp. in-4 (205 x 145 mm). (Légère mouillure en marge, le dernier cahier avec une mouillure plus importante, le dernier feuillet déchiré avec manque de texte.) Reliure utilisant une feuille de parchemin, sans doute du XIe siècle, et contenant un fragment de la vie de St Ethbin, (petits trous de vers et déchirures, parchemin bruni).
RARISSIME RéCIT MANUSCRIT D'UN PèLERIN DU XVE SIèCLE.
On connaît le succès remporté par Bernard de Breydenbach lors de la première publication, en 1486, de Peregrinatio in Terram Sanctam illustrée de bois gravés par Reuwich d'Utrecht. La présente relation manuscrite s'inscrit parfaitement dans cette veine de récits de voyages en Terre Sainte associant la piété et l'exotisme; genre littéraire largement exploité jusqu'au XIXe siècle où il sera appuyé par la photographie.
Sans doute rédigé quelques années après le pèlerinage par un copiste professionnel, ce manuscrit n'en demeure pas moins d'un intérêt exceptionnel. Le narrateur, Pierre Barbatre, prêtre de Vernon, relate la seule expédition autorisée à quitter Venise pour la Terre Sainte en 1480. En effet, la guerre opposant Venise aux Turcs de 1463 à 1479 avait entraîné un contrôle plus strict des embarcations et le nombre de pèlerins avait diminué. En 1480, seule la Contarina est autorisée à faire le voyage. Fait exceptionnel, nous possédions déjà trois récits imprimés de cet unique pélerinage de 1480: Itinerario di Sancto Brascha... (1481), un autre récit de Félix Schmidt alias Félix Faber, et un anonyme Le voyage de la Saincte cyté de Hiérusalem en l'an mil quatre cens quatre vingtz (1517). La découverte, en 1972, du présent rapport manuscrit vient compléter ces trois imprimés et constitue UNE SOURCE PRéCIEUSE DE RENSEIGNEMENTS DE PAR LES DESCRIPTIONS GéOGRAPHIQUES, ETHNOGRAPHIQUES, L'INVENTAIRE DES RELIQUES ET L'éVOCATION DES PROBLèMES POLITIQUES POSéS PAR L'OFFENSIVE TURQUE.
"IN NOMINE DOMINI AMEN - 1480 - L'an de grace mil quatre cens octante, le mardi iiije jour d'apvril apres Pasques, je, Pierre Barbatre, prestre, agé de LV ans ou environ, me party de la ville de Vernon pour et intencion d'aler en Hierusalem visiter le Sainct Sepulchre nostre Segneur Jesuschrist et les aultres Sainctz lieulx de la Terre Saincte". Parti de Vernon, dans l'Eure, le père Barbatre descend vers le sud en énumérant les différentes villes qu'il traverse. Passant par la Savoie, il gagne bientôt l'Italie par Suse puis Turin, et poursuit vers Milan (dont il rapporte la construction de la cathédrale), Brescia, Vérone, Vicence, Padoue et surtout Venise (où il séjourne un mois) et qu'il décrit davantage. "En Venize, la riche cité, sont plusieurs belles églises moult richement paréez, painctes et bien appointées... La mere église est Sainct Pierre... l'autre principale église, c'est sainct Marc... [qui] n'est point de la fasson de celles de France. Elle est pres autant large comme longue, partout couverte de pelon, a v clochiers rons et dessus aultres petiz clochiers..." Barbatre poursuit la description de l'architecture et de la décoration avant d'aborder les vénitiennes "vestus et parés precieusement,... maiz elles sont toutes decouvertes jusques aux epaulles... montés sur haulx patins d'ung demy pyé et semble que elles marchent sur espines ou que ne sachent aler". Avec la même précision, le narrateur évoque la grande procession du Saint-Sacrement à l'église Saint-Marc qui se déroulait chaque année et était largement suivie par les pèlerins avant leur embarquement pour la Terre Sainte.
Le 6 juin 1480, il embarque enfin sur la Contarina et raconte sa périlleuse odyssée "le jeudi XVe environ VI ou VII heures mourut ung matelot de la galee..." Il mentionne les différentes escales: Parenzo, Pola, Zara, Curzola, Raguse, Corfou, ("estions en grant danger des Turcqs, jour et nuyt") Modon, Candie [Héraklion], Limassol et atteint enfin Jaffa le 24 juillet.
Arrivés quatre jours plus tard à Jérusalem, les pèlerins commençaient toujours par se recueillir au Saint-Sépulcre "après vespres fusmes menés au Sainct Sépulchre. Devant les deulx portes au millieu de la place qui est pavée de large pierre est une pierre laquelle est escripte et y a des croys et dict on que en se lieu se arresta et reposa Nostre Segnieur Jesu-christ quant on le menoit au monlt de Calvaire luy ayant sa croix sur ses espaulles..." Pierre Barbatre refait le parcours de la passion du Christ et décrit soigneusement les lieux saints qu'il visite; "la porta Judiciaria" [porte d'Ephraïm], la maison de Véronique, celle de Simon le Pharisien, les maisons de Hérode et de Pilate, le temple de Salomon, la porte dorée, le mont des Oliviers, le mont Sion, etc. De là il part pour Bethléem, puis Jéricho, Béthanie, Bethfagé avant de revenir à Jérusalem. "Le samedi Ve d'aoust allasmes tous au Sainct Sepulchre a heure de vespres, pour visiter la tierce foys l'église et sainctz lieux comme est de coustume... et tous les matins les Sarrazins ouvrent la porte et vont visiter se les christiens ont rien rompu du Sainct Sepulchre... l'église du Sainct Sepulchre est plus grande que Sainct Hildevert de Gournay, voire que Sainct Germain des Pres de Paris, mais est d'autre fasson." Après un dernier regard sur Jérusalem, Pierre Barbatre entame le chemin du retour, il reprend la même embarcation à Jaffa le 13 août 1480 pour n'arriver à Venise que deux mois et demi plus tard !
Il s'agit bien du récit authentique d'une expédition aussi exotique que périlleuse et dont il ne reste que très peu de témoignages, le rapport de Barbatre s'arrête d'ailleurs de manière brutale vers Ancône.
(Pierre Tucoo-Chala & Noël Pinzuti. Le voyage de Pierre Barbatre à Jérusalem en 1480. Extrait du bulletin de la société de l'histoire de France, 1972-1973. Et des mêmes auteurs, Sur un récit inédit de voyage aux lieux saints sous Louis XI pour l'Académie des inscriptions et belles-lettres, janv.-mars 1973)
RARISSIME RéCIT MANUSCRIT D'UN PèLERIN DU XV
On connaît le succès remporté par Bernard de Breydenbach lors de la première publication, en 1486, de Peregrinatio in Terram Sanctam illustrée de bois gravés par Reuwich d'Utrecht. La présente relation manuscrite s'inscrit parfaitement dans cette veine de récits de voyages en Terre Sainte associant la piété et l'exotisme; genre littéraire largement exploité jusqu'au XIX
Sans doute rédigé quelques années après le pèlerinage par un copiste professionnel, ce manuscrit n'en demeure pas moins d'un intérêt exceptionnel. Le narrateur, Pierre Barbatre, prêtre de Vernon, relate la seule expédition autorisée à quitter Venise pour la Terre Sainte en 1480. En effet, la guerre opposant Venise aux Turcs de 1463 à 1479 avait entraîné un contrôle plus strict des embarcations et le nombre de pèlerins avait diminué. En 1480, seule la Contarina est autorisée à faire le voyage. Fait exceptionnel, nous possédions déjà trois récits imprimés de cet unique pélerinage de 1480: Itinerario di Sancto Brascha... (1481), un autre récit de Félix Schmidt alias Félix Faber, et un anonyme Le voyage de la Saincte cyté de Hiérusalem en l'an mil quatre cens quatre vingtz (1517). La découverte, en 1972, du présent rapport manuscrit vient compléter ces trois imprimés et constitue UNE SOURCE PRéCIEUSE DE RENSEIGNEMENTS DE PAR LES DESCRIPTIONS GéOGRAPHIQUES, ETHNOGRAPHIQUES, L'INVENTAIRE DES RELIQUES ET L'éVOCATION DES PROBLèMES POLITIQUES POSéS PAR L'OFFENSIVE TURQUE.
"IN NOMINE DOMINI AMEN - 1480 - L'an de grace mil quatre cens octante, le mardi iiij
Le 6 juin 1480, il embarque enfin sur la Contarina et raconte sa périlleuse odyssée "le jeudi XV
Arrivés quatre jours plus tard à Jérusalem, les pèlerins commençaient toujours par se recueillir au Saint-Sépulcre "après vespres fusmes menés au Sainct Sépulchre. Devant les deulx portes au millieu de la place qui est pavée de large pierre est une pierre laquelle est escripte et y a des croys et dict on que en se lieu se arresta et reposa Nostre Segnieur Jesu-christ quant on le menoit au monlt de Calvaire luy ayant sa croix sur ses espaulles..." Pierre Barbatre refait le parcours de la passion du Christ et décrit soigneusement les lieux saints qu'il visite; "la porta Judiciaria" [porte d'Ephraïm], la maison de Véronique, celle de Simon le Pharisien, les maisons de Hérode et de Pilate, le temple de Salomon, la porte dorée, le mont des Oliviers, le mont Sion, etc. De là il part pour Bethléem, puis Jéricho, Béthanie, Bethfagé avant de revenir à Jérusalem. "Le samedi V
Il s'agit bien du récit authentique d'une expédition aussi exotique que périlleuse et dont il ne reste que très peu de témoignages, le rapport de Barbatre s'arrête d'ailleurs de manière brutale vers Ancône.
(Pierre Tucoo-Chala & Noël Pinzuti. Le voyage de Pierre Barbatre à Jérusalem en 1480. Extrait du bulletin de la société de l'histoire de France, 1972-1973. Et des mêmes auteurs, Sur un récit inédit de voyage aux lieux saints sous Louis XI pour l'Académie des inscriptions et belles-lettres, janv.-mars 1973)
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RARE MANUSCRIPT OF A XVTH CENTURY FRENCH PILGRIM TO THE HOLY LAND, BEFORE BREYDENBACH'S PUBLICATION PEREGRINATIO IN TERRAM SANCTAM.