RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Le terme "kifwébé" signifie simplement "masque" pour les Songyé, même si pendant longtemps les collectionneurs, les marchands et les universitaires l'ont utilisé pour se référer à ce type de masque. Il semblerait que le culte de ces masques ait débuté à la fin du XIXème siècle. Le premier à être entré dans une collection européenne fut donné par Livin Vandevelde à sa sœur, Madame Stroobant en 1885 (Voir Herreman, F. et Petrides, C. (ed.), Face of the Spirits. Masks from the Zaire Basin, Gand, 1993, n.68 et p.252). Le Museum Für Völkerkunde de Munich acquit son premier masque à sillon associé au "kifwébé" en 1905 et Tervuren en 1910. Frobenius fut le premier à citer le mot "kifebbe" dans ses notes de terrain de 1905-1906 et en 1914, Tervuren acquit des photos de danseurs portant ces fameux masques blancs oblongs qui étaient considérés comme provenant de l'est du territoire Songyé. D'après Dunja Hersak, le masque kifwébé était « un instrument social puissant lié à la guérison et la transformation » (op.cit., p.148). Au moment où Dunja Hersak et d'autres chercheurs ont pu se rendre sur place au début des années 1970, le masque et sa fonction avaient considérablement changé, ainsi une compréhension précise de son rôle au sein de la société songyé semble difficile.
On peut rapprocher le superbe masque songyé de la collection Schwob d’un autre exemplaire publié pour la première fois en 1921 dans L’Art du Congo Belge (Clouzot, H., Level, A.). Tous deux présentent un front bombé volumineux, une ligne sombre parcourant le front et se prolongeant sur le nez, une seconde ligne sombre soulignant le menton, des lèvres géométriques saillantes et rehaussées de couleur.