Lot Essay
Une révolution stylistique à Sèvres au XVIIIème siècle pour une prestigieuse commande.
Service qui jouit encore d’un certain mystère, qui génère des légendes, le service « bleu céleste » ou « service de l’Impératrice de Russie » dit encore « service aux camées », produit par la manufacture de Sèvres vers 1777-1779, sur la demande de Catherine II de Russie, est certainement considéré comme l’un des plus prestigieux et certainement l’un des plus chers, voire le plus cher, jamais produit au XVIIIème siècle par la manufacture royale française. Pour un montant de 245.168 livres, il comprenait : un service pour entrée, pour dessert, à thé, à café, et un important surtout en biscuit constitué de groupes, statuettes, vases et piédestaux. Créé dans un style novateur, le néoclassicisme, ce service présente également un décor qui illustre la passion de l’Impératrice pour les pierres dures qu’elle collectionnait ardemment.
-Historique-
Près de quatre années seront nécessaires à sa réalisation, entre la transmission de la commande à la manufacture en 1776 par Bariatinsky (Ministre Plénipotentiaire de Russie en France), au nom de l’Impératrice et par lettre du 16 juillet 1776 du Prince Potemkine, jusqu’à sa livraison. A la lumière de récentes recherches dans les archives de Saint-Pétersbourg, on peut dorénavant confirmer que ce service n’a pas été livré à l’Impératrice, mais au Prince Potemkine, grâce à une lettre de Catherine II au baron Friedrich Melchior von Grimm en mars 1778 : « Le service de Sèvres que j’ai commandé est pour le premier rongeur de doigts de l’univers, pour mon cher et bien-aimé prince Potemkine, et pour qu’il soit le plus beau, j’ai dit qu’il est pour moi ». Le service arrive à Saint-Pétersbourg en octobre 1779 par voie maritime après un long trajet de cinq mois à partir de Rouen; il est déposé probablement dans son palais Anitchkov. Ce palais venait d'être restructuré (1778-79) par l'architecte Ivan Starov dans le nouveau style néoclassique. Il en repartira le 26 juillet 1782, pour une raison inconnue, pour rejoindre les collections de l’Impératrice dans le Palais d’Hiver.
La manufacture va réunir tous ses talents : 37 peintres (sur 69), 5 doreurs (sur 13), quasiment tous les modeleurs, ainsi que les responsables des fours. Cette commande s’avèrera être l’illustration d’une révolution non seulement stylistique, mais également technique.
Certains points furent déterminants dans sa création : l’utilisation du bleu céleste, du monogramme personnel de la Grande Catherine (Ekaterina), de représentations de camées, et de formes « sans aucun chantournement, sur des modèles antiques ». Une importante correspondance qui retrace l’évolution du projet (structure des pièces, illustrations, qualité du décor, prix, etc…) est conservée à Sèvres, à la Bibliothèque Nationale de Paris et aux Archives de Saint-Pétersbourg.
L’année 1777 sera consacrée au projet, tant pour la création de nouvelles formes que pour l’élaboration des décors ; 1778 sera majoritairement dévolue à la peinture, et finalement 1779 à la dorure, à la cuisson et au brunissage (la dernière cuisson étant mentionnée en mai 1779).
Le nombre final des pièces produites pour ce service reste néanmoins incertain. En effet s’il existe dans les Registres du magasin des Ventes de la Manufacture de Sèvres une liste exhaustive (qui répertorie 778 pièces pour les services et 77 pour le surtout), elle ne correspondrait pas totalement à la liste des pièces réceptionnées à Saint-Pétersbourg. Néanmoins, les huit exemplaires de « sucriers de table et plateaux » mentionnés au départ ont bien été livrés; sept modèles sont actuellement conservés dans les collections du Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg; celui présenté aujourd'hui étant très probablement le huitième et serait donc le seul exemplaire en mains privées de cette forme. Ce dernier provenant très certainement des ventes des Soviets dans les années 1920-30.
Par la suite, il est difficile de retracer avec exactitude l’histoire chaotique de ce service qui subit les affres de l’Histoire et de la vie quotidienne : l’incendie du Palais d’Hiver le 17 décembre 1837 occasionne de nombreuses disparitions (environ 160 pièces), les ventes en Angleterre au cours du XIXème siècle, le rachat de certaines pièces par Alexandre II en 1857 (environ 120 pièces), la Révolution de 1917, les ventes des Soviets entre 1928 et 1935, et sans oublier les pièces qui ont pu être cassées étant donné l’usage qui en était fait. Malgré ces vicissitudes, environ 700 pièces sont encore présentes dans les collections au début du XXème siècle. Elles seront exceptionnellement sorties des réserves du Palais d’Hiver pour être présentées pour la première fois au public en 1904, à l’occasion d’une exposition rétrospective d’objets d’Art organisée à Saint-Pétersbourg par A. Prachov (1846-1916), pour venir en aide aux soldats rentrant du conflit contre le Japon.
-Le style-
L’importante publication de Johann Joachim Winckelmann de 1764, « Histoire de l’Art et de l’Antiquité », très rapidement traduite dans plusieurs langues, est essentielle pour comprendre le grand intérêt et le développement de style néoclassique en Europe. Il prône notamment le retour à l’art Grec qui va être une importante source pour ce service.
C’est ainsi que la Manufacture de Sèvres, qui se veut toujours au « goût du jour », introduit avec son directeur Louis-Simon Boizot (de 1773 à 1800) ce nouveau style, après avoir produit des pièces dans l’esprit Rocaille pendant plus de vingt années sur les dessins de Jean-Claude Duplessis (1699-1774).
Non seulement les formes de ce service, mais également son décor seront novateurs et présenteront une structure géométrique et concentrique, qui deviendra la règle des décors à Sèvres à partir de 1780 ; en revanche, seule la forme de l’assiette « unie » perdurera dans les productions de la Manufacture.
-Les enjeux techniques et leurs répercussions financières-
Les attentes stylistiques de l’Impératrice ont impliqué de résoudre d’importants problèmes techniques.
La porcelaine dure avait fait son apparition et était déjà commercialisée à cette date, et les imitations de camées en relief étaient prévues dans ce nouveau matériau. Les camées étaient alors polis sur des tours de lapidaires afin de donner le plus possible l’impression de pierres dures; chacun de ces camées valait 96 livres. Mais le bleu céleste ne pouvait à l’époque qu’être posé sur de la porcelaine tendre; d’où une incompatibilité technique entre les deux matériaux. Afin de contourner ce problème, les ouvriers décidèrent d’incruster ces médaillons en porcelaine dure et de les cercler de cuivre doré pour les faire tenir gracieusement sur les formes produites en porcelaine tendre. Uniquement certaines des pièces du service bénéficièrent de cette technique élaborée : les sucriers de table, les seaux à bouteille, les seaux à liqueur ovales, les seaux crénelés et les couvercles des seaux à glace.
En outre, la technique du procédé d’impression par transfert est employée à Sèvres pour la première fois pour les camées peints (petits ou grands). Une planche correspondant à un projet de décor pour le service de Catherine II, avec douze têtes « classiques » pour ce type d’impression en encre rouge sur papier, est conservée à Sèvres-Cité de la Céramique ; elle porte l’inscription « tetes imprimées avec de la couleur à Porcelaine tendre en 1777 ou 1778 à Sèvres ». Cette technique avait été créée par Pierre Nicolas Berthevin ; la plupart de ces décors ayant été peints par Jean Baptiste Etienne Genest.
Ces difficultés techniques associées à la création de nouvelles formes élaborées, expliquent des coûts exorbitants particulièrement pour les pièces avec des camées incrustés; ces derniers sont valorisés de cinq à dix fois plus qu’une pièce de forme avec un décor équivalant. Cela explique par exemple le prix unitaire d’une assiette de 242 livres (lorsqu’une assiette du service « figures chinoises » de Madame du Barry coûte deux tiers de moins), et surtout le prix unitaire pour un « sucrier de table et plateau » de 1410 livres, troisième prix le plus élevé pour une pièce de ce service, après le seau ovale à liqueur (2236 livres) et le seau à glace (2058 livres).
Les paiements seront effectués en onze tranches entre août 1778 et le 10 avril 1779.
-La pérennité-
Ce service a connu un tel engouement dès sa création que la manufacture de Sèvres a produit des duplicatas, et cela dès 1779 ; notons notamment à cette date, une théière « pareille au service de Russie » pour Madame du Barry. Un autre exemple, une assiette datée 1782 (mais de forme contournée) a été vendue chez Christie’s à Paris, les 5-6 décembre 2001, collection Charles-Otto Zieseniss, lot 265.
D’autres manufactures vont également produire des duplicatas.
Dans les années 1840 et 1850, la Manufacture Impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg réalise de nombreuses pièces (assiettes et tasses), peut-être pour compléter le service à la suite des nombreuses disparitions lors de l’incendie du Palais d’Hiver en 1837; une série de douze assiettes a été vendue chez Christie’s à New York, The Collection of Richard Mellon Scaiffe, les 30 juin et 1er juillet 2015, lot 296.
Au cours des XIXème et XXème siècles Copeland et Minton vont également produire des exemplaires ; un seau à bouteille du début du XXème siècle (daté 1906) produit par Minton a été vendu chez Christie’s, à New York, le 23 mai 2002, lot 127.
Nombreuses sont les expositions ou les publications consacrées (totalement ou en partie) à ce service mythique.
Sans revenir sur l’exposition de 1904 organisée par Prachov, une autre exposition qui a certainement marqué durablement les esprits a été celle organisée à Paris en 1993-94, Versailles et les Tables Royales en Europe. Plus récemment en 2014, le Musée de l’Ermitage a présenté une importante sélection de pièces du service impérial dans le cadre d’une exposition organisée à l’Hermitage-Amsterdam, « Dining with the Kings. The fragile beauty of the Hermitage ».
Au nombre des publications qui donnent de nombreuses et précieuses informations, notons celle de David Peters, Sevres plates and services of the 18th century, Little Berkhamsted, 2015, Vol.3, pp. 617-622 ; mais aussi celle de Rosalind Savill, The Wallace Collection – Catalogue of Sèvres Porcelain, London, 1988, Vol.II, pp. 762-782; l'article de Tamara Préaud, dans le "Chicago Journal", Studies in the Decorative Arts - The Sèvres Porcelain Service of Catherine II of Russia: The Truth concerning Payment, Chicago, Spring 1995, Vol.2, N°2, pp. 48-54; ou encore celle de Nina Birioukova et Natalia Kazakevitch, La Porcelaine de Sèvres du XVIIIe siècle, 2015, Saint-Pétersbourg, pp. 130-152, qui présente une sélection de pièces toujours conservées au musée de l’Ermitage. Cette dernière publication illustre notamment pages 136-137 un autre modèle de « sucrier de table et plateau ».
Même si la plus grande partie du service se trouve encore de nos jours dans les collections du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (744 pièces), quelques rares exemples, assiettes, tasses, tasses à glace, mais aucune pièce de forme importante se trouvent dans des collections en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, mis à part la paire de glacières conservée dans la Wallace Collection de Londres.
Nour remercions Monsieur Jan Vilensky, Conservateur des Céramiques au Musée de l'Ermitage, pour les nombreuses informations qu'il a pu nous communiquer en l'état actuel des recherches sur ce service.
A STYLISTIC REVOLUTION AT SÈVRES FOR A PRESTIGIOUS 18TH CENTURY COMMISSION
At once legendary and enigmatic, the service commissioned by Catherine II of Russia from Sèvres circa 1777-1779 – known as 'bleu céleste’ (heavenly blue), 'for the Empress of Russia', or the 'Cameo' service – is considered to be one of the most prestigious and certainly the most expensive ever produced in the eighteenth century by the French royal porcelain factory. At a total cost of 245,168 livres, it included: services for dinner, dessert, tea and coffee, as well as an important biscuit centerpiece comprising figures in large groups and single figures, vases, and pedestals. Created in the innovative neo-classic style, the decoration of the service also appealed to the Empress's passion for hard stones and for the Antique cameos she assiduously collected.
-History of the commission-
Nearly four years were needed to complete the order, from its transmission to the factory in 1776 – by Bariatinsky, Minister Plenipotentiary of Russia in France, in the name of the Empress, and a letter dated 16 July 1776 from Prince Potemkin – until its delivery. In light of recent research in the archives of St. Petersburg, it can now be confirmed that this service was never intended for the Empress, but rather as a gift from her to Prince Potemkin. In a letter to Baron Friedrich Melchior von Grimm dated March 1778, Catherine II writes: `Le service de Sèvres que j’ai commandé est pour le premier rongeur de doigts de l’univers, pour mon cher et bien-aimé prince Potemkine, et pour qu’il soit le plus beau, j’ai dit qu’il est pour moi’ (The Sèvres service that I ordered is for the most nervous and impatient man in the universe, for my dear and beloved Prince Potemkin, and, in order that it be as beautiful as possible, I said that it was for me). Arriving on the docks of St. Petersburg in October 1779 after a five-month journey by sea that started in Rouen, the crates were sent to Potemkin’s main residence in that city, probably Arnitchkov palace which was just restructured by architect Ivan Ivan Starov (1778-79) in the new neoclassical style. Eventually it was removed out to join the Imperial collections at the Winter Palace on 26 July 1782.
To complete the commission, Sèvres called upon many of its greatest resources: 37 of its 69 painters, 5 of its 13 gilders and nearly all of its modelers and kiln managers. The completion of the project brought about not only a stylistic revolution but also many technical innovations, further expanding the production capabilities of the royal porcelain manufactory.
Certain elements of the commission were definitive: the use of bleu céleste as a ground colour, the use of the personal monogram of Catherine the Great (Ekaterina II), the representations of cameos, and forms which strictly adhered to the antique. A detailed correspondence tracing the evolution of the project – discussing the structure of the pieces, the illustrations, quality of the decoration, cost, etc. – is retained at Sèvres, at the Bibliothèque Nationale de Paris, and at the Archives of St. Petersburg. The year 1777 was dedicated to the project and to the creation of new forms and elaborate decorative schemes. The following year, 1778, was largely devoted to painting and 1779 to the gilding, the firing and the burnishing of the pieces. The final firing for the commission is documented in 1779, while the service overall was paid for in 11 installments between August 1778 and 10 April 1779.
Despite these detailed records, the exact number of pieces produced for the service remains unclear. Though the documents from the manufactory, the Registres du magasin des Ventes, include an exhaustive list of 778 pieces for the services and 77 for the centrepiece, this does not correspond to the total number of objects noted as received in St. Petersburg. Nevertheless, the eight « sucriers de table et plateaux » (sugar-bowls and stands) mentioned in the shipment were definitely delivered, and seven of these are today in the Hermitage at St. Petersburg. The present piece is almost certainly the eighth bowl and, as such, the only example in private hands of this form.
Over the subsequent centuries, it is difficult to trace with exactitude the chaotic history of this service which suffered the pangs of world events and of daily life. The fire at the Winter Palace on 17 December 1837 resulted in the disappearance of about 160 pieces. In addition, sales in England throughout the nineteenth century, the repurchasing of about 120 pieces by Alexander II in 1857, the Revolution of 1917, and the sales by the Soviet government between 1928 and 1935, to say nothing of the damages and losses no doubt brought about by its frequent use, further complicate the history of this service. Despite these vicissitudes, about more than 700 pieces could still be accounted for in the Hermitage at the beginning of the twentieth century, when they were exceptionally removed from storage and put on display at the Winter Palace in 1904, seen for the first time by the public at the retrospective art exhibition organised by A. Prachov (1846-1916) in St. Petersburg for the benefit of soldiers returning from the war against Japan.
-The Style-
Johann Joachim Winckelmann's History of Art and Antiquity, published in 1764 and quickly translated into several languages, is essential to understanding the great interest and development of the neoclassical style in Europe. Winckelmann advocated, in particular, a return to the principles of Greek art, which would prove an important source of inspiration for this service. Therefore, in its continuous effort to be the arbiter of the `goût du jour’ (taste of the day), the Sèvres Manufactory introduced with its director Louis-Simon Boizot (in place from 1773-1800) this new style, having produced pieces in the Rocaille style for the previous twenty years, for the most part based on designs by Jean-Claude Duplessis (1699-1774). Accordingly, for this service, both the forms and decoration were innovative, presenting a geometric and concentric structure which would become the standard at Sèvres in the 1780s. Indeed, only the form of the assiette `unie’ was drawn from the standard productions of the manufacture.
-The Technical stakes and their financial impact-
The stylistic expectations of the Empress motivated the manufacture to solve important technical problems. Hard paste porcelain had appeared and was in commercial use by Sèvres by the time of the commission, and imitation cameos in relief had been planned in this new material. The cameos were polished by stonecutters in order to maximize their resemblance to hard stones, with each produced at a cost of 96 livres. The problem, however, arose from the fact that, at the time, the bleu céleste ground could only be applied to soft paste porcelain. Therefore, to circumvent this difficulty, the workers came up with an ingenious solution: inset hard paste medallions secured elegantly beneath an applied gilt-copper band into the surface of pieces made of soft paste. Only certain pieces of the service, however, would benefit from this sophisticated technique: the sucriers de table (sugar bowls of the present form), the seaux à bouteille (bottle coolers), the seaux à liqueur ovales (oval coolers for liqueur bottles), the seaux crénelés (waved-edge coolers) and the couvercles des seaux à glace (the covers of ice-pails).
In addition, the technique of transfer printing was used for the first time at Sèvres to give an outline for painted cameos in both large and small sizes. A sketch in red ink corresponding to a preparatory decoration for the Catherine II service with twelve `classic’ heads of this type of printing is in the collection of Sèvres-Cité de la Céramique, and bears the inscription `heads printed in colour on soft paste porcelain in 1777 or 1778 at Sèvres.’ This printing technique was invented by Pierre Nicolas Berthevin and most of these outlined images were then painted by Jean Baptiste Etienne Genest.
The technical complexities associated with the creation of new elaborate forms help explain the exorbitant costs associated with the pieces incrusted with cameos, which were priced from five to ten times higher than pieces with simimilar decoration. For example, the unit price of a plate was 242 livres, two thirds more than a plate from the service decorated with `Chinese figures’ made for Madame du Barry in 1774. Furthermore, the unit price for a sucrier de table et plateau (sugar-bowl and stand) was invoiced at 1410 livres, the third highest price for a piece in this service, exceeded only by that of the seau ovale à liqueur (oval coolers for liqueur bottles) at 2236 livres and the seau à glace (bottle coolers) at 2058 livres. Payments for the service were made in 11 installments between August 1778 and 10 April 1779.
-The Longevity of the design-
From the moment of its completion, the 'Cameo Service' enjoyed such popularity that the Sèvres factory rushed to satisfy demand by creating duplicates from 1779, notably including a teapot `similar to the Russian service’ which was ordered that year for Madame du Barry. Another such example is a plate dated 1782, identical in decoration but with a contoured border – the shape not found in the original service – sold from the Charles-Otto Zieseniss collection, Christie's, Paris, 5-6 December 2001, lot 265.
Other manufacturers also produced replicas. In the 1840s and 1850s, the St. Petersburg Imperial Porcelain Manufactory produced numerous supplements for everyday use, mainly plates and cups, and perhaps to complete the service following the numerous losses during the fire at the Winter Palace in 1837. A series of twelve plates from this group was recently sold from the collection of Richard Mellon Scaiffe at Christie's, New York, 30 June and 1 July 2015, lot 296. In England during the nineteenth and twentieth centuries, Minton and Copeland also produced copies including a Minton bottle cooler dated 1906, sold Christie's, New York, May 23, 2002, lot 127.
Many exhibitions and publications have been devoted wholly or in part to this mythical service.
In addition to the aforementioned 1904 exhibition in St. Petersburg organised by Prachov, another exhibition that certainly left a lasting impression was that held in Paris in 1993-94: Versailles et les tables Royales en Europe. More recently, in 2014, the Hermitage Museum presented a significant selection of works from the imperial service as part of an exhibition organised at the Hermitage-Amsterdam `Dining with the Kings. The fragile beauty of the Hermitage.’
Among the publications that provide much valuable information on the service are the following: David Peters, Sèvres plates and services of the 18th century, Little Berkhamsted, 2015, Vol.3, pp.617-622; Rosalind Savill, The Wallace Collection - Catalogue of Sèvres Porcelain, London, 1988, Vol. II, pp. 762-782 and; the article by Tamara Préaud, in the "Chicago Journal", Studies in the Decorative Arts - The Sèvres Porcelain Service of Catherine II of Russia: The Truth concerning Payment, Chicago, Spring 1995, Vol.2, N°2, pp. 48-54; Natalia and Nina Birioukova Kazakevitch, The Sèvres Porcelain eighteenth century, 2015, St. Petersburg, pp. 130-152, which presents a selection of pieces in the collections of the Hermitage Museum. The latter publication illustrates on pages 136-137 another model of the sucrier de table et plateau (sugar-bowl and stand).
Though the majority of the service is today still held at the Hermitage Museum in St. Petersburg (744 pieces), some rare examples are to be found outside of Russia in French, English and American collections: primarily plates, soup plates, cups, saucers and ice cups, with very few substantial pieces of such as the present sugar-bowl; except for the pair of ice pails kept at the Wallace Collection, London.
We wish to thank Mr. Jan Vilensky, Curator of Ceramics at the Hermitage Museum, for the extensive information he kindly provided regarding the most updated research on this service.
Service qui jouit encore d’un certain mystère, qui génère des légendes, le service « bleu céleste » ou « service de l’Impératrice de Russie » dit encore « service aux camées », produit par la manufacture de Sèvres vers 1777-1779, sur la demande de Catherine II de Russie, est certainement considéré comme l’un des plus prestigieux et certainement l’un des plus chers, voire le plus cher, jamais produit au XVIIIème siècle par la manufacture royale française. Pour un montant de 245.168 livres, il comprenait : un service pour entrée, pour dessert, à thé, à café, et un important surtout en biscuit constitué de groupes, statuettes, vases et piédestaux. Créé dans un style novateur, le néoclassicisme, ce service présente également un décor qui illustre la passion de l’Impératrice pour les pierres dures qu’elle collectionnait ardemment.
-Historique-
Près de quatre années seront nécessaires à sa réalisation, entre la transmission de la commande à la manufacture en 1776 par Bariatinsky (Ministre Plénipotentiaire de Russie en France), au nom de l’Impératrice et par lettre du 16 juillet 1776 du Prince Potemkine, jusqu’à sa livraison. A la lumière de récentes recherches dans les archives de Saint-Pétersbourg, on peut dorénavant confirmer que ce service n’a pas été livré à l’Impératrice, mais au Prince Potemkine, grâce à une lettre de Catherine II au baron Friedrich Melchior von Grimm en mars 1778 : « Le service de Sèvres que j’ai commandé est pour le premier rongeur de doigts de l’univers, pour mon cher et bien-aimé prince Potemkine, et pour qu’il soit le plus beau, j’ai dit qu’il est pour moi ». Le service arrive à Saint-Pétersbourg en octobre 1779 par voie maritime après un long trajet de cinq mois à partir de Rouen; il est déposé probablement dans son palais Anitchkov. Ce palais venait d'être restructuré (1778-79) par l'architecte Ivan Starov dans le nouveau style néoclassique. Il en repartira le 26 juillet 1782, pour une raison inconnue, pour rejoindre les collections de l’Impératrice dans le Palais d’Hiver.
La manufacture va réunir tous ses talents : 37 peintres (sur 69), 5 doreurs (sur 13), quasiment tous les modeleurs, ainsi que les responsables des fours. Cette commande s’avèrera être l’illustration d’une révolution non seulement stylistique, mais également technique.
Certains points furent déterminants dans sa création : l’utilisation du bleu céleste, du monogramme personnel de la Grande Catherine (Ekaterina), de représentations de camées, et de formes « sans aucun chantournement, sur des modèles antiques ». Une importante correspondance qui retrace l’évolution du projet (structure des pièces, illustrations, qualité du décor, prix, etc…) est conservée à Sèvres, à la Bibliothèque Nationale de Paris et aux Archives de Saint-Pétersbourg.
L’année 1777 sera consacrée au projet, tant pour la création de nouvelles formes que pour l’élaboration des décors ; 1778 sera majoritairement dévolue à la peinture, et finalement 1779 à la dorure, à la cuisson et au brunissage (la dernière cuisson étant mentionnée en mai 1779).
Le nombre final des pièces produites pour ce service reste néanmoins incertain. En effet s’il existe dans les Registres du magasin des Ventes de la Manufacture de Sèvres une liste exhaustive (qui répertorie 778 pièces pour les services et 77 pour le surtout), elle ne correspondrait pas totalement à la liste des pièces réceptionnées à Saint-Pétersbourg. Néanmoins, les huit exemplaires de « sucriers de table et plateaux » mentionnés au départ ont bien été livrés; sept modèles sont actuellement conservés dans les collections du Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg; celui présenté aujourd'hui étant très probablement le huitième et serait donc le seul exemplaire en mains privées de cette forme. Ce dernier provenant très certainement des ventes des Soviets dans les années 1920-30.
Par la suite, il est difficile de retracer avec exactitude l’histoire chaotique de ce service qui subit les affres de l’Histoire et de la vie quotidienne : l’incendie du Palais d’Hiver le 17 décembre 1837 occasionne de nombreuses disparitions (environ 160 pièces), les ventes en Angleterre au cours du XIXème siècle, le rachat de certaines pièces par Alexandre II en 1857 (environ 120 pièces), la Révolution de 1917, les ventes des Soviets entre 1928 et 1935, et sans oublier les pièces qui ont pu être cassées étant donné l’usage qui en était fait. Malgré ces vicissitudes, environ 700 pièces sont encore présentes dans les collections au début du XXème siècle. Elles seront exceptionnellement sorties des réserves du Palais d’Hiver pour être présentées pour la première fois au public en 1904, à l’occasion d’une exposition rétrospective d’objets d’Art organisée à Saint-Pétersbourg par A. Prachov (1846-1916), pour venir en aide aux soldats rentrant du conflit contre le Japon.
-Le style-
L’importante publication de Johann Joachim Winckelmann de 1764, « Histoire de l’Art et de l’Antiquité », très rapidement traduite dans plusieurs langues, est essentielle pour comprendre le grand intérêt et le développement de style néoclassique en Europe. Il prône notamment le retour à l’art Grec qui va être une importante source pour ce service.
C’est ainsi que la Manufacture de Sèvres, qui se veut toujours au « goût du jour », introduit avec son directeur Louis-Simon Boizot (de 1773 à 1800) ce nouveau style, après avoir produit des pièces dans l’esprit Rocaille pendant plus de vingt années sur les dessins de Jean-Claude Duplessis (1699-1774).
Non seulement les formes de ce service, mais également son décor seront novateurs et présenteront une structure géométrique et concentrique, qui deviendra la règle des décors à Sèvres à partir de 1780 ; en revanche, seule la forme de l’assiette « unie » perdurera dans les productions de la Manufacture.
-Les enjeux techniques et leurs répercussions financières-
Les attentes stylistiques de l’Impératrice ont impliqué de résoudre d’importants problèmes techniques.
La porcelaine dure avait fait son apparition et était déjà commercialisée à cette date, et les imitations de camées en relief étaient prévues dans ce nouveau matériau. Les camées étaient alors polis sur des tours de lapidaires afin de donner le plus possible l’impression de pierres dures; chacun de ces camées valait 96 livres. Mais le bleu céleste ne pouvait à l’époque qu’être posé sur de la porcelaine tendre; d’où une incompatibilité technique entre les deux matériaux. Afin de contourner ce problème, les ouvriers décidèrent d’incruster ces médaillons en porcelaine dure et de les cercler de cuivre doré pour les faire tenir gracieusement sur les formes produites en porcelaine tendre. Uniquement certaines des pièces du service bénéficièrent de cette technique élaborée : les sucriers de table, les seaux à bouteille, les seaux à liqueur ovales, les seaux crénelés et les couvercles des seaux à glace.
En outre, la technique du procédé d’impression par transfert est employée à Sèvres pour la première fois pour les camées peints (petits ou grands). Une planche correspondant à un projet de décor pour le service de Catherine II, avec douze têtes « classiques » pour ce type d’impression en encre rouge sur papier, est conservée à Sèvres-Cité de la Céramique ; elle porte l’inscription « tetes imprimées avec de la couleur à Porcelaine tendre en 1777 ou 1778 à Sèvres ». Cette technique avait été créée par Pierre Nicolas Berthevin ; la plupart de ces décors ayant été peints par Jean Baptiste Etienne Genest.
Ces difficultés techniques associées à la création de nouvelles formes élaborées, expliquent des coûts exorbitants particulièrement pour les pièces avec des camées incrustés; ces derniers sont valorisés de cinq à dix fois plus qu’une pièce de forme avec un décor équivalant. Cela explique par exemple le prix unitaire d’une assiette de 242 livres (lorsqu’une assiette du service « figures chinoises » de Madame du Barry coûte deux tiers de moins), et surtout le prix unitaire pour un « sucrier de table et plateau » de 1410 livres, troisième prix le plus élevé pour une pièce de ce service, après le seau ovale à liqueur (2236 livres) et le seau à glace (2058 livres).
Les paiements seront effectués en onze tranches entre août 1778 et le 10 avril 1779.
-La pérennité-
Ce service a connu un tel engouement dès sa création que la manufacture de Sèvres a produit des duplicatas, et cela dès 1779 ; notons notamment à cette date, une théière « pareille au service de Russie » pour Madame du Barry. Un autre exemple, une assiette datée 1782 (mais de forme contournée) a été vendue chez Christie’s à Paris, les 5-6 décembre 2001, collection Charles-Otto Zieseniss, lot 265.
D’autres manufactures vont également produire des duplicatas.
Dans les années 1840 et 1850, la Manufacture Impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg réalise de nombreuses pièces (assiettes et tasses), peut-être pour compléter le service à la suite des nombreuses disparitions lors de l’incendie du Palais d’Hiver en 1837; une série de douze assiettes a été vendue chez Christie’s à New York, The Collection of Richard Mellon Scaiffe, les 30 juin et 1er juillet 2015, lot 296.
Au cours des XIXème et XXème siècles Copeland et Minton vont également produire des exemplaires ; un seau à bouteille du début du XXème siècle (daté 1906) produit par Minton a été vendu chez Christie’s, à New York, le 23 mai 2002, lot 127.
Nombreuses sont les expositions ou les publications consacrées (totalement ou en partie) à ce service mythique.
Sans revenir sur l’exposition de 1904 organisée par Prachov, une autre exposition qui a certainement marqué durablement les esprits a été celle organisée à Paris en 1993-94, Versailles et les Tables Royales en Europe. Plus récemment en 2014, le Musée de l’Ermitage a présenté une importante sélection de pièces du service impérial dans le cadre d’une exposition organisée à l’Hermitage-Amsterdam, « Dining with the Kings. The fragile beauty of the Hermitage ».
Au nombre des publications qui donnent de nombreuses et précieuses informations, notons celle de David Peters, Sevres plates and services of the 18th century, Little Berkhamsted, 2015, Vol.3, pp. 617-622 ; mais aussi celle de Rosalind Savill, The Wallace Collection – Catalogue of Sèvres Porcelain, London, 1988, Vol.II, pp. 762-782; l'article de Tamara Préaud, dans le "Chicago Journal", Studies in the Decorative Arts - The Sèvres Porcelain Service of Catherine II of Russia: The Truth concerning Payment, Chicago, Spring 1995, Vol.2, N°2, pp. 48-54; ou encore celle de Nina Birioukova et Natalia Kazakevitch, La Porcelaine de Sèvres du XVIIIe siècle, 2015, Saint-Pétersbourg, pp. 130-152, qui présente une sélection de pièces toujours conservées au musée de l’Ermitage. Cette dernière publication illustre notamment pages 136-137 un autre modèle de « sucrier de table et plateau ».
Même si la plus grande partie du service se trouve encore de nos jours dans les collections du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (744 pièces), quelques rares exemples, assiettes, tasses, tasses à glace, mais aucune pièce de forme importante se trouvent dans des collections en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, mis à part la paire de glacières conservée dans la Wallace Collection de Londres.
Nour remercions Monsieur Jan Vilensky, Conservateur des Céramiques au Musée de l'Ermitage, pour les nombreuses informations qu'il a pu nous communiquer en l'état actuel des recherches sur ce service.
A STYLISTIC REVOLUTION AT SÈVRES FOR A PRESTIGIOUS 18TH CENTURY COMMISSION
At once legendary and enigmatic, the service commissioned by Catherine II of Russia from Sèvres circa 1777-1779 – known as 'bleu céleste’ (heavenly blue), 'for the Empress of Russia', or the 'Cameo' service – is considered to be one of the most prestigious and certainly the most expensive ever produced in the eighteenth century by the French royal porcelain factory. At a total cost of 245,168 livres, it included: services for dinner, dessert, tea and coffee, as well as an important biscuit centerpiece comprising figures in large groups and single figures, vases, and pedestals. Created in the innovative neo-classic style, the decoration of the service also appealed to the Empress's passion for hard stones and for the Antique cameos she assiduously collected.
-History of the commission-
Nearly four years were needed to complete the order, from its transmission to the factory in 1776 – by Bariatinsky, Minister Plenipotentiary of Russia in France, in the name of the Empress, and a letter dated 16 July 1776 from Prince Potemkin – until its delivery. In light of recent research in the archives of St. Petersburg, it can now be confirmed that this service was never intended for the Empress, but rather as a gift from her to Prince Potemkin. In a letter to Baron Friedrich Melchior von Grimm dated March 1778, Catherine II writes: `Le service de Sèvres que j’ai commandé est pour le premier rongeur de doigts de l’univers, pour mon cher et bien-aimé prince Potemkine, et pour qu’il soit le plus beau, j’ai dit qu’il est pour moi’ (The Sèvres service that I ordered is for the most nervous and impatient man in the universe, for my dear and beloved Prince Potemkin, and, in order that it be as beautiful as possible, I said that it was for me). Arriving on the docks of St. Petersburg in October 1779 after a five-month journey by sea that started in Rouen, the crates were sent to Potemkin’s main residence in that city, probably Arnitchkov palace which was just restructured by architect Ivan Ivan Starov (1778-79) in the new neoclassical style. Eventually it was removed out to join the Imperial collections at the Winter Palace on 26 July 1782.
To complete the commission, Sèvres called upon many of its greatest resources: 37 of its 69 painters, 5 of its 13 gilders and nearly all of its modelers and kiln managers. The completion of the project brought about not only a stylistic revolution but also many technical innovations, further expanding the production capabilities of the royal porcelain manufactory.
Certain elements of the commission were definitive: the use of bleu céleste as a ground colour, the use of the personal monogram of Catherine the Great (Ekaterina II), the representations of cameos, and forms which strictly adhered to the antique. A detailed correspondence tracing the evolution of the project – discussing the structure of the pieces, the illustrations, quality of the decoration, cost, etc. – is retained at Sèvres, at the Bibliothèque Nationale de Paris, and at the Archives of St. Petersburg. The year 1777 was dedicated to the project and to the creation of new forms and elaborate decorative schemes. The following year, 1778, was largely devoted to painting and 1779 to the gilding, the firing and the burnishing of the pieces. The final firing for the commission is documented in 1779, while the service overall was paid for in 11 installments between August 1778 and 10 April 1779.
Despite these detailed records, the exact number of pieces produced for the service remains unclear. Though the documents from the manufactory, the Registres du magasin des Ventes, include an exhaustive list of 778 pieces for the services and 77 for the centrepiece, this does not correspond to the total number of objects noted as received in St. Petersburg. Nevertheless, the eight « sucriers de table et plateaux » (sugar-bowls and stands) mentioned in the shipment were definitely delivered, and seven of these are today in the Hermitage at St. Petersburg. The present piece is almost certainly the eighth bowl and, as such, the only example in private hands of this form.
Over the subsequent centuries, it is difficult to trace with exactitude the chaotic history of this service which suffered the pangs of world events and of daily life. The fire at the Winter Palace on 17 December 1837 resulted in the disappearance of about 160 pieces. In addition, sales in England throughout the nineteenth century, the repurchasing of about 120 pieces by Alexander II in 1857, the Revolution of 1917, and the sales by the Soviet government between 1928 and 1935, to say nothing of the damages and losses no doubt brought about by its frequent use, further complicate the history of this service. Despite these vicissitudes, about more than 700 pieces could still be accounted for in the Hermitage at the beginning of the twentieth century, when they were exceptionally removed from storage and put on display at the Winter Palace in 1904, seen for the first time by the public at the retrospective art exhibition organised by A. Prachov (1846-1916) in St. Petersburg for the benefit of soldiers returning from the war against Japan.
-The Style-
Johann Joachim Winckelmann's History of Art and Antiquity, published in 1764 and quickly translated into several languages, is essential to understanding the great interest and development of the neoclassical style in Europe. Winckelmann advocated, in particular, a return to the principles of Greek art, which would prove an important source of inspiration for this service. Therefore, in its continuous effort to be the arbiter of the `goût du jour’ (taste of the day), the Sèvres Manufactory introduced with its director Louis-Simon Boizot (in place from 1773-1800) this new style, having produced pieces in the Rocaille style for the previous twenty years, for the most part based on designs by Jean-Claude Duplessis (1699-1774). Accordingly, for this service, both the forms and decoration were innovative, presenting a geometric and concentric structure which would become the standard at Sèvres in the 1780s. Indeed, only the form of the assiette `unie’ was drawn from the standard productions of the manufacture.
-The Technical stakes and their financial impact-
The stylistic expectations of the Empress motivated the manufacture to solve important technical problems. Hard paste porcelain had appeared and was in commercial use by Sèvres by the time of the commission, and imitation cameos in relief had been planned in this new material. The cameos were polished by stonecutters in order to maximize their resemblance to hard stones, with each produced at a cost of 96 livres. The problem, however, arose from the fact that, at the time, the bleu céleste ground could only be applied to soft paste porcelain. Therefore, to circumvent this difficulty, the workers came up with an ingenious solution: inset hard paste medallions secured elegantly beneath an applied gilt-copper band into the surface of pieces made of soft paste. Only certain pieces of the service, however, would benefit from this sophisticated technique: the sucriers de table (sugar bowls of the present form), the seaux à bouteille (bottle coolers), the seaux à liqueur ovales (oval coolers for liqueur bottles), the seaux crénelés (waved-edge coolers) and the couvercles des seaux à glace (the covers of ice-pails).
In addition, the technique of transfer printing was used for the first time at Sèvres to give an outline for painted cameos in both large and small sizes. A sketch in red ink corresponding to a preparatory decoration for the Catherine II service with twelve `classic’ heads of this type of printing is in the collection of Sèvres-Cité de la Céramique, and bears the inscription `heads printed in colour on soft paste porcelain in 1777 or 1778 at Sèvres.’ This printing technique was invented by Pierre Nicolas Berthevin and most of these outlined images were then painted by Jean Baptiste Etienne Genest.
The technical complexities associated with the creation of new elaborate forms help explain the exorbitant costs associated with the pieces incrusted with cameos, which were priced from five to ten times higher than pieces with simimilar decoration. For example, the unit price of a plate was 242 livres, two thirds more than a plate from the service decorated with `Chinese figures’ made for Madame du Barry in 1774. Furthermore, the unit price for a sucrier de table et plateau (sugar-bowl and stand) was invoiced at 1410 livres, the third highest price for a piece in this service, exceeded only by that of the seau ovale à liqueur (oval coolers for liqueur bottles) at 2236 livres and the seau à glace (bottle coolers) at 2058 livres. Payments for the service were made in 11 installments between August 1778 and 10 April 1779.
-The Longevity of the design-
From the moment of its completion, the 'Cameo Service' enjoyed such popularity that the Sèvres factory rushed to satisfy demand by creating duplicates from 1779, notably including a teapot `similar to the Russian service’ which was ordered that year for Madame du Barry. Another such example is a plate dated 1782, identical in decoration but with a contoured border – the shape not found in the original service – sold from the Charles-Otto Zieseniss collection, Christie's, Paris, 5-6 December 2001, lot 265.
Other manufacturers also produced replicas. In the 1840s and 1850s, the St. Petersburg Imperial Porcelain Manufactory produced numerous supplements for everyday use, mainly plates and cups, and perhaps to complete the service following the numerous losses during the fire at the Winter Palace in 1837. A series of twelve plates from this group was recently sold from the collection of Richard Mellon Scaiffe at Christie's, New York, 30 June and 1 July 2015, lot 296. In England during the nineteenth and twentieth centuries, Minton and Copeland also produced copies including a Minton bottle cooler dated 1906, sold Christie's, New York, May 23, 2002, lot 127.
Many exhibitions and publications have been devoted wholly or in part to this mythical service.
In addition to the aforementioned 1904 exhibition in St. Petersburg organised by Prachov, another exhibition that certainly left a lasting impression was that held in Paris in 1993-94: Versailles et les tables Royales en Europe. More recently, in 2014, the Hermitage Museum presented a significant selection of works from the imperial service as part of an exhibition organised at the Hermitage-Amsterdam `Dining with the Kings. The fragile beauty of the Hermitage.’
Among the publications that provide much valuable information on the service are the following: David Peters, Sèvres plates and services of the 18th century, Little Berkhamsted, 2015, Vol.3, pp.617-622; Rosalind Savill, The Wallace Collection - Catalogue of Sèvres Porcelain, London, 1988, Vol. II, pp. 762-782 and; the article by Tamara Préaud, in the "Chicago Journal", Studies in the Decorative Arts - The Sèvres Porcelain Service of Catherine II of Russia: The Truth concerning Payment, Chicago, Spring 1995, Vol.2, N°2, pp. 48-54; Natalia and Nina Birioukova Kazakevitch, The Sèvres Porcelain eighteenth century, 2015, St. Petersburg, pp. 130-152, which presents a selection of pieces in the collections of the Hermitage Museum. The latter publication illustrates on pages 136-137 another model of the sucrier de table et plateau (sugar-bowl and stand).
Though the majority of the service is today still held at the Hermitage Museum in St. Petersburg (744 pieces), some rare examples are to be found outside of Russia in French, English and American collections: primarily plates, soup plates, cups, saucers and ice cups, with very few substantial pieces of such as the present sugar-bowl; except for the pair of ice pails kept at the Wallace Collection, London.
We wish to thank Mr. Jan Vilensky, Curator of Ceramics at the Hermitage Museum, for the extensive information he kindly provided regarding the most updated research on this service.