Lot Essay
Joan Miró
Ô ludions ludions du cheval rouge
l’aurore du monde vous salue
et monte à l’échelle du ciel.
Passez végétations et croissez regards.
Bonjour aux adieux
la terre est propre
les trottoirs de soleil
les pas d’osier
les animaux machinalement volants
flammes maniables aux foyers qui se dérobent.
La sarabande de bouclée d’un âge sans hachures
le miroir de la rue
le miroir qui rit sous cape
le miroir qui dit ce qu’il voit
qui partage le visage de l’eau
la tache rêvant à la goutte d’eau qui la fit naître.
La lune tombe dans l’oubli d’une planète
C’est cette lumière qui s’aveugle
sur des ombres qui miroitent
ce sont ces alphabets liquides
ces pattes qui signent le portrait du silence.
Le ciel envoie les oiseaux comme des poignards.
Ludions ô ludions couleurs crues
des palais qui naviguent
des naufrages couverts de vignes chantantes
Jeux sérieux jeux éblouis.
Si l’or était la nuit une étoile dirait
je suis la fourrure du temps.
Elle passerait comme un fil
terre sans astre
terre sans mort
où la nuit ne descend jamais.
Horizon col indigo du cygne.
La femme nue au piano des fatalités
comme le vent dans l’herbe.
G. Hugnet, 'Joan Miró' in Pleins et déliés. Souvenirs et témoignages 1926-1972, 1972, p. 165.
Ô ludions ludions du cheval rouge
l’aurore du monde vous salue
et monte à l’échelle du ciel.
Passez végétations et croissez regards.
Bonjour aux adieux
la terre est propre
les trottoirs de soleil
les pas d’osier
les animaux machinalement volants
flammes maniables aux foyers qui se dérobent.
La sarabande de bouclée d’un âge sans hachures
le miroir de la rue
le miroir qui rit sous cape
le miroir qui dit ce qu’il voit
qui partage le visage de l’eau
la tache rêvant à la goutte d’eau qui la fit naître.
La lune tombe dans l’oubli d’une planète
C’est cette lumière qui s’aveugle
sur des ombres qui miroitent
ce sont ces alphabets liquides
ces pattes qui signent le portrait du silence.
Le ciel envoie les oiseaux comme des poignards.
Ludions ô ludions couleurs crues
des palais qui naviguent
des naufrages couverts de vignes chantantes
Jeux sérieux jeux éblouis.
Si l’or était la nuit une étoile dirait
je suis la fourrure du temps.
Elle passerait comme un fil
terre sans astre
terre sans mort
où la nuit ne descend jamais.
Horizon col indigo du cygne.
La femme nue au piano des fatalités
comme le vent dans l’herbe.
G. Hugnet, 'Joan Miró' in Pleins et déliés. Souvenirs et témoignages 1926-1972, 1972, p. 165.