Lot Essay
Alors qu’Etienne de Ganay et Jean Ratisbonne sont partis dans une embarcation explorer les lacs Chambri et le village de Palimbei, Charles van den Broek et son épouse Régine, accompagnés du chercheur d’or Freddie Eichorn, remontent la rivière Korosameri, un des affluents du fleuve Sepik, sur une petite embarcation à moteur jusqu’au lac Blackwater. Ils visitent le village de Kambaraman peuplé par les Kapriman à la limite d’une zone encore classée « Restricted Area » par l’administration coloniale australienne (Coiffier, 2014 : 132-133). C’est là qu’ils acquièrent par échange avec un homme nommé Wambowi ce bouclier contre une grande hache métallique. Selon les informations recueillies par les collecteurs, ce type de bouclier était en général remisé dans la maison commune des hommes, mais pouvaient indifféremment se trouver dans la maison familiale de son propriétaire.
Ce type de bouclier est typique de ceux fabriqués dans les villages Iatmul du moyen-Sepik, mais que l’on retrouve également avec des variantes stylistiques dans la région des lacs Blackwater et chez les Yimar (Haberland und Seyfarth, 1974 : 153). Il est souvent difficile de connaître l’origine exacte des boucliers qui étaient pris à l’ennemi et rapportés comme trophée de guerre. Selon la fiche de terrain, il fut fabriqué avec le bois d’un arbre wares (Pometia pinnata ?) en langue Kapriman, par un homme nommé Malimowe. L’harmonieuse forme incurvée dans le sens de la longueur est naturelle, elle provient de la taille dans un contrefort de l’arbre wares. Sur la surface arrière sont sculptées deux arrêtes entre lesquelles sont tendues deux poignées, l’une en rotin et l’autre en bois qui permettent la prise par la main en partie basse et le maintien de l’avant-bras en partie haute (Cf. à ce sujet le croquis 307, p. 303 dans Reche, 1913). Malimowe aurait réalisé les gravures à l’aide d’un couteau métallique. L’interprétation des motifs transmis par Wambowi à Régine van den Broek révèle que le bourrelet central, de haut en bas du bouclier, se termine par une petite figure représentant la tête du serpent budjioru. La partie centrale représente l’esprit du vent wépar avec sur chacun des côtés les vagues (temaberas) provoquées par celui-ci sur la surface du fleuve. La figure anthropomorphe sur la partie supérieure représente un esprit forestier particulier nommé Iabeseras. Le nom générique de toutes figures ou masques en langue Kapriman est torumkuam. Deux ligatures (moni) de fibres de sagoutier sont nouées au travers d’un trou (matcho) situé à l’emplacement du nez de cette figure. Il subsiste des restes de pigments colorés en de rares endroits car toute la surface extérieure du bouclier devait être recouverte à l’origine de pigments rouge, noir et blanc. Ce style de bouclier présente généralement trois ou quatre registres de haut en bas ; une grande figure anthropomorphe surmontée d’une coiffure en plumes schématisées, un petit visage encadré par des ocelles et un autre petit visage en partie basse ou une paire de motifs curvilignes (Reche, 1913 : planche LX, 5, Beran, 2005 : 94). Certains exemplaires présentent une paire de motifs curvilignes symétriques (manbrifa) entre les deux petits visages du bas (Reche, 1913 : planche LX, 3 et 4, Kelm, 1966 : 196, 197, 199, Peltier, 2015 : 310).
Ce bouclier est répertorié dans l’inventaire de terrain sous le numéro 1497, puis sous le numéro de dépôt au musée de l’Homme D. 39.3.810. Il fut ensuite vendu à l’hôtel Drouot en 1961 sous le n°172, planche IX (Catalogue, 1961), puis lors de la vente de la collection Vérité sous le n°172 (Catalogue, 2006 : p. 330)
Ce type de bouclier est typique de ceux fabriqués dans les villages Iatmul du moyen-Sepik, mais que l’on retrouve également avec des variantes stylistiques dans la région des lacs Blackwater et chez les Yimar (Haberland und Seyfarth, 1974 : 153). Il est souvent difficile de connaître l’origine exacte des boucliers qui étaient pris à l’ennemi et rapportés comme trophée de guerre. Selon la fiche de terrain, il fut fabriqué avec le bois d’un arbre wares (Pometia pinnata ?) en langue Kapriman, par un homme nommé Malimowe. L’harmonieuse forme incurvée dans le sens de la longueur est naturelle, elle provient de la taille dans un contrefort de l’arbre wares. Sur la surface arrière sont sculptées deux arrêtes entre lesquelles sont tendues deux poignées, l’une en rotin et l’autre en bois qui permettent la prise par la main en partie basse et le maintien de l’avant-bras en partie haute (Cf. à ce sujet le croquis 307, p. 303 dans Reche, 1913). Malimowe aurait réalisé les gravures à l’aide d’un couteau métallique. L’interprétation des motifs transmis par Wambowi à Régine van den Broek révèle que le bourrelet central, de haut en bas du bouclier, se termine par une petite figure représentant la tête du serpent budjioru. La partie centrale représente l’esprit du vent wépar avec sur chacun des côtés les vagues (temaberas) provoquées par celui-ci sur la surface du fleuve. La figure anthropomorphe sur la partie supérieure représente un esprit forestier particulier nommé Iabeseras. Le nom générique de toutes figures ou masques en langue Kapriman est torumkuam. Deux ligatures (moni) de fibres de sagoutier sont nouées au travers d’un trou (matcho) situé à l’emplacement du nez de cette figure. Il subsiste des restes de pigments colorés en de rares endroits car toute la surface extérieure du bouclier devait être recouverte à l’origine de pigments rouge, noir et blanc. Ce style de bouclier présente généralement trois ou quatre registres de haut en bas ; une grande figure anthropomorphe surmontée d’une coiffure en plumes schématisées, un petit visage encadré par des ocelles et un autre petit visage en partie basse ou une paire de motifs curvilignes (Reche, 1913 : planche LX, 5, Beran, 2005 : 94). Certains exemplaires présentent une paire de motifs curvilignes symétriques (manbrifa) entre les deux petits visages du bas (Reche, 1913 : planche LX, 3 et 4, Kelm, 1966 : 196, 197, 199, Peltier, 2015 : 310).
Ce bouclier est répertorié dans l’inventaire de terrain sous le numéro 1497, puis sous le numéro de dépôt au musée de l’Homme D. 39.3.810. Il fut ensuite vendu à l’hôtel Drouot en 1961 sous le n°172, planche IX (Catalogue, 1961), puis lors de la vente de la collection Vérité sous le n°172 (Catalogue, 2006 : p. 330)