Lot Essay
"Avec le Yombe de l’ancienne collection Pierre Vérité, nous avons acheté une « tranche d’histoire » avant de découvrir sa forme de beauté. J’aimais la position des jambes emmaillotées de bandelettes comme une momie ; la dissymétrie des deux reliquaires abdominaux émergeant de la masse de charges constitue une composition particulièrement réussie qu’on peut oser voir d’un point de vue pictural. Ils parlent par ailleurs à un autre niveau, car d’autres cultures placent elles aussi à cet endroit les centres vitaux de l’anatomie humaine, ce qui n’est sans doute pas un hasard. Nous avons trouvé le visage assez ingrat, jusqu’au jour où nous avons pris la décision de dérestaurer l’extrémité du nez ainsi que la lèvre supérieure qui avaient été maladroitement rebouchés à la cire ; c’est vraiment là qu’avec le restaurateur, nous avons pris conscience que la tête était une vraie sculpture, suffisamment forte et précise pour imposer littéralement des lignes de force incontournables. Le menton est séparé du bas des joues par une véritable rupture, soulignée par un méplat qui, poursuivant du dessous la ligne du nez et du front, donne au personnage un profil de rapace. Les yeux ronds, encaissés sous un front sculpté en visière, les oreilles et les scarifications, avec leurs restes de polychromie, sont très raffinés."
Liliane et Michel Durand-Dessert
Cette remarquable statue à fonction magique représente un homme debout, le bras droit dressé pour tenir une arme. Le corps est piqué de toutes parts de clous et d’éléments métalliques. L’abdomen est occupé par deux reliquaires superposés scellés à la résine et à la terre ; ils sont clos par des fragments de miroir dont le tain est oxydé. Les deux colliers enserrant le cou, tombant sur la poitrine, contiennent des matières magiques. Le corps est habillé d’un costume en grosse toile, partiellement d’origine européenne, le recouvrant totalement à l’exception du bras droit et des pieds. Lors des rituels, des aspersions de matières, de l’argile blanche en particulier, et de la terre rouge ont été appliquées à l’objet dont subsistent les traces sur le buste, noyant les clous dans une gangue. La statue est asexuée, ce qui est courant dans ce type d’objet. La tête est percée d’un orifice reliquaire ; il est possible que toute la calotte crânienne ait été autrefois couverte d’une charge. Le visage est orné, entre les sourcils gravés, d’une scarification en losange quadrillé. Sous le nez fort, la bouche est ouverte dardant la langue. Les oreilles sont larges, le menton légèrement relevé est volontaire.
Cette grande statue nkonde de l’ancienne collection Pierre Vérité, révélée au public européen lors de la prestigieuse exposition Les Arts Africains, au Cercle Volney à Paris en juin 1955, est d’une grande ancienneté. Les nkonde de grande dimension appartiennent soit à la communauté, qui les utilise lors de la prestation de serments ou la formulation de vœux, soit au clan ou au lignage, le plus souvent dans un but de protection (Felix, M.L., Art & Kongos, Bruxelles, 1995, p. 105). Ce type d’objets servait au spécialiste traditionnel, le nganga, habilité à le manipuler, à envoyer des sorts et à les conjurer à la demande des consultants.
Plusieurs statues magiques de ce type et de ce style sont reproduites par Raoul Lehuard, Art Bakongo – les centres de style, Arnouville, 1989, volume II, dont la statue du M.R.A.C. de Tervuren : n° J 8-2-1, pages 504 et 505, qui présente la même charge ventrale double et un costume approchant. Voir aussi dans Marc Léo Félix, Art & Kongos – Les peuples kongophones et leur sculpture, 1995, la reproduction dessinée d’un grand nombre de nkonde de tous styles.
Liliane et Michel Durand-Dessert
Cette remarquable statue à fonction magique représente un homme debout, le bras droit dressé pour tenir une arme. Le corps est piqué de toutes parts de clous et d’éléments métalliques. L’abdomen est occupé par deux reliquaires superposés scellés à la résine et à la terre ; ils sont clos par des fragments de miroir dont le tain est oxydé. Les deux colliers enserrant le cou, tombant sur la poitrine, contiennent des matières magiques. Le corps est habillé d’un costume en grosse toile, partiellement d’origine européenne, le recouvrant totalement à l’exception du bras droit et des pieds. Lors des rituels, des aspersions de matières, de l’argile blanche en particulier, et de la terre rouge ont été appliquées à l’objet dont subsistent les traces sur le buste, noyant les clous dans une gangue. La statue est asexuée, ce qui est courant dans ce type d’objet. La tête est percée d’un orifice reliquaire ; il est possible que toute la calotte crânienne ait été autrefois couverte d’une charge. Le visage est orné, entre les sourcils gravés, d’une scarification en losange quadrillé. Sous le nez fort, la bouche est ouverte dardant la langue. Les oreilles sont larges, le menton légèrement relevé est volontaire.
Cette grande statue nkonde de l’ancienne collection Pierre Vérité, révélée au public européen lors de la prestigieuse exposition Les Arts Africains, au Cercle Volney à Paris en juin 1955, est d’une grande ancienneté. Les nkonde de grande dimension appartiennent soit à la communauté, qui les utilise lors de la prestation de serments ou la formulation de vœux, soit au clan ou au lignage, le plus souvent dans un but de protection (Felix, M.L., Art & Kongos, Bruxelles, 1995, p. 105). Ce type d’objets servait au spécialiste traditionnel, le nganga, habilité à le manipuler, à envoyer des sorts et à les conjurer à la demande des consultants.
Plusieurs statues magiques de ce type et de ce style sont reproduites par Raoul Lehuard, Art Bakongo – les centres de style, Arnouville, 1989, volume II, dont la statue du M.R.A.C. de Tervuren : n° J 8-2-1, pages 504 et 505, qui présente la même charge ventrale double et un costume approchant. Voir aussi dans Marc Léo Félix, Art & Kongos – Les peuples kongophones et leur sculpture, 1995, la reproduction dessinée d’un grand nombre de nkonde de tous styles.