Lot Essay
La créativité des marchands-merciers
Cette pendule est un remarquable témoignage de l'inventivité des marchands-merciers pour la création de superbes objets associant les techniques d’horlogerie au bronze doré mais également à la porcelaine orientale et européenne. Notre présent lot présente un groupe de figures et de fleurettes en porcelaine de Meissen dont le succès était immense au milieu du XVIIIe siècle. Pendules, candélabres, fontaines à parfums, pots-pourris en bronze doré sont autant de prétextes pour mettre en scène la porcelaine et le savoir-faire des artisans. Parmi les marchands-merciers les plus réputés dans ce domaine citons Jacques-François Machart (actif 1744-1763) dont une grande part de l’activité était le commerce de porcelaine européenne et la production de luminaires, lustres, girandoles et de lanternes ornés de fleurs. Lorsqu’il fit faillite en 1763 plusieurs pendules de prix particulièrement élevés associant bronze et porcelaine furent inventoriées dont une pendule à l’éléphant, une à l’Astronomie et deux à figures de Saxe. Quant au marchand-mercier Lazare Duvaux, marchand bijoutier ordinaire du Roy, celui-ci recense entre 1748 et 1758, dans son Livre Journal plusieurs pendules ornées de porcelaine dont les suivantes:
321. M. Camuset, le fermier-général: Une pendule sur un chien de Saxe, garnie de plantes et fleurs de Vincennes sur la terrasse et ornemens de bronze doré d'or moulu.......900 L
833. Mme La Marquise de pompadour: Une pendule sur un groupe de porcelaine de Saxe montée de terrasses et branchages dorés d'or moulu, les fleurs de Vincennes, le mouvement simple,......490 L.
Une collaboration d’artisans
Le groupe central est très probablement l’œuvre de Johann Joachim Kaendler (1706-1775) qui s’inspirait fréquemment des créations contemporaines allemandes. Le modèle est assez rare et presque inédit puisque nous ne connaissons que très peu d’exemples aussi imposants et aboutis dans le domaine de l’horlogerie. La maison Bonhams passa en vente le 2 décembre 2015 à Londres, lot 73, un groupe en porcelaine non-monté, présentant la même composition de Saturne et d’un putto. Nous connaissons également un modèle similaire doté d’une petite pendule en métal doré incorporé dans le médaillon rocaille de la main de Kandler (ill, P. Meister, Porzellan des 18. Jahrhunderts, Sammlung Pauls – Rieben – Schweiz, Francfort, 1967, Vol. I, pp. 372-373.) ainsi que son pendant (ill. L. Mitchell, Meissen, Collector’s Catalogue, China, 2004, plate 61, pp. 182-183).
Durant plus de quarante ans Johann Joachim Kaendler eu une influence notable sur les fabricants ainsi que sur la Manufacture de Meissen. Son inventivité fut tout d’abord remarquée par l’électeur de Saxe et fondateur de Meissen, Frédéric Auguste Ier qui le nomma dans un premier temps sculpteur à la cour en 1730. C’est un an plus tard que Kaendler rejoindra Meissen en tant que modeleur en porcelaine, devenant très rapidement chef modeleur en 1733. Il se verra confier des projets de plus en plus ambitieux, comme la réalisation de grands oiseaux blanc et d’animaux pour le palais japonais de l’électeur à Dresde. Leur naturalisme et leur sens du mouvement sans précédent témoignent du génie de Kaendler pour son interprétation de la nature grâce notamment aux dessins qu’il réalisait d’après modèle vivant dans le jardin des animaux de Moritzburg, et grâce à l’étude des animaux empaillés de la collection de l'électeur. (ill. C. C. Dauterman, The Wrightsman collection, Volume IV, Porcelain, The Metropolitan Museum of Art, 1970, pp 18-90). Ces objets étaient cependant très difficiles et très couteux à produire par la Manufacture, obligeant Kaendler à se diversifier et se consacrer à des œuvres plus petites et plus abordables comme des groupes de petits personnages notamment. Bien que son influence diminue sensiblement après les années 1760, il sut rendre ses lettres de noblesses à l’art de la porcelaine.
Notre groupe central représentant la figure du Temps est parfaitement intégré dans l’ensemble de tôle laquée et centrée d’un cadran émaillé signé de Gille l’Ainé. Cette signature pourrait suggérer soit le travail de Pierre Gille l’Ainé, maître en 1746, exerçant rue Saint Martin soit celui de son fils Pierre reçu maître la même année et travaillant dans l’atelier paternel. Tous deux produisirent des horloges d’excellente qualité incorporées dans des caisses réalisées par les plus grands ébénistes et bronziers parisiens de l’époque tels que Jean-Pierre Latz, Antoine Foullet, Jean-Baptiste Osmond et Jean-Joseph de Saint-Germain.
Cette pendule est un remarquable témoignage de l'inventivité des marchands-merciers pour la création de superbes objets associant les techniques d’horlogerie au bronze doré mais également à la porcelaine orientale et européenne. Notre présent lot présente un groupe de figures et de fleurettes en porcelaine de Meissen dont le succès était immense au milieu du XVIIIe siècle. Pendules, candélabres, fontaines à parfums, pots-pourris en bronze doré sont autant de prétextes pour mettre en scène la porcelaine et le savoir-faire des artisans. Parmi les marchands-merciers les plus réputés dans ce domaine citons Jacques-François Machart (actif 1744-1763) dont une grande part de l’activité était le commerce de porcelaine européenne et la production de luminaires, lustres, girandoles et de lanternes ornés de fleurs. Lorsqu’il fit faillite en 1763 plusieurs pendules de prix particulièrement élevés associant bronze et porcelaine furent inventoriées dont une pendule à l’éléphant, une à l’Astronomie et deux à figures de Saxe. Quant au marchand-mercier Lazare Duvaux, marchand bijoutier ordinaire du Roy, celui-ci recense entre 1748 et 1758, dans son Livre Journal plusieurs pendules ornées de porcelaine dont les suivantes:
321. M. Camuset, le fermier-général: Une pendule sur un chien de Saxe, garnie de plantes et fleurs de Vincennes sur la terrasse et ornemens de bronze doré d'or moulu.......900 L
833. Mme La Marquise de pompadour: Une pendule sur un groupe de porcelaine de Saxe montée de terrasses et branchages dorés d'or moulu, les fleurs de Vincennes, le mouvement simple,......490 L.
Une collaboration d’artisans
Le groupe central est très probablement l’œuvre de Johann Joachim Kaendler (1706-1775) qui s’inspirait fréquemment des créations contemporaines allemandes. Le modèle est assez rare et presque inédit puisque nous ne connaissons que très peu d’exemples aussi imposants et aboutis dans le domaine de l’horlogerie. La maison Bonhams passa en vente le 2 décembre 2015 à Londres, lot 73, un groupe en porcelaine non-monté, présentant la même composition de Saturne et d’un putto. Nous connaissons également un modèle similaire doté d’une petite pendule en métal doré incorporé dans le médaillon rocaille de la main de Kandler (ill, P. Meister, Porzellan des 18. Jahrhunderts, Sammlung Pauls – Rieben – Schweiz, Francfort, 1967, Vol. I, pp. 372-373.) ainsi que son pendant (ill. L. Mitchell, Meissen, Collector’s Catalogue, China, 2004, plate 61, pp. 182-183).
Durant plus de quarante ans Johann Joachim Kaendler eu une influence notable sur les fabricants ainsi que sur la Manufacture de Meissen. Son inventivité fut tout d’abord remarquée par l’électeur de Saxe et fondateur de Meissen, Frédéric Auguste Ier qui le nomma dans un premier temps sculpteur à la cour en 1730. C’est un an plus tard que Kaendler rejoindra Meissen en tant que modeleur en porcelaine, devenant très rapidement chef modeleur en 1733. Il se verra confier des projets de plus en plus ambitieux, comme la réalisation de grands oiseaux blanc et d’animaux pour le palais japonais de l’électeur à Dresde. Leur naturalisme et leur sens du mouvement sans précédent témoignent du génie de Kaendler pour son interprétation de la nature grâce notamment aux dessins qu’il réalisait d’après modèle vivant dans le jardin des animaux de Moritzburg, et grâce à l’étude des animaux empaillés de la collection de l'électeur. (ill. C. C. Dauterman, The Wrightsman collection, Volume IV, Porcelain, The Metropolitan Museum of Art, 1970, pp 18-90). Ces objets étaient cependant très difficiles et très couteux à produire par la Manufacture, obligeant Kaendler à se diversifier et se consacrer à des œuvres plus petites et plus abordables comme des groupes de petits personnages notamment. Bien que son influence diminue sensiblement après les années 1760, il sut rendre ses lettres de noblesses à l’art de la porcelaine.
Notre groupe central représentant la figure du Temps est parfaitement intégré dans l’ensemble de tôle laquée et centrée d’un cadran émaillé signé de Gille l’Ainé. Cette signature pourrait suggérer soit le travail de Pierre Gille l’Ainé, maître en 1746, exerçant rue Saint Martin soit celui de son fils Pierre reçu maître la même année et travaillant dans l’atelier paternel. Tous deux produisirent des horloges d’excellente qualité incorporées dans des caisses réalisées par les plus grands ébénistes et bronziers parisiens de l’époque tels que Jean-Pierre Latz, Antoine Foullet, Jean-Baptiste Osmond et Jean-Joseph de Saint-Germain.