CHASSE EN EMAIL CHAMPLEVE, CUIVRE DORE, GRAVE ET CISELE REPRESENTANT L’ADORATION DES ROIS MAGES
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Un chef-d’œuvre de l’art médiévalCHASSE DU ROI DE PRUSSE FREDERIC GUILLAUME IV (1795-1861)
CHASSE EN EMAIL CHAMPLEVE, CUIVRE DORE, GRAVE ET CISELE REPRESENTANT L’ADORATION DES ROIS MAGES

LIMOGES, VERS 1210-1220

Details
CHASSE EN EMAIL CHAMPLEVE, CUIVRE DORE, GRAVE ET CISELE REPRESENTANT L’ADORATION DES ROIS MAGES
LIMOGES, VERS 1210-1220
La partie inférieure de la face majeure représentant les trois Rois s’avançant vers la Vierge à l’Enfant tenant un sceptre fleurdelisé sur un fond orné de rosettes traversé par une bande horizontale ; le toit représentant les trois Rois chevauchant vers la droite, sur un fond animé par trois arbres-fleurons et une étoile ; L’ensemble bordé d’une onde émaillée; chaque pignon présentant un saint debout sur une motte ondée sous un arc en plein cintre sommé d’un clocheton, sur un fond semé de rosettes traversé par une barre; la face postérieure décorée de carrés contenant des quadrilobes émaillés et bordée de croisettes ; les pieds gravés d’un motif vermiculé et losangé ; l’âme en chêne d'origine; portant le numéro d'inventaire ‘K.4186’
19 x 18,5 x 8,5 cm. (7 ½ x 7 ¼ x 3 5/8 in.)
Provenance
Offerte en 1843 par le Prof. Heindorf de Münster au roi de Prusse Frédéric Guillaume IV († 1861) ;
Puis par descendance dans les collections royales de Prusse puis des Empereurs germaniques à partir de 1861 ;
Entrée dans la Collection du Schlössmuseum ou Kunstgewerbemuseum (inv. n˚ 4186), Berlin, en 1875 ;
Acquise auprès du musée Kunstgewerbemuseum par Ernst Kahlert und Sohn, Berlin, en 1933 ;
Dans une collection familiale depuis les années 1950, Paris.


Literature
BIBLIOGRAPHIE
M.-M. Gauthier, E. Antoine, D. Gaborit-Chopin et al, Corpus des Emaux Méridionaux - vol. II: L'apogée 1190-1215, Paris, 2011, I A2, no. 12.
D. Kötzsche, Limousiner Metallarbeiten des Mittelalters aus dem Besitz des Kunstgewerbemuseum Berlin, Berlin, 1975, p. 17.

BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE
M. l'abbé Texier, Essai historique et descriptive sur les argentiers et émailleurs de Limoges, Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, année 1842, Poitiers, 1843.
J.-J. Marquet de Vasselot, 'Les émaux Limousins à fond vermiculé (XII et XIII siècles)', Revue archéologique, 1905, Tome VI.
M. M. Gauthier, M. François, Medieval Enamels, Masterpieces of the Keir Collection, London, 1981.
Paris, New York, Musée du Louvre, The Metropolitan Museum of Art, L'oeuvre de Limoges, Emaux limousins du Moyen-Age, 23 Oct. 1995 - 22 Jan. 1996 and 4 Mar. - 16 Jun. 1996.
Cleveland, Baltimore, London, The Cleveland Museum or Art, The Walters Art Gallery, The British Museum, Treasures of Heaven, relics, saints and devotion in medieval Europe, M. Bagnoli, H. A. Klein, C. G. Mann, J. Robinson eds., 17 Oct. 2010 - 17 Jan. 2011, 13 Feb. - 15 May 2011, 13 Jun. - 9 Oct. 2011, p.184, no 94)
E. Rupin, l’OEuvre de Limoges, vol. 2, Paris 1890, p. 424.

Further details
A PARCEL-GILT COPPER AND POLYCHROME ENAMEL ‘THREE KINGS’ RELIQUARY LIMOGES, CIRCA 1210-1220

局部銅鎏金彩色琺瑯「三王來朝」利摩日聖物箱,約1210-1220年

Lot Essay

Objet liturgique majeur, la châsse ici présente fut offerte à Frédéric-Guillaume IV (1795-1861) en 1843. Surnommé le « Roi Romantique », Frédéric-Guillaume IV fut roi de Prusse de 1840 à 1861. Dessinateur et passionné des arts, il manifeste un grand intérêt pour le Moyen-Âge, et suit de près les évolutions artistiques et architecturales de Berlin. Aux côtés de Karl Friedrich Schinkel (1781-1841), il supervise l’achèvement de la cathédrale de Cologne, ou encore la reconstruction du château de Stolzenfels. Sa passion pour le Moyen-Âge était connue des cours européennes, professeurs et des grands collectionneurs de son temps, et explique certainement qu’il ait reçu cette châsse en cadeau du Professeur Heindorf de Münster, exemple particulièrement exceptionnel de la production artistique médiévale. Elle fit partie des collections royales de Prusse puis des collections impériales germaniques jusqu’à l’abdication de l’empereur Guillaume II. Datant de 1210-1220, ce reliquaire retrace le voyage des Rois mages de l’Orient vers Bethléem pour adorer l’Enfant Jésus, et est l’un des exemples les plus exceptionnels encore en mains privées de la production d’émaux à Limoges de 1210-1220.

Notre châsse est identique pour la face majeure et le revers, à quelques petits détails près, à celle du British Museum (I A 2, n˚ 9). De plus, elle présente un décor de même thème, composition et motifs que d’autre châsses connues observables au Walters Art Museum de Baltimore (I A 2, n° 2), à la cathédrale de Troyes, au Musée Cluny (inv. Cl. 23822), au Musée August Kestner de Hanovre (inv. 470), et dans la collection Burrell de Glasgow (inv. 26/8).

Dès le début du XIIème siècle, Limoges devint le principal centre de production d'émaux polychromes. L'évolution de l'émaillerie champlevée dans cette région au cours des quatre dernières décennies du XIIème siècle est fondamentalement liée au patronage des souverains Plantagenêts, alors maîtres de l'Aquitaine, à l'essor du culte des Saints au Moyen-Âge et à l'importance des objets de dévotion personnelle. Le peu d'information sur l'organisation et la localisation géographique des ateliers et des artistes aussi bien dans le temps que dans l'espace, rend la datation précise des émaux limousins difficile; l'on peut néanmoins, en suivant les études réalisées au cours de ces dernières années, s'accorder sur un développement entre 1150 et 1220.

La production artistique était essentiellement centrée sur la réalisation d'objets liturgiques et c'est à cette époque que les châsses reliquaires connaissent un essor important. Les châsses ou 'fiertes' étaient traditionnellement dans un premier temps, commandées par des dignitaires ecclésiastiques ou par l'entourage du roi afin de receler, protéger et commémorer les reliques des saints. La forme géométrique des châsses évoque symboliquement celle des sarcophages antiques mais aussi celle des églises. La structure est principalement en chêne recouvert d'un alliage d'enduit blanc peint en rouge; celle-ci est également recouverte de plaques de cuivre champlevé et émaillé. Les principales évolutions des châsses à l'époque romane se situent au niveau des décors des figures humaines. En effet, les artistes autour de 1200 laissent les silhouettes réservées et dorées se détacher sur le fond émaillé; c'est aussi de cette époque que date l'apparition, dans l'agencement des champs colorés, d'une ou deux bandes horizontales turquoises dans le fond bleu au niveau de la face majeure et des pignons comme nous pouvons le distinguer sur la châsse ici présente.

Le thème de l’Adoration des Mages, la composition structurelle, le contexte architectural et géométrique, les figures des trois Rois réservées, dorées et pourvues de têtes d'applique dit 'classique', la vaste palette chromatique centrée autour du vert et de quatre nuances de bleu, ainsi que l'attention portée à la gravure de détails tels que les orfrois, permettent de confirmer que la châsse ici présente appartient au groupe de châsses dite de ‘l’Adoration des Rois mages' provenant d'un atelier Limousin autour de 1210-1220.



The present spectacular chasse or reliquary casket was given to Frederick William IV (1795-1861) in 1843. Referred to as the “romanticist on the throne”, Frederick William IV was King of Prussia from 1840 to 1861. Talented draftsman and passionate with arts, he shows from a young age a great interest for the Middle-Ages, and plays his part in the artistic and architectural evolutions of Berlin. Alongside Karl Friedrich Schinkel (1781-1841), he oversees the final steps of the construction of the Cologne Cathedral, as well as the rebuilding of the castle of Stoelzenfels. His passion for the Middle Ages was known amongst the European courts and collectors circles of his time, which explains why he would be gifted such an exceptional example of the medieval artistic production. It remained in the royal collection of the Kings of Prussia and subsequently emperors of Germany until the abdication of Emperor Wilhelm II. Illustrating the journey of the Three Kings from the East and their adoration of the Christ Child, the chasse is one of the finest remaining in private hands and belongs to a small group of Limoges production dating around 1210-1220.

Of the comparable caskets known in museums the closest is conserved in the British Museum (I A 2, n˚ 9). Our chasse also shares the same theme, composition and numerous common motifs with other chasses including examples from the Walters Art Museum, Baltimore (I A 2, N. 2), the Cathedral of Troyes, the Musée de Cluny, Paris (inv. Cl.23822), the Museum August Kestner, Hanover (inv. 470) and in the Burrell Collection in Glasgow (inv. 26/8, see E. Antoine, 2011, loc. cit.).

From the beginning of the twelfth century Limoges became the main centre for the production and the development of polychrome enamels. The evolution of champlevé enamels in this region during the last four decades of the twelfth century is fundamentally tied to the patronage of Plantagenet sovereigns, masters of Aquitaine, and the increase in popularity in the cult of saints' relics and personal devotional objects. The nature of the enamel workshop system - with numerous workshops active in different locations and periods all working in a similar style - makes it difficult to date or attribute Limoges enamels with any certainty. Nonetheless, successive scholars have attempted to group enamels around shared motifs, and have identified a stylistic development between 1150 and 1220.
Although enamel production would later expand into the area of domestic objects, it was originally centred on liturgical works of art, and reliquary 'chasses' were among the most important forms. These chasses or 'fiertes' were principally commissioned by ecclesiastical dignitaries or by the king's entourage in order to protect and commemorate saints' relics. The geometric shape of the reliquary chasse symbolically recalls that of an ancient sarcophagus but also echoes the shape of a church. The oak carcase was covered with a coat of white ground, followed by a layer of red paint and then covered with champlevé enamelled copper sheets. The principal development of chasses in the Romanesque period was in the manner of depicting the human figure. Around the year 1200 artists often incorporated cast gilt-copper figures which were applied in relief. It is also during this time that the motif of turquoise blue horizontal bands against a cobalt blue ground were introduced, as can be seen on the present example both on the front and ends of the chasse.
The choice of depicting the Adoration of the Magi, the structural composition, the architectural and geometrical context, the reserved figures of the three gilded kings with heads applied separately, the colour palette of green and different hues of blue, and finally the beautifully engraved details such as the modelling of the figures conveyed by grids of lines across the gilded surfaces of their draperies, allow us to confirm that the present reliquary chasse belongs to the group of ‘chasses of the Adoration of the Magi’ from a Limoges workshop around 1210-1220.

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