PAIRE DE VASES COUVERTS EN PORPHYRE D'EGYPTE D'EPOQUE LOUIS XIV
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Porphyre: La pierre des Empereurs
PAIRE DE VASES COUVERTS EN PORPHYRE D'EGYPTE D'EPOQUE LOUIS XIV

SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE, PROBABLEMENT ROME

Details
PAIRE DE VASES COUVERTS EN PORPHYRE D'EGYPTE D'EPOQUE LOUIS XIV
SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE, PROBABLEMENT ROME
En porphyre d'Egypte mouluré, à décor de godrons torses sur le couvercle amovible muni d'une prise et sur la panse en partie basse, les anses en enroulement, l'épaulement souligné d'un renflement, reposant sur un piédouche
H.: 49 cm. (19 ¼ in.) ; L.: 36 cm. (14 ¼ in.)
Provenance
Collection de Fleury, d’où acquis vers 1920-1940, puis par descendance jusqu’au propriétaire actuel.
Literature
Dario Del Bufalo, Porphyry. Red imperial porphyry. Power and religion, Allemandi, 2012, p. 149 ref. V80

Bibliographie comparative :
Cat. expo., Prorphyre, La Pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, Musée du Louvre, Paris, 2003.
Further details
A PAIR OF LOUIS XIV PORPHYRY LIDDED-VASES, SECOND HALF 17TH CENTURY, PROBABLY ROMAN

Lot Essay

Cette paire de vases hors norme en porphyre fut réalisée à Rome au XVIIème siècle. Réservée aux collectionneurs les plus puissants et les plus fortunés, ces pièces furent sans doute réalisée à la demande d’un monarque européen.

LE GOUT DUN PRINCE

A cette époque en effet, les œuvres en porphyres ne sont accessibles, sauf exceptions, qu’aux hommes à la tête d’un Etat, et collectionneurs de surcroit. Car la peine, l’entregent et l’argent que demande l’obtention de telles œuvres nécessitent une réelle passion. Chanté par La Fontaine et Lemoyne, le porphyre est synonyme de luxe absolu et sous-entend une réelle érudition. Au XVIIème, les vases comme ceux que nous présentons aujourd’hui n’apparaissent hors d’Italie que dans des collections très importantes. On en retrouve chez l’épouse de Charles Ier à Whitehall, chez les Habsbourg, rois d’Espagne, à Madrid, ainsi que dans les collections royales françaises, de loin les plus riches, grâce aux commandes de Louis XIV, enrichies des deux apports significatifs des cardinaux Mazarin et Richelieu.
Pour obtenir ces vases de porphyre, il fut nécessaire aux têtes couronnées ou pensantes des royaumes voisins d’avoir en Italie un intermédiaire. Un homme assez bien introduit pour leur permettre d’accéder à ces merveilles. En cela, l’abbé Elpidio Benedetti joua un rôle capital. Proche des Barberini et de leurs artistes (Poussin, Bernin, l4algarde…) il fut l’agent romain du cardinal Mazarin, du roi de France et sans doute de quelques autres privilégiés.
L’abbé Benedetti avait pour habitude de dessiner en quelques traits les pièces proposées à la vente. Et c’est ainsi que la BNF conserve dans le fonds Robert de Cotte les desseins de sept vazes de différentes formes de l’abbé Benedetti. Le deuxième en partant de la droite, d’une hauteur de 12 pouces, est très proche de ceux que nous proposons.
Nos vases correspondent aussi à la description faite par Julliot fils de ceux de la Wallace Collection, qui seront montés de bronze doré par Auguste un siècle plus tard : « en forme d’urne, couverts, surmontés d’une gorge méplate, travaillés à canelures et cotes torses, à deux rouleaux saillans pris dans la masse, servant d’anse, se terminant de chaque côté en spirale… »
Notre paire de vases surtout est quasiment identique à celle paire provenant des collections royales espagnoles, inventoriée à l’Alcazar de Madrid en 1686 et conservée aujourd’hui au Prado sous les numéros d’inventaire O00491 O000496.
En France, une forme très proche de vase se retrouve dans les collections nationales du Musée du Louvre (Inv. OA 9219). Il s’agit d’une paire de la collection Mazarin acquise par Colbert pour la Couronne en 1665.

Enfin, cette forme qui semblait tant plaire au XVIIème se retrouve dans les compositions de buffets d’apparat de François Desportes, ou le vase de porphyre domine les autres commandes royales d’orfèvrerie et de peintures. Il nous faut citer à cet endroit l’Etude de vase et le Buffet, conservés avec le reste du fond d’atelier du peintre à la Manufacture nationale de Sèvres (Inv. S11-1873 n°2 et S.173) ; ou, plus proche encore le vase au sommet de la nature morte Le Buffet des anciennes collections Louis Guiraud et Jacques Helft.


UNE PIERRE MAGIQUE

De tous les matériaux travaillés par l’Homme, le porphyre est sans doute celui qui connut la fortune la plus singulière. Issu de carrières exploitées dans l’Antiquité mais perdues par la suite, son origine exacte est longtemps demeurée mystérieuse. Défi technique de l’ordre du merveilleux, le travail du porphyre réclame une patience infinie. Sa dureté, symbole d’excellence et d’éternité, contribua au caractère légendaire de cette roche. Sa couleur enfin, à laquelle il doit son nom, a toujours été fortement liée à la gloire impériale. Aussi le porphyre est-il demeuré un moyen de prédilection pour les monarques de manifester leur hégémonie politique, d’établir la pérennité de leur gloire et de démontrer l’excellence de leurs artistes et de leur goût.

Notre paire de vases est sculptée dans le seul porphyre des Anciens; le porphyre rouge d’Egypte extrait des carrières du Gebel Dokhan. L’abandon de ces carrières au Ve siècle a contraint les artistes à réemployer les vestiges de constructions antiques : « tout le porphyre utilisé en Europe du VIe au XVIIIe siècle a été tiré du Mons Porphyrites à l’époque romaine ». (C. Blanc-Riehl in Porphyre, la pierre pourpre des Ptolémée aux Bonaparte, Cat. Expo., Paris, 2003, p.11).

A ce prestige d’une origine antique s’ajoute celui d’une prouesse technique. Le travail du porphyre est d'une difficulté inimaginable. Et pourtant, quelle belle régularité dans les contours de ces vases ! quelles courbes élégantes ! Quel impeccable poli ! Le goût des cannelures, le moelleux des godrons animent la surface qui conserve malgré tout sa netteté presque métallique. Il a fallu attendre le XVIIIème siècle pour atteindre à Paris un tel niveau d’excellence, ce qui explique que notre paire, réalisée très tôt, ait été commandée et réalisée à Rome. La plupart des collections royales européennes qui contenaient ces vases ayant été nationalisé, l’apparition sur le marché de porphyres romains de cette époque et de cette ambition est peu rarissime, qui plus est en paire ! Citons malgré tout le vase monté des collections Jane Wrightsman récemment vendu par Christie’s, New-York, 14 octobre 2020, lot 83. Ou encore le vase vendu par Christie’s à Londres le 8 décembre 2011, lot 74.

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