Lot Essay
L’orientalisme a été une fascination occidentale pendant des siècles, faisant suite et participant aux exotismes de lointains continents. Il a notamment été popularisé par les visions romantiques du colonialisme et des représentations théâtrales opulentes comme le témoignent les opéras L’Africaine et Aïda. En sculpture, cela se traduisit à la fois par un intérêt académique pour l’ethnographie et aussi par l’utilisation de la couleur et de divers matériaux, en partie en réaction à la prédominance du monochrome pendant la période néoclassique. L’usage d’un décor polychrome en particulier est caractéristique de l’amour du luxe durant le Second Empire. L’élite cultivée du XIXe siècle avait une vive fascination pour les pièces audacieuses de grande qualité dans leurs grandes demeures, en prenant souvent les intérieurs du début du XVIIIe siècle pour inspiration. Ces réalisations de grandes envergures se construisent souvent par juxtaposition de matériaux nobles comme les marbres exotiques mais aussi des variations de tonalités du bronze patiné à plusieurs tons et doré dont les reflets sont parfois renforcés, comme dans le présent lot, par l’usage du cristal taillé. La variété de ces matériaux est également à mettre en parallèle avec les avancées techniques de la fin du XIXe siècle qui permirent la création de pièces époustouflantes et de qualités exceptionnelles.
Les torchères peuvent être attribuées à la fonderie Graux-Marly. La fonderie parisienne Graux-Marly fut établie en 1845, remportant une médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1849 et une médaille de première classe pour les bronzes d’art et d’ameublement six ans plus tard. La fonderie de Jules Graux se trouvait 6 rue du Parc-Royal à Paris à partir de 1860. En 1880 il prit en charge le commerce et ses productions furent estampillées Graux-Marly ou Graux-Marly Frères. La fonderie produisait alors un ensemble élaboré de candélabres, horloges, statues et autres objets décoratifs en bronze et bronze doré pour une clientèle parisienne et internationale.
Un exemplaire similaire d’une paire de torchères fut présenté par la fonderie lors de l’Exposition universelle de Paris en 1855 où il fut acheté par l’empereur Napoléon III avant d’entrer dans les collections du Palais de Compiègne le 18 novembre 1858 (inv. C.16525 -inventaire de 1855-, inv. C.470c -inventaire de 1894). Dans sa description du stand de Graux-Marly lors de l'Exposition universelle, Édouard Gorges précise qu'il s'agit de 'deux candélabres de proportions colossales. Sur un socle en malachite, deux chasseurs indiens de grandeur naturelle, avec leur enfant sur épaules, supportent de large girandoles à feuilles de palmiers' (Revue de l'exposition universelle, Paris, 1855, p. 63). Les torchères sont exposées dans le Salon de Famille du palais de Compiègne depuis cette date (op. cit. J.-M. Moulin et cat. expo. 2008). Concernant le bouquet de lumière et les feuilles de palme en partie supérieure, notre exemplaire se distingue de celui de Compiègne. Cet élément a été ajouté postérieurement et se rapproche des productions de la maison Jansen.
Malgré l'apparente absence de signature d'un sculpteur, les modèles sont sans aucun doute ceux décrits par Gorges et doivent être associés à Louis Charles Hippolyte Buhot (1815-1865). Né à Paris où il fut un élève de David d’Angers, il étudia à l’École des Beaux-Arts en 1832. Il exposa au Salon de 1837 à 1865 et produisit une série de portraits en médaillons, bustes et statuettes, notamment Sarah la Baigneuse (1851), La récolte du raisin (1853), L’Espoir nourrissant les Chimères (1855), La Vierge Immaculée (1861) et Jupiter et Hébé (1865).
Orientalism has been a Western fascination for centuries, often popularized by theatrical representations of otherworldly opulence in operas such as L’Africaine and Aïda and the depictions of exoticism in distant continents. In sculpture it brought both an academic interest in ethnography and, in lending itself to the use of colour and different materials, was part of the reaction against the predominance of monochrome neo-classicism. The use of polychrome decoration in particular, played to the Second Empire’s love of luxury (Napoleon III 1852-1870). The 19th century cultured elite saw an avid fascination with bold statement pieces of great quality in their grand mansions, often taking inspiration from earlier 18th century placement pieces and design influences. These pieces often of great stature, used a variation of fine materials including bronze, exotic marbles, gilding, as well as ormolu and crystal. These materials encapsulated the latest 19th century technical advances of the era, which overall formed breath-taking pieces of exceptional quality.
The pair of torchères may be attributed to the Parisian foundry Graux-Marly who was established in 1845, winning a bronze medal at the Exposition Universelle in 1849 and a first-class medal for the bronzes d’art et d’ameublement six years later. Jules Graux’s foundry was based at 8 rue du Parc-Royal from 1860 onwards. By 1880 he took over the business and their works were stamped Graux-Marly or Graux-Marly-Frères. The foundry produced an elaborate array of bronze and gilt bronze candelabra, clocks, statues and other fine decorative works of art for both a Parisian and world-wide clientele. One example similar to the pair of torchères offered for sale, was presented during the Paris Exposition Universelle in 1855, where they were bought by the Emperor Napoleon III, and entered the collections of the Palais de Compiègne on 18th November, 1858 (inventory number C.16525 (inv. of 1855), C.470c (inv. of 1894)). In an account of Graux-Marly's submission to the Exposition Universelle, Édouard Gorges describes the pair as: 'se sont deux candélabres de proportions colossales. Sur un socle en malachite, deux chasseurs indiens de grandeur naturelle, avec leur enfant sur épaules, supportent de large girandoles à feuilles de palmiers' (Revue de l'exposition universelle, Paris, 1855, p. 63). They are now in the Salon de Famille in the Palais. Regarding the upper bouquet with the palm leaves, our pair is different from the Compiègne torchères. This upper element is a later addition, close to the productions of the Maison Jansen.
Despite the apparent absence of the sculptor's signature, the models are undoubtedly those described in Gorges' account and are the model accociated with Louis Charles Hippolyte Buhot (1815-1865). Born in Paris, he was a pupil of David d’Angers and studied at the École des Beaux Arts in 1832. He exhibited at the Salon from 1837 to 1865 and produced numerous portrait medallions, busts and statuettes, including, Sara the Bather (1851), Grape-gathering (1853), Hope feeding the Chimera (1855), Immaculate Virgin (1861) and Jupiter and Hebe (1865).
Les torchères peuvent être attribuées à la fonderie Graux-Marly. La fonderie parisienne Graux-Marly fut établie en 1845, remportant une médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1849 et une médaille de première classe pour les bronzes d’art et d’ameublement six ans plus tard. La fonderie de Jules Graux se trouvait 6 rue du Parc-Royal à Paris à partir de 1860. En 1880 il prit en charge le commerce et ses productions furent estampillées Graux-Marly ou Graux-Marly Frères. La fonderie produisait alors un ensemble élaboré de candélabres, horloges, statues et autres objets décoratifs en bronze et bronze doré pour une clientèle parisienne et internationale.
Un exemplaire similaire d’une paire de torchères fut présenté par la fonderie lors de l’Exposition universelle de Paris en 1855 où il fut acheté par l’empereur Napoléon III avant d’entrer dans les collections du Palais de Compiègne le 18 novembre 1858 (inv. C.16525 -inventaire de 1855-, inv. C.470c -inventaire de 1894). Dans sa description du stand de Graux-Marly lors de l'Exposition universelle, Édouard Gorges précise qu'il s'agit de 'deux candélabres de proportions colossales. Sur un socle en malachite, deux chasseurs indiens de grandeur naturelle, avec leur enfant sur épaules, supportent de large girandoles à feuilles de palmiers' (Revue de l'exposition universelle, Paris, 1855, p. 63). Les torchères sont exposées dans le Salon de Famille du palais de Compiègne depuis cette date (op. cit. J.-M. Moulin et cat. expo. 2008). Concernant le bouquet de lumière et les feuilles de palme en partie supérieure, notre exemplaire se distingue de celui de Compiègne. Cet élément a été ajouté postérieurement et se rapproche des productions de la maison Jansen.
Malgré l'apparente absence de signature d'un sculpteur, les modèles sont sans aucun doute ceux décrits par Gorges et doivent être associés à Louis Charles Hippolyte Buhot (1815-1865). Né à Paris où il fut un élève de David d’Angers, il étudia à l’École des Beaux-Arts en 1832. Il exposa au Salon de 1837 à 1865 et produisit une série de portraits en médaillons, bustes et statuettes, notamment Sarah la Baigneuse (1851), La récolte du raisin (1853), L’Espoir nourrissant les Chimères (1855), La Vierge Immaculée (1861) et Jupiter et Hébé (1865).
Orientalism has been a Western fascination for centuries, often popularized by theatrical representations of otherworldly opulence in operas such as L’Africaine and Aïda and the depictions of exoticism in distant continents. In sculpture it brought both an academic interest in ethnography and, in lending itself to the use of colour and different materials, was part of the reaction against the predominance of monochrome neo-classicism. The use of polychrome decoration in particular, played to the Second Empire’s love of luxury (Napoleon III 1852-1870). The 19th century cultured elite saw an avid fascination with bold statement pieces of great quality in their grand mansions, often taking inspiration from earlier 18th century placement pieces and design influences. These pieces often of great stature, used a variation of fine materials including bronze, exotic marbles, gilding, as well as ormolu and crystal. These materials encapsulated the latest 19th century technical advances of the era, which overall formed breath-taking pieces of exceptional quality.
The pair of torchères may be attributed to the Parisian foundry Graux-Marly who was established in 1845, winning a bronze medal at the Exposition Universelle in 1849 and a first-class medal for the bronzes d’art et d’ameublement six years later. Jules Graux’s foundry was based at 8 rue du Parc-Royal from 1860 onwards. By 1880 he took over the business and their works were stamped Graux-Marly or Graux-Marly-Frères. The foundry produced an elaborate array of bronze and gilt bronze candelabra, clocks, statues and other fine decorative works of art for both a Parisian and world-wide clientele. One example similar to the pair of torchères offered for sale, was presented during the Paris Exposition Universelle in 1855, where they were bought by the Emperor Napoleon III, and entered the collections of the Palais de Compiègne on 18th November, 1858 (inventory number C.16525 (inv. of 1855), C.470c (inv. of 1894)). In an account of Graux-Marly's submission to the Exposition Universelle, Édouard Gorges describes the pair as: 'se sont deux candélabres de proportions colossales. Sur un socle en malachite, deux chasseurs indiens de grandeur naturelle, avec leur enfant sur épaules, supportent de large girandoles à feuilles de palmiers' (Revue de l'exposition universelle, Paris, 1855, p. 63). They are now in the Salon de Famille in the Palais. Regarding the upper bouquet with the palm leaves, our pair is different from the Compiègne torchères. This upper element is a later addition, close to the productions of the Maison Jansen.
Despite the apparent absence of the sculptor's signature, the models are undoubtedly those described in Gorges' account and are the model accociated with Louis Charles Hippolyte Buhot (1815-1865). Born in Paris, he was a pupil of David d’Angers and studied at the École des Beaux Arts in 1832. He exhibited at the Salon from 1837 to 1865 and produced numerous portrait medallions, busts and statuettes, including, Sara the Bather (1851), Grape-gathering (1853), Hope feeding the Chimera (1855), Immaculate Virgin (1861) and Jupiter and Hebe (1865).