Lot Essay
Le format et l’iconographie de ce petit panneau semblent indiquer que la Vierge à l'Enfant de Bernard van Orley (vers 1488-1541) devait constituer le volet droit d’un diptyque dont l’autre volet représenterait sainte Catherine d’Alexandrie. Dans notre tableau, l’enfant Jésus tend de sa main droite un anneau, rappelant l’épisode sacré du mariage mystique de la sainte avec le Christ, conté par le frère Jean de Bungay dans sa traduction anglaise (1438) de La Légende dorée de Jacques de Voragine (vers 1230-vers 1298).
L’œuvre se situe chronologiquement assez tôt dans la carrière de Bernard van Orley, vers 1510-1515. La première décennie d’activité du peintre (1510-1520) est marquée par la pratique de la peinture, principalement en réponse aux commandes des ecclésiastiques. Ses premiers cartons pour tapisseries, correspondant à sa nomination comme peintre de cour par Marguerite d’Autriche (1480-1530) datent de 1518. Les œuvres le plus anciennes pouvant lui être attribuées sont trois paires de volets conservées dans différentes collections, y compris le Mariage de la Vierge (National Gallery of Art, Washington DC, no. inv. 1952.5.48) et Christ parmi les docteurs / Putto portant le blason de l’abbé Jacques Coëne (National Gallery of Art, Washington DC, no. inv. 1952.5.44) peintes par l’artiste à la demande de Jacques Coëne, l’abbé de Marchiennes (voir A. Galand, 'Les commandes religieuses', in V. Bücken, I. De Meûter (dir.), Bernard van Orley, [cat. exp.], Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 2019, pp. 80-89).
Provenance
Dr. jur. Henry Bromberg (1878-1971) appartenait via sa mère, Eleonore Kann (1852-1927), à la famille du célèbre collectionneur Rodolphe Kann (1845-1905). Cette importante famille comptait également parmi ses membres les Emden. Le père de Henry, l’industriel Martin Bromberg (1850-1918), avait une grande collection de maîtres anciens et d’art décoratifs, (décrite dans Kunstgegenstände im Hause des Herrn Martin Bromberg, Hambourg, 1913, op. cit. supra), qui fut enrichie par son fils. Ce dernier vivait dans une grande maison à Hambourg-Eppendorf avec son épouse, Hertha née Calmon (1899-1964), et leurs quatre fils.
A l’arrivée des nazis au pouvoir, les Bromberg ont dû faire face aux restrictions croissantes et aux mesures de persécution prises à l'encontre de la communauté juive d'Allemagne. Afin de préparer leur émigration aux États-Unis via la Suisse, le couple s’est vu forcé de vendre un certain nombre d’œuvres constituant la collection familiale au marchand Allen Loebl, basé à Paris, en décembre 1938 (voir la lettre écrite par Allen Loebl à Harry Sperling le 20 décembre 1938).
Le tableau ci-présent, donné à Bernard van Orley, faisait partie de cette vente forcée. Martin Bromberg l’avait acquis une trentaine d’années auparavant (1909) à Berlin chez Thomas Agnew & Sons. En mars 1939, Loebl voyagea vers New York avec l’ensemble des œuvres acquises à la famille Bromberg, dont la Vierge à l’Enfant. Un mois plus tard, elle fut achetée à New York par le marchand d’art londonien James P. Labey (mort en 1946) pour un client anonyme (Kleinberger Galleries Records, Metropolitan Museum of Art, New York, Card n°291), très probablement Elwood Bigelow Hosmer (1879-1947), directeur du Ritz-Carlton de Montréal (d’où il tirait son surnom de "Grey Ghost of the Ritz"), qui avait hérité de son père d’une importante collection de tableaux, principalement de primitifs flamands mais aussi de portraits anglais et de peinture française du XIXe siècle. Collectionneur passionné, il avait été nommé au Conseil d’administration de la National Gallery of Canada à Ottawa en 1933. A sa mort, sa sœur Olive Hosmer (1880-1962) hérita de la collection qu’elle légua en 1962 à Lucile Elizabeth Pillow, né Fairbank (1883-1969). Au décès de cette dernière, La Vierge à l’Enfant, entra dans la collection de sa fille, Lucinda Marguerite Pillow (1903-1991) et de son époux, A. Murray Vaughan (1899-1986), qui avait été président du musée des Beaux-Arts de Montréal entre 1963 et 1968, ce qui expliquerait le prêt du tableau à ce même musée en mai 1968. Une partie de la collection Hosmer-Pillow, dont le tableau ci-présent, fut dispersée aux enchères en janvier 1979 (vente anonyme, Christie's, New York, 11 janvier 1979, lot 110). Le tableau de Bernard van Orley fut alors acquis par un collectionneur de Philadelphie avant de repasser en vente chez Sotheby’s en janvier 1990 (vente anonyme, Sotheby's, New York, 11 janvier 1990, lot 14).
Nous tenons à remercier Peter van den Brink d'avoir confirmé l'attribution de ce tableau à Bernard van Orley, suggéré une datation vers 1510-1515 et contribué à la rédaction de la présente notice.
L’œuvre se situe chronologiquement assez tôt dans la carrière de Bernard van Orley, vers 1510-1515. La première décennie d’activité du peintre (1510-1520) est marquée par la pratique de la peinture, principalement en réponse aux commandes des ecclésiastiques. Ses premiers cartons pour tapisseries, correspondant à sa nomination comme peintre de cour par Marguerite d’Autriche (1480-1530) datent de 1518. Les œuvres le plus anciennes pouvant lui être attribuées sont trois paires de volets conservées dans différentes collections, y compris le Mariage de la Vierge (National Gallery of Art, Washington DC, no. inv. 1952.5.48) et Christ parmi les docteurs / Putto portant le blason de l’abbé Jacques Coëne (National Gallery of Art, Washington DC, no. inv. 1952.5.44) peintes par l’artiste à la demande de Jacques Coëne, l’abbé de Marchiennes (voir A. Galand, 'Les commandes religieuses', in V. Bücken, I. De Meûter (dir.), Bernard van Orley, [cat. exp.], Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 2019, pp. 80-89).
Provenance
Dr. jur. Henry Bromberg (1878-1971) appartenait via sa mère, Eleonore Kann (1852-1927), à la famille du célèbre collectionneur Rodolphe Kann (1845-1905). Cette importante famille comptait également parmi ses membres les Emden. Le père de Henry, l’industriel Martin Bromberg (1850-1918), avait une grande collection de maîtres anciens et d’art décoratifs, (décrite dans Kunstgegenstände im Hause des Herrn Martin Bromberg, Hambourg, 1913, op. cit. supra), qui fut enrichie par son fils. Ce dernier vivait dans une grande maison à Hambourg-Eppendorf avec son épouse, Hertha née Calmon (1899-1964), et leurs quatre fils.
A l’arrivée des nazis au pouvoir, les Bromberg ont dû faire face aux restrictions croissantes et aux mesures de persécution prises à l'encontre de la communauté juive d'Allemagne. Afin de préparer leur émigration aux États-Unis via la Suisse, le couple s’est vu forcé de vendre un certain nombre d’œuvres constituant la collection familiale au marchand Allen Loebl, basé à Paris, en décembre 1938 (voir la lettre écrite par Allen Loebl à Harry Sperling le 20 décembre 1938).
Le tableau ci-présent, donné à Bernard van Orley, faisait partie de cette vente forcée. Martin Bromberg l’avait acquis une trentaine d’années auparavant (1909) à Berlin chez Thomas Agnew & Sons. En mars 1939, Loebl voyagea vers New York avec l’ensemble des œuvres acquises à la famille Bromberg, dont la Vierge à l’Enfant. Un mois plus tard, elle fut achetée à New York par le marchand d’art londonien James P. Labey (mort en 1946) pour un client anonyme (Kleinberger Galleries Records, Metropolitan Museum of Art, New York, Card n°291), très probablement Elwood Bigelow Hosmer (1879-1947), directeur du Ritz-Carlton de Montréal (d’où il tirait son surnom de "Grey Ghost of the Ritz"), qui avait hérité de son père d’une importante collection de tableaux, principalement de primitifs flamands mais aussi de portraits anglais et de peinture française du XIXe siècle. Collectionneur passionné, il avait été nommé au Conseil d’administration de la National Gallery of Canada à Ottawa en 1933. A sa mort, sa sœur Olive Hosmer (1880-1962) hérita de la collection qu’elle légua en 1962 à Lucile Elizabeth Pillow, né Fairbank (1883-1969). Au décès de cette dernière, La Vierge à l’Enfant, entra dans la collection de sa fille, Lucinda Marguerite Pillow (1903-1991) et de son époux, A. Murray Vaughan (1899-1986), qui avait été président du musée des Beaux-Arts de Montréal entre 1963 et 1968, ce qui expliquerait le prêt du tableau à ce même musée en mai 1968. Une partie de la collection Hosmer-Pillow, dont le tableau ci-présent, fut dispersée aux enchères en janvier 1979 (vente anonyme, Christie's, New York, 11 janvier 1979, lot 110). Le tableau de Bernard van Orley fut alors acquis par un collectionneur de Philadelphie avant de repasser en vente chez Sotheby’s en janvier 1990 (vente anonyme, Sotheby's, New York, 11 janvier 1990, lot 14).
Nous tenons à remercier Peter van den Brink d'avoir confirmé l'attribution de ce tableau à Bernard van Orley, suggéré une datation vers 1510-1515 et contribué à la rédaction de la présente notice.