Lot Essay
Une première lecture du tableau ci-présent le situerait dans un contexte bien particulier : Jan Brueghel le Jeune (1601-1678) nous donne ici à voir un cabinet de curiosités, genre pictural populaire à Anvers – dont on aperçoit le port sur la Schelde à travers la double arcade sur la droite de la composition – dans la première moitié du XVIIe siècle. L’ensemble de peintures, sculptures, artefacts et instruments scientifiques suscitent l’admiration du spectateur : chez quel amateur sommes-nous ?
Cependant, une seconde lecture du tableau portant davantage sur la conjonction d'éléments symboliques renvoie le spectateur vers un autre niveau d'interprétation : il s’agit d’une allégorie du toucher et de la vue pour laquelle Jan Brueghel le Jeune s’inspire de la série de tableaux de son père, Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), et de Pierre Paul Rubens (1577-1640) peinte en 1617 et 1618, Allégorie des cinq sens, personnifiant les cinq sens sous la forme de figures féminines entourées d’œuvres d’art, d’instruments de musique, de pièces d’armes ou d’outils scientifiques (musée du Prado, Madrid, nos. inv. 1394-1398).
Dans notre tableau, Vénus et Cupidon se tiennent dans un riche cabinet d’amateur, entourés d'œuvres d’art dont certaines ont pu être identifiées. Parmi celles-ci, on reconnaît L'Enlèvement des Sabines de Jean Bologne (1529-1608) (Loggia de Lanzi, Florence) sur la table nappée de bleu vers laquelle s’apprête à sauter un petit singe doré. D’autres statues dorées du sculpteur sont visibles sur l’étagère supérieure du mur central : L’attaque d’un cheval par un lion (Palazzo dei Conservatori, Rome), Hercule en lutte contre le centaure Nessos (Loggia de Lanzi, Florence), Nessos et Déjanire (Victoria & Albert Museum, Londres) et L’attaque d’un taureau par un lion (de gauche à droite). L’étagère au-dessous regroupe une série de bustes d’empereurs romains. A l’extrême droite est visible la statue de Thusnelda, œuvre romaine du IIe siècle (Loggia de Lanzi, Florence).
La richesse des détails de cette composition permet également d'identifier différents tableaux. Trois d’entre eux sont donnés à Rubens : le Portrait du cardenal-infante Ferdinand d’Autriche (Alte Pinakothek, Munich, no. inv. 335), La chasse au sanglier (musée des beaux-arts, Marseille, no. inv. 103), et le double portrait de Philippe IV et Isabelle d’Espagne, peint d’après Rubens (de gauche à droite). Nous reconnaissons aussi le Rudolf II en guise de Mars avec Venus et Cupidon de Véronèse (1528-1588) derrière le lustre. Peint pour l’empereur Rodolphe II (1552-1612), Jan Brueghel l’Ancien aurait vu le tableau à Rome dans la collection de la reine Christine de Suède (1626-1689) et en aurait transmis la connaissance à son fils. Découpé en différentes parties entre 1805 et 1951, la plupart des éléments constituant ce tableau sont considérés comme perdus ; or, fait intéressant, la partie sur laquelle figure Cupidon qui tient les rênes du cheval sera vendue chez Christie’s à Londres le 6 juillet 2023.
Une version proche du tableau ci-présent est conservée au Philadelphia Museum of Art (no. inv. 656), à la différence qu’elle ne reprend pas le Portrait du cardenal-infante Ferdinand d’Autriche et La chasse au sanglier de Rubens sur le mur central. Peinte sur cuivre, de dimensions similaires (58,5 x 89 cm.), elle est signée par Jan Brueghel le Jeune et figure parmi la collection de John G. Johnson (1841-1917) (voir K. Ertz, Jan Brueghel the Younger. The paintings with oeuvre catalogue, Freren, 1984, I, p. 349, sous le n°183).
Tout comme pour la version de Philadelphie, notre tableau est très probablement une œuvre réalisée de manière collaborative dans l’atelier de Jan Brueghel le Jeune. Les éléments de nature morte, de paysage ou encore les petits singes sont de Jan Brueghel le Jeune lui-même, tandis que la figure féminine, tel qu’avancé par Dr. Klaus Ertz dans une communication écrite en date du 17 avril 2023, est d’un suiveur de Hendrick van Balen (1575-1632). Dans la même communication, Ertz avance que notre tableau daterait des années 1630.
Cependant, une seconde lecture du tableau portant davantage sur la conjonction d'éléments symboliques renvoie le spectateur vers un autre niveau d'interprétation : il s’agit d’une allégorie du toucher et de la vue pour laquelle Jan Brueghel le Jeune s’inspire de la série de tableaux de son père, Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), et de Pierre Paul Rubens (1577-1640) peinte en 1617 et 1618, Allégorie des cinq sens, personnifiant les cinq sens sous la forme de figures féminines entourées d’œuvres d’art, d’instruments de musique, de pièces d’armes ou d’outils scientifiques (musée du Prado, Madrid, nos. inv. 1394-1398).
Dans notre tableau, Vénus et Cupidon se tiennent dans un riche cabinet d’amateur, entourés d'œuvres d’art dont certaines ont pu être identifiées. Parmi celles-ci, on reconnaît L'Enlèvement des Sabines de Jean Bologne (1529-1608) (Loggia de Lanzi, Florence) sur la table nappée de bleu vers laquelle s’apprête à sauter un petit singe doré. D’autres statues dorées du sculpteur sont visibles sur l’étagère supérieure du mur central : L’attaque d’un cheval par un lion (Palazzo dei Conservatori, Rome), Hercule en lutte contre le centaure Nessos (Loggia de Lanzi, Florence), Nessos et Déjanire (Victoria & Albert Museum, Londres) et L’attaque d’un taureau par un lion (de gauche à droite). L’étagère au-dessous regroupe une série de bustes d’empereurs romains. A l’extrême droite est visible la statue de Thusnelda, œuvre romaine du IIe siècle (Loggia de Lanzi, Florence).
La richesse des détails de cette composition permet également d'identifier différents tableaux. Trois d’entre eux sont donnés à Rubens : le Portrait du cardenal-infante Ferdinand d’Autriche (Alte Pinakothek, Munich, no. inv. 335), La chasse au sanglier (musée des beaux-arts, Marseille, no. inv. 103), et le double portrait de Philippe IV et Isabelle d’Espagne, peint d’après Rubens (de gauche à droite). Nous reconnaissons aussi le Rudolf II en guise de Mars avec Venus et Cupidon de Véronèse (1528-1588) derrière le lustre. Peint pour l’empereur Rodolphe II (1552-1612), Jan Brueghel l’Ancien aurait vu le tableau à Rome dans la collection de la reine Christine de Suède (1626-1689) et en aurait transmis la connaissance à son fils. Découpé en différentes parties entre 1805 et 1951, la plupart des éléments constituant ce tableau sont considérés comme perdus ; or, fait intéressant, la partie sur laquelle figure Cupidon qui tient les rênes du cheval sera vendue chez Christie’s à Londres le 6 juillet 2023.
Une version proche du tableau ci-présent est conservée au Philadelphia Museum of Art (no. inv. 656), à la différence qu’elle ne reprend pas le Portrait du cardenal-infante Ferdinand d’Autriche et La chasse au sanglier de Rubens sur le mur central. Peinte sur cuivre, de dimensions similaires (58,5 x 89 cm.), elle est signée par Jan Brueghel le Jeune et figure parmi la collection de John G. Johnson (1841-1917) (voir K. Ertz, Jan Brueghel the Younger. The paintings with oeuvre catalogue, Freren, 1984, I, p. 349, sous le n°183).
Tout comme pour la version de Philadelphie, notre tableau est très probablement une œuvre réalisée de manière collaborative dans l’atelier de Jan Brueghel le Jeune. Les éléments de nature morte, de paysage ou encore les petits singes sont de Jan Brueghel le Jeune lui-même, tandis que la figure féminine, tel qu’avancé par Dr. Klaus Ertz dans une communication écrite en date du 17 avril 2023, est d’un suiveur de Hendrick van Balen (1575-1632). Dans la même communication, Ertz avance que notre tableau daterait des années 1630.