Lot Essay
Ce tableau représente la fête de l'Épiphanie, célébrée soit le 6 janvier – treizième jour après Noël – soit la veille au soir. Après le retour de l'église, la communauté se réunissait pour un grand repas, au début duquel l'un des participants était désigné roi par tirage au sort, ou grâce à une part de gâteau dans laquelle se trouvait un haricot (d'où le nom alternatif du thème dans les représentations artistiques : Le roi des haricots). Le roi recevait alors une couronne en papier et désignait les membres de la cour : généralement une reine, un bouffon, un cuisinier, un musicien, un maître de cérémonie, un goûteur et un portier. Le point culminant de la soirée était le moment où le roi levait son verre pour boire la première gorgée. La compagnie criait alors le plus fort possible "Le roi boit !", après quoi les principales célébrations commençaient.
La question de savoir qui, exactement, a mis au point cette composition populaire a longtemps fait l'objet de discussions. On croyait traditionnellement que Marten van Cleve (vers 1527-vers 1581) l'avait inventée et que le jeune Pieter Brueghel le Jeune (1564-1637/1638) en avait réalisé des copies d'après un prototype perdu de van Cleve. Cependant, dans sa monographie sur Pieter Brueghel le Jeune, Klaus Ertz a proposé que cette composition soit une invention du jeune Brueghel ne s'inspirant que vaguement de van Cleve (K. Ertz, Pieter Brueghel der Jüngere (1564-1637/38). Die Gemälde mit Kritischem Oeuvrekatalog, Lingen, 1988/2000, I, pp. 523-533). L'auteur y énumère trois exemples pleinement attribuables à Pieter Brueghel le Jeune (K. Ertz, 1988/2000, op. cit., n°576-578) – un quatrième tableau autographe, daté de 1620, a depuis refait surface (vente anonyme, Christie's, Londres, 6 décembre 2011, lot 15) – et d'autres œuvres mentionnées dans des documents antérieurs ou uniquement connues grâce à des photographies. Bien que les compositions des différentes versions soient ostensiblement les mêmes, celles qu'Ertz attribue sans réserve à Pieter Brueghel le Jeune excluent toutes les légumes renversés que l'on voit dans la présente composition dans le coin inférieur droit. Ce motif n'apparaît nulle part dans l'œuvre de Brueghel, mais on le retrouve dans des tableaux de van Cleve, notamment dans des versions de La visite à la ferme qui se trouvent aujourd'hui au Philadelphia Museum of Art (no. inv. 424) et au Städel Museum de Francfort (no. inv. 1931).
Dr. Klaus Ertz a repris la question de l'origine de cette composition dans son catalogue raisonné de 2014 sur Marten van Cleve : il est revenu sur son opinion selon laquelle la composition avait été conçue par Pieter Brueghel le Jeune et l'a attribuée à van Cleve (K. Ertz, Marten van Cleve, 1524-1581 : Kritischer Katalog der Gemälde und Zeichnungen, Lingen, 2014, p. 61). Dans son argumentation, il démontre que Pieter Brueghel le Jeune a commencé à peindre ce sujet d'après les dessins de van Cleve qu'après 1616.
Près de deux décennies plus tard, la composition festive de van Cleve attire l'attention du plus grand des peintres flamands, Pierre Paul Rubens (1577-1640). Celui-ci retravaille une copie inachevée pour en faire l'une des trois représentations de fêtes populaires hivernales, celles-ci comprenant également La fête de la Saint-Martin et La procession des boiteux (voir K. Belkin, in A House of Art : Rubens a Collector, [cat. exp.], Anvers, 2004, p. 231).
Au moment de sa publication, Ertz a identifié sept versions de cette composition par van Cleve (K. Ertz, 2014, op. cit., pp. 182-185, n°100-106). Le présent tableau, jusqu'alors inconnu d'Ertz, constitue un ajout récent important à son œuvre. Les visages au nez arrondi et aux lèvres épaisses de notre tableau sont caractéristiques de van Cleve. Ertz soutient à juste titre qu'en représentant ses personnages de cette manière, le peintre cherche à indiquer leur caractère simplet, et dont les préoccupations ne vont guère au-delà de l'atmosphère révélatrice de leur intérieur rustique (K. Ertz, 2014, op. cit., p. 18).
Nous tenons à remercier Dr. Klaus Ertz d'avoir confirmé l'attribution de ce tableau à Marten van Cleve sur base d'un examen photographique de l'oeuvre.
La question de savoir qui, exactement, a mis au point cette composition populaire a longtemps fait l'objet de discussions. On croyait traditionnellement que Marten van Cleve (vers 1527-vers 1581) l'avait inventée et que le jeune Pieter Brueghel le Jeune (1564-1637/1638) en avait réalisé des copies d'après un prototype perdu de van Cleve. Cependant, dans sa monographie sur Pieter Brueghel le Jeune, Klaus Ertz a proposé que cette composition soit une invention du jeune Brueghel ne s'inspirant que vaguement de van Cleve (K. Ertz, Pieter Brueghel der Jüngere (1564-1637/38). Die Gemälde mit Kritischem Oeuvrekatalog, Lingen, 1988/2000, I, pp. 523-533). L'auteur y énumère trois exemples pleinement attribuables à Pieter Brueghel le Jeune (K. Ertz, 1988/2000, op. cit., n°576-578) – un quatrième tableau autographe, daté de 1620, a depuis refait surface (vente anonyme, Christie's, Londres, 6 décembre 2011, lot 15) – et d'autres œuvres mentionnées dans des documents antérieurs ou uniquement connues grâce à des photographies. Bien que les compositions des différentes versions soient ostensiblement les mêmes, celles qu'Ertz attribue sans réserve à Pieter Brueghel le Jeune excluent toutes les légumes renversés que l'on voit dans la présente composition dans le coin inférieur droit. Ce motif n'apparaît nulle part dans l'œuvre de Brueghel, mais on le retrouve dans des tableaux de van Cleve, notamment dans des versions de La visite à la ferme qui se trouvent aujourd'hui au Philadelphia Museum of Art (no. inv. 424) et au Städel Museum de Francfort (no. inv. 1931).
Dr. Klaus Ertz a repris la question de l'origine de cette composition dans son catalogue raisonné de 2014 sur Marten van Cleve : il est revenu sur son opinion selon laquelle la composition avait été conçue par Pieter Brueghel le Jeune et l'a attribuée à van Cleve (K. Ertz, Marten van Cleve, 1524-1581 : Kritischer Katalog der Gemälde und Zeichnungen, Lingen, 2014, p. 61). Dans son argumentation, il démontre que Pieter Brueghel le Jeune a commencé à peindre ce sujet d'après les dessins de van Cleve qu'après 1616.
Près de deux décennies plus tard, la composition festive de van Cleve attire l'attention du plus grand des peintres flamands, Pierre Paul Rubens (1577-1640). Celui-ci retravaille une copie inachevée pour en faire l'une des trois représentations de fêtes populaires hivernales, celles-ci comprenant également La fête de la Saint-Martin et La procession des boiteux (voir K. Belkin, in A House of Art : Rubens a Collector, [cat. exp.], Anvers, 2004, p. 231).
Au moment de sa publication, Ertz a identifié sept versions de cette composition par van Cleve (K. Ertz, 2014, op. cit., pp. 182-185, n°100-106). Le présent tableau, jusqu'alors inconnu d'Ertz, constitue un ajout récent important à son œuvre. Les visages au nez arrondi et aux lèvres épaisses de notre tableau sont caractéristiques de van Cleve. Ertz soutient à juste titre qu'en représentant ses personnages de cette manière, le peintre cherche à indiquer leur caractère simplet, et dont les préoccupations ne vont guère au-delà de l'atmosphère révélatrice de leur intérieur rustique (K. Ertz, 2014, op. cit., p. 18).
Nous tenons à remercier Dr. Klaus Ertz d'avoir confirmé l'attribution de ce tableau à Marten van Cleve sur base d'un examen photographique de l'oeuvre.