Lot Essay
Si sous la Surintendance du marquis de Marigny (1727-1781) un sujet de réflexion urbaine, le Louvre devient à la fin du siècle des Lumières le kaléidoscope de cette société en plein débat sur elle-même. Les guichets du côté est, ces passages qui mènent à la Cour Carrée, abritent de nombreuses échoppes de marchands qui sont pour la plupart de modestes brocanteurs proposant des estampes, des livres, voire quelques tableaux.
Deux versions du sujet nous sont connues, le tableau actuel, qui fut autrefois la propriété de la Banque Demachy-Worms, et un autre conservé au musée Carnavalet (Paris, no. inv. P1039). Ce dernier, signé et daté 1791, déposé au Louvre depuis 1989, a peut-être fait l’objet d’un envoi au Salon de 1793. Le tableau ci-présent est antérieur d’une dizaine d’années à celui du musée et de loin le plus réussi. Devrions-nous voir dans la faible qualité du panneau post-révolutionnaire l’œuvre autographe d’un artiste vieillissant ou la participation de Louise-Victoire Demachy, la fille de l’artiste ?
Bien que l’effet de lumière soit identique dans les deux versions, nous remarquons quelques différences tant dans l’organisation de l’espace que dans la description-même de la scène et de ses acteurs. La comparaison des deux panneaux nous permet d’appréhender l’évolution de la société, et ces œuvres restent un témoignage intéressant sur l’une des formes d’activité du commerce d’art parisien au XVIIIe siècle.
Il est par ailleurs intéressant de comparer à notre panneau le lavis appartenant au musée Carnavalet Le Péristyle du Louvre, côté est (Paris, no. inv. D. 514). Celui-ci n’est pas à proprement parler le dessin préparatoire puisque le point de vue est différent, mais on observe quelques éléments communs tels que l’effet de lumière, sur la gauche l’étagère contenant des livres et la bouquetière sur la droite de la composition. Cette feuille pourrait être contemporaine de notre tableau.
Il est à noter que cette pratique de la répétition très répandue chez les vedutistes est tancée par les critiques de Salon lorsqu’elle devient la caractéristique des peintres de paysages, de ruines et d’architecture. Les œuvres de Demachy sont le reflet des attentes de sa clientèle qui, si elle recherchait des vues de Paris, souhaitait également une peinture de l’actualité. A travers cette œuvre, "c’est le statut de Paris capitale culturelle qui s’affirme et se met en scène" selon Charlotte Guichard, qui note que notre tableau illustre admirablement "l'atmosphère du marché de l’art" (M. Petkowska Le Roux, F. Roussel-Leriche, 2016, op. cit., p. 46).
Nous tenons à remercier Madame Petkowska Le Roux d'avoir rédigé la notice ci-dessus.
Deux versions du sujet nous sont connues, le tableau actuel, qui fut autrefois la propriété de la Banque Demachy-Worms, et un autre conservé au musée Carnavalet (Paris, no. inv. P1039). Ce dernier, signé et daté 1791, déposé au Louvre depuis 1989, a peut-être fait l’objet d’un envoi au Salon de 1793. Le tableau ci-présent est antérieur d’une dizaine d’années à celui du musée et de loin le plus réussi. Devrions-nous voir dans la faible qualité du panneau post-révolutionnaire l’œuvre autographe d’un artiste vieillissant ou la participation de Louise-Victoire Demachy, la fille de l’artiste ?
Bien que l’effet de lumière soit identique dans les deux versions, nous remarquons quelques différences tant dans l’organisation de l’espace que dans la description-même de la scène et de ses acteurs. La comparaison des deux panneaux nous permet d’appréhender l’évolution de la société, et ces œuvres restent un témoignage intéressant sur l’une des formes d’activité du commerce d’art parisien au XVIIIe siècle.
Il est par ailleurs intéressant de comparer à notre panneau le lavis appartenant au musée Carnavalet Le Péristyle du Louvre, côté est (Paris, no. inv. D. 514). Celui-ci n’est pas à proprement parler le dessin préparatoire puisque le point de vue est différent, mais on observe quelques éléments communs tels que l’effet de lumière, sur la gauche l’étagère contenant des livres et la bouquetière sur la droite de la composition. Cette feuille pourrait être contemporaine de notre tableau.
Il est à noter que cette pratique de la répétition très répandue chez les vedutistes est tancée par les critiques de Salon lorsqu’elle devient la caractéristique des peintres de paysages, de ruines et d’architecture. Les œuvres de Demachy sont le reflet des attentes de sa clientèle qui, si elle recherchait des vues de Paris, souhaitait également une peinture de l’actualité. A travers cette œuvre, "c’est le statut de Paris capitale culturelle qui s’affirme et se met en scène" selon Charlotte Guichard, qui note que notre tableau illustre admirablement "l'atmosphère du marché de l’art" (M. Petkowska Le Roux, F. Roussel-Leriche, 2016, op. cit., p. 46).
Nous tenons à remercier Madame Petkowska Le Roux d'avoir rédigé la notice ci-dessus.