Lot Essay
Si la disparition de beaucoup d'édifices religieux est la conséquence de la Révolution, celle d'un certain nombre d'églises de l’époque médiévale est imputable à l'ancien régime. Plusieurs églises parisiennes ont été sacrifiées aux conceptions esthétiques du Classicisme. L'église des Saints-Innocents, rue Saint-Denis, détruite à la fin du XVIIIe siècle en même temps que le cimetière adjacent, fait partie de ce groupe.
A l’origine l’église des Saints-Innocents était une chapelle dédiée à saint Michel. Elle fut rebaptisée par Louis VI (1081-1137) et agrandie sous Philippe Auguste (1165-1223). Sa démolition suivit d’une année celle du Cimetière des Saints-Innocents en 1787. Son histoire est très mal connue : aucun texte ne donne d'indications sur la date et les circonstances de sa fondation non plus que sur les étapes de la construction. On sait seulement que la petite chapelle du cimetière avait été agrandie en 1130 et que la création d'une petite paroisse des Saints-Innocents fut l'un des résultats d'un démembrement de la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois.
Les circonstances de sa disparition sont beaucoup mieux connues. L'église était enclavée dans le cimetière des Saints-Innocents, à l'angle nord-est, et séparée de la rue aux Fers par une rangée de six maisons et une fontaine. Encombré de sépultures, ce cimetière, placé en plein cœur de Paris, était à la longue devenu dangereux pour les habitants voisins. Le 21 mai 1765, un arrêt du Parlement interdit les inhumations dans tous les cimetières situés à l'intérieur de Paris. Aussitôt la perspective de libération prochaine du terrain fait surgir des projets qui le destinent à la rénovation et à l'agrandissement d’un marché, mais qui ne prennent en considération que l'espace du cimetière, dont la suppression fut décidée et son emplacement destiné à l'établissement du marché aux herbes et aux légumes. Mais très vite la grande valeur du terrain en ce quartier populeux amena à convoiter pour l'aménagement du marché la partie dévolue à l'église.
Après de longues discussions entre les pouvoirs publics et le clergé et la fabrique des Saints-Innocents au cours de l'année 1786, la suppression de la paroisse des Saints-Innocents et la destruction de l'église furent décidées. L'intérêt financier auquel s'ajoute le goût de l'époque qui ne pouvait que trop condamner un "édifice vicieux dans sa construction et irrégulier dans sa forme", et aussi l'état de délabrement de l'édifice, provoquent la démolition des Saints-Innocents qui fut ordonnée le 1er juillet 1786. Le 31 novembre 1786, l'archevêque de Paris supprima la cure des Saints-Innocents et, au cours de l'année 1787, l'église fut rasée.
La Démolition de l’église des Saints-Innocents illustre la tendance de l’artiste de reproduire le même sujet. Notre tableau fut exposé au Salon de 1787 (n°27) conjointement à ceux aujourd’hui conservés au musée Carnavalet (Paris, nos. inv. P 80 et P 2080). Cette vue nous permet d’appréhender l’architecture d’un monument disparu. L’artiste, témoin des métamorphoses de la ville à la fin du XVIIIe siècle, en devient l’historiographe et est apprécié comme tel par les amateurs de l’histoire de la ville.
Nous tenons à remercier Madame Petkowska Le Roux d'avoir rédigé la notice ci-dessus.
A l’origine l’église des Saints-Innocents était une chapelle dédiée à saint Michel. Elle fut rebaptisée par Louis VI (1081-1137) et agrandie sous Philippe Auguste (1165-1223). Sa démolition suivit d’une année celle du Cimetière des Saints-Innocents en 1787. Son histoire est très mal connue : aucun texte ne donne d'indications sur la date et les circonstances de sa fondation non plus que sur les étapes de la construction. On sait seulement que la petite chapelle du cimetière avait été agrandie en 1130 et que la création d'une petite paroisse des Saints-Innocents fut l'un des résultats d'un démembrement de la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois.
Les circonstances de sa disparition sont beaucoup mieux connues. L'église était enclavée dans le cimetière des Saints-Innocents, à l'angle nord-est, et séparée de la rue aux Fers par une rangée de six maisons et une fontaine. Encombré de sépultures, ce cimetière, placé en plein cœur de Paris, était à la longue devenu dangereux pour les habitants voisins. Le 21 mai 1765, un arrêt du Parlement interdit les inhumations dans tous les cimetières situés à l'intérieur de Paris. Aussitôt la perspective de libération prochaine du terrain fait surgir des projets qui le destinent à la rénovation et à l'agrandissement d’un marché, mais qui ne prennent en considération que l'espace du cimetière, dont la suppression fut décidée et son emplacement destiné à l'établissement du marché aux herbes et aux légumes. Mais très vite la grande valeur du terrain en ce quartier populeux amena à convoiter pour l'aménagement du marché la partie dévolue à l'église.
Après de longues discussions entre les pouvoirs publics et le clergé et la fabrique des Saints-Innocents au cours de l'année 1786, la suppression de la paroisse des Saints-Innocents et la destruction de l'église furent décidées. L'intérêt financier auquel s'ajoute le goût de l'époque qui ne pouvait que trop condamner un "édifice vicieux dans sa construction et irrégulier dans sa forme", et aussi l'état de délabrement de l'édifice, provoquent la démolition des Saints-Innocents qui fut ordonnée le 1er juillet 1786. Le 31 novembre 1786, l'archevêque de Paris supprima la cure des Saints-Innocents et, au cours de l'année 1787, l'église fut rasée.
La Démolition de l’église des Saints-Innocents illustre la tendance de l’artiste de reproduire le même sujet. Notre tableau fut exposé au Salon de 1787 (n°27) conjointement à ceux aujourd’hui conservés au musée Carnavalet (Paris, nos. inv. P 80 et P 2080). Cette vue nous permet d’appréhender l’architecture d’un monument disparu. L’artiste, témoin des métamorphoses de la ville à la fin du XVIIIe siècle, en devient l’historiographe et est apprécié comme tel par les amateurs de l’histoire de la ville.
Nous tenons à remercier Madame Petkowska Le Roux d'avoir rédigé la notice ci-dessus.