Lot Essay
La paire de brûle-parfums présentée ici et attribuée à Pierre Gouthière, est un remarquable exemple de ce qui se faisait de mieux en matière d’arts décoratifs au XVIIIe siècle. Ces pièces exceptionnelles révèlent tout le talent de ce maître bronzier dans la pratique de la ciselure et de la dorure.
L’ESPRIT GOUTHIERE : DES BRONZES D‘EXCEPTION
Pierre Gouthière (1732-1813) fut reçu maître doreur-ciseleur en 1758 et nommé doreur ordinaire des Menus plaisirs du roi en 1767. Il fut sans doute le plus brillant ciseleur-doreur du XVIIIe siècle, ayant amené cet art à son apogée notamment dans le traitement naturaliste des ornements. Sous son ciselet, les pièces en bronze prennent l’apparence de l’or, notamment grâce à son invention : la dorure ‘au mat’. Son génie ayant été largement reconnu de son vivant, il était mentionné dans les catalogues lorsqu’une de ses pièces passaient aux enchères, ce qui était en principe réservé aux peintres et aux sculpteurs. De plus, le prix de ses œuvres était comparable, voire plus élevé, à celui de peintres célèbres de son époque. Il travailla sous le règne de Louis XV et Louis XVI quasi exclusivement pour une clientèle prestigieuse qui lui commandait des objets luxueux et extravagants. Il s’agissait essentiellement de membres de la cour dont la comtesse du Barry qui lui commanda des bronzes pour son Pavillon de Louveciennes en 1770-1771 pour la somme de 100 000 livres. Le duc d’Aumont, son plus important client, lui commanda une paire de vases en albâtre rose réalisée dans les années 1770-1775 avec des montures en bronze doré formées de feuilles de laurier, qui fut par la suite achetée par Louis XVI lors de la vente de sa collection du 12 au 21 décembre 1782, lot 7, avant de rejoindre les collections du Musée du Louvre en 1793. Après être repassée entre plusieurs mains, cette paire de vases fut vendue chez Christie’s, New-York le 24 novembre 1998, lot 15.
Pierre Gouthière parvient à rendre les matières et les textures avec une virtuosité sans précédent et sans commune mesure avec ce qui s’est fait par la suite. Ainsi sur nos brûle-parfums, la fourrure et la peau du lion sont rendues avec la plus grande précision. Les reflets lumineux offrent un volume inédit grâce à l’alternance du mat et du brillant, comme les dents scintillantes du lion qui contrastent avec son poil, ou encore les drapés avec les tombées de peau. L’embouchure du vase est bordée d’un tore de laurier admirablement exécuté, les feuilles traduisant un raffinement extrême dans leur traitement.
LE GOÛT ‘A LA GRECQUE’
Nos brûle-parfums illustrent également l’engouement pour le goût ‘à la grecque’ qui s’est développé dans les années 1760 en réponse aux excès du rocaille au début du règne de Louis XV. Il fut promu par d’importantes figures culturelles de l’époque, telles Jacques-Joseph Le Lorrain et Charles de Wailly, Jacques-François Blondel et Charles-Nicolas Cochin. Ce dernier accompagna en Italie de 1749 à 1751, le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et futur directeur général des Bâtiments du roi, avec l’architecte Jacques-Germain Soufflot et l'abbé Le Blanc. Ce voyage fut décisif dans l’évolution de son goût puisqu’il publia à son retour un article dans le Mercure de France, Supplication aux orfèvres, en décembre 1754, dans lequel il implore les artisans de l’époque de revenir au bon goût et à la raison. Enfin, Winckelmann, dans ses Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture publiées en 1754, prône un retour aux sources antiques dans l’art et évoque ‘une noble simplicité et une grandeur tranquille’ pour décrire les œuvres grecques. Ces publications eurent un grand retentissement dans les sphères intellectuelles de l’époque. Elles inspirèrent la création, en 1757, du bureau-cartonnier de Lalive de Jully par Joseph Baumhauer, dont le style fut qualifié de ‘classicisme outrancier’, véritable précurseur du style Louis XVI. Ce nouveau style dit ‘à la grecque’ reprend donc des ornements décoratifs de l’Antiquité. Ainsi sur nos brûle-parfums se retrouvent un tore de laurier enrubanné, des têtes et des griffes de lion, et des frises de postes sur les bases. Leur forme s’inspire également de celle des vases grecs. Par la suite, ce style toucha tous les domaines des arts décoratifs si bien que le Baron Grimm relève en 1763 que « tout est à Paris à la grecque » (S. Eriksen, Early Neoclassicism in France, Londres, 1974, p. 264). Notre paire de brûle-parfums est à rapprocher d’un modèle du marchand Jean Dulac, qui témoigne également du goût à la grecque en reprenant les mêmes ornements : des têtes de lion retenant des peaux et des drapés. Nous pouvons citer une paire de vases par Jean Dulac réalisée vers 1770-1774 et vendue chez Christie’s Paris, le 15 septembre 2016, lot 125.
UN DECOR CARACTERISTIQUE
La plupart des œuvres de Gouthière n’étant pas signées, l’attribution de ces brûle-parfums à Pierre Gouthière s’est bien sûre basée sur la qualité exceptionnelle des bronzes, mais également sur les éléments du décor en comparaison à des productions connues. Sur une paire de flambeaux vendue chez Christie’s Paris le 14 juin 2022, lot 2 et issue de la collection d’Hubert de Givenchy, se retrouvent ces têtes de lions si emblématiques à la crinière finement ciselée, ces pieds griffe en paire, l’ensemble reposant sur un tore de laurier enrubanné travaillé de manière très similaire à celui présent sur nos brûle-parfums. La paire de vases du duc d’Aumont citée plus haut est également en albâtre rose (Christie’s, New-York, 24 novembre 1998, lot 15), ce qui présume bien qu’il utilisa cette pierre pour certaines de ses réalisations. Enfin, un brûle-parfum vendu chez Christie’s, Londres, le 6 décembre 2012, lot 28, issu de la collection de Monsieur et Madame Riahi, reprend une forme boule et un traitement des feuillages en bronze très similaires aux nôtres, et date de la même période.
The pair of 'brûle-parfums' presented here, attributed to Pierre Gouthière, is a remarkable example of the very best in 18th-century decorative arts. These exceptional pieces reveal the talent of this 'maître bronzier' in the practice of chasing and gilding.
THE SPIRIT OF GOUTHIERE: BRONZES BEYOND COMPARE
Pierre Gouthière (1732-1813) was awarded the title of Master Chaser and Gilder in 1758, and in 1767 was appointed Ordinary Gilder to the King’s Menus plaisirs (the department in charge of providing the King’s personal effects and organising his entertainment). He was undoubtedly the most gifted metalworker and gilder of the 18th century. He brought the art form to its pinnacle, most notably with the naturalistic decorative detail that we see in his works. Under his chasing hammer, bronze pieces took on the appearance of gold, thanks in particular to his invention of the ‘matt’ gilding technique. As his genius was widely recognised during his lifetime, his name would be mentioned in sale catalogues when one of his pieces came up for auction, an honour that was normally reserved only for painters and sculptors. What’s more, the prices his works would fetch were comparable to, or even higher than, those of the famous painters of his time. During the reigns of Louis XV and Louis XVI, he worked almost exclusively for a prestigious clientele, who commissioned him to create lavish and extravagant pieces. These were predominantly members of the court, and included the Countess du Barry, who commissioned him to make bronzes for her pavilion at the Château de Louveciennes in 1770-1771, for the sum of 100,000 livres. The Duke d’Aumont, his most important client, commissioned a pair of pink alabaster vases made between 1770 and 1775 with gilded bronze laurel leaf mounts, which were subsequently acquired by Louis XVI at the sale of his collection from 12 to 21 December 1782 (lot 7), before becoming part of the Musée du Louvre’s collection in 1793. After passing through the hands of several owners, this pair of vases was sold at Christie’s New York on 24 November 1998, under lot 15.
The pair of perfume burners offered here for auction is a remarkable example of the very best of the decorative arts in the 18th century. These extraordinary pieces are the perfect embodiment of this master bronze chaser and gilder’s exceptional talent. Pierre Gouthière was able to render materials and textures with a skill that was unprecedented at the time, and that remains unsurpassed. The lion’s fur on these perfume burners, for example, and the folds of its coat, are rendered with the utmost precision. The reflections of light create a sense of dimensionality that was unprecedented, thanks to the alternating use of matt and gloss finishes, the glint of the lion’s teeth contrasting with its fur and the folds of its skin. The mouth of the vase section is bordered by a beautifully crafted festoon of laurel, its exquisitely defined leaves the utmost in refinement.
THE ‘GREEK’ STYLE
These perfume burners also illustrate the extreme popularity of the Greek (‘à la grecque’) style in the 1760s, a response to the excesses of the Rococo style at the beginning of Louis XV’s reign. It was championed by prominent cultural figures of the time, such as Jacques-Joseph Le Lorrain and Charles de Wailly, Jacques-François Blondel and Charles-Nicolas Cochin. The latter accompanied the Marquis de Marigny – Madame de Pompadour’s brother and the future Director General of the King’s Buildings – to Italy from 1749 to 1751, along with the architect Jacques-Germain Soufflot and Abbot Le Blanc. This trip was a decisive moment in the development of his artistic style and, on his return, he published an article in the Mercure de France gazette in December 1754, titled Entreaty to goldsmiths and metalworkers (‘Supplication aux orfèvres’), in which he implored the craftsmen of the time to return to good taste and reason. Finally, Winckelmann, in his Reflections on the imitation of Greek paintings and sculptures, published in 1754, advocated for a return to the ancient origins of art, describing Greek works in terms of their ‘noble simplicity and tranquil grandeur’. These publications had a significant impact on the intellectuals of the time. In 1757, they inspired Joseph Baumhauer to create Lalive de Jully’s famous desk with file case. Baumhauer’s style was described as ‘outrageous classicism’, and was very much a precursor of the Louis XVI style. This new style, known as ‘à la grecque’ (the Greek style), took inspiration from Antiquity when it came to decorative detail. These perfume burners feature a festoon of laurel, lion heads and claws, and a frieze of wave motifs on the bases. Their shape is also inspired by that of Greek vases. This style would subsequently come to influence all areas of the decorative arts, so much so that Baron Grimm remarked in 1763 that “everything in Paris is Greek” (S. Eriksen, Early Neoclassicism in France, London, 1974, p. 264). Our pair of ‘brûle-parfums’ can be compared with a model by the ‘marchand’ Jean Dulac, which also reflects the Greek taste, using the same ornamentation: lion heads holding skins and drapery. We can cite a pair of vases by Jean Dulac made circa 1770-1774 and sold at Christie's Paris, September 15, 2016, lot 125.
A UNIQUE DECORATIVE STYLE
Owing to the fact that most of Gouthière’s works are not signed, the attribution of these perfume burners to Pierre Gouthière was based on the exceptional quality of the bronzes, as well as comparing the decorative elements with other pieces he is known to have produced. On a pair of candlesticks from Hubert de Givenchy’s collection, sold at Christie’s Paris on 14 June 2022 (lot 2), for example, we find the signature lions’ heads with their finely chiselled manes, the pairs of claw feet, and the whole resting on a beribboned festoon of laurel moulded in a very similar style to those found on these perfume burners. The pair of vases belonging to the Duke d’Aumont, mentioned above, is also made of pink alabaster (Christie’s New York, 24 November 1998, lot 15), which suggests that he used this stone for some of his works. Finally, a perfume burner sold at Christie’s London on 6 December 2012 (lot 28), from the collection of Mr and Mrs Riahi, features a ball shape and bronze foliage treatment very similar to the decorative detail on these perfume burners, and dates from the same period.
L’ESPRIT GOUTHIERE : DES BRONZES D‘EXCEPTION
Pierre Gouthière (1732-1813) fut reçu maître doreur-ciseleur en 1758 et nommé doreur ordinaire des Menus plaisirs du roi en 1767. Il fut sans doute le plus brillant ciseleur-doreur du XVIIIe siècle, ayant amené cet art à son apogée notamment dans le traitement naturaliste des ornements. Sous son ciselet, les pièces en bronze prennent l’apparence de l’or, notamment grâce à son invention : la dorure ‘au mat’. Son génie ayant été largement reconnu de son vivant, il était mentionné dans les catalogues lorsqu’une de ses pièces passaient aux enchères, ce qui était en principe réservé aux peintres et aux sculpteurs. De plus, le prix de ses œuvres était comparable, voire plus élevé, à celui de peintres célèbres de son époque. Il travailla sous le règne de Louis XV et Louis XVI quasi exclusivement pour une clientèle prestigieuse qui lui commandait des objets luxueux et extravagants. Il s’agissait essentiellement de membres de la cour dont la comtesse du Barry qui lui commanda des bronzes pour son Pavillon de Louveciennes en 1770-1771 pour la somme de 100 000 livres. Le duc d’Aumont, son plus important client, lui commanda une paire de vases en albâtre rose réalisée dans les années 1770-1775 avec des montures en bronze doré formées de feuilles de laurier, qui fut par la suite achetée par Louis XVI lors de la vente de sa collection du 12 au 21 décembre 1782, lot 7, avant de rejoindre les collections du Musée du Louvre en 1793. Après être repassée entre plusieurs mains, cette paire de vases fut vendue chez Christie’s, New-York le 24 novembre 1998, lot 15.
Pierre Gouthière parvient à rendre les matières et les textures avec une virtuosité sans précédent et sans commune mesure avec ce qui s’est fait par la suite. Ainsi sur nos brûle-parfums, la fourrure et la peau du lion sont rendues avec la plus grande précision. Les reflets lumineux offrent un volume inédit grâce à l’alternance du mat et du brillant, comme les dents scintillantes du lion qui contrastent avec son poil, ou encore les drapés avec les tombées de peau. L’embouchure du vase est bordée d’un tore de laurier admirablement exécuté, les feuilles traduisant un raffinement extrême dans leur traitement.
LE GOÛT ‘A LA GRECQUE’
Nos brûle-parfums illustrent également l’engouement pour le goût ‘à la grecque’ qui s’est développé dans les années 1760 en réponse aux excès du rocaille au début du règne de Louis XV. Il fut promu par d’importantes figures culturelles de l’époque, telles Jacques-Joseph Le Lorrain et Charles de Wailly, Jacques-François Blondel et Charles-Nicolas Cochin. Ce dernier accompagna en Italie de 1749 à 1751, le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et futur directeur général des Bâtiments du roi, avec l’architecte Jacques-Germain Soufflot et l'abbé Le Blanc. Ce voyage fut décisif dans l’évolution de son goût puisqu’il publia à son retour un article dans le Mercure de France, Supplication aux orfèvres, en décembre 1754, dans lequel il implore les artisans de l’époque de revenir au bon goût et à la raison. Enfin, Winckelmann, dans ses Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture publiées en 1754, prône un retour aux sources antiques dans l’art et évoque ‘une noble simplicité et une grandeur tranquille’ pour décrire les œuvres grecques. Ces publications eurent un grand retentissement dans les sphères intellectuelles de l’époque. Elles inspirèrent la création, en 1757, du bureau-cartonnier de Lalive de Jully par Joseph Baumhauer, dont le style fut qualifié de ‘classicisme outrancier’, véritable précurseur du style Louis XVI. Ce nouveau style dit ‘à la grecque’ reprend donc des ornements décoratifs de l’Antiquité. Ainsi sur nos brûle-parfums se retrouvent un tore de laurier enrubanné, des têtes et des griffes de lion, et des frises de postes sur les bases. Leur forme s’inspire également de celle des vases grecs. Par la suite, ce style toucha tous les domaines des arts décoratifs si bien que le Baron Grimm relève en 1763 que « tout est à Paris à la grecque » (S. Eriksen, Early Neoclassicism in France, Londres, 1974, p. 264). Notre paire de brûle-parfums est à rapprocher d’un modèle du marchand Jean Dulac, qui témoigne également du goût à la grecque en reprenant les mêmes ornements : des têtes de lion retenant des peaux et des drapés. Nous pouvons citer une paire de vases par Jean Dulac réalisée vers 1770-1774 et vendue chez Christie’s Paris, le 15 septembre 2016, lot 125.
UN DECOR CARACTERISTIQUE
La plupart des œuvres de Gouthière n’étant pas signées, l’attribution de ces brûle-parfums à Pierre Gouthière s’est bien sûre basée sur la qualité exceptionnelle des bronzes, mais également sur les éléments du décor en comparaison à des productions connues. Sur une paire de flambeaux vendue chez Christie’s Paris le 14 juin 2022, lot 2 et issue de la collection d’Hubert de Givenchy, se retrouvent ces têtes de lions si emblématiques à la crinière finement ciselée, ces pieds griffe en paire, l’ensemble reposant sur un tore de laurier enrubanné travaillé de manière très similaire à celui présent sur nos brûle-parfums. La paire de vases du duc d’Aumont citée plus haut est également en albâtre rose (Christie’s, New-York, 24 novembre 1998, lot 15), ce qui présume bien qu’il utilisa cette pierre pour certaines de ses réalisations. Enfin, un brûle-parfum vendu chez Christie’s, Londres, le 6 décembre 2012, lot 28, issu de la collection de Monsieur et Madame Riahi, reprend une forme boule et un traitement des feuillages en bronze très similaires aux nôtres, et date de la même période.
The pair of 'brûle-parfums' presented here, attributed to Pierre Gouthière, is a remarkable example of the very best in 18th-century decorative arts. These exceptional pieces reveal the talent of this 'maître bronzier' in the practice of chasing and gilding.
THE SPIRIT OF GOUTHIERE: BRONZES BEYOND COMPARE
Pierre Gouthière (1732-1813) was awarded the title of Master Chaser and Gilder in 1758, and in 1767 was appointed Ordinary Gilder to the King’s Menus plaisirs (the department in charge of providing the King’s personal effects and organising his entertainment). He was undoubtedly the most gifted metalworker and gilder of the 18th century. He brought the art form to its pinnacle, most notably with the naturalistic decorative detail that we see in his works. Under his chasing hammer, bronze pieces took on the appearance of gold, thanks in particular to his invention of the ‘matt’ gilding technique. As his genius was widely recognised during his lifetime, his name would be mentioned in sale catalogues when one of his pieces came up for auction, an honour that was normally reserved only for painters and sculptors. What’s more, the prices his works would fetch were comparable to, or even higher than, those of the famous painters of his time. During the reigns of Louis XV and Louis XVI, he worked almost exclusively for a prestigious clientele, who commissioned him to create lavish and extravagant pieces. These were predominantly members of the court, and included the Countess du Barry, who commissioned him to make bronzes for her pavilion at the Château de Louveciennes in 1770-1771, for the sum of 100,000 livres. The Duke d’Aumont, his most important client, commissioned a pair of pink alabaster vases made between 1770 and 1775 with gilded bronze laurel leaf mounts, which were subsequently acquired by Louis XVI at the sale of his collection from 12 to 21 December 1782 (lot 7), before becoming part of the Musée du Louvre’s collection in 1793. After passing through the hands of several owners, this pair of vases was sold at Christie’s New York on 24 November 1998, under lot 15.
The pair of perfume burners offered here for auction is a remarkable example of the very best of the decorative arts in the 18th century. These extraordinary pieces are the perfect embodiment of this master bronze chaser and gilder’s exceptional talent. Pierre Gouthière was able to render materials and textures with a skill that was unprecedented at the time, and that remains unsurpassed. The lion’s fur on these perfume burners, for example, and the folds of its coat, are rendered with the utmost precision. The reflections of light create a sense of dimensionality that was unprecedented, thanks to the alternating use of matt and gloss finishes, the glint of the lion’s teeth contrasting with its fur and the folds of its skin. The mouth of the vase section is bordered by a beautifully crafted festoon of laurel, its exquisitely defined leaves the utmost in refinement.
THE ‘GREEK’ STYLE
These perfume burners also illustrate the extreme popularity of the Greek (‘à la grecque’) style in the 1760s, a response to the excesses of the Rococo style at the beginning of Louis XV’s reign. It was championed by prominent cultural figures of the time, such as Jacques-Joseph Le Lorrain and Charles de Wailly, Jacques-François Blondel and Charles-Nicolas Cochin. The latter accompanied the Marquis de Marigny – Madame de Pompadour’s brother and the future Director General of the King’s Buildings – to Italy from 1749 to 1751, along with the architect Jacques-Germain Soufflot and Abbot Le Blanc. This trip was a decisive moment in the development of his artistic style and, on his return, he published an article in the Mercure de France gazette in December 1754, titled Entreaty to goldsmiths and metalworkers (‘Supplication aux orfèvres’), in which he implored the craftsmen of the time to return to good taste and reason. Finally, Winckelmann, in his Reflections on the imitation of Greek paintings and sculptures, published in 1754, advocated for a return to the ancient origins of art, describing Greek works in terms of their ‘noble simplicity and tranquil grandeur’. These publications had a significant impact on the intellectuals of the time. In 1757, they inspired Joseph Baumhauer to create Lalive de Jully’s famous desk with file case. Baumhauer’s style was described as ‘outrageous classicism’, and was very much a precursor of the Louis XVI style. This new style, known as ‘à la grecque’ (the Greek style), took inspiration from Antiquity when it came to decorative detail. These perfume burners feature a festoon of laurel, lion heads and claws, and a frieze of wave motifs on the bases. Their shape is also inspired by that of Greek vases. This style would subsequently come to influence all areas of the decorative arts, so much so that Baron Grimm remarked in 1763 that “everything in Paris is Greek” (S. Eriksen, Early Neoclassicism in France, London, 1974, p. 264). Our pair of ‘brûle-parfums’ can be compared with a model by the ‘marchand’ Jean Dulac, which also reflects the Greek taste, using the same ornamentation: lion heads holding skins and drapery. We can cite a pair of vases by Jean Dulac made circa 1770-1774 and sold at Christie's Paris, September 15, 2016, lot 125.
A UNIQUE DECORATIVE STYLE
Owing to the fact that most of Gouthière’s works are not signed, the attribution of these perfume burners to Pierre Gouthière was based on the exceptional quality of the bronzes, as well as comparing the decorative elements with other pieces he is known to have produced. On a pair of candlesticks from Hubert de Givenchy’s collection, sold at Christie’s Paris on 14 June 2022 (lot 2), for example, we find the signature lions’ heads with their finely chiselled manes, the pairs of claw feet, and the whole resting on a beribboned festoon of laurel moulded in a very similar style to those found on these perfume burners. The pair of vases belonging to the Duke d’Aumont, mentioned above, is also made of pink alabaster (Christie’s New York, 24 November 1998, lot 15), which suggests that he used this stone for some of his works. Finally, a perfume burner sold at Christie’s London on 6 December 2012 (lot 28), from the collection of Mr and Mrs Riahi, features a ball shape and bronze foliage treatment very similar to the decorative detail on these perfume burners, and dates from the same period.