CABINET 'AUX ELEPHANTS'
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SIGNATURE DE L'ESCALIER DE CRISTAL, D'APRES UN DESSIN ATTRIBUE A EDOUARD LIEVRE, VERS 1895

Details
CABINET 'AUX ELEPHANTS'
SIGNATURE DE L'ESCALIER DE CRISTAL, D'APRES UN DESSIN ATTRIBUE A EDOUARD LIEVRE, VERS 1895
En laque de style japonais, vernis Martin et ornementation de bronze doré, l'intérieur en acajou, de forme trapézoïdale, ouvrant par une porte et orné en partie médiane de trois poignées mobiles retenues par une tête de lion bouddhique, à décor de pagodes dans un paysage lacustre, les pieds cambrés formés de têtes d'éléphant, reposant sur une base en bois laqué noir à décor d'une frise de grecques, marqué sous une poignée 'Escalier de cristal', avec les marques 'Fichet Paris / 43 rue Richelieu 43' sur la plaque d'entrée de serrure, 'L'Escalier de Cristal Paris' sous la poignée centrale et les initiales 'A.N.' (couronnées) au revers des bronzes
H.: 221 cm. (82 ½ in.) ; L.: 146 cm. (57 ½ in.) ; P.: 57 cm. (22 ¼ in.)
Provenance
Vente Christie's, New-York, le 24 avril 2003, lot 204.
Vente Christie's, New-York, le 25 octobre 2005, lot 554.
Literature
A.et D. Masseau, L'Escalier de Cristal, Le luxe à Paris 1809-1923, Saint-Rémy-en-l'Eau, 2021, pp.122-123.
Further details
A FRENCH CHINOISERIE ORMOLU-MOUNTED LACQUERED SIDE CABINET SIGNED BY L'ESCALIER DE CRISTAL, AFTER A DESIGN ATTRIBUTED TO A ÉDOUARD LIÈVRE, CIRCA 1895

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

La fascination et l’engouement pour l’Orient est particulièrement bien ancrée dans l’histoire des arts en Occident. Son renouveau au milieu du XIXe siècle résulte à la fois d’influences chinoises et japonaises. A Paris, l’exposition en 1863 au Palais des Tuileries de porcelaines chinoises, d’émaux cloisonnés, de jades, d’armes et d’armures provenant des palais pillés de Pékin suscite un intérêt considérable et draine de véritables foules. La collection est ensuite présentée dans le Musée Chinois de l’Impératrice Eugénie à Fontainebleau, inauguré en 1863.

A la même époque, l'intérêt pour le Japon renaît dès 1854 lorsque les difficultés commerciales et maritimes forcent le Japon à ouvrir ses frontières, demeurées fermées aux étrangers depuis 1615. Cet intérêt est décuplé par le succès des expositions d’œuvres japonaises aux Expositions Internationales de Londres en 1862 et de Paris en 1867.

En Occident, et tout particulièrement en France, la confrontation avec ces sublimes œuvres japonaises et chinoises a une profonde influence sur les arts décoratifs. Designers et artisans composent avec ces nouvelles influences venues de l’Est. Après avoir étudié à la fois les formes et les techniques, ils réalisent de somptueux émaux cloisonnés, laques, marqueteries d’ivoire et d’écaille, influencés par le répertoire stylistique et l’asymétrie maîtrisée de l’Extrême-Orient. Ils donnent ainsi naissance à un nouveau style, synthèse d’influences orientales et occidentales qui préfigure les formes organiques de l’Art Nouveau et du courant esthétique.


EDOUARD LIEVRE, LE GENIE DU DESIGN

Doté d'une ingéniosité et d'un talent sans limites, Edouard Lièvre (1828-1886) est une des figures des arts décoratifs les plus influentes et les plus prolifiques de la seconde moitié du XIXe siècle. Il devient même l’incarnation du Japonisme en France, courant qui voit le jour dans les années 1860. Son répertoire est éclectique, comprenant des meubles et des céramiques de style « sino-japonais » mais également de style néo-Renaissance.

Lièvre commence sa carrière comme illustrateur auprès de Thomas Couture, avant de se consacrer pleinement aux arts décoratifs et au design dès 1870. Sa première collaboration avec les plus éminents orfèvres et bronziers consiste en un projet de « vase persan », dessiné pour Christofle en 1874. Lièvre compte également une importante clientèle privée à laquelle il fournit des meubles de commande. On compte l'actrice Sarah Bernhardt (cf. le monumental miroir psyché, lot 36 de cette vente), la courtisane Louise-Emilie Valtesse de la Bigne (un impressionnant lit, aujourd'hui conservée au Musée des Arts Décoratifs, inv. DO 1981-19), Albert Vieillard, directeur de la manufacture de céramique de Bordeaux (un cabinet aujourd'hui au Musée d'Orsay, inv. OAO555) et Edouard Detaille, le grand spécialiste de la peinture militaire pour qui Lièvre fournit une « étagère-vitrine et console d'apparat ».

L’empreinte de Lièvre sur la création de meubles durant le dernier quart du XIXe siècle est indéniable. La vente de ses modèles de bronze contribuent à son influence. Le nom Pannier, associé à la maison de luxe L'Escalier de Cristal, apparaît sporadiquement tout au long du catalogue de la "Vente des modèles en bronze […] Provenant de la succession de M. Edouard Lièvre - Artiste peintre et dessinateur, qui a eu lieu à l’Hôtel Drouot, 27 février 1890". La vente des modèles de Lièvre permet de conforter l'attribution fréquente d’ornements de bronze spécifiques, notamment les supports en têtes d'éléphants ornés de bijoux et les dragons rampants et contorsionnés, qui figuraient souvent sur les œuvres posthumes de l'Escalier de Cristal, de Barbedienne et de la Maison Marynhac. La vente de 1890 comprenait plus de trente lots de modèles de style japonais, dont des dessins pour des « dragons rampants pour les angles » et une « grosse tête d'éléphant richement caparaçonnée servant de support » (lots 87 à 89). Un dessin singulier, décrit pour être utilisé comme « grand support », représentait une grande tête d'éléphant dont la trompe servait de pied (lot 84). Un grand nombre de créations de meubles de Lièvre apparaissent ensuite dans le "carnet bleu" de l'Escalier de Cristal, dont le magnifique modèle de "meuble à deux corps : armoire sur table d'applique" (réalisé pour Albert Vieillard, aujourd'hui au musée d'Orsay, Inv. OA O555) dont L'Escalier de Cristal a réalisé six versions, dont une pour le Grand-Duc Vladimir (1847-1909) qui se trouve aujourd'hui à l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

La forme trapézoïdale du présent lot est à rapprocher d’une autre inscription dans le « carnet bleu » pour une « étagère […] noyer » qui présente une superstructure à panneaux ou formant vitrine de la même forme. Un autre meuble de forme identique, quoique de proportion légèrement inférieure, a été attribué à la Maison Marnyhac ; il est orné de panneaux d’émaux cloisonnés chinois au motif « Cent Antiques » (vente Gros & Delettrez, Paris, 2012 ; illustré dans C. Payne, Paris Furniture: The Luxury Market of the 19th Century, 2018, p. 78). Grâce à l'avancement des recherches, le lien entre l'Escalier de Cristal et la Maison Marnyhac est devenu plus lisible. La maison figure parmi la liste exhaustive des bronziers, ébénistes et doreurs ayant collaboré avec l'Escalier de Cristal ; on peut présumer que Marnyhac ait pu fondre les ornements de bronze des deux cabinets ou avoir réalisé sur commande les carcasses pour les frères Pannier (A. et D. Masseau, L'Escalier de Cristal, Le luxe à Paris 1809-1923, Saint-Rémy-en-l'Eau, 2021, pp. 122 et 330).



The vogue for the orient is well-established in the history of Western art. Its resurgence however in the mid-19th century resulted from simultaneous Chinese and Japanese influences. In Paris in 1863 the display at the Tuileries of Chinese porcelain, cloisonné enamel, jade, parade arms and armor and temple garnitures, looted from the Imperial Palace in Beijing, drew huge crowds. The collection was subsequently housed in Empress Eugènie’s 'Chinese Museum' at Fontainebleau, inaugurated in 1863. Meanwhile interest in Japan was renewed from 1854 when issues of trade and naval convenience forced Japan to open its borders, which had been closed to all foreigners since 1615. Widespread interest was stimulated by displays of Japanese wares at the International Exhibitions in London, 1862, and Paris, 1867.

In the West, and particularly in France, contact with high quality Japanese and Chinese works of art had a direct impact on attitudes to the design and decoration of furniture and objets d'art. Designers and makers responded to the challenge of new Eastern influences. They studied the forms and techniques of decoration, and began to produce sumptuous lacquers, cloisonné enamel, marquetry of shell and ivory, patinated bronze and carved wood using the stylized vocabulary and balanced asymmetry of the Far East. In doing so these designers created a unique new style, an amalgamation of Eastern and Western influences, which anticipated the organic forms of Art Nouveau and Aestheticism.


EDOUARD LIEVRE: A LEGACY OF FURNITURE DESIGN

Edouard Lièvre (d. 1886), rife with ingenuity and boundless talent, remains one of the most influential and prolific industrial designers of the second half of the 19th century, ultimately becoming synonymous with the Japonisme movement in France beginning in the 1860s. With a broad repertoire that included ‘sinojaponais’ and neo-Renaissance style furniture and ceramics, the artist trained initially as an illustrator under Thomas Couture but became fully immersed in decorative art and design by 1870. His earliest collaboration with the pre-eminent silversmiths and bronziers was a design for a ‘vase persan’, designed for Christofle in 1874. Lièvre also had a number of private clients to whom he supplied bespoke furnishings, including the actress Sarah Bernhardt (a monumental cheval mirror, lot 36 in this sale), the courtisane, Louise-Emilie Valtesse de la Bigne (an impressive bed, now in the Musée des Arts Décoratifs, inv. DO 1981-19), Albert Vieillard, director of Bordeaux's ceramics factory (a cabinet now in the Musée d'Orsay, inv. OAO555), and Édouard Detaille, the famous military artist for whom Lièvre supplied an 'étagère-vitrine and console d'apparat'.

Lièvre’s lasting imprint on furniture-making in the last quarter of the 19th century is undeniable and the sales of his bronze models solidified his influence in perpetuity. The Pannier name, associated with the luxury firm of l’Escalier de Cristal, appears sporadically throughout the catalogue of Vente des modèles en bronze […] Provenant de la succession de M. Edouard Lièvre - Artiste peintre et dessinateur, which took place at l’Hôtel Drouot, 27 February 1890. The sale of Lièvres models further supports the frequent attribution of specific mounts, particularly bejeweled elephant head supports and rampant, contorted dragons, which often appeared on posthumous works by l’Escalier de Cristal, Barbedienne and Maison Marynhac. The sale comprised over thirty lots of modèles in the ‘style japonais’, including designs for ‘dragons rampants pour les angles’ and ‘grosse tête d’éléphant richement carapaçonnée servant de support’ (lots 87-89). A singular design described for use as a 'grand support', was formed as a large elephant's head with the trunk to serve as the foot (lot 84). A large number of Lièvre’s furniture designs subsequently appear in l’Escalier de Cristal’s ‘carnet bleu’, including the magnificent model of ‘meuble à deux corps: armoire sur table d’applique’ (made for Albert Vieillard, now at Musée d’Orsay OAO555) of which L'Escalier de Cristal made six versions, one for Grand Duke Vladimir (d. 1909) which is today at the Hermitage, St. Petersburg.

The unique trapezoidal form of the present lot is most related to another entry in the ‘carnet bleu’ for an ‘étagère […] noyer’ which features a paneled or vitrine superstructure of the same shape. Another cabinet of this identical form, albeit of slightly smaller proportion, has been attributed to Maison Marnyhac and embellished in Chinese cloisonné panels featuring the ‘Hundred Antiques’ motif (sold Gros & Delettrez, Paris, 2012 and illustrated in C. Payne, Paris Furniture: The Luxury Market of the 19th Century, 2018, p. 78). Through advancing scholarship, the link between l'Escalier de Cristal and contemporary, Maison Marnyhac, has come into clearer focus. The firm appears among the exhaustive list of bronziers, ebenistes and doreurs who collaborated with l’Escalier de Cristal and one could presume that Marnyhac may have cast the mounts for both cabinets or have created the carcasses to order for the Pannier brothers (A. and D. Masseau, L'Escalier de Cristal, Le luxe à Paris 1809-1923, Saint-Rémy-en-l'Eau, 2021, p. 122 & 330).

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