CORINTHE
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PROVENANT D’UNE COLLECTION PRIVÉE ALLEMANDE
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JEAN-LÉON GÉRÔME (1824-1904)

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CORINTHE
JEAN-LÉON GÉRÔME (1824-1904)
En bronze doré, partiellement émaillé, opale, assise en tailleur sur un chapiteau composite portant un cartouche "NON LICET OMNIBUS / ADIRE CORINTHUM", signée "JL.GEROME." sur le côté droit de la base, portant les marques "SIOT.PARIS" et "Z181" à l'arrière ; la ceinture manquante
H. totale : 72,5 cm. (28 ½ in.)
Provenance
Vente Sotheby’s, New York, 26 mai 1993, lot 38.
Galerie Impulsion B., Nicolas Borsje, Paris ;
Collection privée, Allemagne.
Literature
Bibliographie comparative
G. Ackerman, "Corinth", in P. Fusco et H. W. Janson, The Romantics to Rodin : French Nineteenth-Century Sculpture from North American Collections, cat. expo., Los Angeles, 1980, pp. 291-292, no. 157.
G. Ackerman, Les Orientalistes : Jean-Léon Gérôme, Paris, 1986, vol. 4, pp. 330-331, pp. 402-403, no. S. 63 P et S. 63 M1.
G. Ackerman, Jean-Léon Gérôme (1824-1904). Sa vie, son œuvre, Paris, 2010, pp. 162-163.
É. Papet, Jean-Léon Gérôme (1824-1904). L’Histoire en spectacle, cat. expo., Paris, 2010, pp. 326-328, cat. 192 et 193.
É. Papet, En couleur. La Sculpture polychrome en France (1850-1910), cat. expo. Paris, 2018, dont p. 22 ; p. 60, cat. 27 et p. 175.
Further details
A GILT-BRONZE, PARTLY ENAMELLED FIGURE OF CORINTH, JEAN-LÉON GÉRÔME (1824-1904)

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

La Corinthe de Gérôme, au mysticisme énigmatique et au regard lointain, personnifie la cité antique de Corinthe, Tyché de la cité prospère. En tant que divinité veillant sur sa fortune et son destin, à la fois riche et funeste, il semble tout à fait approprié que cette incarnation de la cité antique déchue soit la dernière sculpture de Jean-Léon Gérôme, l'un des artistes académiques les plus célèbres et les plus influents du XIXe siècle.

Si Gérôme est aujourd'hui surtout connu pour ses peintures et sculptures orientalistes, sa dévotion et sa fascination pour le monde classique et la Grèce antique étaient aussi fortes que son intérêt pour l'Orient. Fils d'un orfèvre prospère, il reçoit une éducation classique avec une forte attention sur le grec, le latin et l'histoire au collège local de sa ville natale de Vesoul, dans l'est de la France. La Grèce elle-même, nouvellement indépendante de l'Empire ottoman, portait encore l'aura de l'Orient, et les sujets d'inspiration classique ne semblaient donc pas, à l'époque, incompatibles avec l'attrait de l'Orient. Après un voyage dans les Balkans en 1853, il entame une brillante carrière de peintre ethnographique et, à partir de 1856, envoie des tableaux orientalistes au Salon. Au cours des deux décennies suivantes, l'artiste reçoit de nombreuses commandes du gouvernement français et est fait chevalier de la Légion d'honneur. Professeur à l'École des Beaux-Arts, il est également présent parmi les membres de la cour de l'impératrice Eugénie. Ses séjours en Italie, en Turquie et en Égypte ont inspiré ses œuvres néo-grecques et néo-pompéiennes ultérieures et ont nourri son désir incessant de rivaliser avec la précision exigeante d'un nouvel art émergent de l'époque : la photographie. Ce souci du détail est évident dans le présent modèle où les bijoux ornant la figure, ici en opale irisée et en émail turquoise étincelant, sont directement inspirés de pièces grecques et étrusques de la collection Compana, entrée au Louvre en 1861 (voir L. des Cars, D. de Font-Réaulx et É. Papet, Jean-Léon Gérôme (1824-1904). L’Histoire en spectacle, cat. expo., p. 328, fig. 163-164). Comme le note Édouard Papet, cette perfection dans les moindres détails confère à ses œuvres fantastiques une véritable réalité (op. cit., p. 328).

Malgré le fait qu’il se mette à la sculpture assez tard dans sa carrière, Gérôme ne tarde pas à connaître le succès dans sa nouvelle activité. Dès 1878, moins de dix ans après sa première sculpture, il connaît son premier triomphe à l'Exposition universelle de Paris. Gérôme est encouragé par le sculpteur animalier Emmanuel Frémiet et se décrit comme son élève dans le catalogue du Salon de 1901. Le modèle original en plâtre de Corinthe et le marbre qui l'a suivi comportaient tous deux des éléments teintés afin d'imiter la théorie récemment développée selon laquelle les marbres anciens étaient à l'origine peints de couleurs vives. Le plâtre, vers 1903, est aujourd'hui dans les collections du musée d'Orsay (inv. S RF 2008.2) et le marbre, vers 1904, a été achevé par son assistant d'atelier Louis-Émile Décorchemont et exposé sous le nom de Gérôme à titre posthume au Salon de 1904 (Collection J. Nicholson, Californie). Les bronzes, à peine plus petits que le modèle original, ont été fondus par le fondeur Siot-Decauville, incrustés de pierres semi-précieuses et appliqués d’une polychromie partielle sur les accessoires. Le nombre de ces moulages semble relativement limité : on connaît une fonte en bronze argenté et six fontes en bronze doré.


« IL N’EST PAS PERMIS À TOUS D’ALLER À CORINTHE »

Inscrite à la base du chapiteau sur lequel repose la présente figure, la phrase « NON LICET OMNIBUS / ADIRE CORINTHUM » est une locution grecque et latine qui se traduit par « Il n’est pas permis à tous d’aller à Corinthe ». Cette phrase implique que tout le monde ne peut pas s'offrir les plaisirs de la ville et fait certainement référence à l'auteur et grammairien romain Aulus Gellius, qui croyait que ces mots se référaient à l'une des célèbres courtisanes de la ville, ou hétaïre, du IVe siècle avant J.-C., connue à la fois pour ses charmes et ses tarifs élevés (voir G. Ackerman, « Corinth », dans P. Fusco et H.W. Janson, The Romantics to Rodin: French Nineteenth-Century Sculpture from North American Collections, pp. 291-292). Il était alors fréquent de rencontrer ces femmes fatales dans la cité du Péloponnèse. À l'ouest d'Athènes et au pied de l'Acrocorinthe, la situation géographique favorable de la citadelle a permis de créer des situations avantageuses, tant militairement que commercialement, ainsi qu'un afflux de marins et de commerçants qui ont profité de la richesse de la ville. Un site majeur était le temple d'Aphrodite où les hétaïres étaient dédiées au service du temple en tant que « prostituées sacrées » (un point aujourd'hui controversé qui fait l'objet de recherches toujours actuelles) et dont on sait qu'elles attiraient de nombreux adorateurs. Comme toutes les grandes villes de l'Antiquité, l'apogée s'accompagne d'une chute tragique. En 146 avant J.-C., l'ancienne Corinthe a été brutalement mise à sac par les Romains, un sujet qui, des siècles plus tard, a captivé l'imagination romantique des peintres d'histoire du XIXe siècle. En 1892, la ville antique a été fouillée pour la première fois. Parmi les nombreux trésors cachés, on découvrit le temple d'Apollon, qui a très certainement inspiré Gérôme et la composition du modèle actuel, où l'énigmatique figure de l'hétaïre semble garder les secrets de la ville qu'elle représente.




Gérôme’s Corinthe, embodying an enigmatic mystique and casting a distant gaze, personifies the ancient city of Corinth, a tychai for the prosperous city. As a deity overseeing its fortune and destiny, which was one of both great riches and ultimately of impending doom, it seems only fitting that this incarnation of the Ancient fallen city was the last sculpture by Jean-Léon Gérôme, one the most celebrated and influential academic artists of the 19th century.

While today Gérôme is most recognized for a robust oeuvre of Orientalist paintings and sculpture, his devotion and fascination with the classical world and ancient Greece was as strong as his interest in the East. The son of a prosperous goldsmith, he received a classical education with a strong emphasis on Greek, Latin and history at the local college of his native city of Vesoul in eastern France. Greece itself, newly independent from the Ottoman Empire still carried the aura of the orient, hence, at the time classically inspired subjects did not seem remotely incompatible with the lure of the East. After a trip to the Balkans in 1853, he began his distinguished career as an ethnographical painter and from 1856 he sent Orientalist pictures to the Salon. Over the course of the next two decades, the artist received numerous commissions from the French government and became a chevalier of the Légion d'Honneur, a professor at the École des Beaux-Arts, and was a regular presence at the court of Empress Eugénie. Sojourns in Italy, Turkey and Egypt inspired his later neo-Grecian and neo-Pompeiian work and fueled a relentless desire to rival the exacting precision of another emerging media of the era: photography. Such attention to detail is evident in the present model where the jewelry adorning the figure, here in iridescent opal and gleaming turquoise enamel, is directly inspired by Greek and Etruscan pieces from the Compana collection, which entered the Louvre in 1861 (see L. des Cars, D. de Font-Réaulx and É. Papet, The Spectacular Art of Jean-Léon Gérôme (1824-1904), exh. cat., p. 328, figs. 163-164). As Papet notes, this exacting perfection in the the minute details ensured his works of fantasy were imbued with a true sense of reality (op. cit., p. 328).

Having taken up sculpture quite late in his career, Gérôme was quick to gain success with his new endeavor. As soon as 1878, less than a decade after his first sculpture piece, he would experience his first great success at the Exposition Universelle in Paris. Gérôme was encouraged by the animalier sculptor Emmanuel Frémiet and described himself as his pupil in the catalogue of the 1901 Salon. The original plaster model of Corinthe and the subsequent marble were both with tinted elements to mimic the recently developed theory that the ancient marbles were originally brightly painted. The plaster, circa 1903, is now in the collection of Musée d’Orsay (inv. S RF 2008.2) and the subsequent marble , circa 1904, was completed by his studio assistant Louis-Émile Décorchemont and exhibited under Gérôme’s name posthumously at the 1904 Salon (Collection J. Nicholson, California). The bronze castings, which are only slightly smaller in scale than the original model, were cast by the fondeur Siot-Decauville and inset with semi-precious stones and applied with traces of polychrome decoration to the accessories. The number of such casts appear to be relatively small with one known silvered-bronze cast and up to six known gilt-bronzes cast.


'NOT EVERYBODY CAN GO TO CORINTH'

Inscribed to the base of the capital upon which the present figure sits is the phrase ‘NON LICET OMNIBUS / ADIRE CORINTHUM.’ An ancient Greek and Latin proverb which translates as ‘not everybody can go to Corinth’, the phrase implies that not everyone can afford the city’s pleasure and is almost certainly a reference to Roman author and grammarian Aulus Gellius’s noted belief that the maxim refers to one of the city’s famed courtesans, or hetairai, from the 4th century B.C. known for both her charms and her prices (see G. Ackerman, ‘Corinth’, in P. Fusco and H.W. Janson, The Romantics to Rodin: French Nineteenth-Century Sculpture from North American Collections, pp. 291-292). Such notorious femme fatales were common place in the Peloponnesian city. West of Athens and at the base of the Acrocorinthus, the citadel’s favorable geographic location led to great military and commercial gains, as well an influx of sailors and traders who took advantage of the city’s offerings. A key site was the Temple of Aphrodite where the hetairai were dedicated to the service of the temple as ‘sacred prostitutes’ (a now controversial point of continuing research) and known to have drawn many worshippers. Like all great ancient cities, with soaring highs came tragic downfalls. In 146 BC ancient Corinth was brutally sacked by the Romans, a subject matter which centuries later captured the romantic imagination of 19th century history painters. Correspondingly, in 1892 the Antique city was excavated for the first time. Discovered among many of its hidden treasures was the Temple of Apollo, which almost certainly served as inspiration to Gérôme and the composition of the present model where the enigmatic hetairai figure appears to guard the secrets of the city she represents.

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