Lot Essay
Cet imposant tableau nous était jusqu'à aujourd'hui uniquement connu par une annonce de 1782, date à laquelle il était à vendre chez M. Bossu, rue Saint-Denis, Paris, avec deux autres tableaux du maître. Sa redécouverte ajoute à l’œuvre de Jean-François de Troy (1679-1752) un sujet qui n’a jamais été vu auparavant.
Tirée du Livre de Judith de l’Ancien Testament, l’histoire de Judith et Holopherne raconte le sort d’Holopherne, général babylonien qui assiège la ville juive de Béthulie parce que ses habitants refusent de soutenir la guerre menée par le roi Nabuchodonosor II (627-265 av. J.-C.). La ville est sur le point de se rendre car l’eau vient à manquer mais Judith, une jeune veuve ravissante d’une richesse considérable, ne veut pas renoncer. Avec sa vielle servante elle s’introduit le soir dans le camp babylonien. Holopherne tombe aussitôt sous le charme de sa beauté et organise un festin en son honneur, à la fin duquel il espère passer la nuit avec elle. Or, quand ils se trouvent seuls elle continue à l’enivrer jusqu’à ce qu’il soit hors d'état de se défendre ; elle le décapite et rentre à Béthulie avec sa tête. En découvrant la mort de leur chef le lendemain, les soldats babyloniens paniquent et s’enfuirent.
Cette histoire a inspiré maints artistes à travers les siècles, et deux moments clefs sont le sujet de presque tous les tableaux produits. Le premier est la décapitation même, avec les gestes dramatiques de Judith qui plonge son épée dans le cou de Holopherne et le sang écarlate qui jaillit de la blessure mortelle. De ce sujet nous pouvons citer en exemple le tableau du Caravage (1571-1610) actuellement conservé à la Galleria Nazionale d’Arte Antica à Rome (no. inv. 2533) et celui d’Artemisia Gentileschi (1593-1653) aux Offices à Florence (no. inv. 1890 n. 1567). Le second moment de l’histoire, celui choisit par de Troy, correspond à l'instant où Judith triomphante tient la tête du général dans la main. Moins dramatique que le premier, qui nécessite des muscles tendus et la mare de sang, ce moment est tout de même l'aboutissement du drame annonçant la victoire. Ici Judith représente le triomphe de l’opprimé contre la tyrannie, et dans ce cas c’est un triomphe singulièrement féminin.
Le traitement du sujet par de Troy correspond au goût français du début du XVIIIe siècle. Ici le sombre théâtre baroque du Caravage n'a plus sa place. Cette version est marquée par la fantaisie des lignes courbes et asymétriques du style Rococo, avec l’alternances des tissus et des motifs, le feuillage stylisé sur le vêtement de Judith et les bandes sur celui de sa servante. Le corps mutilé et la tête d’Holopherne, avec les lignes sinueuses de ses muscles et de sa chevelure, sont comme camouflés parmi les draps. Son sang est relégué à la toute marge de la composition. Cette version du triomphe se distingue par l'absence de brutalité qui est d’habitude l’épicentre du tableau. A la place, l’artiste nous présente un regard tendre, plein de complicité entre Judith et sa vieille servante.
Dans l’œuvre de de Troy nous ne connaissons que deux tableaux qui traitent de l’histoire de Judith et Holopherne, à savoir celui-ci, et un autre qui est toujours perdu dont nous connaissons l’existence grâce à l’inventaire de la maison du capitaine Filippo Palmieri à Pise en 1740. Il est fort probable que le tableau Palmieri date de la période pisane de l’artiste, vers 1704.
Tirée du Livre de Judith de l’Ancien Testament, l’histoire de Judith et Holopherne raconte le sort d’Holopherne, général babylonien qui assiège la ville juive de Béthulie parce que ses habitants refusent de soutenir la guerre menée par le roi Nabuchodonosor II (627-265 av. J.-C.). La ville est sur le point de se rendre car l’eau vient à manquer mais Judith, une jeune veuve ravissante d’une richesse considérable, ne veut pas renoncer. Avec sa vielle servante elle s’introduit le soir dans le camp babylonien. Holopherne tombe aussitôt sous le charme de sa beauté et organise un festin en son honneur, à la fin duquel il espère passer la nuit avec elle. Or, quand ils se trouvent seuls elle continue à l’enivrer jusqu’à ce qu’il soit hors d'état de se défendre ; elle le décapite et rentre à Béthulie avec sa tête. En découvrant la mort de leur chef le lendemain, les soldats babyloniens paniquent et s’enfuirent.
Cette histoire a inspiré maints artistes à travers les siècles, et deux moments clefs sont le sujet de presque tous les tableaux produits. Le premier est la décapitation même, avec les gestes dramatiques de Judith qui plonge son épée dans le cou de Holopherne et le sang écarlate qui jaillit de la blessure mortelle. De ce sujet nous pouvons citer en exemple le tableau du Caravage (1571-1610) actuellement conservé à la Galleria Nazionale d’Arte Antica à Rome (no. inv. 2533) et celui d’Artemisia Gentileschi (1593-1653) aux Offices à Florence (no. inv. 1890 n. 1567). Le second moment de l’histoire, celui choisit par de Troy, correspond à l'instant où Judith triomphante tient la tête du général dans la main. Moins dramatique que le premier, qui nécessite des muscles tendus et la mare de sang, ce moment est tout de même l'aboutissement du drame annonçant la victoire. Ici Judith représente le triomphe de l’opprimé contre la tyrannie, et dans ce cas c’est un triomphe singulièrement féminin.
Le traitement du sujet par de Troy correspond au goût français du début du XVIIIe siècle. Ici le sombre théâtre baroque du Caravage n'a plus sa place. Cette version est marquée par la fantaisie des lignes courbes et asymétriques du style Rococo, avec l’alternances des tissus et des motifs, le feuillage stylisé sur le vêtement de Judith et les bandes sur celui de sa servante. Le corps mutilé et la tête d’Holopherne, avec les lignes sinueuses de ses muscles et de sa chevelure, sont comme camouflés parmi les draps. Son sang est relégué à la toute marge de la composition. Cette version du triomphe se distingue par l'absence de brutalité qui est d’habitude l’épicentre du tableau. A la place, l’artiste nous présente un regard tendre, plein de complicité entre Judith et sa vieille servante.
Dans l’œuvre de de Troy nous ne connaissons que deux tableaux qui traitent de l’histoire de Judith et Holopherne, à savoir celui-ci, et un autre qui est toujours perdu dont nous connaissons l’existence grâce à l’inventaire de la maison du capitaine Filippo Palmieri à Pise en 1740. Il est fort probable que le tableau Palmieri date de la période pisane de l’artiste, vers 1704.