JEAN-FRANÇOIS DE TROY (PARIS 1679-1752 ROME)
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Provenant d'une collection particulière européenne
JEAN-FRANÇOIS DE TROY (PARIS 1679-1752 ROME)

Judith tenant la tête d’Holopherne

Details
JEAN-FRANÇOIS DE TROY (PARIS 1679-1752 ROME)
Judith tenant la tête d’Holopherne
signé et daté 'DE TROY 1730' (en bas, vers la gauche, sur le pied du lit)
huile sur toile
195 x 147 cm. (76 ¾ x 57 7⁄8 in.)
Provenance
Denisot chez M. Bossu, rue Saint-Denis, Paris, en août 1782 (selon Annonces, Affiches et Avis divers, ou Journal Général de France, 14 août 1782, op. cit. infra).
Collection particulière, Italie.
Literature
Annonces, Affiches et Avis divers, ou Journal Général de France, 14 août 1782, 226, p. 1887 (comme '3 Tableaux de de Troy, de 6 pieds de haut sur 4,1/2 de large, représ. Esther & Assuérus, Dalila & Samson, Judith & Holopherne. S'adr. au nommé Denisot, chez M. Bossu, rue S. Denis, vis-à-vis la Trinité').
Annonces, Affiches et Avis divers, ou Journal Général de France, 29 novembre 1782, 333, p. 2751 (comme '3 beaux Tableaux de M. de Troy fils, l'un représ. Esther & Assuérus, l'autre Judith & Holopherne, et le 3e Samson et Dalila. Dem. 30, à 5h. rue Plâtriere, à l'hôtel de Bullion').
C. Leribault, Jean-François de Troy (1679-1752), Paris, 2002, p. 416, n°*P. 343 (comme 'perdu').
Further details
JEAN-FRANÇOIS DE TROY, JUDITH HOLDING HOLOFERNES' HEAD, SIGNED AND DATED, OIL ON CANVAS

Previously, this imposing painting was only known to exist thanks to an advertisement of 1782, when it was for sale with M. Bossu, rue Saint-Denis, Paris, along with two other paintings by the painter. Its rediscovery adds a previously unseen subject to the work of Jean-François de Troy (1679-1752).

Taken from the Old Testament Book of Judith, the story of Judith and Holofernes recounts the fate of Holofernes, a Babylonian general who laid siege to the Jewish town of Bethulia because its inhabitants refused to support the war led by King Nebuchadnezzar II (627-265 BC). The town was on the verge of surrendering because the water supply was running out, but Judith, a ravishing young widow of considerable wealth, refused to give up. With her old maid, she entered the Babylonian camp one night. On seeing her, Holofernes immediately fell under the spell of her beauty and organised a feast in her honour, at the end of which he hoped to spend the night with her. However, when they were alone Judith to force him to drink, to the point where he was unable to defend himself; she then beheaded him and returned to Bethulia with his head. On discovering the death of their leader the next day, the Babylonian soldiers panicked and fled.

This story has inspired many artists over the centuries, and two key moments are the subject of almost all the paintings produced. The first is the beheading itself, with Judith's dramatic gesture as she plunges the sword into Holofernes' neck and the scarlet blood gushes from the fatal wound. Famous examples of this subject that can be cited are the painting by Caravaggio (1571-1610) in the Galleria Nazionale d'Arte Antica in Rome (inv. no. 2533) and the one by Artemisia Gentileschi (1593-1653) in the Uffizi (inv. no. 1890 n. 1567). The second moment in the story, and the one chosen by de Troy, corresponds to the moment when the triumphant Judith holds the head of the general in her hand. Less dramatic than the first, which requires tense muscles and a pool of blood, this moment is nonetheless the culmination of the drama and heralds her victory. In this instant Judith represents the triumph of the oppressed against tyranny, and in this case it is a singularly feminine triumph.

De Troy's treatment of the subject is in keeping with the French taste of the early 18th century. Here, Caravaggio's somber Baroque theatrics no longer have a place. This version is marked by the whimsical curves and asymmetrical lines of the Rococo style, with alternating fabrics and motifs, the stylised foliage on Judith's skirt and the stripes on that of her maid. Holofernes' mutilated body and head, with the sinuous lines of his muscles and hair, are camouflaged among the sheets. His blood is relegated to the very margins of the composition. This version of the triumph is notable for the absence of the brutality that is usually the epicentre of the painting. Instead, the artist presents us with a tender look, full of complicity between Judith and her old servant.

In de Troy's oeuvre we know of only two paintings that deal with the story of Judith and Holofernes, the present work and another that is still lost, whose existence is known to us thanks to the inventory of one Captain Filippo Palmieri written in Pisa in 1740. It is highly likely that the Palmieri painting dates from the artist's Pisan period, around 1704.

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Olivia Ghosh
Olivia Ghosh Associate Specialist

Lot Essay

Cet imposant tableau nous était jusqu'à aujourd'hui uniquement connu par une annonce de 1782, date à laquelle il était à vendre chez M. Bossu, rue Saint-Denis, Paris, avec deux autres tableaux du maître. Sa redécouverte ajoute à l’œuvre de Jean-François de Troy (1679-1752) un sujet qui n’a jamais été vu auparavant.

Tirée du Livre de Judith de l’Ancien Testament, l’histoire de Judith et Holopherne raconte le sort d’Holopherne, général babylonien qui assiège la ville juive de Béthulie parce que ses habitants refusent de soutenir la guerre menée par le roi Nabuchodonosor II (627-265 av. J.-C.). La ville est sur le point de se rendre car l’eau vient à manquer mais Judith, une jeune veuve ravissante d’une richesse considérable, ne veut pas renoncer. Avec sa vielle servante elle s’introduit le soir dans le camp babylonien. Holopherne tombe aussitôt sous le charme de sa beauté et organise un festin en son honneur, à la fin duquel il espère passer la nuit avec elle. Or, quand ils se trouvent seuls elle continue à l’enivrer jusqu’à ce qu’il soit hors d'état de se défendre ; elle le décapite et rentre à Béthulie avec sa tête. En découvrant la mort de leur chef le lendemain, les soldats babyloniens paniquent et s’enfuirent.

Cette histoire a inspiré maints artistes à travers les siècles, et deux moments clefs sont le sujet de presque tous les tableaux produits. Le premier est la décapitation même, avec les gestes dramatiques de Judith qui plonge son épée dans le cou de Holopherne et le sang écarlate qui jaillit de la blessure mortelle. De ce sujet nous pouvons citer en exemple le tableau du Caravage (1571-1610) actuellement conservé à la Galleria Nazionale d’Arte Antica à Rome (no. inv. 2533) et celui d’Artemisia Gentileschi (1593-1653) aux Offices à Florence (no. inv. 1890 n. 1567). Le second moment de l’histoire, celui choisit par de Troy, correspond à l'instant où Judith triomphante tient la tête du général dans la main. Moins dramatique que le premier, qui nécessite des muscles tendus et la mare de sang, ce moment est tout de même l'aboutissement du drame annonçant la victoire. Ici Judith représente le triomphe de l’opprimé contre la tyrannie, et dans ce cas c’est un triomphe singulièrement féminin.

Le traitement du sujet par de Troy correspond au goût français du début du XVIIIe siècle. Ici le sombre théâtre baroque du Caravage n'a plus sa place. Cette version est marquée par la fantaisie des lignes courbes et asymétriques du style Rococo, avec l’alternances des tissus et des motifs, le feuillage stylisé sur le vêtement de Judith et les bandes sur celui de sa servante. Le corps mutilé et la tête d’Holopherne, avec les lignes sinueuses de ses muscles et de sa chevelure, sont comme camouflés parmi les draps. Son sang est relégué à la toute marge de la composition. Cette version du triomphe se distingue par l'absence de brutalité qui est d’habitude l’épicentre du tableau. A la place, l’artiste nous présente un regard tendre, plein de complicité entre Judith et sa vieille servante.

Dans l’œuvre de de Troy nous ne connaissons que deux tableaux qui traitent de l’histoire de Judith et Holopherne, à savoir celui-ci, et un autre qui est toujours perdu dont nous connaissons l’existence grâce à l’inventaire de la maison du capitaine Filippo Palmieri à Pise en 1740. Il est fort probable que le tableau Palmieri date de la période pisane de l’artiste, vers 1704.

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