Lot Essay
GÁBOR VARGYAS
Il est difficile de se prononcer avec certitude sur ce masque époustouflant. D’après ses caractéristiques stylistiques, il doit provenir de la côte nord-est de l’ancienne Nouvelle-Guinée allemande, qui s’étend de Madang à Finschhafen le long de la côte de Rai. Selon un premier aperçu, il n’existe guère plus de deux douzaines de masques de la baie de l’Astrolabe dans le monde (et seuls trois d’entre eux correspondent à un lieu de découverte précis) ! La région est peu connue et mal étudiée ; seuls quelques musées (en Allemagne, à Saint-Pétersbourg et à Budapest) possèdent des pièces exceptionnelles ou d’importantes collections de la région.
Tout cela contribue à la fois à la rareté et à l’exceptionnelle valeur scientifique - sans parler de la valeur esthétique - de cette pièce unique. D’un point de vue formel, les masques originaires de la région présentent une variation déconcertante, il n’y en a pas deux qui soient identiques. Selon la définition de T. Bodrogi, il s’agit de rectangles ou d’ovales allongés couvrant uniquement le visage. Les yeux circulaires ou ovales, sculptés plastiquement, sont surmontés de crêtes sus-orbitaires saillantes. Les sourcils sont indiqués par un hémisphère incurvé. Les longues oreilles sont exécutées selon une technique ajourée. Les nez larges et fortement incurvés constituent un élément caractéristique. Dans les orifices buccaux, les dents sont indiquées par des encoches. L’embouchure martiale saillante est relativement rare, la pointe au sommet de la tête sert à attacher des plumes de casoar.
La variation des formes est également due au fait que la région côtière du nord-est est une zone de transition continue reliée par de nombreux liens commerciaux entre indigènes, ce qui rend presque impossible l’identification ultérieure du lieu de fabrication, d’utilisation et d’acquisition. Seules de subtiles différences séparent les masques de la baie de l’Astrolabe, de la côte de Rai, de l’ouest de la Nouvelle-Bretagne et du golfe de Huon. La seule affirmation à laquelle on puisse se risquer est que la forme humaine semble devenir plus anguleuse qu’ovale de l’ouest vers l’est.
La provenance de l’objet n’aide pas à sa localisation géographique. Les collections anciennes du Wartburg Theological Seminary (Dubuque, Iowa), d’où provient cette pièce, ne comportent aucune archive.
Parmi les éventuels parallèles dans les musées, le plus proche est un masque conservé au musée Rautenstrauch-Joest de Cologne, qui provient de la côte de Rai et date d’environ 1890. Un autre, conservé au Museum der Kulturen de Bâle, provient de l’île d’Umboi, et date de l’entre-deux-guerres. Enfin, deux autres, acquises par le naturaliste hongrois Samuel Fenichel dans la baie de l’Astrolabe en 1891-1893, sont des comparatifs plus lointains.
It is difficult to say anything for sure about this breathtaking mask. Based on its stylistic features, it must originate from somewhere on the northeastern coast of former German New Guinea stretching from Madang to Finschhafen along the Rai coast. According to a preliminary overview, there exist hardly more than two dozen Astrolabe-bay masks worldwide (and only three of them have an exact place of collection)! The area is little known and poorly studied; only a few museums (in Germany, Sankt Petersburg and Budapest) possess outstanding pieces or important collections from the area.
All this accounts for both the rarity and the exceptional scientific - not to speak of aesthetic - value of this unique piece. From a formal point of view, masks originating here represent bewildering variation, no two of them are identical. Following T. Bodrogi’s definition, they display elongated rectangles or ovals covering only the face. The plastically carved circular or oval eyes are surmounted by protruding supraorbital ridges. Eyebrows are indicated by a curved hemisphere. The long ears are executed with open-work technique. Large, sharply curved noses constitute a characteristic feature. In the oral apertures the teeth are indicated by notches. The protruding martial mouthpiece is relatively rare, the spike on top of the head is used to attach cassowary feathers.
Formal variation is also due to the fact that the northeastern coastal area is a continuous transitional zone linked by extensive native trade ties that makes ulterior identification of place of manufacture, use and acquisition almost impossible. Only subtle differences separate Astrolabe-bay, Rai coast, Western New Britain and Huon Gulf masks. The only assertion one may risk is that the human form seems to become more angular instead of oval from west to the east.
The provenance of the object does not help in its geographic localization. The Wartburg Theological Seminary’s (Dubuque, Iowa) old collections–from where this piece ultimately derived - do not have any record.
Among possible museum parallels the closest one is a mask in the Rautenstrauch-Joest Museum in Cologne originating from the Rai coast from around 1890. Another, in the Museum der Kulturen in Basel, comes from Umboi island, between the two world wars. Finally, two others, acquired by Hungarian natural scientist Samuel Fenichel in the Astrolabe-bay in 1891-1893, are more distant parallels.
Il est difficile de se prononcer avec certitude sur ce masque époustouflant. D’après ses caractéristiques stylistiques, il doit provenir de la côte nord-est de l’ancienne Nouvelle-Guinée allemande, qui s’étend de Madang à Finschhafen le long de la côte de Rai. Selon un premier aperçu, il n’existe guère plus de deux douzaines de masques de la baie de l’Astrolabe dans le monde (et seuls trois d’entre eux correspondent à un lieu de découverte précis) ! La région est peu connue et mal étudiée ; seuls quelques musées (en Allemagne, à Saint-Pétersbourg et à Budapest) possèdent des pièces exceptionnelles ou d’importantes collections de la région.
Tout cela contribue à la fois à la rareté et à l’exceptionnelle valeur scientifique - sans parler de la valeur esthétique - de cette pièce unique. D’un point de vue formel, les masques originaires de la région présentent une variation déconcertante, il n’y en a pas deux qui soient identiques. Selon la définition de T. Bodrogi, il s’agit de rectangles ou d’ovales allongés couvrant uniquement le visage. Les yeux circulaires ou ovales, sculptés plastiquement, sont surmontés de crêtes sus-orbitaires saillantes. Les sourcils sont indiqués par un hémisphère incurvé. Les longues oreilles sont exécutées selon une technique ajourée. Les nez larges et fortement incurvés constituent un élément caractéristique. Dans les orifices buccaux, les dents sont indiquées par des encoches. L’embouchure martiale saillante est relativement rare, la pointe au sommet de la tête sert à attacher des plumes de casoar.
La variation des formes est également due au fait que la région côtière du nord-est est une zone de transition continue reliée par de nombreux liens commerciaux entre indigènes, ce qui rend presque impossible l’identification ultérieure du lieu de fabrication, d’utilisation et d’acquisition. Seules de subtiles différences séparent les masques de la baie de l’Astrolabe, de la côte de Rai, de l’ouest de la Nouvelle-Bretagne et du golfe de Huon. La seule affirmation à laquelle on puisse se risquer est que la forme humaine semble devenir plus anguleuse qu’ovale de l’ouest vers l’est.
La provenance de l’objet n’aide pas à sa localisation géographique. Les collections anciennes du Wartburg Theological Seminary (Dubuque, Iowa), d’où provient cette pièce, ne comportent aucune archive.
Parmi les éventuels parallèles dans les musées, le plus proche est un masque conservé au musée Rautenstrauch-Joest de Cologne, qui provient de la côte de Rai et date d’environ 1890. Un autre, conservé au Museum der Kulturen de Bâle, provient de l’île d’Umboi, et date de l’entre-deux-guerres. Enfin, deux autres, acquises par le naturaliste hongrois Samuel Fenichel dans la baie de l’Astrolabe en 1891-1893, sont des comparatifs plus lointains.
It is difficult to say anything for sure about this breathtaking mask. Based on its stylistic features, it must originate from somewhere on the northeastern coast of former German New Guinea stretching from Madang to Finschhafen along the Rai coast. According to a preliminary overview, there exist hardly more than two dozen Astrolabe-bay masks worldwide (and only three of them have an exact place of collection)! The area is little known and poorly studied; only a few museums (in Germany, Sankt Petersburg and Budapest) possess outstanding pieces or important collections from the area.
All this accounts for both the rarity and the exceptional scientific - not to speak of aesthetic - value of this unique piece. From a formal point of view, masks originating here represent bewildering variation, no two of them are identical. Following T. Bodrogi’s definition, they display elongated rectangles or ovals covering only the face. The plastically carved circular or oval eyes are surmounted by protruding supraorbital ridges. Eyebrows are indicated by a curved hemisphere. The long ears are executed with open-work technique. Large, sharply curved noses constitute a characteristic feature. In the oral apertures the teeth are indicated by notches. The protruding martial mouthpiece is relatively rare, the spike on top of the head is used to attach cassowary feathers.
Formal variation is also due to the fact that the northeastern coastal area is a continuous transitional zone linked by extensive native trade ties that makes ulterior identification of place of manufacture, use and acquisition almost impossible. Only subtle differences separate Astrolabe-bay, Rai coast, Western New Britain and Huon Gulf masks. The only assertion one may risk is that the human form seems to become more angular instead of oval from west to the east.
The provenance of the object does not help in its geographic localization. The Wartburg Theological Seminary’s (Dubuque, Iowa) old collections–from where this piece ultimately derived - do not have any record.
Among possible museum parallels the closest one is a mask in the Rautenstrauch-Joest Museum in Cologne originating from the Rai coast from around 1890. Another, in the Museum der Kulturen in Basel, comes from Umboi island, between the two world wars. Finally, two others, acquired by Hungarian natural scientist Samuel Fenichel in the Astrolabe-bay in 1891-1893, are more distant parallels.