Lot Essay
VIVIANE BAEKE
in Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 180
Au début du XXe siècle, le sultan Njoya offrit ce magnifique tabouret rond, ou ru mfo, à son ami le capitaine allemand Glauning. Le plateau du tabouret est supporté par quatre personnages identiques, la tête dirigée vers l'extérieur et la main posée sur l'épaule du suivant. Ils sont dépeints dans l'attitude respectueuse des serviteurs saluant le roi, la main au menton. Ce même thème se retrouve sur un tabouret fort semblable que l'on peut voir sur une photographie datant de 1912, sur lequel repose nonchalamment le marchand Rudolf Holdenburg, un familier de la cour de Foumban. À sa droite, le sultan est assis sur son trône dont le marche pied évoque le même thème, que l'on retrouve encore sur le trône du Mfon Nsangu, offert par le sultan Njoya à l'empereur d'Allemagne en 1908.
Les visages des quatre personnages sont recouverts d'une feuille de cuivre martelée, rappelant peut-être le type de masque que le sultan Njoya avait fait faire expressément pour la grande fête annuelle du nguon ; lors de cet événement, le sultan écoutait les doléances émanant de toutes les parties du royaume, prenait connaissance des abus commis au nom du roi et tentait d'en éliminer les causes. Cette importante fête, qui donnait lieu à un intense échange de biens, était la clé de voûte du royaume et réaffirmait chaque année les liens qui unissaient le sultan à son peuple. Le plateau du tabouret est orné de cauris, symbole de richesse, et d'un décor perlé en forme de triangles inscrits dans un carré.
Ce motif appelé gbatu gbatu, « quatre têtes, quatre têtes », représente la robe tachetée du léopard, symbole du pouvoir royal. Les jambes et les coiffures des quatre personnages sont ornées du motif, stylisé à l'extrême, de la grenouille, un symbole de fécondité. Ce type de tabouret royal pourrait donc être lu, de haut en bas, comme le symbole du roi dispensateur de richesse et de fécondité à son peuple.
VIVIANE BAEKE
in Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, 2007, p. 180
In the early XXth century, Sultan Njoya offered this magnificent round stool or ru mfo to his German friend Captain Glauning. Its seat is supported by four identical figures, each with head facing outwards, outer hand on the shoulder of the next and inner hand on his own chin. The pose is the reverential one of servants hailing their king. The same theme is depicted on the very similar stool on which Rudolf Holdenburg is nonchalantly seated in a photograph taken in 1912. To the right of this merchant who frequented the court at Foumban, the sultan is sitting on a throne whose step depicts the same theme. It is also depicted on the base of the throne of the Mfon Nsangu, which Sultan Njoya offered to the emperor of Germany in 1908.
The four figures faces are covered with a layer of hammered copper, perhaps recalling the type of mask which Sultan Njoya had specially made for the annual festival of nguon, during which he listened to grievances from all parts of his kingdom and heard of abuse committed in his name and tried to redress it. This important festival, during which an intense exchange of goods took place, was the kingdom's keystone and yearly reaffirmed the sultan's bond with his people. The seat itself is decorated with cowrie shells, a symbol of wealth, and beads arranged in triangles within a square.
This motif, called gbatu gbatu, (“four heads, four heads”) represents the spotted skin of the leopard, symbol of royal power. The legs and hairstyles of the four figures are decorated with an extremely stylized frog motif, symbol of fertility. This type of royal stool could thus be read from top to bottom as a symbol of the king as source of his people's wealth and fertility.
in Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 180
Au début du XXe siècle, le sultan Njoya offrit ce magnifique tabouret rond, ou ru mfo, à son ami le capitaine allemand Glauning. Le plateau du tabouret est supporté par quatre personnages identiques, la tête dirigée vers l'extérieur et la main posée sur l'épaule du suivant. Ils sont dépeints dans l'attitude respectueuse des serviteurs saluant le roi, la main au menton. Ce même thème se retrouve sur un tabouret fort semblable que l'on peut voir sur une photographie datant de 1912, sur lequel repose nonchalamment le marchand Rudolf Holdenburg, un familier de la cour de Foumban. À sa droite, le sultan est assis sur son trône dont le marche pied évoque le même thème, que l'on retrouve encore sur le trône du Mfon Nsangu, offert par le sultan Njoya à l'empereur d'Allemagne en 1908.
Les visages des quatre personnages sont recouverts d'une feuille de cuivre martelée, rappelant peut-être le type de masque que le sultan Njoya avait fait faire expressément pour la grande fête annuelle du nguon ; lors de cet événement, le sultan écoutait les doléances émanant de toutes les parties du royaume, prenait connaissance des abus commis au nom du roi et tentait d'en éliminer les causes. Cette importante fête, qui donnait lieu à un intense échange de biens, était la clé de voûte du royaume et réaffirmait chaque année les liens qui unissaient le sultan à son peuple. Le plateau du tabouret est orné de cauris, symbole de richesse, et d'un décor perlé en forme de triangles inscrits dans un carré.
Ce motif appelé gbatu gbatu, « quatre têtes, quatre têtes », représente la robe tachetée du léopard, symbole du pouvoir royal. Les jambes et les coiffures des quatre personnages sont ornées du motif, stylisé à l'extrême, de la grenouille, un symbole de fécondité. Ce type de tabouret royal pourrait donc être lu, de haut en bas, comme le symbole du roi dispensateur de richesse et de fécondité à son peuple.
VIVIANE BAEKE
in Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, 2007, p. 180
In the early XXth century, Sultan Njoya offered this magnificent round stool or ru mfo to his German friend Captain Glauning. Its seat is supported by four identical figures, each with head facing outwards, outer hand on the shoulder of the next and inner hand on his own chin. The pose is the reverential one of servants hailing their king. The same theme is depicted on the very similar stool on which Rudolf Holdenburg is nonchalantly seated in a photograph taken in 1912. To the right of this merchant who frequented the court at Foumban, the sultan is sitting on a throne whose step depicts the same theme. It is also depicted on the base of the throne of the Mfon Nsangu, which Sultan Njoya offered to the emperor of Germany in 1908.
The four figures faces are covered with a layer of hammered copper, perhaps recalling the type of mask which Sultan Njoya had specially made for the annual festival of nguon, during which he listened to grievances from all parts of his kingdom and heard of abuse committed in his name and tried to redress it. This important festival, during which an intense exchange of goods took place, was the kingdom's keystone and yearly reaffirmed the sultan's bond with his people. The seat itself is decorated with cowrie shells, a symbol of wealth, and beads arranged in triangles within a square.
This motif, called gbatu gbatu, (“four heads, four heads”) represents the spotted skin of the leopard, symbol of royal power. The legs and hairstyles of the four figures are decorated with an extremely stylized frog motif, symbol of fertility. This type of royal stool could thus be read from top to bottom as a symbol of the king as source of his people's wealth and fertility.