Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
1 More
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
4 More
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)

Curiosités

Details
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
Curiosités
signé et daté 'Vieira da Silva 80' (en bas à droite)
huile sur toile
50 x 64.6 cm.
Peint en 1980

signed and dated 'Vieira da Silva 80' (lower right)
oil on canvas
19 5⁄8 x 25 3⁄8 in.
Painted in 1980
Provenance
Galerie Jeanne Bucher, Paris.
Acquis auprès de celle-ci en 1986.
Literature
P. Duchein, 'Lettre à Vieira da Silva', in Le Pharmacien de France, Paris, octobre 1986, no. 16 (illustré, p. 922-923) .
G. Boudaille et P. Javault, L'art abstrait, Paris, 1990, no. 175 (illustré, p. 142).
G. Weelen et J-F. Jaeger, Vieira da Silva, Catalogue Raisonné, Genève, 1994, no. 3170 (illustré, p. 627).
Exhibited
Montauban, Musée Ingres, L'artiste regardé, Un point, deux vues, mai-juin 1993, no. 16 bis (illustré en couleurs).
Ginals, Abbaye de Beaulieu en Rouergue, Centre d'Art Contemporain, Hommage à Vieira da Silva et Árpád Szenes, juin-septembre 1995, p. 28 (illustré en couleurs, p. 13).

Brought to you by

Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

Lot Essay

« De même que devant une meule de foin au soleil couchant on s’exclame : « Regardez, un Monet ! » ou devant une coupe de fruits avec des pommes : « Regardez, un Cézanne ! », il est impossible de survoler Mexico ou Chicago sans déclarer, avant l’atterrissage : 'Regardez, un Vieira da Silva !' » - Claude Roy

Somptueux patchwork de bleus, de turquoises et de tons terreux traversés par des éclats de rouge, Curiosités (1980) est caractéristique de l’onirisme des dernières peintures de Maria Helena Vieira da Silva. Comme c’est souvent le cas dans son œuvre, l’artiste évoque ici l’espace urbain : dans cette œuvre, nous pourrions apercevoir une ville vue du ciel, avec des toits, des bâtiments et des routes qui scintillent comme une mosaïque. On retrouve ces grilles de couleurs contrastées composées en damier dans ses premières peintures, puisant probablement leur origine dans le carrelage, l’architecture en gradins et la vue plongeante de sa ville natale, Lisbonne.

À la fin de sa vie – Curiosités a été peint alors qu’elle avait plus de soixante-dix ans –, l’œuvre de Maria da Silva s’est rapprochée de l’abstraction lyrique, plus libre vis-à-vis de la réalité et embrassant une plus large palette de couleurs. « À la frontière entre les souterrains de l’esprit et des grands espaces du monde moderne, Vieira da Silva ouvre chaque jour de nouveaux yeux sur ce qu’on appelle la “vraie vie” », écrit Claude Roy. « Mais en même temps, son œuvre nous murmure à l’oreille que la vraie vie est ailleurs » (C. Roy, Vieira da Silva, Barcelone, 1989, p. 28). C’est cet aspect spirituel de son travail, le sentiment que le sens réside quelque part au-delà de la surface de ce que nous pouvons voir, qui est mis en évidence dans des œuvres telles que Curiosités.

D’origine portugaise, l’artiste s’est fait un nom au sein d’une génération d’artistes qui cherchaient de nouveaux moyens d’exprimer leur désorientation dans le Paris de l’après-guerre. Avec leur polyphonie de perspectives et leurs surfaces complexes, ses peintures témoignent d’un monde déchiré par le conflit, la confusion et le déplacement. Curiosités ressemble à un paysage intérieur paisible et résolu, à un espace d’imagination, de rêverie et, peut-être, de réminiscence.
Maria Helena Vieira da Silva a beaucoup voyagé au cours de sa vie : du Portugal à Paris dans sa jeunesse ; en exil à Rio de Janeiro avec son mari, le peintre hongrois Árpád Szenes, pendant la Seconde Guerre mondiale ; et, plus heureusement, à travers le monde pour des expositions et des honneurs lorsqu’elle a atteint une renommée internationale. À partir de la fin des années 1970, ses grands voyages ayant pris fin, elle est restée à Paris, où elle a été décorée du titre de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur en 1979. Cependant, dans Curiosités comme à travers ses autres peintures, l’œil, l’esprit et l’âme de l’artiste poursuivent leur voyage sans fin. « J’aime ses bleus, qui sont la couleur de son pays », disait son ami Zao Wou-Ki, « et surtout ses beiges et ses bruns… ils deviennent plus profonds, plus mystérieux et convoquent la poésie. Bibliothèques, labyrinthes, portes, villes, forêts : dans chaque tableau, ce sont des espaces réinventés dans lesquels nous circulons et nous nous perdons dans d’autres espaces, ad aeternam. » (Zao Wou-Ki, cité dans Au fil dutemps : percurso fotobiografico de Maria Helena Vieira da Silva,Lisbonne, 2008, p. 225).


''In the same way as before a hayrick in the setting sun we exclaim, 'Look, a Monet!' or before a fruit bowl with apples, 'Look, a Cézanne!', it is impossible to fly over Mexico City or Chicago without exclaiming, before touch-down, 'Look, a Vieira da Silva!'''. - Claude Roy

A sumptuous patchwork of blue, turquoise and earthy tones shot through with jewel-like glints of red, Curiosités (1980) exemplifies the heightened colour and dreamlike elaboration of Maria Helena Vieira da Silva’s late paintings. As is typical of her work, it conjures a sense of urban space: here, we might see a city from the air, with roofs, buildings and roads shimmering like a mosaic. Grids of chequered, contrasting colour can be found in the artist’s earliest paintings, and have their roots in the distinctive tilework, tiered architecture and plunging vista of her native Lisbon. In her later years, however - Curiosités was painted when she was in her early seventies—Vieira da Silva’s work came closer to lyrical abstraction, freer from reality and flushed with ever more amplified colour.

'Ever watchful at the frontier of the subterranean reaches of the spirit and of the great spaces of the 'modern' world, every day Vieira da Silva opens new eyes onto so-called 'real life', writes Claude Roy. 'But at the same time her work whispers in our ear that the true life is elsewhere' (C. Roy, Vieira da Silva, Barcelona, 1989, p. 28). It is this spiritual aspect of her work - the sense that meaning resides somewhere beyond the surface of what we can see - that comes to the fore in works like Curiosités. Vieira da Silva made her name in Paris as part of a generation of artists who sought new ways to express the disorientation of the postwar era. With their polyphony of perspectives and intricate, crystalline surfaces, her paintings bore witness to a world riven by conflict, confusion and displacement. Curiosités develops these ideas into something more like an inner landscape. Peaceful and resolved, it is a space of imagination, reverie, and perhaps reminiscence.

Vieira da Silva travelled extensively during her life: from Portugal to Paris as a young woman; to exile in Rio de Janeiro with her husband, the Hungarian painter Árpád Szenes, during the Second World War; and, more happily, across the world for exhibitions and honours as she reached international acclaim. From the late 1970s, her major journeys at an end, she remained in Paris, where she was honoured with the title of Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur in 1979. Through her paintings, however—as in Curiosités—the artist’s eye, mind and spirit continued on their endless voyage. 'I like her blues, which are the colour of her country,' said her friend Zao Wou-Ki, 'and, above all, her beiges and browns … they become more profound and mysterious and summon poetry. Libraries, labyrinths, doors, cities, forests: in each painting they are reinvented spaces in which we circulate and lose ourselves in other spaces, ad aeternam' (Zao Wou-Ki, quoted in Au fil du temps : percurso fotobiográfico de Maria Helena Vieira da Silva, Lisbon, 2008, p. 225).

More from Collection Paul et Jacqueline Duchein, Le Théâtre de l'imaginaire

View All
View All