Andy Warhol (1928-1987)
Andy Warhol (1928-1987)
1 More
PROVENANT DE LA COLLECTION DE JEFFREY WARHOLA
Andy Warhol (1928-1987)

Mao

Details
Andy Warhol (1928-1987)
Mao
signé et daté 'Andy Warhol 73' (sur le revers); inscrit deux fois ‘CM109’ (sur le châssis)
acrylique et encre sérigraphique sur toile
30.5 x 25.4 cm.
Exécuté en 1973

signed and dated 'Andy Warhol 73' (on the overlap); inscribed twice ‘CM109’ (on the stretcher)
acrylic and silkscreen ink on canvas
12 x 10 in.
Executed in 1973
Provenance
Acquis directement auprès de l'artiste par le propriétaire actuel à la fin des années 1970.
Literature
N. Printz et S. King-Nero, The Andy Warhol Catalogue Raisonné: Paintings and Sculptures 1970-1974, New York, 2010, vol. 3, p. 262, no. 2451 (illustré en couleurs, p. 248).

Brought to you by

Avant-Garde(s) Including Thinking Italian
Avant-Garde(s) Including Thinking Italian General Enquires

Lot Essay

« J’ai lu beaucoup de choses sur la Chine... La seule photo qu’ils aient jamais eue est celle de Mao Zedong. Elle est superbe. On dirait une sérigraphie. » - Andy Warhol

Audacieuse, saisissante et immédiatement reconnaissable, Mao (1973) d’Andy Warhol est issu de l’une des séries les plus importantes de la carrière de l’artiste. Le portrait de Mao Zedong–fondateur de la République populaire de Chine et antithèse symbolique de l’Amérique capitaliste chère à Warhol– est sérigraphié à l’encre noire sur un fond vibrant bleu outremer et violet dioxazine. Le visage du dictateur brille de mille feux grâce aux pigments azoïques jaunes orangés et orange cadmium ; il est mis en valeur par les traits peints à la main qui l’entourent : une seule ligne bleue serpentant sur la gauche de la toile, une courbe encerclant la partie gauche de la tête, et des traits épais qui accentuent son emblématique veste de costume Zhongshan.
Entre 1972 et 1973, Warhol a réalisé 199 peintures de Mao. Elles représentent sa première grande série depuis les Flowers de 1964, s’éloignant du style mécanique et austère de ses premières sérigraphies, tout en annonçant une nouvelle orientation de la pratique de l’artiste.
La représentation du président est basée sur son portrait officiel imprimé en frontispice de son Petit Livre rouge (1964) qu’un milliard de personnes possédaient à l’époque. Warhol était captivé par le culte de la personnalité de Mao, et l’image de son visage constituait pour lui un spectacle quasi 'pop'. « La politique, après tout, combine deux des thèmes qui intéressaient le plus Andy , écrit Bob Colacello, le pouvoir et la célébrité ». (B. Colacello, Holy Terror : Andy Warhol Up Close, New York 1990, p. 110).

Après que Warhol ait été blessé grièvement par l’écrivain Valerie Solanas en 1968, sa production picturale s’arrête. Au cours des quatre années qui suivent, il ne réalise qu’une poignée de portraits de commandes et se consacre à la réalisation de films, à la musique et à des projets de performance. C’est une conversation avec son ami de longue date et marchand d’art, Bruno Bischofberger, en 1972, qui l’encourage à revenir à la peinture. Bischofberger émet l’idée que Warhol devrait s’attaquer à la figure la plus importante du XXe siècle. Il suggère Albert Einstein en vertu de sa théorie cardinale de la relativité. « C’est une bonne idée, répond Warhol avec humour, mais je viens de lire dans le magazine Life que la personne la plus célèbre au monde aujourd’hui est le président Mao. Ne devrait-il pas s’agir de la personne la plus célèbre, Bruno ? » (A. Warhol, cité dans ibid., p. 111).

Le numéro de Life en question – publié le 3 mars 1972 et intitulé ‘Nixon au pays de Mao’ – couvrait la visite du président américain en Chine le mois précédent. Celle-ci s’est révélée décisive sur le plan de la diplomatie sino-américaine et avait fait l’objet d’une vaste couverture médiatique dans le monde entier.
Peu de temps après, Warhol se lance dans sa série d’œuvres sur Mao, qui comprend des peintures, des dessins, des gravures et même du papier peint. Il crée un premier groupe de peintures au début de l’année 1972 et, au cours de l’année suivante, réalise le portrait en cinq séries distinctes. Suivant la même logique que ses Flowers de la décennie précédente, ses toiles vont du format 30 x 25 cm comme la présente œuvre à des versions géantes de plus de 4 mètres de haut. De toutes les peintures de Mao, c’est cette première série de toiles qui présente le travail expérimental le plus abouti sur le plan pictural de l’artiste. Warhol a ajouté de l’acrylique transparent à ses peintures afin d’accentuer l’épaisseur de leurs surfaces et augmenter leur éclat.

« Il nous a donné une image de Mao d’une force si brutale que, quelle que soit l’image mentale que nous nous faisions du dirigeant chinois il y a un instant, il l’a supplantée par la sienne. » - Douglas Crimp

Warhol était fasciné par la célébrité et par les mécanismes de reproduction qui lui permettent de se propager. La culture américaine de l’après-guerre était dominée par la multiplicité : de la cascade d’images médiatiques qui défilaient sur les écrans de télévision et dans les magazines aux produits de masse qui garnissaient les allées des supermarchés locaux. Dans les années 1960, Warhol dépeint les stars américaines – Marilyn, Jackie et Elvis – avec le même égard que ses marques domestiques – Campbell’s, Coca-Cola et Brillo. Avec l’ironie qui le caractérise, il laisse entendre que l’ubiquité est une condition préalable à la célébrité. C’est cette contradiction particulière qui l’a attiré vers le président du parti communiste chinois, dont le régime cherchait à purger les vestiges du consumérisme dans son pays, mais dont la propre image avait été spectaculairement façonnée et diffusée dans des campagnes de propagande de masse. Avec le visage impénétrable de Mao placé au centre des défilés publics, accroché dans les rues, sur les lieux de travail et dans les salons privés, Warhol a trouvé son ultime produit pop.

En 1982, Warhol effectue son premier et unique voyage dans le pays qui le fascine depuis plus d’une décennie. Il visite la Grande Muraille et pose devant le portrait géant du dictateur sur la place Tiananmen. Cette peinture à l’huile de six mètres de haut, qui contemple à partir de la porte de la Paix céleste, l’une des plus grandes places du monde depuis 1949, est en quelque sorte un ready-made. Remplacée chaque année dans la nuit du 30 septembre pour coïncider avec la fête nationale chinoise du 1er octobre, chaque image fait partie d’une série de reproductions standardisées. Depuis la mort de Mao en 1976, c’est à l’artiste Ge Xiaoguang que revient la tâche honorable de reproduire le portrait officiel. Dans la série de sérigraphies de Warhol, nous assistons à la multiplication de ce portrait indélébile. Triomphe exaltant de la couleur et du pinceau, Mao résonne grâce au génie Pop à double tranchant de l’artiste.


‘’I have been reading so much about China… The only picture they ever have is of Mao Zedong. It’s great. It looks like a silkscreen.’’ - Andy Warhol

Bold, arresting, and instantly recognisable, Andy Warhol’s Mao (1973) stems from one of the most significant series of the artist’s career. Mao Zedong—founder of the People’s Republic of China and the symbolic antithesis of Warhol’s beloved capitalist America—is screenprinted in black ink against a vibrant background of ultramarine blue and dioxazine purple. His face gleams brilliantly with yellow orange azo and cadmium orange paint, and is invigorated by surrounding passages of hand-painted impasto: a single, snaking blue line that runs down the left of the canvas, an encircling swoop around the left of Mao’s head, and thick, wide strokes that accentuate his iconic Zhongshan suit jacket. Between 1972 and 1973, Warhol created 199 Mao paintings. They represented his first major series since the Flowers of 1964 and, marking a departure from the hard-edged, mechanical style of his earlier silkscreens, their expressive, painterly surfaces heralded a new direction for the artist’s practice. The Chairman’s likeness is based on the official portrait that was printed as the frontispiece to Quotations from Chairman Mao Tse-tung (1964)—Mao’s ‘Little Red Book’—which was owned by a billion people at the time. Warhol was captivated by Mao’s cult of personality, by the image of his face as its own dazzling Pop spectacle. ‘’Politics, after all, combines two of the themes that interested Andy most, Bob Colacello wrote, Power and fame’’ (B. Colacello, Holy Terror: Andy Warhol Up Close, New York 1990, p. 110).

After Warhol was shot and critically wounded by writer Valerie Solanas in 1968, his painterly output ground to a halt. Over the four years that followed he produced only a handful of commissioned portraits and focussed his time on filmmaking, music and performance projects. It was a conversation with his friend and long-time art dealer Bruno Bischofberger in 1972 that encouraged his return to painting. Bischofberger had the idea that Warhol should take on an ambitious new subject matter: the most important figure of the twentieth century. He suggested Albert Einstein for his cardinal Theory of Relativity. ‘’That’s a good idea,’’ Warhol drily replied, ‘’but I was just reading in Life magazine that the most famous person in the world today is Chairman Mao. Shouldn’t it be the most famous person, Bruno?’’ (A. Warhol, quoted in ibid., p. 111).

The Life issue that Warhol read—published on 3 March 1972 and headlined ‘Nixon in the Land of Mao’—covered the US President’s visit to China the month earlier. It had signalled a historic breakthrough in Sino-American diplomacy and generated extensive media coverage worldwide. Warhol embarked on his series of Mao works—which included paintings, drawings, prints, and even wallpaper—swiftly after. He created an initial group of paintings in early 1972, and over the following year would produce the portrait in five scale sets across five discrete series. Following the same logic of his Flowers of the previous decade, they range from the 12-by-10-inch format of the present work up to ‘giant’ versions which spanned over fourteen feet in height. Of all the Mao paintings, it is this former series of jewel-like canvases that exhibit the artist’s most painterly and experimental work. He added clear acrylic medium to his paints to accentuate their thick, gestural surfaces.

‘’He has given us an image of Mao with such brutal force that, however we formulated our mental picture of the Chinese leader a moment ago, he has supplanted it with his own.’’ - Douglas Crimp

Warhol was fascinated by the nature of fame, and the mechanics of reproduction and exposure which allow it to propagate. Post-war American culture was dominated by multiplicity: from the barrage of media imagery that flickered through television screens and magazine spreads to the mass-produced commodities that lined local supermarket aisles. In the sixties, Warhol had depicted America’s stars—Marilyn, Jackie, and Elvis—with the same reverence as its household brands—Campbell’s, Coca-Cola, and Brillo. With his trademark irony, he implied that ubiquity was a prerequisite for fame. It was this particular contradiction that drew him to the chairman of the Chinese Communist Party, whose regime sought to purge the remnants of consumerism in his country, yet whose own image had been spectacularly packaged, branded, and proliferated in mass-propaganda campaigns. In Mao’s inscrutable face—paraded in public rallies, hung in streets, workplaces, and private living rooms—Warhol landed upon his ultimate Pop commodity.

In 1982, Warhol would make his first and only trip to the country that had fascinated him for well over a decade, visiting the Great Wall and posing in front of Mao’s giant portrait in Tiananmen Square for a photograph. The six-metre-tall oil painting—which has gazed from the Gate of Heavenly Peace at one of the world’s largest squares since 1949—is a readymade of sorts. Replaced every year on the night of 30 September to coincide with China’s National Day on 1 October, each image is one in a line of standardised reproductions. Since Mao’s death in 1976, the honourable task of duplicating the official portrait has been that of artist Ge Xiaoguang. In Warhol’s silkscreen series, we witness this indelible portrait multiply further. An exhilarating triumph of colour and brushwork, Mao reverberates with the artist’s double-edged Pop genius.

More from Avant-Garde(s) Including Thinking Italian

View All
View All