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Le Ciel passe dans l'air
Details
                                        
                                            René Magritte (1898-1967)
Le Ciel passe dans l'air
signé 'Magritte' (en bas à gauche)
huile sur toile
50.2 x 65 cm.
Peint en 1927
 
signed 'Magritte' (lower left)
oil on canvas
19 ¾ x 25 5⁄8 in.
Painted in 1927
 
                                        
                                    Le Ciel passe dans l'air
signé 'Magritte' (en bas à gauche)
huile sur toile
50.2 x 65 cm.
Peint en 1927
signed 'Magritte' (lower left)
oil on canvas
19 ¾ x 25 5⁄8 in.
Painted in 1927
Provenance
                                        
                                            Galerie L'Époque, Bruxelles (acquis auprès de l'artiste en décembre 1927).
E. L. T. Mesens, Bruxelles (acquis auprès de celle-ci vers 1932-33).
Harold Diamond, New York (acquis auprès de celui-ci en 1959-60).
Collection particulière, Europe (avant 1992).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
                                    E. L. T. Mesens, Bruxelles (acquis auprès de celle-ci vers 1932-33).
Harold Diamond, New York (acquis auprès de celui-ci en 1959-60).
Collection particulière, Europe (avant 1992).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
                                        
                                            'Lettre de Paul Nougé à René Magritte, fin octobre-début novembre 1927', in M. Mariën, Lettres surréalistes, 1924-1940, Bruxelles, 1973, p. 55-56, no. 110. 
D. Sylvester, éd., René Magritte, Catalogue raisonné, Oil Paintings, 1916-1930, Bruxelles, 1992, vol. I, p. 237-238, no. 169 (illustré).
                                    D. Sylvester, éd., René Magritte, Catalogue raisonné, Oil Paintings, 1916-1930, Bruxelles, 1992, vol. I, p. 237-238, no. 169 (illustré).
Exhibited
                                        
                                            New York, Albert Loeb & Krugier Gallery Inc., Homage to Silence or Metaphysica, octobre-novembre 1966, no. 37 (illustré; titré 'Open on sky'; daté '1925-29').
                                        
                                    Further Details
                                        
                                            « Il semble évident que l’évocation précise et charmante du mystère consiste en des images de choses familières, réunies ou transformées de telle sorte que cesse leur accord avec nos idées naïves ou savantes. »
René Magritte
“It seems evident that the precise and charming evocation of mystery consists in images of familiar things, brought together or transformed in such a way that their harmony with our naïve or learned ideas ceases to exist.”
René Magritte
« Les tableaux peints pendant les années […] 1926 à 1936, furent également le résultat de la recherche systématique d’un effet poétique bouleversant qui, obtenu par la mise en scène d’objets empruntés à la réalité donnerait au monde réel, à qui ces objets étaient empruntés, un sens poétique bouleversant par échange tout naturel».
R. Magritte, ‘La ligne de vie’, cité in René Magritte, Catalogue du centenaire, cat. exp., Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1998, p. 46.
“The paintings executed during the years […] 1926 to 1936 were likewise the result of a systematic search for a moving poetic effect which, obtained through the staging of objects borrowed from reality, would confer upon the real world — from which these objects were borrowed — a moving poetic meaning through a perfectly natural exchange.”
R. Magritte, 'La ligne de vie', in René Magritte, Catalogue du centenaire, exh. cat., Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Brussels, 1998, p. 46.
 
La composition de cette œuvre illustre de manière exemplaire les principes esthétiques du surréalisme magrittien, où le réel se métamorphose en une scène à la fois poétique et déconcertante. Au premier plan, une forme noire occupe la surface centrale du tableau. A la lumière des réflexions de Paul Nougé, il est possible d’y voir l’un de ces « morceaux de papier découpé » que Magritte expérimente en 1927 — des formes opaques, autonomes, sans origine identifiable, qui « servent à cacher, en fait à suggérer plus fortement que par l’image tout ce qu’ils dissimulent, car l’on ne peut admettre qu’ils ne dissimulent rien ». Cette silhouette sombre, loin d’être une simple ombre, fonctionne comme un masque plastique : elle ne révèle pas par mimésis, mais par occultation.
Ce principe de collage mental se retrouve aussi dans la partie supérieure de la toile : une forme flottante, à mi-chemin entre un nuage et un oiseau, traverse le ciel. Là encore, il ne s’agit pas d’un simple motif atmosphérique, mais d’un fragment isolé, d’un "morceau de ciel", détaché de tout contexte naturel — une image-métaphore que Magritte expérimente dans plusieurs œuvres contemporaines telles que Les Muscles célestes, Les Figures de nuit ou encore L’Ombre céleste. Ces formes flottantes, tantôt vaporeuses, tantôt découpées, s’apparentent à des collages insérés dans le tissu même de la représentation. Elles jouent sur l’ambiguïté entre apparition et insertion, entre image naturelle et image fabriquée.
À gauche, un rideau brun, dense et drapé, scinde l’espace pictural. Comme dans d’autres œuvres de Magritte, ce rideau incarne la frontière entre le visible et l’invisible, le révélé et le dissimulé. Il joue ici un rôle analogue à celui des découpes évoquées précédemment : il masque autant qu’il met en scène, il suggère une profondeur cachée derrière la surface du tableau. L’ensemble de la composition fonctionne ainsi comme une structure de dévoilement fragmenté, dans laquelle chaque élément — forme noire découpée, rideau, nuage-oiseau — devient porteur d’une charge métaphysique et poétique.
Le Ciel passe dans l’air s’inscrit dès lors dans une série d’expérimentations où Magritte interroge les rapports ambigus entre les choses et leurs représentations, entre ce qui est donné à voir et ce qui est activé mentalement par la vision. À l’instar de Les Mots et les Images (1927), cette œuvre déploie une réflexion sur le pouvoir suggestif de l’image, sur sa capacité à excéder la représentation pour ouvrir sur une pensée visuelle.
En articulant le collage, la découpe, la mise en scène du visible et du caché, Magritte construit ici une œuvre qui ne se contente pas de montrer, mais qui pense. Elle matérialise ce que l’artiste appelait « le combat entre le visible caché et le visible apparent », et offre au spectateur une surface de projection, où la réalité elle-même devient une énigme à résoudre — non par le regard seul, mais par l’imaginaire qu’il convoque.
The composition of this work exemplifies the aesthetic principles of Magritte’s Surrealism, in which reality is metamorphosed into a scene that is at once poetic and disconcerting. In the foreground, a black form occupies the central surface of the canvas. In light of Paul Nougé’s reflections, it can be understood as one of those “pieces of cut paper” that Magritte experimented with in 1927 — opaque, autonomous shapes of no identifiable origin, which “serve to conceal, in fact to suggest more powerfully than an image whatever they hide, for one cannot accept that they hide nothing.” This dark silhouette, far from being a mere shadow, functions as a plastic mask: it does not reveal through mimesis, but through concealment.
This principle of mental collage reappears in the upper section of the painting: a floating form, midway between a cloud and a bird, crosses the sky. Here again, it is not a simple atmospheric motif, but an isolated fragment — a “piece of sky” detached from any natural context — an image-metaphor Magritte explored in several contemporaneous works such as Les Muscles célestes, Les Figures de nuit, or L’Ombre céleste. These floating forms, sometimes vaporous, sometimes sharply delineated, resemble collages inserted into the very fabric of representation. They oscillate between appearance and insertion, between the natural image and the fabricated one.
To the left, a brown, dense, draped curtain divides the pictorial space. As in other works by Magritte, the curtain embodies the threshold between the visible and the invisible, the revealed and the concealed. Here, it performs a function analogous to that of the aforementioned cut-outs: it masks as much as it stages; it suggests a hidden depth behind the surface of the painting. The composition as a whole thus operates as a structure of fragmented revelation, in which each element — the black cut-out form, the curtain, the cloud-bird — carries a metaphysical and poetic charge.
Le Ciel passe dans l’air thus belongs to a series of experiments in which Magritte probes the ambiguous relations between things and their representations, between what is given to sight and what is mentally activated through vision. Like Les Mots et les Images (1927), this work unfolds a reflection on the suggestive power of the image — its capacity to exceed representation and to open onto visual thought.
By articulating collage, cut-out, and the staging of the visible and the hidden, Magritte constructs here a work that does not merely show, but thinks. It materializes what the artist called “the struggle between the hidden visible and the apparent visible,” offering the spectator a surface of projection where reality itself becomes an enigma to be solved — not by sight alone, but by the imagination it summons.
                                    René Magritte
“It seems evident that the precise and charming evocation of mystery consists in images of familiar things, brought together or transformed in such a way that their harmony with our naïve or learned ideas ceases to exist.”
René Magritte
« Les tableaux peints pendant les années […] 1926 à 1936, furent également le résultat de la recherche systématique d’un effet poétique bouleversant qui, obtenu par la mise en scène d’objets empruntés à la réalité donnerait au monde réel, à qui ces objets étaient empruntés, un sens poétique bouleversant par échange tout naturel».
R. Magritte, ‘La ligne de vie’, cité in René Magritte, Catalogue du centenaire, cat. exp., Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1998, p. 46.
“The paintings executed during the years […] 1926 to 1936 were likewise the result of a systematic search for a moving poetic effect which, obtained through the staging of objects borrowed from reality, would confer upon the real world — from which these objects were borrowed — a moving poetic meaning through a perfectly natural exchange.”
R. Magritte, 'La ligne de vie', in René Magritte, Catalogue du centenaire, exh. cat., Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Brussels, 1998, p. 46.
La composition de cette œuvre illustre de manière exemplaire les principes esthétiques du surréalisme magrittien, où le réel se métamorphose en une scène à la fois poétique et déconcertante. Au premier plan, une forme noire occupe la surface centrale du tableau. A la lumière des réflexions de Paul Nougé, il est possible d’y voir l’un de ces « morceaux de papier découpé » que Magritte expérimente en 1927 — des formes opaques, autonomes, sans origine identifiable, qui « servent à cacher, en fait à suggérer plus fortement que par l’image tout ce qu’ils dissimulent, car l’on ne peut admettre qu’ils ne dissimulent rien ». Cette silhouette sombre, loin d’être une simple ombre, fonctionne comme un masque plastique : elle ne révèle pas par mimésis, mais par occultation.
Ce principe de collage mental se retrouve aussi dans la partie supérieure de la toile : une forme flottante, à mi-chemin entre un nuage et un oiseau, traverse le ciel. Là encore, il ne s’agit pas d’un simple motif atmosphérique, mais d’un fragment isolé, d’un "morceau de ciel", détaché de tout contexte naturel — une image-métaphore que Magritte expérimente dans plusieurs œuvres contemporaines telles que Les Muscles célestes, Les Figures de nuit ou encore L’Ombre céleste. Ces formes flottantes, tantôt vaporeuses, tantôt découpées, s’apparentent à des collages insérés dans le tissu même de la représentation. Elles jouent sur l’ambiguïté entre apparition et insertion, entre image naturelle et image fabriquée.
À gauche, un rideau brun, dense et drapé, scinde l’espace pictural. Comme dans d’autres œuvres de Magritte, ce rideau incarne la frontière entre le visible et l’invisible, le révélé et le dissimulé. Il joue ici un rôle analogue à celui des découpes évoquées précédemment : il masque autant qu’il met en scène, il suggère une profondeur cachée derrière la surface du tableau. L’ensemble de la composition fonctionne ainsi comme une structure de dévoilement fragmenté, dans laquelle chaque élément — forme noire découpée, rideau, nuage-oiseau — devient porteur d’une charge métaphysique et poétique.
Le Ciel passe dans l’air s’inscrit dès lors dans une série d’expérimentations où Magritte interroge les rapports ambigus entre les choses et leurs représentations, entre ce qui est donné à voir et ce qui est activé mentalement par la vision. À l’instar de Les Mots et les Images (1927), cette œuvre déploie une réflexion sur le pouvoir suggestif de l’image, sur sa capacité à excéder la représentation pour ouvrir sur une pensée visuelle.
En articulant le collage, la découpe, la mise en scène du visible et du caché, Magritte construit ici une œuvre qui ne se contente pas de montrer, mais qui pense. Elle matérialise ce que l’artiste appelait « le combat entre le visible caché et le visible apparent », et offre au spectateur une surface de projection, où la réalité elle-même devient une énigme à résoudre — non par le regard seul, mais par l’imaginaire qu’il convoque.
The composition of this work exemplifies the aesthetic principles of Magritte’s Surrealism, in which reality is metamorphosed into a scene that is at once poetic and disconcerting. In the foreground, a black form occupies the central surface of the canvas. In light of Paul Nougé’s reflections, it can be understood as one of those “pieces of cut paper” that Magritte experimented with in 1927 — opaque, autonomous shapes of no identifiable origin, which “serve to conceal, in fact to suggest more powerfully than an image whatever they hide, for one cannot accept that they hide nothing.” This dark silhouette, far from being a mere shadow, functions as a plastic mask: it does not reveal through mimesis, but through concealment.
This principle of mental collage reappears in the upper section of the painting: a floating form, midway between a cloud and a bird, crosses the sky. Here again, it is not a simple atmospheric motif, but an isolated fragment — a “piece of sky” detached from any natural context — an image-metaphor Magritte explored in several contemporaneous works such as Les Muscles célestes, Les Figures de nuit, or L’Ombre céleste. These floating forms, sometimes vaporous, sometimes sharply delineated, resemble collages inserted into the very fabric of representation. They oscillate between appearance and insertion, between the natural image and the fabricated one.
To the left, a brown, dense, draped curtain divides the pictorial space. As in other works by Magritte, the curtain embodies the threshold between the visible and the invisible, the revealed and the concealed. Here, it performs a function analogous to that of the aforementioned cut-outs: it masks as much as it stages; it suggests a hidden depth behind the surface of the painting. The composition as a whole thus operates as a structure of fragmented revelation, in which each element — the black cut-out form, the curtain, the cloud-bird — carries a metaphysical and poetic charge.
Le Ciel passe dans l’air thus belongs to a series of experiments in which Magritte probes the ambiguous relations between things and their representations, between what is given to sight and what is mentally activated through vision. Like Les Mots et les Images (1927), this work unfolds a reflection on the suggestive power of the image — its capacity to exceed representation and to open onto visual thought.
By articulating collage, cut-out, and the staging of the visible and the hidden, Magritte constructs here a work that does not merely show, but thinks. It materializes what the artist called “the struggle between the hidden visible and the apparent visible,” offering the spectator a surface of projection where reality itself becomes an enigma to be solved — not by sight alone, but by the imagination it summons.
Sale Room Notice
                                        
                                            Veuillez noter que le Lot 15, qui n’avait pas été marqué par un symbole dans le catalogue, est maintenant soumis à une garantie de prix minimum et a été financé avec l’aide d’un tiers qui enchérit sur le lot et peut recevoir une rémunération de Christie’s.
Please note that Lot 15, which was not marked with a symbol in the catalogue, is now subject to a minimum price guarantee and has been financed by a third party who is bidding on the lot and may receive a financing fee from Christie’s.
                                    Please note that Lot 15, which was not marked with a symbol in the catalogue, is now subject to a minimum price guarantee and has been financed by a third party who is bidding on the lot and may receive a financing fee from Christie’s.
Brought to you by

            
                Antoine Lebouteiller
            
            
                International Specialist