Lot Essay
Cette charmante paire de pots-à-pinceaux est caractéristique du goût pour les porcelaines asiatiques montées, ainsi que celui pour les œuvres rocaille qui se développent au milieu du XVIIIe siècle à Paris et en Europe. Héritée d’un savant mélange des genres, elle a sans doute été conçue par un marchand-mercier qui a accès à une porcelaine chinoise de qualité et une compréhension approfondie du désir de ses contemporains pour les ornements rocaille. Cette paire de pots-à-pinceaux, qui a fait partie de l'importante collection de Madame de Polès, fut vendue à la galerie Jean Charpentier, à Paris, sous le marteau de maître Ader, le 17 novembre 1936, lot 162.
LE GOÛT POUR LES PORCELAINES ASIATIQUES MONTÉES AU XVIIIE SIÈCLE
Aux XVIe et XVIIe siècle, l'explosion des relations diplomatiques et commerciales entre l'Europe et l'Extrême-Orient provoque une augmentation des importations de porcelaine, permettant à une riche clientèle avide d'exotisme de compléter sa collection et décorer ses intérieurs. En plus de leur production ancestrale, la Chine, les Indes et le Japon développent une porcelaine d'export destinée au marché européen. A cette époque, l'Europe multiplie les recherches pour percer le secret de fabrication de cette précieuse porcelaine et copie celles d'Extrême-Orient.
Le Grand Siècle voit naître une nouvelle tendance qui perdurera aux XVIIIe et XIXe siècles : celui des objets montés d'orfèvrerie ou de bronze. La France excella dans ce domaine, grâce aux talents des communautés des maîtres fondeurs et doreurs qui fabriquèrent des montures et ornements de bronze doré d'une grande qualité. Une supériorité technique, mais aussi artistique, grâce à la créativité des dessinateurs, sculpteurs et modeleurs. Ainsi, l'art rocaille qui se développe au milieu du XVIIIe siècle fut une nouvelle source d'inspiration pour les artisans qui dévelopèrent de superbes montures mouvementées et au vocabulaire inspiré de la nature. C'est le cas de notre paire de pots-à-pinceaux, sur laquelle nous retrouvons une monture aux formes mouvementées et aux feuilles d'acanthe.
L'OEUVRE D'UN MARCHAND-MERCIER
Ne pouvant pas appartenir à une corporation d’artisans, les marchands-merciers commandaient, assemblaient, transformaient et ornaient des pièces pour créer des objets luxueux et originaux. Ils ont su saisir l'attrait des européens pour l'Extrême-Orient et proposent à la vente des porcelaines asiatiques montées de bronzes dorés européens. Ces objets d'art, très en vogue au XVIIIe siècle, sont donc le fruit d'une collaboration entre commerçants et artisans.
Notre paire de pots-à-pinceaux est l'oeuvre d'un de ces ingénieux marchands-merciers. Chaque pot-à-pinceaux est composé de deux porcelaines chinoises distinctes, assemblées grâce à une monture de bronze doré rocaille. Le pot-à-pinceaux est en porcelaine de Chine, de Famille verte, daté de l'époque Kangxi (1662-1722), tandis que la figurine en porcelaine de Chine, de Famille rose, datant du XVIIIe siècle. Cet assemblage devait être alors considéré comme une pratique extrèmement luxueuse, dont nous connaissons plusieurs exemples.
Notons une paire comparable, les pots balustre, provenant de l'ancienne collection de Mrs Hamilton Rice, a été vendue au Palais Galliera, à Paris, le 24 juin 1965, lot 27 et vendue une seconde fois chez Sotheby's, à Paris, le 8 octobre 2015, lot 151. Une autre paire comparable, les pots couverts, a été présentée au Palais Galliera, à Paris, le 28 novembre 1970, lot 34. Une figurine portant un vase, de Famille Rose, sans pots-à-pinceaux ni monture, est passée en vente chez Christie's à New York, le 10 avril 2019, lot 88.
This charming pair of brush pots is characteristic of the taste for mounted Asian porcelain, as well as that for rocaille works, which developed in the mid-18th century in Paris and Europe. The result of a clever mix of styles, it was undoubtedly designed by a merchant who had access to high-quality Chinese porcelain and a deep understanding of his contemporaries' desire for rocaille ornaments. This pair of brush pots, which was part of Madame de Polès's important collection, was sold at the Jean Charpentier gallery in Paris under the hammer of Maître Ader on November 17, 1936, lot 162.
THE TASTE FOR MOUNTED ASIAN PORCELAIN IN THE 18TH CENTURY
In the 16th and 17th centuries, the explosion of diplomatic and commercial relations between Europe and the Far East led to an increase in porcelain imports, allowing a wealthy clientele eager for exoticism to complete their collections and decorate their interiors. In addition to their traditional production, China, India, and Japan developed porcelain for export to the European market. At that time, Europe intensified its efforts to uncover the secrets of manufacturing this precious porcelain and copied those from the Far East.
The Grand Siècle saw the emergence of a new trend that would continue throughout the 18th and 19th centuries: objects mounted with gold or bronze. France excelled in this field, thanks to the talents of communities of master casters and gilders who produced high-quality gilt bronze mounts and ornaments. Their technical superiority was matched by their artistic prowess, thanks to the creativity of designers, sculptors, and modelers. Thus, the Rococo style that developed in the mid-18th century was a new source of inspiration for craftsmen, who created superb, dynamic mounts inspired by nature. This is the case with our pair of brush pots, which feature a dynamic mount decorated with acanthus leaves.
THE WORK OF A MARCHAND-MERCIER
Unable to belong to a craftsmen's guild, marchands-merciers ordered, assembled, transformed, and decorated pieces to create luxurious and original objects. They understood Europeans' fascination with the Far East and offered Asian porcelain mounted with European gilded bronze for sale. These objets d'art, which were very fashionable in the 18th century, are therefore the result of collaboration between merchants and craftsmen. Our pair of brush pots is the work of one of these ingenious marchands-merciers. Each brush pot is composed of two separate Chinese porcelain pieces, assembled using a rocaille gilt bronze mount. The brush pot is made of Chinese porcelain, from the Family Green, dated to the Kangxi period (1662-1722), while the Chinese porcelain figurine, from the Family Rose, dates from the 18th century. This assembly must have been considered an extremely luxurious practice at the time, of which we know several examples.
A similar pair of baluster vases from the former collection of Mrs. Hamilton Rice was sold at the Palais Galliera in Paris on June 24, 1965, lot 27, and sold a second time at Sotheby's in Paris on October 8, 2015, lot 151. Another comparable pair, covered pots, was presented at the Palais Galliera in Paris on November 28, 1970, lot 34. A figurine carrying a vase, from the Famille Rose, without brush pots or mount, was sold at Christie's in New York on April 10, 2019, lot 88.
LE GOÛT POUR LES PORCELAINES ASIATIQUES MONTÉES AU XVIIIE SIÈCLE
Aux XVIe et XVIIe siècle, l'explosion des relations diplomatiques et commerciales entre l'Europe et l'Extrême-Orient provoque une augmentation des importations de porcelaine, permettant à une riche clientèle avide d'exotisme de compléter sa collection et décorer ses intérieurs. En plus de leur production ancestrale, la Chine, les Indes et le Japon développent une porcelaine d'export destinée au marché européen. A cette époque, l'Europe multiplie les recherches pour percer le secret de fabrication de cette précieuse porcelaine et copie celles d'Extrême-Orient.
Le Grand Siècle voit naître une nouvelle tendance qui perdurera aux XVIIIe et XIXe siècles : celui des objets montés d'orfèvrerie ou de bronze. La France excella dans ce domaine, grâce aux talents des communautés des maîtres fondeurs et doreurs qui fabriquèrent des montures et ornements de bronze doré d'une grande qualité. Une supériorité technique, mais aussi artistique, grâce à la créativité des dessinateurs, sculpteurs et modeleurs. Ainsi, l'art rocaille qui se développe au milieu du XVIIIe siècle fut une nouvelle source d'inspiration pour les artisans qui dévelopèrent de superbes montures mouvementées et au vocabulaire inspiré de la nature. C'est le cas de notre paire de pots-à-pinceaux, sur laquelle nous retrouvons une monture aux formes mouvementées et aux feuilles d'acanthe.
L'OEUVRE D'UN MARCHAND-MERCIER
Ne pouvant pas appartenir à une corporation d’artisans, les marchands-merciers commandaient, assemblaient, transformaient et ornaient des pièces pour créer des objets luxueux et originaux. Ils ont su saisir l'attrait des européens pour l'Extrême-Orient et proposent à la vente des porcelaines asiatiques montées de bronzes dorés européens. Ces objets d'art, très en vogue au XVIIIe siècle, sont donc le fruit d'une collaboration entre commerçants et artisans.
Notre paire de pots-à-pinceaux est l'oeuvre d'un de ces ingénieux marchands-merciers. Chaque pot-à-pinceaux est composé de deux porcelaines chinoises distinctes, assemblées grâce à une monture de bronze doré rocaille. Le pot-à-pinceaux est en porcelaine de Chine, de Famille verte, daté de l'époque Kangxi (1662-1722), tandis que la figurine en porcelaine de Chine, de Famille rose, datant du XVIIIe siècle. Cet assemblage devait être alors considéré comme une pratique extrèmement luxueuse, dont nous connaissons plusieurs exemples.
Notons une paire comparable, les pots balustre, provenant de l'ancienne collection de Mrs Hamilton Rice, a été vendue au Palais Galliera, à Paris, le 24 juin 1965, lot 27 et vendue une seconde fois chez Sotheby's, à Paris, le 8 octobre 2015, lot 151. Une autre paire comparable, les pots couverts, a été présentée au Palais Galliera, à Paris, le 28 novembre 1970, lot 34. Une figurine portant un vase, de Famille Rose, sans pots-à-pinceaux ni monture, est passée en vente chez Christie's à New York, le 10 avril 2019, lot 88.
This charming pair of brush pots is characteristic of the taste for mounted Asian porcelain, as well as that for rocaille works, which developed in the mid-18th century in Paris and Europe. The result of a clever mix of styles, it was undoubtedly designed by a merchant who had access to high-quality Chinese porcelain and a deep understanding of his contemporaries' desire for rocaille ornaments. This pair of brush pots, which was part of Madame de Polès's important collection, was sold at the Jean Charpentier gallery in Paris under the hammer of Maître Ader on November 17, 1936, lot 162.
THE TASTE FOR MOUNTED ASIAN PORCELAIN IN THE 18TH CENTURY
In the 16th and 17th centuries, the explosion of diplomatic and commercial relations between Europe and the Far East led to an increase in porcelain imports, allowing a wealthy clientele eager for exoticism to complete their collections and decorate their interiors. In addition to their traditional production, China, India, and Japan developed porcelain for export to the European market. At that time, Europe intensified its efforts to uncover the secrets of manufacturing this precious porcelain and copied those from the Far East.
The Grand Siècle saw the emergence of a new trend that would continue throughout the 18th and 19th centuries: objects mounted with gold or bronze. France excelled in this field, thanks to the talents of communities of master casters and gilders who produced high-quality gilt bronze mounts and ornaments. Their technical superiority was matched by their artistic prowess, thanks to the creativity of designers, sculptors, and modelers. Thus, the Rococo style that developed in the mid-18th century was a new source of inspiration for craftsmen, who created superb, dynamic mounts inspired by nature. This is the case with our pair of brush pots, which feature a dynamic mount decorated with acanthus leaves.
THE WORK OF A MARCHAND-MERCIER
Unable to belong to a craftsmen's guild, marchands-merciers ordered, assembled, transformed, and decorated pieces to create luxurious and original objects. They understood Europeans' fascination with the Far East and offered Asian porcelain mounted with European gilded bronze for sale. These objets d'art, which were very fashionable in the 18th century, are therefore the result of collaboration between merchants and craftsmen. Our pair of brush pots is the work of one of these ingenious marchands-merciers. Each brush pot is composed of two separate Chinese porcelain pieces, assembled using a rocaille gilt bronze mount. The brush pot is made of Chinese porcelain, from the Family Green, dated to the Kangxi period (1662-1722), while the Chinese porcelain figurine, from the Family Rose, dates from the 18th century. This assembly must have been considered an extremely luxurious practice at the time, of which we know several examples.
A similar pair of baluster vases from the former collection of Mrs. Hamilton Rice was sold at the Palais Galliera in Paris on June 24, 1965, lot 27, and sold a second time at Sotheby's in Paris on October 8, 2015, lot 151. Another comparable pair, covered pots, was presented at the Palais Galliera in Paris on November 28, 1970, lot 34. A figurine carrying a vase, from the Famille Rose, without brush pots or mount, was sold at Christie's in New York on April 10, 2019, lot 88.
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
