COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE
COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE
COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE
2 More
COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE
5 More
COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE

PAR CHARLES CRESSENT, VERS 1725-1735

Details
COMMODE D'ÉPOQUE RÉGENCE
PAR CHARLES CRESSENT, VERS 1725-1735
En placage de satiné et amarante, et ornementation de bronze ciselé et verni, le plateau de marbre Sarrancolin plaqué et mouvementé, la façade en arbalète ouvrant par deux tiroirs, ornée en son centre d'un masque de Diane sur le tiroir supérieur, d'une entrée de serrure à fond de treillage flanquée de dragons et sommée d'une coquille, les poignées entourées d'un cadre de bronze à motifs de lambrequins, les montants cambrés soulignés par un masque de femme en chute et de joncs enrubannés se terminant par des sabots en forme de patte de lion, une étiquette au dos en partie déchirée avec l'inscription 'M. Bretonneau'
H. 81 cm. (31 ¾ in.) ; L. 114 cm. (44 ¾ in.) ; P. 57 cm. (22 ½ in.)

Charles Cressent (1685-1768), marchand-ébéniste et sculpteur à Paris.
Provenance
Atelier de Charles Cressent, Paris;
Vente de la collection de Charles Cressent, Paris, le 23 janvier 1749, lot 20;
Ancienne collection de Gabriel-Charles Bretonneau (1827-1889) et de son épouse Marie-Joséphine, née Simond de Moydier (1827-1914);
Collection particulière française.
Literature
M.J. Ballot, "Charles Cressent, sculpteur, ébéniste, collectionneur", in Archives de l'Art français, Receuil des documents inédits publiés par la société de l'Histoire de l'Art français, Nouvelle période, Tome X, Paris, 1969, p. 199, lot n°20

Bibliographie comparative:
A. Pradère, Charles Cressent, Sculpteur, ébéniste du Régent, Dijon, 2003
Further details
A RÉGENCE VARNISHED BRONZE MOUNTED SATINWOOD AND AMARANTH COMMODE, BY CHARLES CRESSENT, CIRCA 1725-1735

Brought to you by

Paul Gallois
Paul Gallois Head of European Furniture

Lot Essay

LES VENTES AUX ENCHÈRES DE LA COLLECTION DE CHARLES CRESSENT
Au-delà de l'évidente noblesse et de l’élégance de notre commode, sa singularité réside dans l’identification de cette dernière dans le catalogue de la première vente de l’atelier de l’ébéniste qui eut lieu à Paris, rue Notre-Dame des Victoires, en janvier 1749. Le catalogue imprimé et publié est précédé d’un préambule présentant le contenu de la collection de Charles Cressent. Le catalogue de vente est organisé en trois parties (tableaux, bronzes et meubles), la dernière étant réservée « aux ouvrages d’ébénisterie qui ont été faits chez le sieur Cressent & sous sa conduite … », précisant ainsi que tous les meubles présentés dans la vente sont exclusivement des créations de Charles Cressent. Parmi les trente commodes décrites dans le catalogue de la vente aux enchères, la nôtre apparaît sous le n°20: Une commode de bois fatiné, les ornemens de bronze font très-riches, il y a trois têtes de Femmes des plus belles, avec des Cadres, le tout mis en couleur d’or [verni]; le marbre de Serracolin plaqué, de trois pieds fix pouces [113,7cm.], à deux tiroirs. Outre la parfaite similitude de la description avec notre exemplaire depuis la forme et les motifs jusqu’à la largeur, notre commode est le seul exemple connu de Cressent recouvert d’un marbre plaqué, à la façon italienne et non taillé en plein.
A cette première vente aux enchères des biens appartenant à Charles Cressent, deux autres suivront : l’une en mars 1757 au même endroit, au moment où l’artiste est contraint d’arrêter sa profession compte tenu de son âge avancé, l’autre se tiendra à l’hôtel Desmarets rue Neuve Saint Augustin à Paris le 19 mars 1765, trois ans avant sa disparition.

LES COMMODES DITES "À CADRES ET ESPAGNOLETTES"
Définies en préambule du catalogue de la vente de 1749 comme « d’un contour extrêmement simple, mais noble en même temps », les commodes issues de l’atelier de Charles Cressent ont été classées par Alexandre Pradère en différents corpus identifiés et dont chacun correspond à une période de sa production (op. cit.). Le premier groupe rassemble les commodes à cadres et espagnolettes dont notre exemplaire fait partie. Cette première production connue de l’œuvre de l’ébéniste court des années 1725 aux années 1735. Si nous retrouvons les mêmes cadres sur toutes les commodes de ces années-là, les espagnolettes et les entrées de serrures varient selon l'exemplaire. Les figures de femme de notre commode sont par exemple identiques à celles de la commode de la baronne Cassel von Doorn (op. cit. A. Pradère, p. 275, fig. 92). Le tiroir inférieur présente une entrée de serrure dite "à dragons cabrés" communément utilisée sur les commodes de cette période, et que nous retrouvons par exemple sur une commode conservée dans une collection bourguignonne (op. cit. p. 273, fig. 82) ainsi que sur la commode de l’ancienne collection Seamy Rosenberg (op. cit. p. 142 et p. 273, fig. 81). Le modèle de tablier de notre commode est quant à lui également présent de manière récurrente et notamment sur l’exemplaire de l’ancienne collection Saint-Alary (op. cit. p. 144 et p. 274 fig. 86). Alexandre Pradère relève par ailleurs l'importance des modèles de ce groupe ornés au centre du tiroir supérieur d'un masque de Diane. Outre notre commode, ce masque orne l'exemplaire de la collection Surmont (op. cit. p. 273 fig. 83), l'exemplaire de Saint-Alary précité, un autre vendu au Palais Galliera en 1970 (op. cit. p. 275, fig. 89) et enfin la commode vendue chez Christie’s à Londres, le 12 novembre 2020, lot 13 (op. cit. p. 274, fig. 88). En revanche, notre commode se distingue de toutes les autres par son plateau de marbre plaqué, cas unique dans la production de notre ébéniste. Plus épais, une multitude de morceaux de marbres sont reliés par des joints et fixés sur une âme de plâtre. Si inhabituelle, cette réalisation interroge. Une hypothèse peut être avancée: le marbre initialement taillé aurait peut-être été cassé dans l'atelier, puis consécutivement remisé avant d'être restauré pour être présentable lors de la vente de 1749.

CHARLES CRESSENT, ÉBÉNISTE INCOMPARABLE DU XVIIIE SIÈCLE
Charles Cressent (1685-1768) est incontestablement l'ébéniste le plus représentatif du style Régence lorsque, à la place des marqueteries, le goût se tourne vers des meubles aux placages de bois relativement simples, dotés de montures en bronze doré d'une qualité et d'une splendeur de plus en plus sculpturales. Dans ce nouveau style, Cressent fait cavalier seul, sa formation précoce et familiale de sculpteur sur bois à Amiens étant évidente dans l'originalité et la qualité des montures qu'il produit. Arrivé à Paris, il semble continuer sa formation de ciselure des bronzes dans les ateliers de Girardon et devient maître sculpteur en 1719 et membre de l'Académie de Saint-Luc. Accédant ensuite à la profession d’ébéniste par le biais de son mariage avec la veuve de Joseph Poitou, il devient ébéniste ordinaire des palais de S.A.R. Monseigneur le duc d'Orléans, Régent du royaume. Cette multiple formation, alliant la maîtrise parfaite des techniques de sculpture, de fonte, de ciselure et de l’ébénisterie, rend les créations de Charles Cressent uniques dans l’ébénisterie française du XVIIIe siècle, dominée par le système des corporations cloisonnant les différents artisanats d’art. L’obstination de Charles Cressent dans le contournement de ces règles multiséculaires rend son œuvre incomparable dans les arts décoratifs du XVIIIe siècle.

More from Madame Simone Steinitz : The Legacy of Taste

View All
View All