Louis-Léopold Boilly (1761-1845)
Louis-Léopold Boilly (1761-1845)

Le départ des conscrits le 2 février 1807 devant la porte Saint-Denis à Paris

Details
Louis-Léopold Boilly (1761-1845)
Le départ des conscrits le 2 février 1807 devant la porte Saint-Denis à Paris
signé 'L. Boilly' et inscrit 'CONSCRITS DE L'AN. 1807' et 'Départ des Conscrits de paris, Le 2 fevrier 1807.'
craie noire, plume et encre noire, lavis gris rehaussé de gouache brune et de blanc
517 x 935 mm.
Provenance
Antoine Vincent Arnault; Paris, 15 avril 1835, lot 19.
Collection Bara; Paris, 8 mars 1875, lot 5.
Madame Léon Gauchez; Paris, 20 avril 1892, lot 34 (2,800 francs à Charles Mannheim).
Albert Lehmann; Paris, 8 juin 1925, lot 140 (65,000 francs).
Robert Schumann; Paris, 11 avril 1951, lot 4 (410,000 francs).
Acquis par Monsieur et Madame Jacques Schumann.
Puis par descendance.
Literature
H. Harisse, Louis-Léopold Boilly, Peintre-Dessinateur-Lithographe, Paris, 1898, no. 897, illustré p. 165.
Le Figaro Artistique, 4 juin 1925, p. 536 (annonce de la vente A. Lehmann).
Exhibited
Paris, Exposition rétrospective de la ville de Paris, 1900, no. 20.

Lot Essay

Ce dessin est préparatoire au tableau de 1807 du Départ des conscrits acheté par le Musée Carnavalet chez Christie's à Londres le 28 avril 1888. Le départ des conscrits fut le premier tableau de Boilly à rentrer dans les collections du musée, qui aujourd'hui ne compte pas moins de 16 tableaux de l'artiste.
Pour chacune de ses grandes compositions, telles que Le départ des conscrits, Boilly réalisa un grand nombre d'études détaillant chaque partie du tableau, généralement des esquisses à l'huile ou des dessins au lavis ou au crayon. Ensuite il reprenait l'ensemble de la composition dans une grande feuille au lavis ou à l'aquarelle, la composition ne différant presque pas par rapport à l'oeuvre finale.
Comme dans de nombreux tableaux de cette période, Boilly se représente parmi la foule du Départ des conscrits: il s'est figuré entre les peintres Duplessis-Bertaux et Swebach à la gauche du porte drapeau. Ces figures sont tirées de carnets donnés en 1863 par son fils Julien au musée de Lille. Dans le grand dessin de L'arrivée de la de la diligence dans la cour des messageries, préparatoire au tableau du Louvre, Boilly avait déjà intégré les portraits des peintres Lethière et Vernet aussi pris de ce carnet. Deux huiles sur toiles représentant Le départ du conscrit et Le retour du conscrit conservées dans une collection privée, sont reliés à la présente composition ainsi qu'un petit dessin au lavis conservé dans une collection privée et reprenant la perspective de la porte Saint-Denis.
Dès son arrivée à Paris en 1785, de La Bassée dans le Nord, Boilly fut le protégé de Calvet de La Palun, collectionneur avignonnais. Il commence par exposer au Salon de la Jeunesse, place Dauphine, mais l'ouverture du Salon du Louvre à tous les artistes en 1793 lui permet de se faire connaître du grand public. Il se voit aussi critiquer par la censure, pour lui une autre façon d'asseoir sa notoriété. Boilly exposa régulièrement au Salon jusqu'en 1833.
Dans les années 1810, le grand marchand de la fin du 18ème siècle Alexandre Paillet, avec qui Boilly était l'un des membres fondateurs de la Société des Amis des Arts, lui fait faire un grand nombre de portraits. Mais c'est surtout dans les scènes de la vie parisienne que l'artiste est le plus original. En 1807, époque où il peignit Le départ des conscrits, Boilly habitait rue Meslée et c'est en voisin qu'il s'inspire des événements culturels, sociaux ou politiques contemporains comme le départ des conscrits pour les guerres napoléoniennes.
La scène du Départ des conscrits se passe à la porte Saint-Denis, devant l'un des arcs de triomphe parisien édifié en 1672 pour célébrer les victoires remportées par Louis XIV sur les Hollandais. Cette arche est située à l'extrémité de la rue Saint-Denis. Au 17ème siècle elle fait partie avec la Porte Saint-Martin des entrées symboliques de Paris. A l'origine la porte Saint-Denis présentait sur son entablement la devise Ludovico Magno. Sous la terreur, cette formule fut remplacée par Liberté Egalité Fraternité. A l'époque où Boilly conçu son dessin Napoléon avait fait inscrire son nom sur la pierre. Cette inscription ne figure ni dans le dessin ni dans le tableau du musée Carnavalet. Même si Boilly n'avait pas de sentiments ouvertement antibonapartistes, il exprime ainsi l'aspect impopulaire de la conscription forcée de l'Empereur.
Le premier propriétaire du dessin est l'écrivain Antoine Vincent Arnault (1766-1834), Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française, qui l'acheta directement à l'artiste. Il lui était d'ailleurs lié, étant le cousin germain de la seconde femme de Boilly, Adélaide Leduc. Arnault fréquente Boilly et devient un de ses fervents admirateurs. Arnault collectionne entre autres les dessins de Boilly, ses tableaux en trompe-l'oeil mais lui commande aussi sept portraits de sa famille, que Madame Charles-Napoléon Arnault, son arrière-petite-fille, léguera au Louvre en 1904. Quatre des dessins les plus importants de Boilly firent partie de sa vente après décès en 1835: Le tableau du sacre, La lecture du septième bulletin de la grande armée, Napoléon distribuant les croix d'honneur aux artistes et le présent dessin. Il a ensuite appartenu à diverses collections avant d'être acheté par Albert Lehmann, un autre grand amateur de Boilly: il en possédait cinq, L'enfant au fard, La Partie de dame, une très belle étude pour L'arrivée de la diligence, Passez-Payez plus connu sous le nom de L'Averse. Ce dernier tableau est aujourd'hui conservé au Louvre (RF 2486), offert au musée par Madame Albert Lehmann et ses enfants en 1925 en souvenir de son époux Albert Lehmann.
Le présent dessin sera inclus dans le catalogue raisonné des peintures de Boilly actuellement en préparation par messieurs Etienne Bréton et Pascal Zuber

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