Edouard Manet (1832-1883)
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Edouard Manet (1832-1883)

Femme nue se coiffant

Details
Edouard Manet (1832-1883)
Femme nue se coiffant
huile sur toile
81 x 65 cm. (31 7/8 x 25 5/8 in.)
Peint en 1879
Provenance
Atelier de l'artiste; Vente Manet, Mes Chevallier et Le Sueur, Paris, 4-5 février 1884, lot 41.
Eugène Manet et Berthe Morisot, Paris (acquis au cours de cette vente).
Ernest Rouart et Julie Manet, Paris (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
T. Duret, Histoire d'Edouard Manet et son oeuvre, Paris, 1902, no. 250.
J. Meier-Graffe, Edouard Manet, Munich, 1912, p. 275 (illustré). E. Moreau-Nélaton, Manet, raconté par lui-même, Paris, 1926, vol. 2, no. 282.
P. Jamot, G. Wildenstein et M.-L. Bataille, Manet, Paris, 1932, vol. II, no. 370.
M. Dormoy, "La Collection d'Ernest Rouart", in: Formes, avril 1932, p. 258 (illustré).
R. Rey, Manet, Paris, 1938, p. 81 (illustré en couleur).
A. Tabarant, Manet et ses oeuvres, Paris, 1947, p. 320.
M. Bodelsen, "Early Impressionist Sales, 1874-1894", in: Burlington
Magazine
, juin 1968, p. 342, no. 41.
D. Rouart et S. Orienti, Tout l'oeuvre peint d'Edouard Manet, Paris, 1970, no. 241 (illustré).
D. Rouart et D. Wildenstein, Edouard Manet, catalogue raisonné, Genève, 1975, vol. I, p. 246, no. 318 (illustré).
Exhibited
Amsterdam, Stedelijk Museum, Rétrospective d'art français, juillet-septembre 1926, no. 70.
Paris, Galerie Bernheim-Jeune, Manet (au profit des amis du Luxembourg), avril-mai 1928, no. 31.
Venise, XIXème Esposizione Biennale Internazionale d'Arte: Mostra individuale retrospettiva di Edouard Manet, juin-septembre 1934, no. 11 (erronément daté 1878).
Varsovie, Musée National, Importants courants de la peinture française moderne, juin-septembre 1937, p. 23, no. 17.
Venise, Gli Impressionisti, XXIVe Biennale, 1948, no. 30.
Toronto, Art Gallery; Montréal, Museum of Fine Arts; Québec, Musée de la Province; New York, The Metropolitan Museum of Art; Toledo, Museum of Art; Washington, D.C., Phillips Gallery; San Francisco, California Palace; Portland Art Museum; Minneapolis, Institute of Arts; Kansas City, William Rockhill Nelson Gallery of Art; Cincinnati, Art Museum; Saint Louis, City Art Museum; Winnipeg Art Gallery; Seattle, Charles and Emma Fry Free Public Art Museum et Syracuse, Museum of Fine Arts, Berthe Morisot and her Circle, septembre 1952-octobre 1954, no. 24 (illustré).
Marseille, Musée Cantini, Manet, mai-juillet 1961, no. 30.
Copenhague, NY Carlsberg Glyptotek, Women in Impressionism: From Mythical Feminine to Modern Woman, octobre 2006-janvier 2007, pp. 251, 255, 260 et 310, no. 51 (illustré en couleur, p. 250).
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'NUDE ARRANGING HER HAIR'; OIL ON CANVAS.

Lot Essay

Plus de dix ans après l'exécution des célèbres tableaux Le déjeuner sur l'herbe et Olympia en 1863, les années 1878 et 1879 sont souvent citées comme le grand retour de Manet à la peinture de nu. Il faut cependant noter que l'artiste a fort peu traité le nu féminin au cours de sa carrière. En effet, si l'on inclut la présente oeuvre, seules neuf toiles terminées abordent ce sujet dans l'oeuvre du peintre (Wildenstein nos. 7, 40, 67, 69, 176, 226, 241, 287, 318). Accompagnée de quatre pastels exécutés la même année, Femme nue se coiffant constitue la dernière peinture traitant du thème du nu féminin de manière aussi importante dans l'oeuvre de Manet.

Bien que Manet ait été connu comme un flâneur d'une élégance rare, un "dandy en haut de forme", sa production à partir de 1879 comprend seulement une poignée de scènes tirées de la "vie moderne", parmi lesquelles quelques scènes de café-concert ou des groupes de personnes dans des parcs. A partir de cette date, la grande majorité de son oeuvre est dediée au portrait. En effet, 1879 marque la première manifestation grave d'une maladie dégénerative qui finira par l'emporter. Dès lors, il peint en intérieur, faisant poser ses amis et sa famille, et effectuant des sessions de travail et de peinture avec son unique élève, Eva Gonzalès.

Alors que les plus jeunes membres de l'avant-garde parisienne tiennent Manet en haute estime, les critiques et les représentants du Salon n'ont de cesse de lui reprocher l'aspect "brouillon" de ses compositions ainsi que son réalisme improbable qui, pourtant, en se concentrant sur l'acte de peindre en lui-même, précipitera la naissance de l'art moderne. Parlant de sa propre formation, Renoir dira : "Il était celui qui rendait le mieux sur ses toiles la simple formule que nous essayions tous d'apprendre". Matisse fera écho à cette pensée des années plus tard : "Il était le premier à agir par réflexe, simplifiant ainsi le métier de peintre...Manet était on-ne-peut plus direct...Un grand peintre c'est celui qui trouve des signes personnels durables pour exprimer sa vision. Manet avait trouvée les siens" (Manet, 1832-1883, catalogue d'exposition, Galeries Nationales du Grand Palais, Paris, 1983, p. 18).

Femme nue se coiffant révèle les méthodes du travail de Manet. Tout d'abord, l'artiste conçoit son arrière-plan en appliquant des tons bleu et ocre qu'il frotte ensuite afin de ne laisser apparaître qu'un voile quasi transparent. Puis, la femme prend corps sous de larges et vives touches témoignant de la rapidité avec laquelle l'artiste a saisi son modèle. Enfin, Manet pose différentes nuances de bleu en délimitant les différents plans.
Ce véritable morceau de bravoure réside moins dans la performance technique de réduction de l'espace que dans la spontanéité et la vivacité du sujet. Dans Femme nue se coiffant, Manet atteint une fluidité et une grâce sans commune mesure, se libérant totalement du sujet, tout en captant une vivacité que même Monet n'atteindra pas dans ses propres Nymphéas, que trente ans plus tard. Même si Manet n'est pas impressionniste, il parvient à donner une impression distincte et vive de son modèle.

Le "regard masculin" présent dans l'oeuvre de Manet est d'une nature profondément différente de celle de son contemporain et rival, Degas. Manet lui-même proclamait : "Je ne peux rien faire sans la nature. Je ne sais pas comment inventer. Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est grâce à une interprétation précise et une analyse fidèle" (E. Zola, "Mon Portrait par Edouard Manet", l'Evénement illustré, 10 mai 1868, in: Gronberg,Manet : une Retrospective, New York, 1990, p.100).
Alors que Manet travaillant d'après nature, réalise des peintures quasi abstraites ; Degas, travaillant en atelier, de mémoire et à partir de croquis obtient des peintures au rendu plus réaliste.

L'identité du modèle de ces nus de 1879 n'est pas avérée (y compris pour les quatre pastels mentionnés précédemment) mais on peut supposer qu'il s'agit de l'une des amies les plus proches du peintre à la fin de sa vie : Mery Laurent. Courtisane unanimement célébrée, Mery aurait inspiré à Marcel Proust le personnage d'Odette Swann. En ce tournant décisif du siècle, Mery était l'une des demi-mondaines les plus connues. Elle vivait dans le luxe et l'oisiveté, s'entourant autant de toilettes fines que d'hommes de lettres. Avant de rencontrer Thomas Evans, qui deviendra son protecteur, elle connut une courte carrière sur scène. Mallarmé lui dédicaça des odes tandis que Huysmans, John Lewis Brown et James McNeil Whistler la comptaient parmi leurs amis proches. Manet était enchanté par sa présence, sa gaîté et sa frivolité. Au contact de celle-ci, l'artiste est sensibilisé à la haute couture, lui qui se plaît tant à peindre les femmes parées de leurs plus beaux atours ira même jusqu'à l'accompagner chez Worth, son tailleur de robes, et son chapelier rue de la Paix. Il est difficile d'imaginer que quelqu'un d'autre, dans le cercle fermé des intimes de l'artiste, ait pu accepter de poser dans des compositions aussi osées.

Depuis son exécution, Femme nue se coiffant a appartenu à la collection de la famille du peintre, puis à ses descendants. Acquis à la Vente Manet par son frère, Eugène, et sa femme, Berthe Morisot, l'oeuvre est ensuite passée entre les mains de Julie Manet (leur fille unique) et de son mari Ernest Rouart.

The years 1878 and 1879 are oftentimes heralded as Manet's great return to the nude following his notorious compositions Déjeuner sur l'herbe and Olympia of 1863. However the fact is that the artist treated the female nude only very rarely throughout his career; including the present work, only nine completed oil paintings exist in Manet's oeuvre (Wildenstein nos. 7, 40, 67, 69, 176, 226, 241, 287, 318). Along with four pastels executed the same year, Femme nue se coiffant is the last time the artist would treat the female nude in any important manner his work.

While Manet was renowned as an accomplished boulevardier - a "dandy in a top hat" - his production from 1879 includes only a smattering of scenes from modern life, amongst them a few images from a café-concert and figure groupings in parks. The vast majority of his work from this year are dedicated to portraiture, for 1879 marks the serious onset of a debilitating illness that would eventually claim his life. The professional result was numerous sittings of friends and family and painting and working sessions with his sole student, Eva Gonzalès.

While the younger members of the Parisian avant-garde held Manet in great esteem, he was continually reproached by critics and officials at the Salon for the "sketchy" handling of his compositions and for the implausible realism which, by concentrating on the act of painting itself, ushered "modern art" into existence. His focus on light, colour, form and composition foreshadow twentieth century artistic currants to come. "It was he," said Renoir speaking of his own early training, "who best rendered, in his canvases, the simple formula we were all trying to learn." Matisse echoed this thought years later, "He was the first to act by reflex, thus simplifying the painter's metier... Manet was a direct as could be... a great painter is one who finds lasting personal signs for the expression of his vision. Manet found his" (
Manet, 1832-1883, exh. cat., Galeries Nationales du Grand Palais, Paris, 1983, p. 18).

Manet's working process is readily apparent in the present work. The background was first established with ochre and blue tones which he then scraped away, leaving behind only a semi-transparent wash. His frenetic pace is palpable in the ensuing execution - the model was quickly sketched and the drapery built up around her forms, resulting in a bravura performance not only technically in the creation of space and depth, but in spontaneity of subject as well. In
Femme nue se coiffant, Manet achieves a fluidity and grace, a total liberation from his subject all the while capturing the vivacity in a way that not even Monet would achieve his own Nymphéas for another thirty years to come.

The "male gaze" present in Manet's work is of a very different nature to that of his contemporary - and rival - Degas. Manet himself proclaimed : "I can do nothing without nature [before my eyes]... I do not know how to invent... If I am worth something today, it is due to exact interpretation and faithful analysis" (E. Zola, "My Portrait by Edouard Manet",
L'Evénement illustré, 10 May 1868; in: Gronberg, Manet: A Retrospective, New York, 1990, p. 100). Manet worked with his subject in view, yet his paintings are more like impressions of the image beheld. Degas worked in his studio from memory and sketches, yet his nudes are more like realistic transcriptions of a moment viewed from a keyhole.

So while the model for his nudes of 1879 (including the four pastels heretofore mentioned) remains somewhat of a mystery, Méry Laurent, one of the painter's closest female friends in his later years, is a plausible conjecture. A highly celebrated courtisane, Méry is said to have served as the primary model for Proust's Odette Swann. At the turn of the century, Méry was one of the great
demi-mondaines and she lived a life of luxury and leisure, surrounding herself with as many fine toiletries as learned men of the arts. Prior to meeting Thomas Evans, who would become her protector, she had a short-lived career as a stage entertainer. To her Mallarmé dedicated odes, and Joris Karl Huysmans, John Lewis Brown and James McNeil Whistler were counted among her close friends. Manet was delighted by her presence, her gaity, her frivolity, and she would bring him with her to the dress-maker, Worth, and to her hat-maker on rue de la Paix. It is difficult to imagine any one else in the artist's circle of intimates who would have posed for such daring compositions.

Since its inception,
Femme nue se coiffant has been in the collection of the painter's family and his descendants. Acquired at the Manet Atelier sale by his brother, Eugène, and his wife, Berthe Morisot. The work was then passed on to Julie Manet, Eugène and Berthe's only daughter, and her husband, Ernest Rouart, and with whose descendants this painting has been with ever since.

(fig. 1) Portrait de Méry Laurent, années 1870.
Bibliothèque Nationale, Paris.

(fig. 2) Couverture du catalogue de la Vente Manet.

(fig. 3) Le présent tableau décrit sous le lot 41 avec les prix d'adjudication annotés par la main de Berthe Morisot.

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