拍品專文
"Que [Majorelle] peigne [...] les souks de Marrakech [...] ou les Kasbahs féodales du sud du désert, toujours il réalise, dans une forte synthèse décorative, bien qu'avec une préciosité de miniaturiste persan, la vérité profondément observée et repensée du pays qui le passionne".
Camille Mauclair, Le Figaro, mai 1932
Dès son arrivée au Maroc en 1917, Jacques Majorelle est subjugué par l'atmosphère des souks. Qu'il soit à Marrakech ou à Tanger, il se plaît à peindre chacune de leurs sections, leurs spécificités mais aussi leurs caractéristiques communes. Le Souk des sacs et ses allées couvertes de tiges de roseaux, le Souk des teinturiers et leurs lambeaux de peaux aux couleurs ardentes exposés au soleil, le Souk des dattes et sa population d'ânes portant d'énormes régimes de dattes ne sont que quelques exemples de la récurrence de ce thème dans l'oeuvre de Majorelle.
Le Marché aux courges présenté ici, datant du début des années 1940, ne déroge pas à la règle. Grâce à une subtile succession de plans, nous sommes plongés dans l'ambiance typique des marchés, faite d'observation discrète de la marchandise et de longues négociations précédant la transaction, tout cela sous un soleil de plomb. Les divers acteurs de cette scène paraissent avoir été saisis, presque surpris, dans leur mouvement avec une précision quasi-photographique. Mais ce souci d'exactitude est contrebalancé par une conduite à la fois lascive et abrupte du pinceau, qui confère à l'ensemble une impression de vaste fresque abstraite.
A l'exception de l'homme placé à l'extrémité de droite, tous nous tournent le dos ou détachent leur regard de notre champ visuel. C'est comme si Majorelle permettait au public de ne plus tenir le rôle de quatrième mur mais de le propulser sur la scène même du théâtre, parmi le décor et les interprètes. Se dégage de cette démarche une touchante impression de vérité, comme le souligne Camille Mauclair.
Camille Mauclair, Le Figaro, mai 1932
Dès son arrivée au Maroc en 1917, Jacques Majorelle est subjugué par l'atmosphère des souks. Qu'il soit à Marrakech ou à Tanger, il se plaît à peindre chacune de leurs sections, leurs spécificités mais aussi leurs caractéristiques communes. Le Souk des sacs et ses allées couvertes de tiges de roseaux, le Souk des teinturiers et leurs lambeaux de peaux aux couleurs ardentes exposés au soleil, le Souk des dattes et sa population d'ânes portant d'énormes régimes de dattes ne sont que quelques exemples de la récurrence de ce thème dans l'oeuvre de Majorelle.
Le Marché aux courges présenté ici, datant du début des années 1940, ne déroge pas à la règle. Grâce à une subtile succession de plans, nous sommes plongés dans l'ambiance typique des marchés, faite d'observation discrète de la marchandise et de longues négociations précédant la transaction, tout cela sous un soleil de plomb. Les divers acteurs de cette scène paraissent avoir été saisis, presque surpris, dans leur mouvement avec une précision quasi-photographique. Mais ce souci d'exactitude est contrebalancé par une conduite à la fois lascive et abrupte du pinceau, qui confère à l'ensemble une impression de vaste fresque abstraite.
A l'exception de l'homme placé à l'extrémité de droite, tous nous tournent le dos ou détachent leur regard de notre champ visuel. C'est comme si Majorelle permettait au public de ne plus tenir le rôle de quatrième mur mais de le propulser sur la scène même du théâtre, parmi le décor et les interprètes. Se dégage de cette démarche une touchante impression de vérité, comme le souligne Camille Mauclair.