EDOUARD VUILLARD (1868-1940)
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EDOUARD VUILLARD (1868-1940)

Femmes assises sur les bancs du square Berlioz, place Vintimille

Details
EDOUARD VUILLARD (1868-1940)
Femmes assises sur les bancs du square Berlioz, place Vintimille
avec le cachet de l'atelier 'E Vuillard' (en bas à droite; Lugt 2497a)
peinture à la colle sur papier marouflé sur toile
52.2 x 45.2 cm. (20 5/8 x 17¾ in.)
Peint vers 1915-16
Provenance
Atelier de l'artiste.
Collection particulière, Paris (acquis avant 1967).
Puis par descendance au propriétaire actuel, juin 1987.
Literature
A. Salomon et G. Cogeval, Vuillard, le regard innombrable: Catalogue critique des peintures et pastels, Paris, 2003, vol. III, p. 1231, no. X-113 (illustré).
Special notice
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
Further details
'WOMEN SEATED ON BENCHES IN THE SQUARE BERLIOZ, PLACE VINTIMILLE'; WITH THE ATELIER STAMP LOWER RIGHT; PEINTURE A LA COLLE ON PAPER LAID DOWN ON CANVAS.

Lot Essay

S'il est un paysage familier à Vuillard, c'est non pas un décor grandiose ou une cathédrale, mais le square Berlioz, petit jardin public typiquement parisien situé au centre de la place Vintimille, que le peintre peut voir depuis son appartement (depuis 1908, il vit avec sa mère rue de Calais, et en 1926 s'installe place Vintimille). Vuillard "passe [son] temps à la fenêtre," observant le jeu des atmosphères et de la lumière, regardant vivre ce petit monde, oasis des promeneurs, aire de jeux des enfants et halte de leurs nurses. "Voilà donc le spectacle devant lequel, pendant plus de trente ans, il s'éveillera chaque matin" (J. Salomon, Vuillard, Paris, 1968, p. 108) et dont il fera, comme d'un être aimé, de nombreux portraits. "Oui, ce paysage est un portrait qui ne peut être comparé qu'aux portraits de quelques êtres que Vuillard a le plus observés, le plus adorés, qu'il n'a cessé de découvrir, présents ou absents, source inépuisable de méditations et de certitudes" (C. Roger-Marx, Vuillard et son temps, Paris, 1945, p. 155).

Le square Vintimille semble apparaître pour la première fois en 1895 dans une petite peinture sur carton, Les nourrices au square (Salomon et Cogeval, no. V-58), puis à de nombreuses reprises, notamment dans la seconde série de quatre panneaux qu'Henry Bernstein lui commande en 1909 (Salomon et Cogeval, nos. VII-516.1 à VII 516-4) pour compléter les Rues de Paris dont il vient de faire l'acquisition (Salomon et Cogeval, nos. VII-515.1 à VII-515.4), ou dans le fameux paravent à cinq feuilles (La place Vintimille, 1911, National Gallery of Art, Washington, D.C.; Salomon et Cogeval, no. IX-165). Si Femmes assises sur les bancs du square Berlioz a été peint vers 1915, après la fin de l'aventure nabi et de l'engouement de ce mouvement pour l'art japonais, il offre néanmoins une conception très asiatique caractérisée par l'horror vacui, et une perspective mise en valeur par la composition: les lignes horizontales des immeubles et de l'allée bordée de silhouettes grises et brunes sont interrompues par la gaieté verdoyante d'un marronnier en fleurs. Une lumière blonde et calme en illumine le feuillage, détachant des façades de pierre gris-rose cet arbre immense dont l'ombre semble veiller sur cette petite société paisible.

Pour ce tableau, Vuillard utilise la technique de la peinture à la colle, apprise dès 1893 alors qu'il réalise des décors de théâtre car elle permet d'éviter tout reflet. "Seul Vuillard cependant continua d'utiliser cette technique dans le reste de son oeuvre, exploitant au maximum le résultat plat et sec du mélange de pigment et de colle de peau de lapin chauffée. Contrairement à la peinture à l'huile translucide et brillante, la colle pigmentée est matte, et par conséquent permet d'exprimer le caractère bidimensionnel de la surface plane de la représentation" (E. Wynne Easton, in Edouard Vuillard, "Le silence me garde", catalogue d'exposition, Paris, Galerie Bellier, 2002, pp. 31-32). Outre la fraîcheur des verts s'opposant aux teintes douces et harmonieuses des façades, et la profondeur des bruns et des noirs, cette technique révèle un paysage dont la densité, comme une contraction du temps, s'apparente à la scénographie d'un tissage ou d'un papier peint.

While it is a landscape familiar to Vuillard, it is not a grand scene or a cathedral, but the Square Berlioz, a small, typically Parisian public garden in the middle of the Place Vintimille, which the painter could see from his apartment (from 1908 he lived with his mother on Rue de Calais, and in 1926 moved to Place Vintimille). Vuillard "spent [his] time at the window," observing the interplay of atmosphere and light, watching the little world, an oasis of walkers, with a children's playground and a place for their nurses to sit down. "This is therefore the sight to which he awoke each morning for more than 30 years" (J. Salomon, Vuillard, Paris, 1968, p. 108) and which, like a loved one, he would represent in numerous "portraits." "Yes, this landscape is a portrait which can only be compared with the portraits of the few people who Vuillard observed most, those dearest to him, which he constantly discovered, present or absent, an inexhaustible source of meditations and certainties" (C. Roger-Marx, Vuillard et son temps, Paris, 1945, p. 155).

The Square Vintimille appears for the first time in 1895 in a small painting on board,
Les nourrices au square (Salomon and Cogeval, no. V-58), and then many times afterwards, particularly in the second series of four panels which Henry Bernstein commissioned from him in 1909 (Salomon and Cogeval, nos. VII-516.1 to VII 516-4), to complete Les Rues de Paris which he had just bought (Salomon and Cogeval, nos. VII-515.1 to VII-515.4), and in the famous five-leaf screen (La Place Vintimille, 1911, National Gallery of Art, Washington D.C.; Salomon and Cogeval, no. IX-165). Although Femmes assises sur les bancs du square Berlioz was painted in around 1915, after the end of the Nabi movement's fascination with Japanese art, it nevertheless offers a design highly influenced by horror vacui (the fear of empty space) and a flattened perspective where the horizontal lines of the buildings and the pathway flanked by grey and brown silhouettes are interrupted by the luxuriant greenery of a chestnut tree in bloom. A pale, calm light illuminates the foliage, making the façades of greyish pink stone stand out from this immense tree whose shadow seems to watch over this quiet gathering.

In this painting Vuillard employs the peinture à la colle technique, which he began using in 1893 when he was producing theatre sets, which makes any corrections to the work impossible due to its immediate drying effects. "Only Vuillard, however, continued to use this technique in the rest of his works, exploiting to the maximum the flat, dry result from mixing pigment and heated rabbit-skin glue. As opposed to painting with translucent and shiny oils, pigmented glue is mat, and consequently makes it possible to express the two-dimensional character of the flat surface of the representation" (E. Wynne Easton,
in Edouard Vuillard, "Le silence me garde", exhibition catalogue, Paris, Galerie Bellier, 2002, pp. 31-32). With the freshness of the greens contrasting with the softer, harmonious colours of the façades, and the depth of the browns and blacks, this technique reveals a landscape whose density, like a contraction of time, resembles the design of a weaving or hand-blocked wallpaper.

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