CHASSE EN CUIVRE CHAMPLEVE, EMAILLE, GRAVE, CISELE ET DORE REPRESENTANT LA CRUCIFIXION ET LE CHRIST EN MAJESTE
CHASSE EN CUIVRE CHAMPLEVE, EMAILLE, GRAVE, CISELE ET DORE REPRESENTANT LA CRUCIFIXION ET LE CHRIST EN MAJESTE

LIMOGES, VERS 1200-1210

Details
CHASSE EN CUIVRE CHAMPLEVE, EMAILLE, GRAVE, CISELE ET DORE REPRESENTANT LA CRUCIFIXION ET LE CHRIST EN MAJESTE
LIMOGES, VERS 1200-1210
Les figures réservées de la face majeure et du toit portant des têtes d'appliques classiques; la crête ornée de cabochons émaillés; le revers à décor de rosaces émaillées et pourvu d'une serrure et d'une porte; le dessous portant deux étiquettes en papier, l'une gravée de la figure de Saint Martin et la seconde inscrite 'E.U. 1900 M Martin le Roy'; trois panneaux de cuivre émaillés manquant au revers; légères traces d'usure à la dorure, quelques manques mineurs
21 x 21 x 8.9 cm. (8¼ x 8¼ x 3½ in.)
Provenance
Collection Victor Martin le Roy, Neuilly-sur-Seine, avant 1900.
Collection Jean-Joseph Marquet de Vasselot, puis par descendance à ses héritiers.
Literature
BIBLIOGRAPHIE:
J.-J. Marquet de Vasselot, Catalogue Raisonné de la Collection Martin le Roy, I, Orfèvrerie et Emaillerie, Paris, 1906, no. 25, pp. 41-42, pl. XVIII.
E. Antoine, D. Gaborit-Chopin, M.-M. Gauthier, Corpus des Emaux méridionaux, II, l'Apogée, 1190-1215, Paris, 2011, I B 1, n 33.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES:
M. l'abbé Texier, Essai historique et descriptive sur les argentiers et émailleurs de Limoges, Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, année 1842, Poitiers, 1843, pp. 95-175.
J.-J Marquet de Vasselot, Les émaux Limousins à fond vermiculé (XII et XIII siècles), Revue archéologique, 1905, Tome VI.
M. M. Gauthier, M. François, Medieval Enamels, Masterpieces of the Keir Collection, London, 1981.
Paris, New York, Musée du Louvre, The Metropolitan Museum of Art, L'oeuvre de Limoges, Emaux limousins du Moyen-Age, 23 Oct. 1995 - 22 Jan. 1996 and 4 Mar. - 16 Jun. 1996.
Cleveland, Baltimore, London, The Cleveland Museum or Art, The Walters Art Gallery, The British Museum, Treasures of Heaven, relics, saints and devotion in medieval Europe, M. Bagnoli, H. A. Klein, C. G. Mann, J. Robinson eds., 17 Oct. 2010 - 17 Jan. 2011, 13 Feb. - 15 May 2011, 13 Jun. - 9 Oct. 2011.
M.-M. Gauthier, E. Antoine, D. Gaborit-Chopin et al, Corpus des Emaux Meridionaux - tome II: L'apogee 1190-1215, Paris, 2011, I B 1, no. 26.
Exhibited
Paris, Petit Palais, Exposition rétrospective de l'art français des origines à 1800, 1900, no. 2444.
Further details
A GILT-COPPER AND POLYCHROME CHAMPLEVE ENAMEL RELIQUARY CASKET LIMOGES, CIRCA 1200-1210
The figures on the front with applied heads; the reverse with iron lock-plate and hinged door; the underside with two paper labels one printed with an image of St Martin the other inscribed 'E.U. 1900 M Martin le Roy'; three enamelled copper panels lacking from the reverse; minor wear to gilding, minor losses

Lot Essay

Dès le début du XIIème siècle, Limoges devint le principal centre de production d'émaux polychromes. L'évolution de l'émaillerie champlevée dans cette région au cours des quatre dernières décennies du XIIème siècle est fondamentalement liée au patronage des souverains Plantagenêts, alors maîtres de l'Aquitaine, à l'essor du culte des Saints au Moyen Age et à l'importance des objets de dévotion personnelle. Le peu d'information sur l'organisation et la localisation géographique des ateliers et des artistes aussi bien dans le temps que dans l'espace, rend la datation précise des émaux limousins difficile; l'on peut néanmoins, en suivant les études réalisées au cours de ces dernières années, s'accorder sur un développement entre 1150 et 1220.

La production artistique était essentiellement centrée sur la réalisation d'objets liturgiques et c'est à cette époque que les châsses reliquaires connaissent un essor important. Les châsses ou 'fiertes' étaient traditionnellement dans un premier temps, commandées par des dignitaires ecclésiastiques ou par l'entourage du roi afin de receler, protéger et commémorer les reliques des Saints. La forme géométrique des châsses évoque symboliquement celle des sarcophages antiques mais aussi celle des églises. La structure est principalement en chêne recouvert d'un alliage d'enduit blanc peint en rouge; celle-ci est également recouverte de plaques de cuivre champlevé et émaillé. Les principales évolutions des châsses à l'époque romane se situent au niveau des décors des figures humaines. En effet, les artistes autour de 1200 laissent les silhouettes réservées et dorées se détacher sur le fond émaillé; c'est aussi de cette époque que date l'apparition, dans l'agencement des champs colorés, d'une ou deux bandes horizontales turquoises dans le fond bleu au niveau de la face majeure et des pignons comme nous pouvons le distinguer sur la châsse ici présente.

La châsse de la collection Marquet de Vasselot partage de nombreux motifs communs avec trois autres châsses, notamment, de la châsse de l'ancienne collection Keir (M.M Gauthier, cat. no. 5, fig. 5) de celle de l'ancienne collection Baron Théis conservée au musée du Louvre (L'oeuvre de Limoges, Emaux limousins du Moyen-Aga, cat exp. Paris, 1995-1996, cat. 44, pp. 172-173) et enfin de la châsse provenant la collection Marynen à Bruxelles (M.-M. Gauthier et al, loc. cit.). Elles sont toutes conformes à la catégorie de 'châsse limousine type' décris par Antoine et Gaborit-Chopin qui associe l'exemple ici présent au groupe de châsses de 'type classique'.

D'un point de vue iconographique, l'association de l'iconographie superposant sur la face majeure la Crucifixion et sur le toit le Christ en Majesté représente ainsi les images les plus universelles et les plus dogmatiques du Christianisme. La face principale inférieure présente en effet un épisode de la vie terrestre et matérielle, le Christ, inerte sur la croix verte surmontée de deux disques étoilés est entouré des figures de la Vierge chaussée et de Saint Jean l'Evangéliste pieds nus, conformément à la traditionnelle représentation apostolique. Ils sont flanqués de chaque côté d'un apôtre, debout sur un suppedaneum, le premier portant un livre et le second un rotulus. La partie supérieure de la châsse représente une élévation spirituelle depuis la Passion jusqu'à la gloire céleste (op. cit, pp. 184-185). Ce sont encore deux apôtres surmontés chacun d'une petite église gravée qui ornent les pignons de la châsse, faisant figure de gardiens des reliques. L'analyse iconographique précise des châsses de Limoges que livra l'abbé Texier, curé d'Auriat en 1842 permet de comprendre les enjeux et l'interprétation de la composition de la châsse Marquet de Vasselot (loc. cit.).

Le double thème de la Crucifixion et du Christ en Majesté, la composition structurelle, le contexte architectural et géométrique, les deux figures de Christ réservées, dorées et pourvues de têtes d'applique dit 'classique', la vaste palette chromatique centrée autour du vert et de quatre nuances de bleu, ainsi que l'attention portée à la gravure de détails tels que les orfrois, permettent de suggérer que la châsse Marquet de Vasselot appartient au groupe de châsses de 'type classique' provenant d'un atelier Limousin autour de 1200-1210.

Pour une discussion sur l'étiquette Stern voir la notice du lot 5.


From the beginning of the twelfth century Limoges became the main centre for the production and the development of polychrome enamels. The evolution of champlevé enamels in this region during the last four decades of the twelfth century is fundamentally tied to the patronage of Plantagenêt sovereigns, masters of Aquitaine, and the increase in popularity in the cult of saints' relics and personal devotional objects. The nature of the enamel workshop system - which consisted of numerous workshops active in a number of different locations and periods but all working in a similar style - makes it difficult to date or attribute Limoges enamels with any certainty. Nonetheless, successive scholars have attempted to group enamels around shared motifs, and have identified a stylistic development between 1150 and 1220.

Although enamel production would later expand into the area of domestic objects, it was originally centred on liturgical works of art, and reliquary 'chasses' were among the most important forms. These chasses or 'fiertes' were principally commissioned by ecclesiastical dignitaries or by the king's entourage in order to protect and commemorate saints' relics. The geometric shape of the reliquary chasse symbolically recalls that of an ancient sarcophagus but also echoes the shape of a church. The oak carcase was covered with a coat of white ground, followed by a layer of red paint and then covered with champlevé enamelled copper sheets. The principal development of châsses in the romanesque period involved the manner of depicting the human figure. Around 1200 artists often incorporated cast gilt-copper figures which were applied in relief. It is also during this time that the motif of turquoise blue horizontal bands against a cobalt blue ground were introduced, as can be seen on the present example both on the front and ends of the chasse.

The chasse from the Marquet de Vasselot Collection shares numerous common motifs with other chasses including an example from the Kier collection (Gauthier, op. cit, cat. no. 5, plate 5), one from the collection of the Baron Thiés now in the Louvre (L'Oeuvre de Limoges, Emaux limousins du Moyen-Age, Paris, 1995-1996, cat. 44, pp. 172-173) and finally the châsse from the collection Marynen in Brussels (M.-M. Gauthier et al, loc. cit.). They all conform to a category described as a 'limousine-type chasse' by Antoine, Gaborit-Chopin and Gauthier, who specifically include the present example in this group of 'classic' chasses.

Iconographically, the front face of the chasse superimposes the Crucifixion and Christ in Majesty, two of the most compelling images of the Christian tradition. The lower section represents the material and terrestrial life, with Christ on the cross flanked by the Virgin and St. John and two standing apostles. The roof depicts his spiritual elevation from the Passion to celestial glory. On the ends are found two further standing apostles who represent the guardian figures of the relic. This detailed iconographic programme was discussed by the abbot of Texier, priest of Auriat, in relation to a closely similar casket in 1842 (loc. cit.).

The double theme of the Crucifixion and the Christ in Majesty, the structural composition, the architectural and geometrical context, the two reserved figures of Christ, gilded with heads of classical type applied separately, the wide colour palette around green and different hues of blue, and finally the attention to detail on the enamel ground, such as the modelling of the figures conveyed by grids of lines engraved across the gilded surfaces of their draperies, allow us to suggest that the present reliquary châsse from the Marquet de Vasselot collection belongs to the group of classical type chasses from a Limoges workshop around 1200-1210.

For a discussion on the Stern paper label please see note to lot 5.

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