拍品专文
DEUX ESTAMPILLES POUR UNE COMMODE
Léonard Boudin (1735-1804), reçu maître en 1761, travaille tout d'abord pour Migeon. Puis, il fournit des meubles à Gérard Péridiez et Louis Moreau. Sa réputation devenant grandissante, il change quelque peu de voie en devenant marchand-ébéniste vers 1775. Les rôles s'inversent alors et ses confrères Bayer, Cordié, Evalde, Foullet, Gilbert, Topino lui vendent leurs meubles qu'il cède directement à sa clientèle. L'estampille de Boudin se retrouve à ces occasions accolée à celle d'un de ces ébénistes, tout comme au début de sa carrière.
Cela explique donc la présence des estampilles de Moreau et de Boudin, situant notre commode avant 1775, date du changement de profession de Boudin, alors qu'ils collaboraient ensemble.
DEUX COLLECTIONS ARISTOCRATIQUES ANGLAISES
Cette commode spectaculaire, avec sa frise à la grecque enrichie d'une marqueterie à trophée musical, appartint successivement à deux collections aristocratiques anglaises.
La première fut celle des Earls of Normanton, où elle fit partie des meubles de leur résidence de Somerley dans le Hampshire. Cette propriété était réputée avoir été acquise par Welbore Elis, IInd Earl of Normanton (1778-1868), beau-frère du XIIème Earl of Pembroke, lui-même grand collectionneur de mobilier français. Lord Normanton acquit sa résidence de Somerley en 1828. La propriété fut à l'origine construite entre 1792 et 1795 d'après des dessins de Samuel Wyatt pour Daniel Hobson, un entrepreneur de Manchester. Lord Normanton créa une admirable Galerie de peinture à Somerley, vers 1850, comprenant une extraordinaire collection de maîtres anciens, de mobilier français et objets d'art. Sa collection fut immortalisée par James Digman Wingfield et Joseph Rubens Powell dans leurs vues d'ambiance de 1853 montrant ladite Galerie (J. Cornforth, English Interior 1790-1848, The Quest for Comfort, London 1978, p. 84, figs. 94 et 95). Ces vues prouvent la diversité du goût de Lord Normanton et des grands trésors qu'il rassembla, dont la Vierge à l'Enfant du Parmesan aujourd'hui à la National Gallery, Vénus et Adonis du Titien aujourd'hui au Getty Museum, la célèbre table en bois pétrifié provenant du Cabinet de la Méridienne de Marie-Antoinette au château de Versailles, et le coffret en pierres dures contenant le cabaret en porcelaine de Berlin provenant de la vente George Watson Taylor à Erlestoke en 1832.
Waagen après sa visite en 1854 commenta la qualité du décor et l'excellence du mobilier (Waagen, Palaces of Art, Art Galleries in Britain 1790-1990, supplément vol. Dulwich Picture gallery, Novembre 1991 - mars 1992, no. E., p. 363).
Après sa vente en 1925, la commode fut acquise par Sir Robert Abdy, Bt (1896-1976) qui, avec sa femme Lady Diana, meubla des maisons à Paris et en Grande-Bretagne (Newton Ferrers, Cornwall) avec un riche ensemble de meubles principalement français. La collection comportait des oeuvres d'ébénistes majeurs tels que Leleu et B.V.R.B., ainsi que des sculptures par Pajou et Houdon, des tableaux de Winterhalter et également une importante bibliothèque. Son oeil était particulièrement attiré vers l'avant-garde néoclassique très emprunte du goût à la grecque, à l'instar d'un superbe fauteuil de Delanois inspiré des dessins de Jean-Louis Prieur, plus tard présent dans la collection de Karl Lagerfeld.
Léonard Boudin (1735-1804), reçu maître en 1761, travaille tout d'abord pour Migeon. Puis, il fournit des meubles à Gérard Péridiez et Louis Moreau. Sa réputation devenant grandissante, il change quelque peu de voie en devenant marchand-ébéniste vers 1775. Les rôles s'inversent alors et ses confrères Bayer, Cordié, Evalde, Foullet, Gilbert, Topino lui vendent leurs meubles qu'il cède directement à sa clientèle. L'estampille de Boudin se retrouve à ces occasions accolée à celle d'un de ces ébénistes, tout comme au début de sa carrière.
Cela explique donc la présence des estampilles de Moreau et de Boudin, situant notre commode avant 1775, date du changement de profession de Boudin, alors qu'ils collaboraient ensemble.
DEUX COLLECTIONS ARISTOCRATIQUES ANGLAISES
Cette commode spectaculaire, avec sa frise à la grecque enrichie d'une marqueterie à trophée musical, appartint successivement à deux collections aristocratiques anglaises.
La première fut celle des Earls of Normanton, où elle fit partie des meubles de leur résidence de Somerley dans le Hampshire. Cette propriété était réputée avoir été acquise par Welbore Elis, IInd Earl of Normanton (1778-1868), beau-frère du XIIème Earl of Pembroke, lui-même grand collectionneur de mobilier français. Lord Normanton acquit sa résidence de Somerley en 1828. La propriété fut à l'origine construite entre 1792 et 1795 d'après des dessins de Samuel Wyatt pour Daniel Hobson, un entrepreneur de Manchester. Lord Normanton créa une admirable Galerie de peinture à Somerley, vers 1850, comprenant une extraordinaire collection de maîtres anciens, de mobilier français et objets d'art. Sa collection fut immortalisée par James Digman Wingfield et Joseph Rubens Powell dans leurs vues d'ambiance de 1853 montrant ladite Galerie (J. Cornforth, English Interior 1790-1848, The Quest for Comfort, London 1978, p. 84, figs. 94 et 95). Ces vues prouvent la diversité du goût de Lord Normanton et des grands trésors qu'il rassembla, dont la Vierge à l'Enfant du Parmesan aujourd'hui à la National Gallery, Vénus et Adonis du Titien aujourd'hui au Getty Museum, la célèbre table en bois pétrifié provenant du Cabinet de la Méridienne de Marie-Antoinette au château de Versailles, et le coffret en pierres dures contenant le cabaret en porcelaine de Berlin provenant de la vente George Watson Taylor à Erlestoke en 1832.
Waagen après sa visite en 1854 commenta la qualité du décor et l'excellence du mobilier (Waagen, Palaces of Art, Art Galleries in Britain 1790-1990, supplément vol. Dulwich Picture gallery, Novembre 1991 - mars 1992, no. E., p. 363).
Après sa vente en 1925, la commode fut acquise par Sir Robert Abdy, Bt (1896-1976) qui, avec sa femme Lady Diana, meubla des maisons à Paris et en Grande-Bretagne (Newton Ferrers, Cornwall) avec un riche ensemble de meubles principalement français. La collection comportait des oeuvres d'ébénistes majeurs tels que Leleu et B.V.R.B., ainsi que des sculptures par Pajou et Houdon, des tableaux de Winterhalter et également une importante bibliothèque. Son oeil était particulièrement attiré vers l'avant-garde néoclassique très emprunte du goût à la grecque, à l'instar d'un superbe fauteuil de Delanois inspiré des dessins de Jean-Louis Prieur, plus tard présent dans la collection de Karl Lagerfeld.