BLOY Léon (1846-1917) Lettre autographe signée à son éditeur Albert Savine. 14 août 89. 4 pp. in-8 à l'encre noire.
BLOY Léon (1846-1917) Lettre autographe signée à son éditeur Albert Savine. 14 août 89. 4 pp. in-8 à l'encre noire.

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BLOY Léon (1846-1917) Lettre autographe signée à son éditeur Albert Savine. 14 août 89. 4 pp. in-8 à l'encre noire.

BELLE ET LONGUE LETTRE À SON ÉDITEUR EMPRISONNÉ.
Bloy écrit à Albert Savine qui a édité cette année 1889 son essai sur Barbey d'Aurevilly, Ernest Hello et Paul Verlaine, Un brelan d'excommuniés.
Albert Savine (1858-1927) compta parmi les plus importants éditeurs de la fin du XIXe siècle, publiant notamment Les Quarante Médaillons de l'Académie française de Barbey d'Aurevilly, Sixtine, de Remy de Gourmont ou Biribi, de Georges Darien. Il fut également un grand diffuseur de la littérature étrangère, popularisant auprès du public français les auteurs russes et espagnols.
Ayant eu l'imprudence de publier par ailleurs Les dossiers du député Numa Gilly accusant plusieurs députés de corruption dans le contexte de la faillite de la société du canal de Panama, Albert Savine est alors en prison pour quelques mois et se trouve quasiment ruiné. Bloy, qui affirme par cette lettre sa solidarité avec lui, aurait voulu le voir dans sa prison, "Mais cela est tellement difficile, à ce qu'il parait" qu'il a dû y renoncer. Et surtout, "n'étant pas une catin de lettres assez adorée pour être en droit de compter sur les faveurs administratives", il pense que sa présence "serait peut-être capable de [le] compromettre un peu plus".
Il affirme à Savine, que son vieil ami Barbey d'Aurevilly, décédé le 23 avril précédant l'envoi de cette lettre, est mort "assassiné, oui assassiné, oui, aussi surement que l'on peut l'être par le couteau ou par tout autre instrument d'extermination".
Il possède "une merveilleuse collection de lettres adressées à [lui] par Barbey d'Aurevilly en l'espace de six années, de 72 à 78 [...]. Cette collection est fort curieuse, en ce sens qu'elle donne tout l'homme intime que ses très proches ont seuls connu. En tenant compte des suppressions nécessaires, cette correspondance donnerait environ cent pages qui serviraient de prétexte à une longue étude de 150 à 200 pages qui la précéderait." Il a "... la prétention d'être le seul homme en état de faire proprement ce travail [qu'il doit] à la mémoire du grand artiste..." Il ajoute qu'il est "... en règle avec Mlle Read, légataire universelle, qui [l]'autorise à publier ce [qu'il] possède". Dans le cas de l'acceptation immédiate de son éditeur, il demande à ce dernier de faire "un léger effort". La veille, il s'est fait remettre par Monsieur Fauré un louis qu'il lui fallait "...dans deux heures envoyer à [son] petit garçon qu'il adore et qui est à cent lieues d'ici" et alléguait "...avec confiance que par amitié seulement...", Savine n'hésiterait pas à "souscrire à une telle demande...". Bel hommage rendu par Léon Bloy à Barbey d'Aurevilly qui fut son maître et à la mémoire duquel il restera fidèle toute sa vie.

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Clémentine Robert
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