Lot Essay
Ce rare collier de roi a été offert en 1546 par Corneille de Berghes à la guilde des arbalétriers de la ville de Zevenbergen dont il venait d'être couronné roi du papegai.
Corneille de Berghes est né à Zevenbergen, une petite ville au nord de Breda dans le Nord du Brabant. Fils de Corneille de Glymes dit de Berghes, il fut d'abord prévôt de Saint-Pierre à Lille avant de séjourner à la cour de Marguerite d'Autriche qui appréciait son érudition et son habileté dans les affaires. Cette loyauté lui valut la nomination au titre d'évêque de Liège en 1538 à la demande de Charles Quint.
On lui doit ainsi plusieurs règlements de guerre et de police ainsi qu'un important concordat relatif à l'exercice de la juridiction ecclésiastique dans les territoires relevant de son autorité. Pourtant son administration fut tant critiquée qu'il démissiona volontiers de son épiscopat en 1544.
Il se retira alors dans sa seigneurie de Zevenbergen où il devait jouir pleinement de son statut et s'investir localement. Ainsi offre-t-il à la guilde des arbalétriers ce fabuleux collier lorsqu'il est couronné roi au jeu du papegai en 1546, comme le raconte l'inscription gravée au dos du collier qui se traduit par 'Seigneur Cornelis van Bergen, Seigneur de Zevenbergen, roi, le 18 juillet 1546'.
Ce collier est décoré de scènes de chasse mais aussi de phoenix, symbole de renouveau et surtout au centre d'un St Georges terrassant le dragon avec la fille du roi accompagnée d'une brebis. St Georges est reconnu en Flandres comme le saint patron des guildes d'arbalétriers en réfèrence à la légende de ce tribun qui aurait tué le dragon, qui terrorisait la ville de Silène, alors qu'il allait dévorer la fille du roi. Depuis, ce saint est synonyme de la victoire du bien sur le mal et le patron des chevaliers et des arbalétriers.
Ce collier est agrémenté d'anneaux dont l'un porte en pendentif une arbalète alors qu'au centre sont supsendues par une chaîne les armoiries de Corneille de Berghes répétées sur le collier en alternance avec celle de Zevenebergen. De part et d'autres de l'écu sont appliquées une paire de besicles, emblème de Corneille de Berghes ainsi que de son père. Il n'existe aucune explication de ce symbole, hormis qu'il pourrait faire réfèrence à l'érudition des Berghes.
Dès sa démission, Corneille de Berghes semble s'investir beaucoup dans sa seigneurie et se passionner pour le tir à l'arbalète. Il offre ainsi une superbe plaque pour le collier de la chambre de rhétorique de Tongres ainsi qu'une autre pour celui des arbalétriers de Liège aujourd'hui disparue et dont il ne reste qu'une mention dans les archives de la guilde.
Ce collier restera la propriété de la guilde longtemps après la mort de Corneille de Berghes survenue vers 1552. En 1619, le collier est réparé et enjolivé par Joost Moermans orfèvre à Breda qui utilise plus de deux onces d'argent (soit environ 200 gr.) pour ce travail. En 1822, le collier est de nouveau nettoyé par un certain Dykens originaire de Zevenbergen comme l'indique une autre inscription sur l'envers du collier. En septembre 1874, après négotiations avec plusieurs antiquaires, les membres de la confrérie décident de vendre le collier à S. Josephus Jitta originaire d'Amsterdam pour 5500 guildes hollandaises, somme ensuite répartie entre les membres après beaucoup de disputes; le collier sera finalement racheté par la branche parisienne de la famille Rothschild. Pourtant il aura entre temps perdu son écrin en cuir frappé des armes des Berghes-Glymes de Zevenbergen, de St Georges avec la devise "Wan God Wil" (parce que Dieu le veut), de besicles et de l'année 1546. Ce coffret est aujourd'hui conservé au musée communal à Markiezenhof Bergen-op-Zoom.
Ce collier qui fit partie d'une grande exposition consacrée à l'orfèvrerie de Breda en 2000, constitue l'une de ses pièces maîtresses dont le maître-orfèvre n'a malheureusement à ce jour toujours pas été identifié
Pour un collier similaire daté 1525 par Goris van Alfen, Gand, voir Gents zilver in Laarne, Magie van de edelsmeeedkunst deel III, Gand, 2009, p. 53-55.
Nous remercions Monsieur Jean-Jacques van Ormeligen, président de l'Académie d'histoire de l'orfèvrerie en Belgique pour son aide pour la rédaction de la notice.
Corneille de Berghes est né à Zevenbergen, une petite ville au nord de Breda dans le Nord du Brabant. Fils de Corneille de Glymes dit de Berghes, il fut d'abord prévôt de Saint-Pierre à Lille avant de séjourner à la cour de Marguerite d'Autriche qui appréciait son érudition et son habileté dans les affaires. Cette loyauté lui valut la nomination au titre d'évêque de Liège en 1538 à la demande de Charles Quint.
On lui doit ainsi plusieurs règlements de guerre et de police ainsi qu'un important concordat relatif à l'exercice de la juridiction ecclésiastique dans les territoires relevant de son autorité. Pourtant son administration fut tant critiquée qu'il démissiona volontiers de son épiscopat en 1544.
Il se retira alors dans sa seigneurie de Zevenbergen où il devait jouir pleinement de son statut et s'investir localement. Ainsi offre-t-il à la guilde des arbalétriers ce fabuleux collier lorsqu'il est couronné roi au jeu du papegai en 1546, comme le raconte l'inscription gravée au dos du collier qui se traduit par 'Seigneur Cornelis van Bergen, Seigneur de Zevenbergen, roi, le 18 juillet 1546'.
Ce collier est décoré de scènes de chasse mais aussi de phoenix, symbole de renouveau et surtout au centre d'un St Georges terrassant le dragon avec la fille du roi accompagnée d'une brebis. St Georges est reconnu en Flandres comme le saint patron des guildes d'arbalétriers en réfèrence à la légende de ce tribun qui aurait tué le dragon, qui terrorisait la ville de Silène, alors qu'il allait dévorer la fille du roi. Depuis, ce saint est synonyme de la victoire du bien sur le mal et le patron des chevaliers et des arbalétriers.
Ce collier est agrémenté d'anneaux dont l'un porte en pendentif une arbalète alors qu'au centre sont supsendues par une chaîne les armoiries de Corneille de Berghes répétées sur le collier en alternance avec celle de Zevenebergen. De part et d'autres de l'écu sont appliquées une paire de besicles, emblème de Corneille de Berghes ainsi que de son père. Il n'existe aucune explication de ce symbole, hormis qu'il pourrait faire réfèrence à l'érudition des Berghes.
Dès sa démission, Corneille de Berghes semble s'investir beaucoup dans sa seigneurie et se passionner pour le tir à l'arbalète. Il offre ainsi une superbe plaque pour le collier de la chambre de rhétorique de Tongres ainsi qu'une autre pour celui des arbalétriers de Liège aujourd'hui disparue et dont il ne reste qu'une mention dans les archives de la guilde.
Ce collier restera la propriété de la guilde longtemps après la mort de Corneille de Berghes survenue vers 1552. En 1619, le collier est réparé et enjolivé par Joost Moermans orfèvre à Breda qui utilise plus de deux onces d'argent (soit environ 200 gr.) pour ce travail. En 1822, le collier est de nouveau nettoyé par un certain Dykens originaire de Zevenbergen comme l'indique une autre inscription sur l'envers du collier. En septembre 1874, après négotiations avec plusieurs antiquaires, les membres de la confrérie décident de vendre le collier à S. Josephus Jitta originaire d'Amsterdam pour 5500 guildes hollandaises, somme ensuite répartie entre les membres après beaucoup de disputes; le collier sera finalement racheté par la branche parisienne de la famille Rothschild. Pourtant il aura entre temps perdu son écrin en cuir frappé des armes des Berghes-Glymes de Zevenbergen, de St Georges avec la devise "Wan God Wil" (parce que Dieu le veut), de besicles et de l'année 1546. Ce coffret est aujourd'hui conservé au musée communal à Markiezenhof Bergen-op-Zoom.
Ce collier qui fit partie d'une grande exposition consacrée à l'orfèvrerie de Breda en 2000, constitue l'une de ses pièces maîtresses dont le maître-orfèvre n'a malheureusement à ce jour toujours pas été identifié
Pour un collier similaire daté 1525 par Goris van Alfen, Gand, voir Gents zilver in Laarne, Magie van de edelsmeeedkunst deel III, Gand, 2009, p. 53-55.
Nous remercions Monsieur Jean-Jacques van Ormeligen, président de l'Académie d'histoire de l'orfèvrerie en Belgique pour son aide pour la rédaction de la notice.