CY TWOMBLY (1928-2011)
CY TWOMBLY (1928-2011)

Ramses

細節
CY TWOMBLY (1928-2011)
Ramses
signé, titré et daté 'RAMSES / Cy Twombly 80' (au dos)
huile, craie grasse et crayon sur papier
76 x 57 cm. (30 x 22 ½ in.)
Réalisé en 1980.
來源
Galerie Yvon Lambert, Paris
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 1984
出版
Y. Lambert, Catalogue raisonné des œuvres sur papier de Cy Twombly, volume VII, 1977-1982, Milan, 1991, No. 113 (illustré p. 115).
更多詳情
'RAMSES'; SIGNED, TITLED AND DATED ON THE REVERSE; OIL, WAX CRAYON AND GRAPHITE ON PAPER.

榮譽呈獻

Valentine Legris
Valentine Legris

拍品專文

Cette oeuvre sera incluse au Catalogue Raisonné of Cy Twombly Drawings actuellement en préparation par Nicola Del Roscio.


Ramses illustre combien l’un des artistes les plus reconnus de l’après-guerre a su s’emparer de la narration du modernisme américain en y intégrant le passé classique de l’Europe. De son délicat tracé caractéristique, Twombly grifonne ici le nom de la célèbre dynastie de pharaons sur un fond blanc couvert de marques et de boucles apparemment arbitraires, avec une puissance frénétique rappelant le geste expressionniste. La poésie et la profondeur de l’image se déploient à mesure que l’oeil attentif s’y plonge, distinguant alors, parmi les formes ovoïdes d’arcs superposés et de cercles concentriques, le nom de Ramses écrit deux fois puis efacé, créant un palimpseste au sens sens littéral du mot, couches successives marquées de gribouillages obsessionnels.

Le départ de Twombly pour l’Italie en 1957 apporte à l’artiste non seulement l’extraordinaire lumière de la Méditerranée, mais lui donne également accès à la foisonnante histoire de la région, où s’entremêlent les héritages culturels de la Grèce, de Rome et de l’Égypte ancienne, à laquelle Ramses fait directement référence. Comme Rainer Maria Rilke et Alberto Giacometti, qu’il admire beaucoup, Twombly est attiré par la riche région alluvionnaire du Nil et s’y rend à plusieurs reprises dans les années 1960 et 1980. Pour l’artiste, qui utilise des thèmes mythologiques et historiques du monde classique depuis les années 1950, l’Égypte est le point de rencontre entre les cultures du Moyen-Orient et la Méditerranée occidentale, là où semblent converger la puissance militaire et l’esprit de conquête.

Maria Rilke et Alberto Giacometti qu’il admire, Twombly est attiré par la riche région alluvionnaire du Nil et s’y rend à plusieurs reprises dans les années 1960 et 1980. Pour l’artiste, don l’oeuvre évoque les thèmes mythologiques et historiques du monde classique depuis les années 1950, l’Égypte est le point de rencontre entre les cultures du Moyen-Orient et la Méditerranée occidentale, là où semblent converger la puissance militaire et l’esprit de conquête.

Réalisé en 1980 à Bassano, Ramses s’inscrit dans une période de profonds changements dans l’art de Twombly, marquée notamment par l’usage privilégié du papier, comme en atteste le petit nombre de tableaux datant de ces années.
Cette oeuvre est par ailleurs caractéristique du changement de thème qui s’opère dans le travail de l’artiste et que l’on observe dans les titres des oeuvres réalisées à cette époque : l’histoire remplace souvent la mythologie comme source d’inspiration et de contenu. Ramses fait partie d’une série de quatre grandes oeuvres sur papier portant le même titre ; l’inscription Ramses y devient une référence culturelle, ce que Twombly cherche toujours à intégrer dans son travail pour créer des champs de force allusifs. « Écrire était sa façon de faire entrer la poésie dans ses tableaux, ce qu’il souhaitait vivement – surtout la poésie empreinte d’élégie mélancolique » (T. J. Clark, “At Dulwich,” London Review of Books, 2011). Les lettres hésitantes de Ramses prennent donc ici une dimension graphique; ce sont des épigraphes, dans le double sens du mot : elles évoquent la surface sur laquelle elles sont écrites et elles exigent d’être interprétées comme une inscription ancienne. A la fois tactile et intangible, Ramses est un conduit où résonnent les voix de l’antiquité, sans que l’identité de l’artiste ne se perde au cours du processus. Tout en allant de l’avant en tant qu’artiste, Twombly regarde vers le passé comme un historien, comme un chroniqueur du monde, comme un médium au travers duquel la respiration du passé gagne une nouvelle vie lyrique.

Ramses is a masterful example of how one of the most acclaimed post-war artists realigned the narrative of American modernism and successfully embraced Europe’s classical heritage. In his usual delicate manner, Twombly scrawls here the name of the celebrated Egyptian pharaoh dynasty over a white field filled with seemingly random markings and loops, which frenetic force is reminiscent of the expressionist gesture. However, the poetry and depth of the image unfolds only to an inquiring eye that sees amidst the ovoid of overlaid arcs and concentric circles the name ‘Ramses’ written twice and erased, shaping thus a palimpsest in the literal sense of marked and reused fields covered with obsessive scribbles.

Twombly's move to Italy in 1957 afforded him not only the extraordinary light of the Mediterranean, but also access to the layered history of the region, mixing the rich cultural heritage of Ancient Greece, Rome and Egypt, to which Ramses makes a direct reference. Along Rainer Maria Rilke and Alberto Giacometti, whom he greatly admired, Twombly was drawn to the richly sedimented Nile region and traveled there on a number of occasions in the 1960s and 1980s. For Twombly, who exploited mythological and historical themes of the classical world since the 1950s, Egypt was a meeting-point of Middle East and Western Mediterranean cultures, where militarism and conquest seemed to converge.

Executed in 1980 in Bassano, Ramses dates from a period of important change in Twombly’s art, when paper became his preferred support, as witnessed by a small number of paintings from these years. The present work also points to a thematic shift that happened in his works, refected in many of their titles: history now often replaced mythology as inspiration and content. Ramses belongs to a series of four large works on paper that bear the same name and in which inscription ‘Ramses’ becomes a cultural referent, something that Twombly was always looking to include in his works to create the force felds of allusion. “Writing was his way of getting poetry into pictures, which he very much wanted to do - especially poetry flled with elegiac regret” (T.J. Clark, “At Dulwich,” London Review of Books, 2011). Thus taking on a graphic dimension, the halting letters of ‘Ramses’ are epigraphic, in the double sense of alluding to the surface on which they are written, and requiring to be deciphered like an ancient inscription. Both tactile and intangible, Ramses acts as a conduit through which the voices of antiquity echo without losing the artist’s own in the process. While showing a way forward artistically, Twombly looks back as a historian, as a chronicler of the world, as a medium through whom the breath of the past is given a new lyrical life and importance.

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